Le terrorisme

Le terrorisme est le maniement de la terreur faut-il le rappeler. Ce n’est pas le fait des seuls « terroristes » mais de tous ceux qui terrorisent ou contribuent à diffuser la terreur. Ils s’attaquent à l’homme par cette arme et ils le trouvent désarmé ou encore distrait par ses idéaux. L’Humanisme Méthodologique ne peut se contenter de la dénonciation des uns sans éclairer la complicité des autres c’est-à-dire nous humains aux prises avec notre humanité.

L’Humanisme Méthodologique a-t-il quelque chose à dire sur le terrorisme. Oui mais le climat de terreur n’est pas particulièrement propice au discernement. C’est d’ailleurs un de ses effets d’avoir un terrible pouvoir d’entraînement dans la terreur et la haine; terrifiant!

Trois choses sont à éclairer:

1) Le terrain de la terreur ce sont les affects, les émotions. Qui privilégie ce vecteur facilite le travail des terroristes, pire il lui donne toute sa puissance.

Plus de 500 000 personnes meurent en France chaque année. Montagne de détresses et de deuils. Quel écho en a-t-on dans les médias hors du champ des proches?

La puissance du terrorisme est entièrement construite par les media, terroriser, provoquer la contagion de la terreur, jouer des situations (à plusieurs), avec de véritables plans médias de ceux qui s’en servent. Les terroristes ont les munitions, les médias leur offrent gratuitement le canon. Comme les marchands d’armes, ils répondent qu’ils ne font que répondre à la demande comme si c’était la justification ultime. Peu nombreux sont ceux qui ne se laissent pas entrainer et font preuve de discernement.

2) Ensuite il faut reconnaître en l’homme un Sens, une disposition qui donne à l’émotion, à la passion, aux affects le statut de puissance s’exerçant sur les faits, sur les choses avec l’emploi des représentations mentales, discours et images comme moyens de manipulation. C’est la logique de possession, logique animaliste qui s’impose. “C’est plus fort que soi” y crois-t-on.

Or cette logique de possession est entretenue par bien d’autres que les terroristes. Le monde économique, le monde politique et tous les domaines de la vie et de l’activité humaine développent cette tendance qui est fondée sur la peur panique de toute altérité et qui voit dans son emprise sur les choses (et les gens) la seule défense possible, volonté de puissance pour combler un sentiment d’impuissance radicale. Possédés par leurs possession et leur pulsion d’emprise.

Cette tendance en chacun de nous est encouragée par des groupes, des croyances, des arguments, mais aussi des séductions comme des menaces.

On nous dit que des milieux d’affaires, des marchands d’armes, des financiers, différents intégrismes religieux ou idéologiques, différentes forces politiques sont intimement mêlés dans les situations que nous connaissons aujourd’hui. Il n’y a rien d’étonnant, c’est le même Sens de la possession qui en noue la complicité y compris dans l’adversité. Voyons l’étrange alliance de clans de l’Arabie Saoudite avec le clan Bush.

Cette profonde confusion va toujours vers les extrêmes. Cependant elle est alimentée par les multiples réseaux de tous les jours de tous les milieux. La pente va jusqu’aux extrémismes parce que c’est une pente glissante à laquelle il est si facile de se laisser aller par crainte ou par séduction et difficile de s’en défaire. Les terroristes sont le produit de cette logique humaine à laquelle il serait utile de ne pas contribuer y compris dans les affaires courantes et donc d’apprendre à le discerner, pour soi-même déjà.

3) Le troisième éclairage porte sur le fait qu’il y a d’autres logiques, d’autres Sens humains qui jouent un rôle dans le terrorisme.

D’un côté le rationalisme qui a réussi à opposer un “humanisme” abstrait à un animalisme à contenir sinon à éliminer.

L’article intitulé la bulle rationaliste en présente les conséquences dans un pays qui s’y est cru voué. Le rationalisme se justifie par le fait de contrer la logique de possession (pouvoir d’emprise). Seulement, en chemin, notamment par la technocratie, la volonté de puissance s’est emparée de certaines de ses élites.

La tentation de neutralisation de la dimension émotionnelle a longtemps été présentée comme le chemin de la maîtrise de soi. L’erreur est de confondre cette dimension là de l’expérience humaine avec le Sens de la possession qui en fait la source et la fin de ses ambitions. Dès lors ignorant tout du discernement nécessaire, les tenants de la raison idéale sont pris par la confusion passionnelle (retour du refoulé).

Qui ne sait que les meilleurs esprits formés dans les meilleurs universités ne sont pas à l’abri de la tentation terroriste. Qui ne sait que les laboratoires, les universités sont pleins de gens immatures quant au discernement. Qui ne sait que la Raison tue et en tout cas que sa suffisance inhumaine peut être aussi provocatrice.

A l’instant même vu à la télévision. Après l’assaut donné à une école maternelle par la police pour enlever une petite fille de quatre ans le procureur de la république dit “Je comprends l’émotion mais dans un état de droit une décision de justice doit être exécutée” Infamie ! Qui a dit que la loi et le droit était au dessus de toute humanité et que ses servants avaient ainsi un droit exorbitant au-delà de toute humanité, qui n’a pas dit qu’en vérité les décisions de justice ne sont pas toujours exécutée ou peuvent changer et que le procureur en question ne peut pas l’ignorer, infamie. hypo-crisis.

Fardeau pour les humains, bonne conscience pour les servants de la Raison supérieure.

Une autre logique humaine voudrait renvoyer dos à dos les deux autres. Elle dénie et dénonce toute humanité qui s’écarterait d’un état de nature.

Son œuvre terrible : annihiler tout discernement et en nier même la possibilité comme de tout libre arbitre. Ses incohérences internes ne troublent pas ses croyants, la régression infantile est son horizon désirable. Cette logique humaine désarme peu à peu l’humanité, annihile exigence critique et l’autonomie responsable.

Elle ne produit pas directement le terrorisme mais rend incapable les hommes d’y résister d’un côté et fait de la raison un instrument de sa propre disqualification d’un autre côté.

Alors que reste-t-il à dire à l’Humanisme Méthodologique une fois élucidés ces trois Sens et leurs conséquences? Il reste le discernement, l’exigence de discernement du Sens, discernement du Sens en soi-même, dans toute situation et à toute occasion.

Il ne s’agit pas d’ailleurs d’un discernement défensif mais de la voie d’accomplissement de l’homme celle qui permet de ne pas se laisser entraîner fatalement dans l’une ou l’autre des autres voies mais surtout celle qui permet de devenir libre, c’est-à-dire pleinement humain.

C’est ce que les autres voies fuient où auxquelles elles renoncent pour préserver ou défendre leurs positions.

Il n’y a aucun terrain, aucune question où cela ne se joue. Il n’y a aucun terrain aucune affaire humaine où l’Humanisme Méthodologique n’a pas ses propositions à soutenir, c’est une question d’exigence d’humanité.