Le Sens de l’intégrisme

L’intégrisme désigne aujourd’hui une attitude religieuse extrémiste dans ses façons de penser et d’agir et caractérisée étrangement par des arguments similaires dans les religions mais aussi bien d’autres mouvements. Ils révèlent en fait une position humaine qui se nourrit de référence de puissances et qui est homologue à toutes les volontés de puissances dans tous les domaines.

A – L’intégrisme est un phénomène humain dont on peut éclairer le Sens.

B – Il trouve sa cohérence dans le Sens de la Possession.

C – Il se trouve en consensus avec d’autres phénomènes qui s’entretiennent mutuellement.

D – Conséquences pour y faire face

A -L’Intégrisme est un phénomène humain qu’éclaire la théorie des Cohérences Humaines

1) L’Intégrisme est un phénomène humain qui témoigne d’une disposition humaine et qui a sa cohérence interne .

2) La théorie des Cohérences Humaines vise à ancrer dans une anthropologie fondamentale la compréhension du Sens et de la cohérence des phénomènes humains.

3) Elle montre qu’il y a en l’homme différents Sens possibles , inhérents à sa nature transcendante et constitutifs de la liberté de Sens qu’il reçoit et dont il use et abuse.

4) Elle montre que chaque Sens , ou disposition d’Etre, explique , oriente et engage une certaine cohérence existentielle.

5) L’Intégrisme témoigne de l’un de ces Sens : le Sens de la possession .

6) Il peut être repéré sur une sorte de carte des Sens et, par suite, des cohérences existentielles.

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B – Le Sens de la possession: caractéristiques existentielles.

Le Sens de la possession est une logique d’emprise signifiant : pouvoir d’empêchement, appropriation confusionnelle. Avoir sous son emprise est la mesure de l’être, l’appropriation est emprise, privative de l’emprise de l’autre. Si l’emprise est le bien pour soi alors l’emprise de l’autre est le mal.

L’affectivité, le sentiment, la pulsion sont les véritables moteurs de l’action qui est réactionnelle. Elle est vecteur et enjeu de l’emprise dans une confusion entre la puissance éprouvée (pathos, passion) et le Sens transcendant qui s’y trouve réduit. Le Sens est pris pour la puissance éprouvée. C’est la dimension archaïque de la personnalité qui gouverne .

L’avoir et le pouvoir en sont les enjeux manifestes dans les faits et ce, dans un régime où l’emprise de l’autre est menace permanente n’y ayant de repos que dans le « retour au même ».

Le plan des représentations, idées, discours, textes, raisonnements, etc. est un terrain accessoire moyen-médium de manipulation des affects pour l’emprise et des faits pour le pouvoir et l’avoir. La lettre est une arme et un voile contre l’esprit, le Sens, la conscience. Projections, délires, fantasmes, mystifications vont de soi.

L’altérité, l’étrangeté, l’étranger, dès qu’ils se posent comme tels dans leur radicalité d’être autre, sont vécus comme une violence coupable et coupante puisqu’ils nous affectent.

D’où les thèmes de la xénophobie, du racisme, de la pollution, de l’impropre opposés à tous les thèmes du nécessaire retour au même, incorporateur, assimilateur.

Le Sens de la possession est fondé sur un sentiment fondamental d’impuissance compensé par le sentiment de puissance que procure l’emprise établie et sans cesse vérifiée et nourri de la réactivité passionnelle que suscite la crainte de la puissance autre.

La puissance maligne est ainsi la puissance de référence, celle qui légitime le combat, celle dont on peut jouir (momentanément) de la neutralisation.

C’est la puissance du mal qui précède et justifie le bien .

C – L’Intégrisme et ses complicités

Trois facettes :

Fondements archaïques pulsionnels se posant comme puissances légitimes.
Enjeux pratiques de pouvoir et d’avoir en situation de guerre et d’emprise.
Fonction manipulatoire du discours , arme de combat par l’interdit jeté sur autrui.

Si l’intégrisme prétend se fonder sur une vérité traditionnelle ce n’est que le masque de la légitimation d’un archaïsme pulsionnel, qui est lui déterminant.

Les enjeux de possession, pouvoir et avoir, pris dans le régime paranoïaque de la rivalité et de la guerre sont la véritable mesure de l’intégrisme et ce à quoi il est véritablement occupé.

L’intégrisme relève d’une attitude, une disposition d’être, qui se retrouvent dans de multiples expressions de même Sens qu’il ne faut pas s’étonner de découvrir à la fois complices et rivales. Or, il en va ainsi pour les intégrismes religieux, les nationalismes, les impérialismes toutes les entreprises d’emprise, les mafia, clans et corporatismes.

Qu’est ce qui réunit traditionalisme et paganisme au front national ?
Qu’est ce qui réunit moralisme exacerbé avec une immoralité patente?

Qu’est ce qui réunit le refus de débattre et l’utilisation habile des médias (terrorismes).
Qu’est ce qui réunit toutes les complicités intégristes en Yougoslavie.

L’intégrisme est un mode d’expression suscité par tout ce qui encourage le Sens de la possession: impérialismes, extrémismes, avidités possessives, pratiques passionnelles, valorisations des modèles animaux, manipulation des archaïsmes affectifs, émotionnels (problème du rôle des médias).

D – Comment faire face à l’intégrisme



La force de l’intégrisme est sa provocation réactionnelle en nous-mêmes, lui-même, naissant aussi par réactivité. Rivaliser avec l’intégrisme, c’est l’alimenter.

Il y alors quelques recommandations à faire :

Le discernement, reconnaître en soi le Sens de la possession, le Sens de l’intégrisme et de nos réactions à l’intégrisme pour ne pas rentrer dans les jeux de possession et d’emprise.

Discerner toutes les formes d’expression de la logique de possession qui réactivent, entraînent et nourrissent l’intégrisme.

Se tenir dans une disposition d’être ferme, à la mesure de la maîtrise individuelle et collective que l’on peut avoir, qui accepte l’autre, intégriste, comme un frère, un même mais aussi comme un autre qui doit respecter les positions d’autrui. Question de la distance respectueuse du semblable .

Le terrain du débat est sans prise.

Le terrain des faits est le théâtre du conflit (pouvoir, avoir, violence, force, menaces).

Le terrain de l’affectivité est déterminant et le plus risqué.

Seule la position d’autorité majeure et maîtrisée peut « pacifier » l’intégrisme, c’est cette position où le maître est serviteur sinon il se fait intégriste.

Conclusions :

L’intégrisme est une véritable paranoïa, une fausse connaissance .

Il sert une volonté de puissance, compensatoire d’impuissance ancrée dans l’archaïsme pulsionnel et mise en scène dans des actes de pouvoir et de combat.

Il se nourrit d’amalgames : territoires, nationalismes, religion, famille, possessions en tous genres et se développe dans des combats réactionnels où les armes d’emprise font violence par la négation de l’autre.

L’autre, être étrange, étranger, inconnu, impropre, est celui que combat l’intégrisme qui se sent menacé dans son intégrité totalitaire, absolutiste, monopolisatrice.

L’altérité radicale, qui suppose la transcendance de la personne, reste méconnue dans les Sens rationalistes, c’est pourquoi seul le discernement des Sens est le moyen d’éviter ce qui favorise l’intégrisme et notamment de tomber dans ses pièges.