Le temps des démocraties majeures

Nous sommes dans une crise généralisée, autant du politique que de l’économique. Cette crise est salutaire parce qu’elle invite à des refondations, à la mise en question des dogmes et errances du passé. A l’âge des communautés de Sens c’est à une autre conception de la démocratie qu’il faut avoir recours au lieu des discussions vaines sur les solutions du passé qui ne nourrissent que des pulsions régressives.

Ne cherchons pas ici un autre terme que celui qui a déjà servi si longtemps à qualifier l’état de maturité du gouvernement de la cité et indiqué le Sens du bien commun de bien des communautés humaines.

Retenons qu’à l’âge des communautés de Sens, communautés majeures, on parlera de gouvernance communautaire pour qualifier la façon dont la cité se gouverne et, on le verra toute communauté d’enjeu majeure. Un gouvernement n’en est qu’une modalité particulière dont se dote la communauté pour sa gouvernance. Retenons de l’Humanisme Méthodologique les trois niveaux d’exercice hiérarchisé de la démocratie mais aussi de toute gouvernance et donc de sa socio-performance.

La dimension élective

Elle se dote en général d’une figure repère du Sens du bien commun. Se présentent à l’élection des personnes qui incarnent le Sens du bien commun pour la communauté selon une parole conjoncturelle audible par elle et donc crédible comme une promesse recevable. Il y est donc question d’y croire donc de foi et de confiance. Elire c’est s’y fier, se fier à une personne incarnant le Sens du bien commun et donc l’unité d’engagement de la communauté, sa volonté collective.

Viennent alors les difficultés, impensables et insurmontables lorsque la question du Sens du bien commun de la communauté reste dans une inconscience théorique, donc une certaine errance pratique.

Difficultés logiques apparentes puisqu’on ne peut penser l’exercice de la démocratie élective en situation de discernement parfait de son Sens du bien commun, par la communauté, ce qui disqualifierait l’utilité même de l’élection.

Difficulté paradoxale encore lorsque l’on sait que le Sens du bien commun est inhérent à la communauté, à sa fondation, sa problématique et non pas l’objet d’un choix de préférence. La démocratie élective n’est donc pas un « choix à l’étalage ». Mais qu’est-ce donc alors?

Auparavant il nous faut compléter le tableau pour éviter les confusions.

La dimension représentative

Il s’agit de choisir des représentants des multiples groupes ou communautés qui participent à la communauté en question et qui sont dans des conditions différentes pour vivre ou agir dans le Sens du bien commun.

D’abord reconnaissons que le Sens du bien commun se projette en biens communs différenciés selon la variété des conditions dans la communauté. C’est donc de la traduction du Sens du bien commun en biens communs projetés et cultivés qui est en question et dont on veut que soient représentées les conditions et les situations particulières dans la gouvernance communautaire.

Une assemblée de représentants « représente » l’unité, la diversité et la cohérence des enjeux de la cité. Une de ses missions est de dessiner le projet de la communauté articulant la diversité des enjeux et conditions des « intérêts » représentés. Lesquels? Ceux de tous ceux qui forment la communauté selon des catégories significatives. Notons du coup que, si il y a des similitudes entre communautés, il y a de notables différences de significativité (selon le Sens du bien commun) et de conditions culturelles et conjoncturelles. Le figer c’est défaire la singularité de la communauté donc sont autonomie et le principe même de la démocratie représentative.

Alors il faut s’en remettre d’abord à la considération des groupes ou communautés formant la communauté d’ensemble en question. Il s’agit de groupes générationnels, aussi bien que de groupes engagés dans des fonctions de la cité, d’acteurs qui se reconnaissent un intérêt commun pouvant être représenté mais aussi, plus surprenant, de groupes et d’acteurs considérés comme extérieurs à la cité mais qui prennent part à son développement (étrangers, mais aussi partenaires, et même des communautés voisines).

Il y a donc une assemblée à constituer à partir des multiples catégories représentées pour assurer la « représentation » du projet collectif différencié selon la diversité des conditions. Mission d’intelligence mentale pour la communauté. Retenons que si les intérêts particuliers, « catégoriels », forment un projet cohérent c’est parce que le Sens du bien commun est préalablement établi et qu’il s’agit de le décliner et non pas de le remettre en question dans une conflictualité perverse.

L’assemblée à en fait la mission de construire et peut être négocier le projet commun, elle n’a pas pour but d’exercer un pouvoir concurrentiel mais d’établir une concourance des intérêts. L’élection du Sens du bien commun a aussi permis de déterminer quelles catégories seraient représentées en la circonstance de la période concernée. Nous y reviendrons dans la question des modalités pratiques.

La dimension participative.

Il est inhérent à une communauté majeure de considérer ses membres comme majeurs ou appelés à le devenir. Dès lors les affaires de la cité sont celles de ses membres actifs (il y en a de passifs ou pas encore en condition d’activité responsable). La démocratie participative n’est rien d’autre que cette reconnaissance et l’organisation de la cité et de sa gouvernance en conséquence.

Organiser la participation des acteurs à l’action communautaire suppose des conditions d’efficacité, de mobilisation, de préparation, d’engagement des acteurs pour constituer un compétence collective distribuer selon les différents enjeux de la vie collective.

Ces enjeux ne sont pas n’importe lesquels mais ceux établis par l’assemblée des représentants. Il sont ensuite élaborés en opérations ou actions à réaliser et maîtriser. C’est l’affaire des acteurs selon le mode de gouvernance de l’efficacité collective.

Pourquoi imaginer que l’action communautaire soit élaborée par une sorte de démocratie participative mais organisée et conduite par des spécialistes, étrangers à la vie communautaire y compris des employés mandatés. La démocratie participative est l’organisation même de la vie communautaire sous le mode de l’action engagée dans les enjeux préalablement définis. Elle intègre cependant toutes les parties prenantes indépendamment de leur statut ou lieu de résidence de façon encore plus ouverte que pour la démocratie représentative

Il y a là aussi la même exigence de respect du cadre de représentation défini démocratiquement par l’assemblée des représentants et non pas une compétition dans l’utilisation des ressources ou la prédominance des intérêts.

Ainsi les trois niveaux sont bien hiérarchisés selon une prééminence et une succession cohérente. A ce titre, l’élection « politique » précède forcément l’élection de représentants qui précède celle des acteurs participants. Chaque électeur est appelé à se prononcer à chaque fois dans un certain ordre et pas à contretemps. On voit bien la confusion générale qui règne même dans les tentatives qui se voudraient les plus avancées.

Il nous faut maintenant approfondir les trois étages de la démocratie majeure, à la fois pour en dessiner les modalités possibles et aussi les dégager de la gangue qui les épuise trop souvent. On verra aussi que le champ de la démocratie s’étend à des communautés engagées où on ne l’attend pas, les entreprises par exemple. On y retrouvera participations et représentations mais aussi élection « politique » sous des modes inattendus. La « corporate governance » relève aussi d’une démocratie majeure qui n’a rien à voir avec les caricatures que l’on s’en fait.

La dimension politique de la démocratie communautaire.

Diriger c’est donner le Sens mais on ne peut donner que le Sens de la communauté, le bon si possible, c’est cela le rôle des dirigeants politiques. Il est bon de distinguer plusieurs cas de gouvernance communautaire. Le cas des communautés territorialisées, nationales ou locales, régionales et internationales, villes et cités; le champ classique du politique pour mieux comprendre les évolutions et les remises en question. Le cas ensuite des entreprises et institutions publiques et privées pour apercevoir que seules les conditions changent. Le cas enfin des communautés de Sens de tous ordres : associations, collectifs et groupements divers qui permettra de généraliser à toutes les communautés.

L’élection du Sens du bien commun par l’élection d’un dirigeant qui l’incarne tel est l’acte premier. On notera déjà que sauf exceptions c’est toujours un homme (ou femme) qui est investi de ce rôle. L’unité du repère est le gage incarné de l’unité du Sens du bien commun, et par suite de la cohérence de l’engagement communautaire. La pluralité favoriserait la divergence des engagements. Etonnant lorsque l’on songe que sous tous les régimes le principe vaut même pour des pays de plus d’un milliard d’êtres humains.

Mais qu’attend-t-on de l’élu de la communauté? Qu’il incarne par sa parole, sa volonté, son souci de la communauté en devenir, le Sens du bien commun qui lui est propre, critère de ses valeurs et enjeux. Il le fait en toutes circonstances et particulièrement aux moments où ce Sens est en jeu soit par la difficulté, soit dans des situations de crise, soit dans des situations où la communauté est en question rituellement ou accidentellement. Son rôle c’est dire le Sens, non seulement en mots mais en prises de positions d’orientation avec les gestes et les actes qui le signifient. Chaque communauté trouve ses modalités culturelles d’expression et d’organisation de ces scènes du politique.

Par contre il ne dit pas comment la communauté va déployer ce Sens. C’est l’affaire des représentants qui vont lui donner forme, forme de projet, forme de lois aussi. Encore moins définit-il ce qui va se faire; ce sont les acteurs de la démocratie participative qui s’en chargent. Cependant à propos de tout cela il peut à l’occasion donner sa position qui en garanti le Sens. Les relais sont multiples qui doivent confirmer la pertinence du Sens de l’engagement et des actes communautaires. On notera là l’inanité de bien des discours sur le pouvoir du dirigeant signes d’immaturité sinon de perversion.

La caractéristique de l’exercice de la fonction politique c’est le vouloir et non le pouvoir. En effet seule la communauté réalise son existence et son devenir et en a le pouvoir. Le dirigeant politique incarne le Sens et donc le vouloir dont la communauté à fait élection. Il assure ainsi une fonction symbolique dans son incarnation intentionnelle. Vouloir c’est dire le Sens et pour cela le tenir d’un discernement, l’incarner dans une parole, le transmettre en partage pour le pouvoir de l’agir communautaire.

Pour cela le dirigeant à besoin d’aides au discernement qu’il trouve traditionnellement auprès d’éclaireurs. La détermination lui appartiens néanmoins qui marque l’authenticité de son incarnation, du Sens du bien commun.

Il est l’homme de la communauté, le premier parmi les autres c’est-à-dire en tête du mouvement commun pour lui donner Sens, allégoriquement le chef, c’est à dire la tête. Inventer de couper la tête du dirigeant politique est s’attaquer au symbole même de politique et ainsi à toute gouvernance communautaire ou même personnelle c’est-à-dire à l’humanité de l’homme en communauté.

Les mises en question systématiques de l’élu de la communauté sont le signe d’un déni du politique et de la communauté de Sens, un déni du Sens du bien commun. Au profit de quoi? D’une revendication incestueuse mortifère… Individualisme radical et collectivisme radical en sont les deux faces indissociables.

Mais encore faut-il qu’il y ait pertinence d’élection. On retrouve là les difficultés et paradoxes évoqués plus haut. D’abord le Sens du bien commun étant inhérent à la communauté, donner le Sens, rôle du dirigeant ne consiste pas à le créer mais à le signifier. Il en est le repère, le révélateur, la détermination incarnée. Cela se justifie par le fait d’une conscience imparfaite par la communauté. Alors, sans cette conscience, comment élire le dirigeant politique?

La question a conduit à différentes réponses comme la sélection des électeurs, aux plus conscients ou aux plus responsables. Mais les critères de discernement de l’électorat ont pu être plus opportuniste que justes servant des causes où la démocratie n’est que simulacre, masque d’enjeux pervers.

Alors se fier à la communauté pour élire le Sens du bien commun par la parole, la promesse d’un candidat?

Il faut noter là que toute communauté est porteuse d’autres Sens que celui du bien commun. Il suffit qu’elle soit mobilisée dans un Sens quelconque même le pire pour qu’elle en vienne à l’élire. De ce fait la démocratie d’opinion est une calamité sachant que l’opinion publique est simplement la marque d’une émotion publique trafiquée par les caisses de résonances que sont les médias. Convergent là les intentions malveillantes de manipulateurs, l’écho toujours plus aisé dans les zones de faiblesses humaines, l’intérêt narcissique des médias qui se découvrent 5ème pouvoir paraît-il. Démagogie et démocratie dans la plus terrible confusion. Complaire aux réactions favorisées est le moteur de ce système de prise de pouvoir sur la communauté par l’exploitation de ses faiblesses. La caricature grimaçante du politique.

Alors comment arriver à une élection juste? L’acte qui consiste à se fier à la communauté, la considération qui lui est consentie, engage la possibilité de l’élection du Sens du bien commun incarné. La condition c’est « d’isoler » la communauté des électeurs de toute manipulation notamment, émotionnelle (isoloir communautaire). Si les candidats doivent s’exprimer et communiquer leur position, celles-ci ne devraient pas être commentées publiquement et de large périodes de silence électoral ménagées avant l’élection. Il faut rappeler ici qu’il ne s’agit pas d’une conquête du pouvoir mais de l’élection d’un vouloir. Seuls ceux qui cherchent le pouvoir ne s’en accommodent pas. La scène de la conquête du pouvoir ménagée par les partis et les médias ou toute autres source d’emprise sur la communauté n’est pas le théâtre de l’élection mais celui de sa perversion.

Deux autres conceptions s’y opposent aussi. La démocratie formelle confie à la procédure le soin de produire l’élection en fonction d’une histoire idéologique. Toute centrée sur des représentations (mentales) elle laisse le Sens sans repères et donc susceptible de toutes les manipulations. Par exemple l’élection formelle de tyrans aurait du alerter sur cette impasse depuis longtemps. La démocratie systémique voudrait que des mécanismes naturels régissent l’intérêt collectif dont les agents du système seraient forcément les acteurs judicieux. L’élection est bien vite comprise comme un acte inutile et même risqué qu’il vaut mieux confier à des spécialistes du système. On trouvera ainsi des économistes, des écologistes, des scientifiques, des techniciens, des idéologues, et autres experts se substituer à la communauté pour son bien avec quelques simulacres démocratiques. La plupart de ces « spécialistes » ne considèrent pas la communauté comme maîtresse de son destin en récuse l’empowerment, et par suite le droit d’élection. Ici où là une conception technocratique de l’Etat viendrait se substituer à l’insuffisance de la conscience et des compétences de la population au nom d’une forme de démocratie.

Alors peut-on généraliser la démocratie élective au-delà du champ politique? Dans les entreprises on distinguera deux cas. Celui de l’entrepreneur qui crée son entreprise en y associant une communauté de travail. Alors le Sens de l’entreprise est donné par son créateur en fonction de sa problématique de créateur. La démocratie élective ne fait pas problème si on considère que l’élection se fait par l’intégration à la communauté. Cela suppose que le Sens du bien commun de la communauté d’entreprise est bien celui donné par son dirigeant initial et reconnu comme tel. La démocratie élective ne se justifie que dans ce cas. Tout autre Sens renvoie à un projet qui ne relève pas du bien commun et d’un quelconque souci de démocratie.

Souvent à la succession du fondateur le Sens incarné jusqu’alors ne l’est plus. La démocratie élective peut jouer son rôle pour trouver un dirigeant approprié. Dans le cas contraire des troubles sont souvent enregistrés annonçant le divorce d’un dirigeant nouveau avec la communauté d’entreprise.

Dans le cas des entreprises dirigées par un conseil, élu et un président qui pourrait apparaître comme démocratiquement élu, la question se pose de la communauté de référence dont le Sens du bien commun est en question. Si cela était d’un petit noyau d’actionnaires alors la communauté d’entreprise se trouverait ramenée à un collectif subalterne d’individus subordonnés. C’est malheureusement le principe du salariat qui aliène la communauté d’entreprise et la dépossède de l’engagement de son bien commun. Ce principe est soutenu par une coalition d’intérêt anti-humanistes qui caractérise souvent certains des acteurs du secteur, actionnaires, dirigeants, syndicats. Question de pouvoir au lieu de Sens du bien commun.

Comment une démocratie élective pourra-t-elle se construire avec la mutation communautaire de l’économie? Par la considération de la communauté d’entreprise et son Sens du bien commun d’abord, par la question du dirigeant principal en second lieu. Rien ne s’oppose à ce que toutes les parties prenantes participent au conSensus sur une personnalité dont la candidature incarne le Sens pertinent. Tout cela se passe, bien souvent, sans recourir à un processus formel d’élection. L’enjeu on le voit mieux ici c’est le conSensus établi sur le Sens du bien commun avec le concours d’un candidat repère choisi justement pour l’incarner.

Quant aux autres communautés on imagine assez bien que la question du Sens du bien commun et son repérage par un dirigeant peut réclamer des processus différents. L’élection du dirigeant repère peut très bien être le fruit de délibérations comme celui de la succession d’un fondateur ou encore d’un vote initial ou périodique. La consultation périodique n’est qu’un des artifices possible sachant que hormis les temps de fondation c’est toujours d’une succession qu’il s’agit et même d’une filiation si on reconnaît que c’est toujours le même Sens du bien commun qui est successivement incarné.

En définitive la démocratie élective, considérée comme l’accord de conSensus sur le Sens du bien commun entre un dirigeant qui l’incarne et une communauté qui le reconnaît comme repère, peut-prendre de nombreuses formes et ne se réduit pas à un formalisme standard. La plupart des régimes politiques, quelques soient les communautés, peuvent être ramenés à la démocratie élective si le Sens du bien commun de la communauté et son incarnation par le dirigeant en sont remis au principe. L’enjeu est bien celui-ci et non l’imposition d’une forme démocratique à priori. Les effets pervers de cette conception dominante prêtent d’ailleurs pour le moins à interrogation sur les intentions des promoteurs ou plus banalement sur l’immaturité de cette vision.

Cette immaturité on peut en reconnaître les signes. Attributions de pouvoir magiques au dirigeant dont on reproche à la fois la prétention de toute puissance et l’impuissance à résoudre magiquement les problèmes de la communauté. Revendication de solutions aux problèmes de la communauté dans la démesure. Critique de l’autorité, image de figures parentales refusées et investies paradoxalement du pouvoir de distribuer la liberté revendiquée. Idéalisation d’une identité de vues comme gage d’un intérêt général sans évidemment discernement du Sens de cette identité de vue. C’est la source d’une idéologie démocratique qui n’accède pas à son Sens.

Une dernière considération pour ce chapitre c’est la question de l’entourage du dirigeant politique, personnellement élu. Il s’entourera de toutes les compétences et les ressources qui l’aident au discernement, qui l’aident à dire le Sens dans toutes les circonstances qu’il a à connaître, qui l’aident dans sa détermination personnelle. Ils agissent auprès de lui sans s’y substituer ni exercer le charisme dont il est détenteur. On aura donc toute une série de solutions selon le type de communauté et aussi de problèmes pour lesquels il faudra recourir aux principes et aux spécificités culturelles de la communauté. Une claire séparation entre le niveau de la démocratie élective et de la démocratie représentative et à plus forte raison de la démocratie participative est indispensable.

La démocratie représentative

C’est le deuxième étage de la gouvernance communautaire. Le Sens du bien commun est l’axe de cohérence d’un projet, d’une identité, d’un développement, d’une organisation collective qui doivent maintenant être déployés.

Il y a donc à concevoir une vision commune d’un scénario de développement, de progression, d’organisation. Ce scénario est à la fois une projection dans le futur et à la fois un déploiement selon différents volets formant ensemble le champ de l’existence et de l’activité collective. C’est ce que l’on fait quand on défini des ministères structurant de champ des enjeux de gouvernement. C’est ce que l’on fait lorsque l’on détermine les grandes fonction rassemblées dans une structure de direction.

Il faut souligner qu’une telle représentation est d’abord définie comme représentation du développement communautaire, des conditions de socio-performance lorsque le Sens du bien commun a été posé. S’il s’agissait d’un autre Sens alors il ne s’agirait pas de devenir ou de progression. Sans Sens prédéterminé alors c’est la cohérence même qui serait manquante. C’est bien le cas lorsqu’il n’y a pas incarnation du Sens qui est alors laissé au gré des opinions, des systèmes ou des équilibres aléatoires. Pour une communauté il n’y a pas de projet s’il n’y a pas de sujet communautaire. Le sujet communautaire est le « nous » porteur d’une intention collective et ce nous est incarné par le je/nous du dirigeant investi dans le Sens du bien commun.

Le projet croise le Sens du bien commun, qui détermine l’originalité de l’enjeu communautaire, et les conditions particulières où il se projette à un moment donné. Il y a deux sources de singularité qui interdisent de poser un modèle standard comme référence universelle. Au contraire il faut une créativité, une intelligence collective pour exprimer cette singularité d’un scénario du futur qui engage l’histoire propre de la communauté.

Mais si d’un côté le dirigeant peut assurer la détermination du Sens, qui va assurer la détermination des conditions spécifiques aux secteurs et domaines de développement de la communauté?

C’est là que se défini la démocratie représentative. Ce sont les représentants de ces secteurs d’activité et de préoccupation qui vont contribuer à la représentation collective. Il devront constituer un ensemble, une assemblée par exemple ou même un ensemble d’assemblées.

L’assemblée incarne l’unité d’une diversité de représentants et de représentations du futur. La complexité des réalités communautaires, la différence des rythmes ou d’autres facteurs encore justifient qu’il y ait plusieurs ensembles de représentations, aux thématiques et temporalités différentes. Plusieurs assemblées thématiques assemblées.

On retrouve là les nécessaires commissions, comités ou groupes de concertation de plus en plus sollicités dans la gouvernance de la cité, comme des entreprises ou associations. L’Europe a même inventé pour cela une « commitologie ». Cependant leur fonction de représentation n’est pas clairement définie. Au contraire ce sont plus des appareils technocratiques que démocratiques qui sont souvent mis en place sans compter la manipulation habile qui préside fréquemment au maniement de ces groupes de représentation, au nom de la démocratie ou au nom de l’efficacité.

Ici il va falloir concevoir une assemblée « générale » composée de représentants des thématiques majeures et donc de ceux qui y sont confrontés de façon responsable, qui en sont les acteurs. On notera que ce qui est purement représentation rationnelle dans une conception technocratique de la gouvernance devient une représentation humaine d’un champ communautaire investi lui de la représentation rationnelle, l’intelligence collective si on veut. Il y a, bien sûr, des exigences pour la constitution et l’exercice de cette représentation et ces exigences vont décider du mode d’élection de ces représentants. L’élection des représentants ne se fait pas sur l’incarnation du Sens du bien commun qui est réglée au préalable mais sur la représentation des thèmes et secteurs significatifs qui en découlent.

L’assemblée générale et les assemblées particulières représentent la structure de la communauté et, par cela, des différentes catégories de personnes, d’acteurs, d’activités, selon leur significativité pour le développement communautaire. L’élection des représentants en dépend évidemment, tant pour les sphères représentées que pour les modes de représentation et d’élection. Il n’ y a pas de système unique et surtout pas de dogme qui, en général, masque une idéologie qui biaise la démocratie, lui imposant un Sens qui n’est pas celui propre à la communauté.

Reste à souligner que la pluralité des assemblées, la diversité des secteurs thématiques représentés, se conjuguent avec une évolutivité qui dépend du mouvement de progrès et de développement qui change les conditions de représentation.

On voit des tentatives de gouvernance de cet ordre dans les entreprises avec les projets d’entreprises mais avec une certaine prévention qui craint de substituer la compétence collective aux computations technocratiques rassurantes. Les technocraties étatiques ne valent pas mieux pour ce qui est de la défiance vis-à vis de toute démocratie. Des tentatives sont cependant lisibles de reprise de la pensée de la représentation démocratique alors que les modèles les plus archaïques veulent toujours faire la loi.

En effet il s’agit bien de faire la loi avec la démocratie représentative. Qu’elle soit loi générale, règle sectorielle, plan de développement communautaire, les représentations élaborées par les représentants ont la légitimité démocratique qui donne son autorité à la loi commune. Mais cette autorité, la loi démocratique la tiens d’abord du Sens du bien commun et ensuite de la représentation de ses déclinaisons humaines. Cette loi a donc la fixité du Sens du bien commun inhérent à la communauté et la souplesse liées à la diversité et l’évolutivité de ses représentations. Il est des cas ou la loi paraitra immobile et des cas ou elle devra être sans cesse évolutive. Ainsi la loi, pas plus que la représentation qu’elle constitue, ne sont appelées à représenter un ordre figé mais un ordre évolutif, celui du développement de la cité, comme de l’entreprise avec des temporalités diverses.

La démocratie participative.

Il y a on l’a vu des conceptions perverses de la démocratie. Elle reposent sur des mobiles archaïsants que l’on retrouve dans tous les totalitarismes, les manichéïsmes bipartisans, les conceptions du politique comme conquête du pouvoir, ou bien encore le pouvoir comme un privilège arbitraire ou indépendant du consentement communautaire. C’est le cas aussi lorsque l’entreprise est considérée comme un moyen d’emprise, de possession, ou d’exercice d’un droit sans légitimité communautaire. et non comme un engagement pour la production de « biens et services » selon les valeurs des communautés économiques concernées.

Tout un débat opposant un capitalisme prédateur à un collectivisme déprédateur a voulu en faire l’alpha et l’oméga de la question politique. Si les nuisances des uns et des autres ne sont plus à prouver l’installation du combat comme unique champ du politique est encore pire. Elle le perverti fondamentalement en éliminant son champ véritable qui est le devenir communautaire avec la recherche et l’accomplissement du bien commun. Si la malignité est toujours présente, la réduction des affaires humains au jeu des malignités est un anti-humanisme radical et son affirmation une malignité supplémentaire. A l’inverse si la gouvernance démocratique à un intérêt c’est que le bien commun ne va pas toujours de soi et qu’il faut s’organiser pour y contribuer.

Mais au-delà des conceptions perverses et archaïques il y a aussi la question des maturités collectives qui limitent la conception de la démocratie. Nous avons parlé au départ de communautés majeures c’est à dire capables d’assumer les niveaux démocratiques définis au dessus.. Cela ne veut pas dire que tous en sont capables. Il y a toujours des enfants dans la cité dont l’éducation est un enjeu de développement. C’est vrai pour tous les âges de maturité humaine.

Pour ceux qui en sont à un stade plus primaire le politique est affaire d’intervention factuelle dans le règlement des problèmes de subsistance ou de sécurité, un peu sous le mode parental. L’injonction envers les gouvernants d’assumer cela, assorti des plaintes et revendications associés est le signe d’une société primaire, mineure. Elle ne comprend ni la démocratie représentative ni la démocratie élective mettant tout le monde dans le même sac. L’exploitation perverse de cette immaturité, naturelle pour une part, dans toute communauté est la pratique de bien trop d’organisations politiques ou syndicales et celle de la plupart des médias qui y trouvent une source de pouvoir et d’emprise.

Il y a aussi des populations et des acteurs d’âge secondaire qui placent la représentation au sommet de la gouvernance politique. Elles ont beaucoup de mal à justifier l’unité d’incarnation nécessaire par un dirigeant mais en ont néanmoins suffisamment l’intuition, comme écho de la nature humaine des communautés, pour le mettre en place. Même les collectivistes les plus convaincus n’y échappent pas avec les contradictions associées. Ce stade de maturité communautaire était celui qui dominait la pensée politique et les pratiques de gouvernance communautaire. Seulement le réductionnisme rationaliste le réduisait à une maîtrise des représentations mentales, affaire d’expertise plus que de représentation politique. Par ailleurs toutes les perversions idéologiques, donnant quelque valeur sacrée aux images pieuses les constituant, l’ont manipulé à l’envi entraînant dans la confusion toute pensée du politique et surtout toute appropriation par les communautés et les populations concernées.

Ainsi la démocratie participative vient à la fois comme un désordre pour les tenants de la technocratie ou des idéologies classiques et à la fois comme un moyen démagogique pour les tentatives perverses de prise de pouvoir. Inutile de dire que la démocratie assimilée à l’exercice de la violence collective est l’un de pire mépris de l’homme et de la communauté humaine. Elle fait malheureusement les succès médiatiques en complicité avec les manipulations des officines spécialisées. L’actualité en est pleine où l’apologie implicite des délinquances converge avec les vertus de perversion du cynisme et de la mauvaise foi.

Entraîner la communauté à participer à la construction de son devenir ou l’entraîner au ressentiment et à la dénonciation ou la destruction du bien commun ce n’est pas la même chose.

La démocratie participative n’est rendue possible que si sont écartées ces déviances. Elle réclame en effet que les deux premiers niveaux soient assumés. Si le premier ne l’est pas , pas de cohérence pour le second et encore moins pour le troisième. Comment participer à un développement complexe sans un cadre de représentation collective cohérent et sans un Sens pertinent?

Par ailleurs la participation des acteurs ne peux être confondue avec les modalités précédentes ni se résumer à une simple exécution des opérations définies ailleurs.

La démocratie participative mérite une attention particulière pour en comprendre les mérites, les conditions et les limites. Les simulacres et naïvetés habituelles ne doivent pas être prétexte à la disqualifier.

La démocratie participative porte sur le niveau opérationnel de la vie et de l’activité communautaire. C’en est déjà une limite. Ce n’est ni le niveau stratégique de la démocratie représentative, ni le niveau politique de la démocratie élective. Par contre tout ce qui est du niveau opérationnel est l’affaire de tous dans la communauté en fonction des rôles et compétences spécifiques à chaque secteur thématique. Mais si les acteurs de la cité ou de l’entreprise sont ceux qui agissent ils doivent aussi être ceux qui définissent l’action. Ils ont donc à évaluer ensemble les situations et les besoins opérationnels et à concevoir les opérations avant de les réaliser.

La scission de la conception et de l’action est ainsi abolie. Cela n’est possible que si les niveaux politiques et stratégiques sont préalablement déterminés et qu’ils continuent à jouer leur rôle de repère et de référents. Cela n’est possible que si la diversité des compétences est considérée et l’organisation des participations aussi.

Ainsi l’éducation doit faire l’objet d’une traduction du Sens du bien commun, axe politique, en projet éducatif grâce aux représentants des parties prenantes. L’éducation est l’action de la communauté, pas des spécialistes qui n’y ont qu’un rôle singulier. Les parents, les enfants , les éducateurs mais aussi toute la communauté sont concernés. Réduire cela aux seuls professionnels est contraire à la démocratie et même anti-humaniste de par la défiance que cela présuppose vis-à-vis de la population et de ses représentants et de son dirigeant.

Considérer le communauté comme agissante est plus courant pour les entreprises que pour la cité. Or il en va de même pour la cité dont le développement n’est pas étranger à l’implication et l’activité de ses membres. La cité est aussi l’entreprise de son développement. C’est pour cela que le concept de socio-performance s’y applique tout autant.

Ainsi pour les communautés majeures il n’y a pas l’action et la communauté, il y a la communauté agissante relevant d’une démocratie participative qui en est l’exercice et constitue aussi la culture de la compétence collective. Il faut bien méditer cela. Ce ne sont ni les représentants ni les dirigeants qui agissent pas plus que des procédures, modèles ou appareils quelconques ni même une administration ou une expertise particulières mais la communauté elle-même.

La communauté est le sujet de son développement, la gouvernance, le moyen de maîtrise communautaire. La communauté est ainsi le moyen de l’action communautaire. De ce fait les compétences de maîtrise sont des compétence de gouvernance communautaire et pas de gestion de systèmes ou d’exercice d’expertises matérielles ou techniques. C’est la communauté qui agit.

La démocratie participative est l’exercice même de l’action communautaire qui réclame, il faut insister, les deux niveaux démocratiques précédents pour une gouvernance maîtrisée au mieux. Alors, que deviennent expertise, spécialités, professions? Elles font partie de la participation des acteurs qui ne se contentent pas de fonctionner et s’installer dans ce statut mais de concourir aux enjeux communautaires selon les modalités de gouvernance participative.

On est loin aussi de cette démocratie qui prétendrait faire exercer aux populations des pouvoirs supérieurs tout en les dépossédants de l’action communautaire au profit de corps administratifs ou institutionnels. Les affaires de la communauté ce sont les affaires des membres selon les modes de gouvernance pertinents qui dépendent de sa culture propre, des circonstances du moment, des niveaux de maturité à prendre en compte.

Alors, dirons les experts c’est l’incompétence au pouvoir. Ils méconnaissent les conditions d’émergence des compétences collectives qui n’annule pas les rôles d’expertise mais les relativise. Ils méconnaissent les compétences qui consistent à révéler et cultiver des potentiels communautaires. Ils ignorent que le Sens du bien commun est pour une communauté le fondement de talents et de compétences singulières qu’il faut révéler et néanmoins cultiver.

Lorsque les repères du Sens du bien commun sont bien établis et partagés grâce à des référentiels de valeurs et d’évaluation par exemple; lorsque les déclinaisons en sont faites dans les domaines concernés qui donnent le Sens et le cadre de l’action; alors les compétences collectives peuvent apporter des résultats inattendus tant du côté du discernement que du côté de la créativité et des exigences d’efficacité et de qualité opérationnelles.

Il faut pour cela de nouvelles compétences d’animation des participations, celles que les méthodes de socio-performance proposent.

On est loin des groupes de bavardage qui permettent aux experts de justifier d’y substituer leurs modèles normalisés. On est loin de l’idéologie du débat qui oppose dans le simplisme alors que la concertation propose et réalise dans la complexité.

La démocratie participative est une concertation généralisée mais différenciée et hiérarchisée le cas échéant, elle est l’organisation des concourances entre parties prenantes sans exclusives ni démagogie; elle est l’activité communautaire répartie, orientée et encadrée. Si les entreprises s’y retrouveront peut-être plus facilement, la cité est aussi concernée pour cesser d’être subordonnée à une caste d’opérateurs tutélaires qui réservent une place subalterne de mineurs permanents à ses acteurs et populations. C’est le principal obstacle à la démocratie participative et à la démocratie tout court.

Il faut, bien sûr, considérer que la compétence collective est aussi le fruit d’une éducation communautaire qui ne s’arrête aux formations individuelles mais les intègre. La notion de macro pédagogie est à la fois l’idée d’enjeux collectifs d’un projet pédagogique communautaire dument représenté et à la fois une organisation et une pédagogie communautaire qui intègre toutes les échelles. La « cité macro-pédagogique » incarne aussi ce projet et sa réalisation. Il rejoint l’enjeu de socio-performance communautaire qui, en plus du développement, suppose une progression de l’autonomie et de la compétence collective. Ainsi la démocratie participative est l’épreuve même de macro-pédagogie communautaire, le profit de compétence collective qui en résulte, et aussi le principal enjeu du développement c’est-à-dire de l’existence même de la communauté, qu’elle soit cité, entreprise ou association quelconque.

Conclusions

La refondation de la démocratie vient comme une exigence d’un temps de mutation de civilisation. Le passage d’un âge des représentations à un âge du Sens ouvre la pensée politique à la question du Sens, des communautés de Sens et du Sens du bien commun. La période dont nous venons était bornée par le maniement des représentations, idéalités qui en apparaissait comme le sommet indépassable. L’idée de démocratie ne suffit plus, le 20ème siècle aurait du nous l’enseigner. C’est le Sens de la démocratie qui importe en premier lieu avant d’en construire les modalités. Démocratie élective, représentative, participative sont les trois moments d’une même conception.

A l’âge du Sens c’est la conception des communautés humaines de toutes tailles qui évolue vers les communautés de Sens. L’émergence des communautés de Sens touche à tous les domaines des affaires humaines, politiques, économiques, sociales. Elles se manifestent comme communautés orientées, communautés de devenir, de développement, de projet, d’enjeux qui visent une autonomisation collective (empowerment) en même temps que celle des personnes qui les constituent.

Il ne faut pas sous estimer le bouleversement. Ce sont les communautés qui sont agissantes au travers des situations communautaires. Les affaires humaines sont des affaires communautaires et l’action communautaire l’alpha et l’oméga de l’action humaine. Même les enjeux personnels, l’autonomie, l’accomplissement de soi n’ont d’autre lieu d’exercice que les communautés d’engagement.

Il n’y a que l’anti-communautarisme pour s’y opposer, un anti-humanisme qui prend prétexte de l’existence de logiques communautaires archaïques pour rejeter le principe en jetant l’humanité de l’homme avec l’eau du bain communautaire.

Il se retrouve pourtant que tous les domaines relèvent de ce « paradigme communautaire » remplaçant heureusement le paradigme néo mécaniste systémique et les logiques naturalistes associée qui dénient toute humanité propre et donc, par conséquence, toute utilité de la démocratie. Le totalitarisme en est de plus en plus sensible et la crise financière en à été un puissant révélateur comme Anna Harendt l’a fait avec le procès Eichmann.

Du coup la question de la démocratie devient non pas une réaction à l’abus de pouvoir des tyrans ou des systèmes totalitaires, non pas une démagogie identifiant la liberté de choix à l’indépendance vis-à-vis des obligations collectives, mais une question de gouvernance communautaire, pour et par la communauté. Gouvernance pourquoi faire? Les communautés de Sens le signifient: se développer, s’accomplir selon un Sens privilégié, le Sens du bien commun qui leur est propre. Ce n’est rien d’autre que de progresser en réalisant ses enjeux de bien commun, de réussir son développement tout en progressant dans la maturité, sa capacité de maîtriser son destin. Il s’agit alors de socio-performance comme capacité et niveau d’évolution communautaire.

Dès lors la démocratie vaut pour les communautés entreprenantes, les entreprises une fois évacuées les conceptions naïvement démagogiques ou/et les conceptions inutilement conflictuelles de leur développement. Elle vaut pour les pays, régions, territoires politiques évidemment même si on en prédit la fin. Cependant on doit réaliser que les communautés d’entreprises sont elles-mêmes complexes, impliquées dans les territoires des communautés politiques et que ceux-ci se révélant aussi en quelque sorte des entreprises se trouvent concernées par les entreprises qu’ils engagent et les entreprises avec lesquelles ils sont impliqués, économiquement déjà.

Bien sûr il y a de grandes différences mais l’économie communautaire nous montre que les liens sont plus étroits que l’on pouvait le penser une fois évacuées les idéologies extrémistes antagonistes, et les conceptions antidémocratiques de l’Etat.

Dès lors on ne peut échapper à une nouvelle complexité celle des ensembles communautaires. Chaque communauté doit devenir souveraine sur sa gouvernance communautaire et son développement. Par contre elle ne peut le faire sans être partie prenante d’autres communautés, celles qui la composent, celles qu’elle compose avec d’autres. La démocratie répond de façon neuve.

Une démocratie élective sans partage. Chaque communauté a son Sens du bien commun et son dirigeant; une démocratie représentative partagée. Chaque communauté est aussi représentée dans les autres, une démocratie participative coopérative rassemblée par les exigences de l’action.

Cela vaut pour les entreprises comme les communautés politiques et toutes les autres. Dès lors on voit venir une autre vision des ensembles communautaires dont les liens sont des liens de Sens qui dépassent les déterminations matérielles ou formelles. Du coup on verra émerger de nouvelles communautés politiques indépendamment des histoires de frontières. Cela résoudra les impassses qui vont se multiplier avec de nouveaux ensemble communautaires (Ex: Belgique, Kosovo, Géorgie, Kurdes, Thibet, mais aussi toutes les nations existantes qui ont trouvé des réponses transitoires qui vont pouvoir être dépassées avec une autre conception de leur gouvernance et de la démocratie. Les entreprises ne seront plus ces ensembles formels contractés par des petites minorités de moins en moins considérées comme légitimes. Elles ne seront plus ces concentrations matérielles de moyens et de personnes sous prétexte d’économie d’échelles qui ont fait l’économie de la question du bien commun.

Toutes les communautés qui se constitueront aussi grâce à de nouveau usage d’internet (usages de socio-performance communautaire) vont participer aux nouveaux ensembles communautaires, à leur gouvernance et à l’exercice d’une nouvelle conception de la démocratie rendue possible, elle aussi, par ce nouveau lieu de tramage des communautés majeures en gestation (cf Le livre de Gouvernance un espace virtuel de développement communautaire).

Bibliographie des questions associées.

1989 La révolution française

1990 Pour réhabiliter le politique

1991 Autorité politique et cohésion sociale

1992 Hommes, entreprises et sociétés, les liens de Sens

1993 Le concept de macropédagogie

1993 Politique cultures et sociétés

1993 Qu’est ce qu’une communauté humaine ?

1996 Le lien social lien de concourance

1996 Le temps des communautés virtuelles

1996 Les portes de la cité intérieure

1996 La crise, quelle crise ?

1997 Capitalisme socialisme libéralisme

1997 Le renversement économique

1998 Démocratie et gouvernance

1999 La mutation

2000 Changements de paradigmes

2001 Le Sens du bien commun

2001 Projets de territoires

2001 Régions et territoires

2003 L’agir humain

2003 Mondes et communautés humaines

2003 La mutation de civilisation

2004 L’ »empowerment » des territoires

2004 La concertation démocratique

2005 La culture française

2005 Pour une refondation du politique et de la démocratie

2005 Les fondements de l’Humanisme Méthodologique

2005 Au feu ! Dans les banlieux

2006 Systèmes politiques

2006 Le développement communautaire

2006 L’ordre juste ou la vertu française

2007 Démocratie et gouvernance collective

2008 Prospective de l’entreprise

2008 L’opinion publique

2008 La socio-performance

2008 Crise financière

2008 L’unité et la diversité théorie et pratique des ensembles communautaires

2008 Le Sens du socialisme