IRDSU journée du 18 mars 2005

Au cours des journées nationales du développement urbain des analyses et propositions ont été élaborées par les professionnels réunis à Paris mairie du 18°.

L’atelier 2 a été été introduit et accompagné autour des considérations qui font l’objet de l’article.

Il semble bien qu’on en soit à un tournant où se redéfinissent des métiers à faire évoluer soit du côté de la compréhension et de la conduite des dynamiques humaines soit du côté de l’ingénierie de projets urbains. On notera que l’Humanisme Méthodologique est par ailleurs en mesure d’établir des liens qui ne sont pas toujours présents dans les disciplines et les pratiques correspondantes.

Du côté des dynamiques humaines il y a tout un champ de connaissances, de méthodologies et de pratiques de terrain à acquérir et à développer. C’est d’ailleurs l’apport majeur de l’Humanisme Méthodologique en la matière.

Atelier 2 : quelle démocratie autour des projets,

quel « empowerment » des territoires et/ou des habitants?

En relation avec les objectifs de cette journée et de cet atelier, je vous propose quelques indications pour faciliter votre questionnement.

Je voudrais reprendre ici la problématique de l’empowerment pour donner à ce propos quelques repères qui ont des conséquences opérationnelles. Je parlerai ensuite de “participation démocratique” pour pointer différentes conditions et exigences rarement satisfaites.

Ma présentation sera lapidaire pour porter sur l’essentiel.

I – Qu’est ce que l’empowerment ?

1) Au niveau individuel l’image classique, c’est “si tu donnes un poisson à un pauvre il mangera un jour, si tu lui apprend à pêcher il mangera toute sa vie”.

– Différence entre apport matériel et apport de compétence, action distributive ou action pédagogique. Quel est votre métier ? La gestion des choses ou le “gouvernement des hommes?”. Quelle hiérarchisation entre l’essentiel et l’accessoire?

2) Problème, les gens ne vivent pas tous au bord de l’eau et beaucoup n’aiment pas le poisson.

Il est important de viser “l’appropriation” de la compétence en question:

– non pas la pêche pour tout le monde mais: l’appropriation par les gens selon qui ils sont,

– l’appropriation à leur situation selon où ils sont.

La compétence ne peut être standard, donc échappe à des procédures trop formelles ou des programmations prématurées (le modèle technocratique normatif).

3) L’expérience et les sciences humaines montrent que l’empowerment individuel dépend notamment de là où en sont les gens:

– Niveau archaïque, dominance des affects, pulsions, passion, pathos, passivité, réactionnels…

Il y a des besoins quasi thérapeutiques basés notamment sur la “considération”.

– Niveau primaire, dominance des questions de subsistance, se nourrir, s’abriter, en sécurité avec le minimum de confort.

Il y a des besoins d’apprentissages, éducatifs ou rééducatifs basés sur l’implication.

– Niveau secondaire, domaine des questions d’identité, de statut, de place dans la société, d’emploi, de citoyenneté.

Il y a des besoins de reconnaissance, de participation à la vie de la cité.

– Niveau tertiaire, les questions de Sens, de finalités, de Sens bien commun, de responsabilité. Il y a des besoins d’engagement dans le devenir commun.

Les besoins et donc les réponses ne peuvent être les mêmes selon les niveaux de maturité ou de maîtrise.

“La misère c’est l’état de perte de maîtrise des conditions de la dignité humaine”.

4) L’empowerment collectif peut être compris en transposant la question aux communautés humaines:

– l’édification du “je” individuel correspond celle du “nous” qui n’existe pas sans communauté.

– il y a les mêmes enjeux et les mêmes niveaux d’empowerment et les mêmes types de besoins.

5) Les communautés humaines, un concept méconnu souvent réduit à l’archaïque (communautarisme?) ignorant les horizons majeurs (communautés de Sens, de devenir, de projet)?

– Chaque communauté tend et vise à devenir une communauté de personnes libres en cultivant le Sens du bien commun qui est le Sens même de son développement (durable). L’empowerment comme but et comme méthode.

– Toute communauté est aussi communauté de communautés et participe, comme les personnes, à d’autres communautés formant des ensembles (communautés) complexes.

– Cela demande une ingénierie des communautés complexes. C’est celle qu’a construit l’Humanisme Méthodologique pour poser les problèmes, choisir des angles d’attaque, concevoir des stratégies ad hoc, c’est-à-dire appropriées tant aux cultures communautaires qu’aux niveaux d’évolution.

– Il est nécessaire de réanalyser les situations avec cet éclairage, utiliser des moyens conceptuels et pratiques adéquats (ex; théorie et analyse des cohérences culturelles) pour comprendre les problématiques et les problèmes.

II – Participation et gouvernance, la concertation démocratique

Chaque niveau de maturité correspond un type de participation (visant toujours à progresser). La confusion des niveaux est catastrophique, les méthodes sont différentes, les compétences requises aussi.

– Niveau archaïque des communautés et/ou des personnes (pas un jugement général et définitif). Nécessité de “prises en charges” assorties de considération (attention, “l’écoute” ou même le “regard” sont quelque fois déjà trop violents).

– Niveau primaire des communautés et des personnes. Apprentissages “sur le tas” (type monitorat), implications, pratiques nécessaires (attention faire l’apprentissage collectif de la maîtrise de sa subsistance se heurte aux interdits et aux obstacles d’une société “secondaire”).

– Niveau secondaire des communautés et des personnes, participation aux affaires de la cité, reconnaissance nécessaire (attention à l’armée des spécialistes qui savent à la place des autres). Pratique: La concertation: “Poursuivre ensemble un même but”. Mais cela demande une organisation, un encadrement, une animation et une pédagogie, l’acquisition de compétences.

  • Champ de vision et de perspective suffisant
  • Capacité de poser des problèmes
  • Méthode “d’évaluation des situations”
  • Méthode de “créativité”
  • Capacité de maîtrise et d’organisation “top down” et “bottom up”.

– Niveau tertiaire, personnes et communautés matures (perspective émergente). Il s’agit tout simplement d’engagement dans des responsabilités qui vont dans le Sens du bien commun. Cela suppose un travail personnel de discernement et de maîtrise de soi et un travail professionnel de compréhension en profondeur et d’action de niveau “politique”.

Peut être faudrait-il des guides, conseillers ou “coach” qui aident à cette maturité.

Bibliographie :

sur le site du Journal permanent de l’Humanisme méthodologique

Mondes et communautés humaines

Éthique de la considération

La concertation démocratique

Pour un développement durable approprié

L’empowerment des territoires

Démocratie et gouvernance

Les espaces de vie cohérents

Concertation et gouvernance

Politique de la ville

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