Socio-performance et maîtrise des risques
La maîtrise des risques est un enjeu de socio-performance communautaire en même temps qu’un moyen de développement. Le rapport aux risques, l’émergence de la conscience communautaire des affaires humaines débouchent sur cet aspect de la socio-performance communautaire qui est la gestion des risques.
Séminaire international sur l’ingénierie du risque
Université d’Oran et Sonatrach activité aval
24 et 25 janvier 2009
Résumé
Le propos se trouve au croisement des travaux portés par l’Université de Prospective Humaine et de l’expérience de terrain acquise au sein de l’Institut Cohérences, notamment en rapport avec la prévention des risques naturels.
Il se structure autour de trois messages :
1 – Le risque est un phénomène humain tout autant que l’anticipation de dommages possibles ou la notion de vulnérabilité. Selon le Sens qu’on lui donne une « culture du risque » peut très bien devenir un vecteur de progrès communautaire.
2 – Nous entrons dans une période de renouveau au travers de crises et de troubles inquiétants mais qui ouvrent aussi sur la fécondité d’un temps des « communautés de Sens ». Le risque est une affaire humaine communautaire qui relève de l’action communautaire.
3 – La socio-performance d’une communauté c’est la capacité d’assurer son développement et la maîtrise de son devenir dans le Sens du bien commun. Cela induit des principes et une méthode d’action communautaire pour le traitement des situations
Conclusions
Résilience communautaire et dommages collatéraux des stratégies de défense. Les crises humaines sont des épreuves de maîtrise, des « examens de passages » à un stade plus avancé. La multiplication des craintes et des risques envisagés peut être destructrice aussi bien que déboucher sur un plus haut niveau de socio-performance.
Risque, communautés, socio-performance, maîtrise des risques, crises, Sens du bien commun.
1 – Les rapports au risque
Le risque est une anticipation, celle d’un événement souvent assimilé à un dommage. Une fois l’évènement produit il n’est plus un risque mais un accident ou une catastrophe ou toute autre occurrence de crise. Le risque est donc une spéculation et à ce titre relève de l’imagination. Celle-ci est toujours associée à une charge affective qui en fait apprécier la menace éventuelle et l’importance accordée. L’imagination est aussi corrélée avec des comportements, des actes, de protection ou de prévention à moins qu’il s’agisse de fuite ou de paralysie. Elle nourrit aussi les représentations plus ou moins calculatrices ou scénarisées et notamment des stratégies assorties de tout un régime explicatif opportun. En fait l’expérience du dommage anticipé est malgré tout corrélée avec les dimensions du dommage possible.
Le dommage possible ou la vulnérabilité portent toujours sur une pluralité de dimensions de l’expérience humaine. L’évaluation du risque n’est pas dissociable de la charge affective que cela représente, de l’imaginaire culturel et des représentations, des comportements et pratiques sociales associées aux possibilités de dégâts physiques. Tout cela dépend aussi fortement des contextes. Il faut comprendre ici que la non prise en compte de toutes ces dimensions procède de réductionnismes dommageables. L’appréhension du risque est aussi quelques fois une source de risques.
Ainsi la question des rapports au risque est-elle essentielle, tant sur le plan individuel que celui, culturel des groupes et communautés humaines. Il est alors évident que toutes ces dimensions de l’expérience humaine et donc aussi du risque sont différentes selon les cultures et plus précisément les communautés humaines concernées. Sensibilités, imaginaire collectif, usages sociaux sont toujours mobilisés dans leurs spécificités culturelles.
Quid des normalisations alors?
C’est l’analyse des Sens des rapports au risque, une recherche réalisée il y a environ dix ans qui va nous apporter ici quelques réponses.
Le rapport au risque se révèle pris dans la conjugaison de deux dialectiques qui nous permettront de poser quatre modèles types.
La première dialectique est l’opposition entre une assimilation du risque à l’aléa et une assimilation du risque comme la conséquence d’une limite de maîtrise humaine. On retrouve d’un côté une attitude centrée sur « l’aléa statistique » par exemple. Aléa a même racine que altérité, pris ici comme marquant l’existence de causes exogènes fatales. A l’inverse c’est plus une question de « probabilités conditionnelles » et conditionnées notamment pas le niveau de maîtrise des situations qui a été développé. L’aléa fatal n’est plus seul en cause dans la conception du risque et donc des comportements et stratégies associés.
La seconde dialectique est l’opposition entre un refus du risque et de l’incertitude et une acceptation du risque comme condition humaine et provocation à l’action constructive. Avec le refus le risque apparaît comme s’il était issu de la faute de tiers, responsables, c’est-à-dire ici coupables. Le refus du risque pris comme une altération, avant même tout événement dommageable, entraîne des comportements quasi paranoïaques quelques fois. Les catastrophismes dénonciateurs comme il en fleuri dans le monde, visent toujours quelqu’autorité défaillante; révolte contre des figures parentales fantasmées. A l’inverse prendre des risques est inhérent à l’initiative humaine, à l’aventure humaine à l’esprit d’entreprise notamment. On voit bien que des formes de conservatisme favoriseront le refus du risque et des formes d’autonomisations humaines vont avec une prise de risques mieux assumée.
En conséquence quatre types de rapports au risque sont à considérer pour leur nature et surtout leurs conséquences.
Les tentatives conjuratoires
Le refus du risque et de l’incertitude, par exemple peuvent se croiser avec la logique du risque aléa fatal. La faute et la fatalité créent une situation pathogène conjuguant impuissances et culpabilités, celle des « autres » qui risquent d’altérer la sécurité. Cela donne des comportements compulsifs et conjuratoires dont on voit l’expression au milieu même de rituels normatifs (on a vu des déclarations, chasses aux coupables, ou bien procédures ou décrets défensifs, impuissants à conjurer des risques aléatoires). Il y a une certaine dangerosité de ce type de rapport au risque.
La présomption d’invulnérabilité
Le refus du risque se conjugue avec l’impérieuse nécessité d’une maîtrise totale. Dès lors il n’y a que deux solutions. La suppression de l’exposition au risque des personnes et populations concernées, quitte à supprimer les situations ou les sources de risques, peut conduire à des régressions ou du moins des immobilisations au nom d’un principe de précaution qui détruit le sujet plutôt que d’assumer le risque. L’autre attitude est ici la protection totale qui réclame des d’investissements colossaux, tellement que rien ne peut se faire compte tenu du coût exorbitant.
La spéculation assurantielle
Elle conjugue le risque aléa avec l’acceptation du risque. Là c’est le calcul qui va chercher à établir le bon niveau de mise-investissement, par rapport au risque statistique. La prise de risque est calculée, le risque est comme déjoué. C’est le domaine des assurances et aussi de cette extraordinaire démonstration planétaire avec des produits financiers destinés à minimiser les risques encourus. On en a vu l’aboutissement malgré l’intelligence mathématique mobilisée pour déjouer le risque. Depuis le jeu de certains traders jusqu’à celui de grandes escroqueries récentes on voit toute l’illusion de la spéculation assurantielle.
La culture du risque
Il s’agit de cultiver l’expérience de la maîtrise des situations à risque au sein d’une communauté culturelle. C’est l’apprentissage communautaire et l’intelligence collective qui se traduisent en compétences collectives toujours perfectibles. Dans ces conditions le risque anticipé s’inscrit dans une culture et ses valeurs, seuls critères d’évaluation pertinents tant pour la « prise de risque » que pour la prévention ou l’affrontement des épreuves. Le risque comme tout ce qui s’y rapporte relève d’un phénomène humain communautaire et c’est le terrain de compétences et de pratiques à développer en priorité à l’inverse des spéculations fatalistes et des modèles conjuratoires ou présomptueux.
2 – Crises et mutation
Nous sommes dans une période de mutation, à l’échelle mondiale mais celle aussi de tous les pays et toutes les communautés. Elle se caractérise par l’émergence de nouvelles perspectives et un progrès dans l’évolution humaine et la maîtrise des affaires humaines. Cependant c’est aussi l’occasion de troubles et de crises qui constituent autant d’épreuves de passage.
La prospective humaine montre que l’autonomisation individuelle et collective est une caractéristique de ce dépassement. La formation de communautés de Sens, orientées vers des enjeux communs, un développement, une plus grande maturité communautaire (empowerment) se généralise. Les possibilités d’Internet permettant d’établir des relations de proximité humaine indépendamment de la distance, favorisent le développement de trames relationnelles et de communautés d’enjeux. Un temps des communautés de Sens est en train d’émerger avec, on le verra, une nouvelle façon de penser l’action comme action communautaire.
Cependant si se dessinent de nouvelles solutions aux affaires humaines, la mutation est l’occasion de troubles et de crises qui multiplient le sentiment du risque, les spéculations associées et même les comportements qui accroissent le risque à vouloir l’éliminer.
Les crises sont des moments critiques où le rapport au risque détermine l’issue du passage.
Est-il conjuratoire et l’on va masquer l’impuissance par un débordement de dispositifs destinés à régler la question, souvent en déplaçant le sujet et les responsabilités, non sans violences.
Est-il présomptueux et l’on va chercher des solutions radicales, disproportionnées et vaines sinon destructrices.
Est-il spéculatif et l’on va calculer une martingale avec force modèles mathématiques pour déjouer ou tenter le sort.
Est-il communautaire et l’on va mobiliser les compétences collectives dans un nouvel apprentissage d’autonomisation et de maîtrise collective.
A l’expérience la richesse et la complexité des compétences collectives se révèle plus précieuse que bien des appareillages savants. La maîtrise de tels appareillages dépend d’ailleurs d’une culture du risque et de la maîtrise collective des situations à risques.
Or en période de mutation, d’autonomisation communautaire, c’est de ce côté qu’il faut chercher des réponses au débordement d’inquiétude et à la multiplication des « situations à risque ». Faire du risque une affaire communautaire, culturelle, est donc une voie nouvelle, pertinente.
3 – Socio-performance et action communautaire
Si le rapport aux risques invite à développer une maîtrise communautaire, si la période de mutation et les crises associées renvoient aussi vers l’émergence des communautés d’enjeux comme lieu de maîtrise des affaires humaines alors les problématiques d’action communautaire et de socio-performance viennent au premier plan.
La socio-performance c’est le niveau de maîtrise des affaires communautaires dans le Sens du bien commun. La maîtrise des risques n’y échappe pas.
Toute communauté d’enjeu est engagée tant à réussir ses ambitions qu’à progresser dans ses capacités collectives de développement et ce dans le Sens du bien commun qui lui est propre.
C’est une nouvelle appréhension des problématiques collectives et de l’action collective qui est en jeu.
Le concept de socio-performance est issu des travaux de l’Humanisme Méthodologique tant pour la théorisation des communautés humaines et des phénomènes qui s’y rapportent que pour l’ingénierie des affaires humaines associée.
Les communautés humaines sont le seul lieu des affaires humaines qui ressortissent de phénomènes humains à comprendre et où intervenir pour l’action.
Il s’agit d’un changement de paradigme tant vis-à-vis des rationalismes classiques que du néomécanisme des systèmes complexes. On voit avec la crise financière comment les modèles les plus sophistiqués ne résistent pas aux déterminations des phénomènes humains.
Ainsi il n’y a ni risque, ni danger, ni vulnérabilité, ni dommage, ni rapport au risque, ni maîtrise des risques en dehors des communautés humaines et en fonction de leurs enjeux.
L’évaluation du risque ne peut se faire sans référence à une échelle de valeurs et il n’y a pas d’échelle de valeurs qui ne se rapporte à un système de valeurs.
Tout système de valeurs est culturel y compris en ce qui concerne les questions les plus vitales ou les plus importantes. Par exemple la perte de la vie est souvent un risque très angoissant mais pour certains qui s’en font une gloire c’est un projet désirable.
L’extrême invite à repenser la valeur des choses en fonction des valeurs culturelles communautaires. Il y a là deux points essentiels auxquels s’arrêter.
D’abord la notion de valeurs. Les valeurs sont des indicateurs du Sens du bien commun dans une communauté de Sens ou d’enjeu. Elles peuvent être associées à un système de valeurs, indicateur de ce Sens.
Un système de valeurs peut aussi être associé à un référentiel de valeurs qui servira au repérage du Sens du bien commun. Ils pourront donner lieu à l’établissement d’échelles de valeurs déterminant des degrés de progression dans ce Sens là.
La valeur est une contribution à un bien commun et se mesure forcément selon une échelle de valeurs établie.
L’autre question est celle même du Sens du bien commun, propre à une communauté. Les communautés humaines sont investies chacune dans une multiplicité de Sens pour le pire ou le meilleur. La socio-performance ne se comprend qu’en référence au meilleur Sens, le Sens du bien commun.
Comment qualifier ce « meilleur Sens »? D’une façon générale il est celui par lequel une communauté grandi en humanité, s’accomplit, progresse dans la maîtrise de son devenir (empowerment), et se développe.
C’est donc dans ce Sens là qu’il faut établir les valeurs de références qui vont permettre d’évaluer les risques et aussi de développer une culture du risque avec ses moyens et pratiques de maîtrise.
De ce fait toute la culture du risque s’inscrit dans la logique de valeurs « culturelles » à cultiver. Elle se donne des objectifs qui représentent le bien commun à édifier ou atteindre et que l’on évalue selon le Sens du bien commun. C’est là que se définit la socio-performance de la communauté.
On pourra d’ailleurs envisager la socio-performance de la communauté aussi bien que celle de chaque action, moyen, méthode, contribution, ou même contributeur.
Ainsi, tant pour l’évaluation que pour l’action, c’est la socio-performance qu’on évalue et qu’on développe. Elle devient le critère et la méthode de l’action communautaire et du traitement des affaires humaines comme situations communautaires.
Le contexte de la socio-performance
Le crise financière en est un puissant révélateur.
Quelle socio-performance pour l’activité bancaire? On ne pourra plus découpler la valeur des valeurs. On le voit, la maîtrise des risques économiques voit l’intervention des Etats, dans le Sens du bien commun espère-t-on. On pourra évaluer la socio-performance de leurs interventions.
La maîtrise sytémique ou la maîtrise communautaire? L’impossibilité de trouver une réponse sytémique globale révèle que l’espace de maîtrise des risques économiques est communautaire, à toutes les échelles bien sûr, celle des communautés de communautés notamment. On en viendra à découvrir qu’il n’y a d’économie que communautaire donc de risque économique que communautaire et de maîtrise des risques communautaires c’est-à-dire aussi culturelle.
Peut-on mettre sur le même plan l’investissement spéculatif et l’investissement industrieux? L’individualisme économique ou libéralisme radical trouve sa solution alternative avec la socio-performance. Il n’y a de prospérité économique durable que si les acteurs économiques poursuivent leur intérêt particulier dans le Sens du bien commun. Liberté individuelle responsable. Il est temps de renvoyer dos-à-dos l’aliénation collectiviste des personnes et l’aliénation individualiste des communautés.
Le temps est venu de penser les économies communautaires comme production et échange de « biens » et « services » pour le bien commun et le « service » de la communauté c’est-à-dire de l’accomplissement de ses membres et des communautés auxquelles elle participe aussi.
Les communautés économiques ce sont les pays, leurs groupements régionaux, leurs territoires communautaires. Ce sont aussi les entreprises, les organisations, associations, institutions. Ce sont encore des communautés sociales ou professionnelles, des communautés familiales, des communautés religieuses, des communautés virtuelles et toutes les communautés de projet.
Leur socio-performance se détermine sur des valeurs propres, des enjeux propres, des pratiques et des moyens propres, des risques propres, des cultures du risque propres que l’on va chercher à rendre socio-performants.
On pensera rapidement que les inondations, les séïsmes, les catastrophes, naturelles ou technologiques sont des risques universels. Non ce ne sont pas des risques mais des événements. Les risques que l’on dit naturels ne sont liés qu’aux vulnérabilités des populations concernées et sont dont culturelles et communautaires. Les risques sont culturels et interpellent la socio-performance des communautés concernées. C’est là qu’il faut chercher les méthodes et les façons de traiter les crises, question de socio-performance.
Il y aurait un travail théorique important à livrer sur ces phénomènes humains et aussi un travail de problématisation rigoureux de situations qui nous intéressent ici. Cependant c’est du côté de la méthode que nous allons approfondir la socio-performance appliquée aux questions de maîtrise des risques ou de gestion des crises.
La socio-performatique
Il s’agit d’une ingénierie de l’action communautaire et des affaires humaines communautaires.
La socio-performatique réclame une démarche de « traitement des situations » plutôt que des réductions informatives ou modélisatrices. Il s’agit d’agir sur des situations, en situation, par des moyens qui sont des mises en situations. Seules les situations sont agissantes.
Voilà le levier de l’action. Il faut encore qu’il y ait un point d’appui, un moteur qui mobilise et transforme les situations. Ce moteur c’est le Sens et singulièrement le Sens du bien commun si l’on choisi une action socio-performante.
Le principe c’est trouver le Sens du bien commun, le partager, le cultiver et ensuite déployer et développer une intelligence collective, une compétence collective qui endossent l’action collective. On notera qu’il n’y a pas l’action et la maîtrise de l’action séparées mais l’action plus ou moins maîtrisée. Ainsi on ne séparera pas le processus de maîtrise et les processus de l’action communautaire. Autrement dit il n’y a pas ceux qui détiennent les solutions et ceux qui doivent les appliquer comme on applique une procédure magique. Cela vaut peut-être pour les enfants pas pour une communauté adulte ou en passe de le devenir.
La conséquence c’est que l’on aura tout un aspect d’investigation pour trouver les racines culturelles de l’action communautaire et tout un aspect de conduite d’un processus participatif pour l’appropriation et le déploiement de l’action.
Les grandes étapes de la méthode socio-performatique sont celles du traitement des affaires communautaires et donc des affaires de risques et de culture du risque.
Première phase : les ressources de socio-performance.
1 – Désigner la communauté de référence. Un exercice inhabituel qui va consister à inventorier les communautés concernées pour statuer sur celle qui sera considérée au bon niveau comme porteuse du problème, du projet, des solutions et de l’action. Cette prise en considération des communautés humaines concernées est une nouveauté qui transforme la façon de poser les problèmes. C’est le problème de la communauté qui s’inscrit dans son histoire, son actualité et son devenir et non pas une abstraction technico-économique ou juridico-administrative.
2 – Elucider le Sens du bien commun de cette communauté là. Un travail qui relève d’un type d’investigation peu fréquent qui va au coeur de l’âme de la communauté pour en comprendre la problématique fondatrice et fondamentale. Des méthodes encore peu connues existent pour cela où on recueille des témoignages dont il s’agit de dégager le Sens, invisible. Il ne s’agit ni d’inventorier quelques caractères visibles ni de recueillir des opinions averties ou non. Les uns et les autres ont simplement valeur symptomatique ou symbolique.
3 – Cette phase de reconnaissance des potentiels culturels se poursuit par l’établissement de référentiels de valeurs (identitaires ou opérationnels) qui seront aussi des référentiels d’évaluation.
4 – Dessiner les perspectives de socio-performance pour la communauté et les exprimer en termes de développement, de progrès, d’ambition même permettra de déterminer l’orientation qui sera celle selon laquelle problèmes et solutions seront envisagés
Deuxième phase : l’appropriation des problèmes et des solutions (il n’y a pas de solution partagée s’il n’y a pas partage des problèmes).
L’évaluation du risque ou des situations se fera de façon participative c’est une « construction culturelle » intégrant les éléments jugés significatifs de la situation. La recherche des solutions se fera dans le Sens du bien commun à partir des référentiels de valeurs et de façon participative aussi. L’engagement des actions de tous ordres est l’affaire des acteurs selon des modes de gouvernance significatifs.
Il faut aussi intégrer l’expérience dans le patrimoine culturel pour en marquer une nouvelle étape et acter les pratiques.
La « participation » est une affaire culturelle qui dépend aussi des maturités et de la diversité dans la communauté.. Elle doit être structurée et différenciée selon les enjeux politiques, stratégiques et opérationnels. Elle doit être progressive, discrète au début et accompagnée comme une maïeutique pour que le processus de maturation soit bien conduit. Il n’est pas interdit d’avoir recours à des expertises, non pas pour se saisir du problème mais pour aider la communauté à le maîtriser.
Les méthodes de socio-performance et l’ingénierie socio-performatique sont aux prises avec une grande complexité, celle des phénomènes humains. Cependant elle délivre souvent de grandes complications nées de tentatives de maîtriser les situations sans ceux qui doivent en devenir les maîtres. La culture communautaire y pourvoie, souvent de façon plus simple, tout en se perfectionnant à l’expérience.
Parmi les exemples pratiques possibles: des projets communaux de prévention de « risques naturels », la préparation et l ‘animation de plan locaux de sauvegarde. L’évaluation et le traitement de risques sociaux forcément communautaires, celle de risques politiques ou conflictuels. L’analyse des risques communautaires en présence d’installations techniques ou sujettes à des aléas importants. Les risques économiques en rapport avec une maîtrise économique communautaire.
Toutes les actions engagées dans le Sens du bien commun accroissent la socio-performance et la maîtrise collective et donc font diminuer les risques comme les dommages communautaires. Il est clair que la problématique des risques ou la maîtrise des risques ne peuvent pas être dissociées, pour la communauté, de tous les autres aspects qui touchent à sa socio-performance.
Conclusions
La vulnérabilité des situations est inversement proportionnelles à la socio-performance communautaire. Les risques, les crises ne sont pas fonction des seuls aléas ou événements venus d’ailleurs mais du niveau de socio-performance de la communauté concernée. La prévention des risques, les plans de sauvegarde ou de gestion des crises sont des actes de socio-performance communautaires.
La première chose à considérer, à prendre en considération, c’est la communauté concernée. Cela intègre. bien sûr, la complexité des ensembles communautaires mais toute action doit être située dans une communauté d’enjeux, de développement, de devenir, communauté de Sens toujours. C’est une question d’éthique, c’est-à-dire de considération humaine.
Là où ce n’est pas fait le problème est traité comme une abstraction, un système rationnel par exemple et il ne faut pas s’étonner alors des dégâts humains, des dommages collatéraux de la gestion du risque et des crises. Combien de systèmes d’alertes déconnectés des situations vécues sur le terrain et de la culture du risque des populations et acteurs concernés!
La seconde condition de socio-performance c’est l’identification du Sens du bien commun de la communauté considérée et les indicateurs de valeurs associés seuls critères d’évaluation des problèmes, des projets, des situations et des actions.
Évaluer sans échelle de valeur appropriée c’est le faire avec des échelles de valeurs souvent implicites et inappropriées celles de décideurs, d’experts, de structures dont les critères sont différents voire inconsciemment confiés à une science, une idéologie, un système, une procédure ou pourquoi pas un rapport de force, un jeu d’intérêts.
La troisième condition c’est l’élaboration d’une ambition partagée en termes de développement et d’empowerment de la communauté. S’il n’y a pas de vision du futur désirable il n’y a pas de projection cohérente dans l’avenir, pas d’horizon pour traiter les anticipations ou engager des restaurations de socio-performance communautaire.
La quatrième condition c’est l’existence d’une dynamique humaine engagée et générée par une participation structurée au développement communautaire avec une gouvernance appropriée. Sans cette gouvernance pas d’appropriation collective des problèmes et des solutions.
C’est sur ce socle qu’il peut y avoir une appropriation active des problèmes de risques ou de crise par la communauté et qu’il en résulte une culture du risque « socio-peformante ». Voilà le socle de toute « défense en profondeur ». Dans ce contexte les crises sont des épreuves de maîtrise, de limites de maîtrise. Le niveau de sauvegarde communautaire en dépend. Voilà le socle aussi de toute résilience communautaire consistant à restaurer ou dépasser un niveau de socio-performance défaillant.
Crise financière
La socio-performance
La résilience d’un territoire
La maîtrise des risques
La relation au risque
Faut-il avoir peur des risques