049 – Le Sens du bien humain
Pour conclure cette série de leçons sur les positions d’être, de vie, d’existence il nous faut avancer sur la reconnaissance d’un Sens du bien humain parmi tous les autres.
Tous ces Sens sont présents en nous, en notre Instance et nous sommes appelés à nous tenir dans l’un ou l’autre, ce qui prête à conséquence tant pour les autres avec qui nous sommes en conSensus que pour le monde commun que nous réalisons. Se dessine un panorama des possibles parmi lesquels la question du bon Sens, du Sens du bien humain se pose et nous allons la reprendre avec les éclairages précédents.
Cela n’épuisera pas la question qui est posée ici pour l’humanité et notre participation à cette humanité universelle. Elle se posera aussi de façon plus proche de nos existences lorsqu’il faudra l’envisager, dans les communautés où nous vivons avec le Sens du bien commun, dans les situations particulières que nous vivons, dans la conduite de notre existence personnelle. Tout ceci sera approfondi ultérieurement.
Les explorations précédentes nous ont montré que trois des Sens que nous portons sont ceux du pire pour l’humanité et que à l’inverse trois autres Sens sont ceux du meilleur. L’histoire de l’humanité est aux prises avec la conversion du pire vers le meilleur. Les penchants originels sont à renverser pour accomplir l’humanité en nous. En fait ce qui caractérise les Sens du pire c’est justement l’abolition de l’humanité en nous, commençant évidemment pas son déni. A l’inverse les meilleurs Sens se rapprochent du Sens de l’accomplissement de l’humanité en chacun et en tous. Mais cela c’est le Sens d’une histoire celle de l’humanité qui tend vers la maîtrise d’elle-même, de l’humanité en nous et ainsi son accomplissement. Participant à cette histoire dans ce Sens nous participons à faire advenir l’humanité accomplie c’est-à-dire en pleine possession d’elle-même tant en tous qu’en chacun. Mais cette histoire humaine est une traduction du fait que l’homme est un Etre de Sens. Sans conscience l’être n’est rien, orientation pure comme une girouette entièrement conditionné. La maîtrise est celle non seulement de la pleinitude de son être mais aussi de sa participation aux conSenus et aux mondes existentiels que notre expérience réalise. Cet accomplissement est conscience d’être, liberté de choix de Sens, et capacité de maîtrise des consensus partagés et des mondes et réalités existentielles que nous vivons. Dès lors, on le verra, l’existence comme expérience réalisée est la médiation d’un processus d’accomplissement humain. Elle trouve sa fin en l’homme qui ainsi se révèle en se réalisant.
Devenir pleinement homme c’est cela, accomplir son humanité en soi dans la participation à l’histoire de l’humanité. L’homme est un être en devenir qui n’est pas donné d’emblée à sa propre maîtrise. Celle-ci s’éprouve dans l’existence, se développe, muri depuis une origine où les penchants sont autres et par les conversions qui assurent l’accomplissement de l’être. Alors revenons aux Sens du pire et du meilleur.
Les trois Sens du pire sont comme un «tripallium» sur lequel l’homme est soumis au régime de sa soumission totale aux conditions de son existence, où son humanité est en conflit avec sa révélation possible avec l’être en lui-même. Il est comme condamné aux travaux forcés de l’existence, au travail peine lutte pour la survie.
A l’inverse les trois Sens du meilleur sont comme un «tripalis» grâce auquel l’homme construit par son travail d’humanité, tant l’oeuvre humaine dans le monde que l’accomplissement de son humanité. Il est le co-réalisateur du monde par lequel il s’accompli, il devient pleinement homme.
Les trois Sens du pire
Le Sens de la régression se trouve être celui du fatalisme matérialiste voué au hasard et la nécessité, à la lutte contre toute altérité et à la culpabilisation. La lutte contre le mal est sa condition de survie, le mal en soi, le mal en l’autre.
Le Sens de la conformité est celui des structuralismes, rationalismes et autres conceptions où des formes à priori conditionnent radicalement toute existence. Ainsi les normes déterminent les normalités. Tout originalité ou singularité est vouée à l’anormalité, une maladie croit-on ici. Reste à suivre les procédures, les règles, les dogmes, pour éviter l’anormalité et sacrifier au conformisme selon les cadres établis.
Le Sens de l’individualisme est celui de la spéculation, d’un égocentrisme qui tend à capter à son profit le monde et les autres les réduisant à une ressource à utiliser. Au lieu d’exprimer l’être il s’identifie à ses propriétés, ce qu’il a, son avoir et ainsi à des représentations de lui-même. Il fait de son individualité, seconde, le critère de l’être qu’elle n’est pas. C’est le moteur de son insatiable quête.
Qu’avons nous trouvé à l’approche de ces Sens ? :Les situations de dégradation, d’involution et de conquête; les démarches de traditionalistes, de compétition, et de recherche du succès; les logiques de puissance et possessions, des systèmes naturels, des raisons idéales. Des postures existentielles sont au voisinage; dominatrice, supérieure, protectrivce, mineure, méritoire, victimaire. C’est cette dernière qui est à la croisée des trois celui qui se fait victime du tripallium et, par ses postions d’être, en vient à se défaire de son humanité sous le prétexte que ce sont les autres, le monde, les conditions qui le déterminent entièrement. Le contraire de l’accomplissement humain et de la maîtrise de son humanité.
Les trois Sens du meilleur.
Le Sens de la progression humaine est celui de l’élévation de l’humanité et des hommes par la réalisation des richesses humaines. Le cercle vertueux de l’exercice des qualités et valeurs qualifient et valorisent dans un cheminement de progrès humain incessant. Nous en verrons les étapes avec les âges de l’humanité. L’homme debout est un homme en devenir. Il est mu par le désir de réaliser les richesses d’humanité.
Le Sens de l’autonomisation est celui de la manifestation des potentiels personnels, de la créativité et des originalités personnelles. L’essence de l’homme ou son être essentiel s’expriment par une existence authentique dont la singularité est le gage de l’autonomie possible. Il est mu par la foi en l’être, en soi et en l’homme.
Le Sens de la participation responsable est celui de l’engagement communautaire et de la poursuite du bien commun. Participer à la vie commune, à l’existence partagée, c’est être impliqué dans les enjeux communs pour le bien de tous et de chacun. Il est mu par le partage d’un existence commune.
A la croisée des meilleurs Sens se situe le Sens de l’accomplissement humain qui conjugue aussi culture, développement, innovation. L’accomplissement de l’homme, sa révélation se jouent dans une histoire à construire et non à subir. Cette histoire réalisant le monde de l’humanité en fait le vecteur et le véhicule de la révélation de cette humanité en l’homme et en soi même. Une posture seulement se trouve engagée au centre de cette trajectoire, la posture magistrale. La maîtrise de l’humanité de l’homme et ses traductions existentielles est le repère de l’accomplissement humain. Cette maîtrise se joue dans les autonomies, les responsabilités, les compétences humaines et ce dans toutes les situations de l’existence. Encore faut il que le travail de conversion des penchants originels puisse se faire. C’est justement un des rôles des postures magistrales d’y aider les autres tout en poursuivant leur propre chemin, en accomplissant leur vocation d’être humain. Il faut ici souligner que la notion de maîtrise ici ne signifie aucune emprise, aucune puissance, aucune gloire. Lâcher prise, humilité, co-dépendance font partie on le verra le moment venu des vertus nécessaires.