Management par la valeur

Une norme de l’Afnor et une étude des Garf sur la question de la création de valeur amènent le constat suivant : on ne parle pas de la même chose. Au moment où l’importance des questions de valeurs monte dans l’intuition des managers c’est la cacophonie qui règne.

Avec le développement de la méthode des référentiels de valeurs partagés (MRVP), un certain nombre de questions ont été posées et résolues en théorie et en pratique.

En même temps deux documents se croisent dans l’actualité:
– La norme AFNOR de management par la valeur en cours de révision,
– Une étude publiée par les Garf, groupement des acteurs et responsables de la formation intitulée

Performance globale de l’entreprise:
Contribution des ressources humaines et de la formation
à la création de valeur.

On s’attendait à une certaine convergence compte tenu de la sensibilité grandissante des entreprises à la question de la valeur et des valeurs et leur inscription dans le management. Cette sensibilité ne va pas d’ailleurs sans déceptions, tant pour la fragilité et la dispersion conceptuelle que pour la faiblesse des résultats opérationnels et des méthodes pratiques.

La norme AFNOR pose une définition de la valeur dont on ne trouve pas de trace dans l’étude, assez large, du Garf (peut-être la notion de valeur ajoutée) pas plus qu’on n’y trouve de référence à cette norme. Sommes-nous sur deux planètes étrangères ?

La norme AFNOR annonce la couleur, généraliser les principes de l’analyse de la valeur au management ce qui alimente un argumentaire militant.

L’accompagnement des notions de processus, de système contribue en fait au dessin d’une vision utilitariste de la valeur.

Cette vision doit paraître tellement évidente que l’on ne trouve aucune interrogation, aucune analyse, aucun choix explicite de la notion de valeur, de ses différents usages et des sensibilités actuelles des entreprises autour des questions de valeur.
On peut en être surpris bien qu’on imagine que ce sont quelques décennies d’interprétation de l’analyse de la valeur qu’il faudrait interroger et qui conduit à cette coupure avec une certaine réalité des entreprises actuelles.

Peut-être faut-il envisager que le monde de l’ingénierie triomphante a vécu et en tout cas qu’il se trouve confronté à d’autres paradigmes, d’autres exigences ou les hommes et les phénomènes humains se révèlent particulières décisifs.

Le thème de la “performance globale” ne va pas sans un souci d’ouverture. C’est pour cela que l’étude du Garf est plus attentive aux questions soulevées et aux interprétations qui sont proposées ici ou là.

Son mérite c’est d’en montrer différents enjeux, de “soulever” le problème de la notion de valeur et des conséquences associées.

Sa limite c’est d’en rester à mi chemin laissant un large champ de travail ouvert avant que les entreprises puisent se forger une vision cohérente, une doctrine de la valeur et les valeurs et des moyens de gérer ces questions dans toutes leurs implications politiques, stratégiques et opérationnelles avec les outils, les méthodes et les compétences appropriées.

C’est ce qu’apporte la M.R.V.P.

D’abord elle se situe dans le contexte de la recherche de la performance humaine globale et durable des entreprises. Y-a-t-il d’autres finalités qu’humaines aux entreprises et donc de critères d’évaluation de la performance globale que les valeurs espérées et investies?

Ensuite elle propose un véritable management par la valeur ou les valeurs sachant que les deux termes sont articulés et associés pour toutes les entreprises humaines (même industrielles).

Sur le fond elle repose:
– Sur une analyse fondamentale des différents Sens (et donc usages) de la notion de valeur. C’est ce qui permet d’y voir clair parmi toutes les options possibles, leurs logiques et conséquences (parmi elle la vision utilitariste qui “oublie” les finalités humaines et les mobiles subjectifs essentiels de toute entreprise, tout projet, toute action,
– Sur une mise en évidence du lien entre valeurs et Sens du bien commun ce qui lie valeurs et communauté de référence, et renvoie à la question des “valeurs propres” d’une entreprise ou de toute collectivité humaine.
– Sur la possibilité de construire des “référentiels de valeurs” qui puissent être réellement partagés et mettant en évidence leurs directions : essentielle ou subjective, projective et objective.
– Sur la possibilité d’établir des cohérences de valeurs, par le jeu de traductions locales et thématiques de référentiels généraux avec la conservation du Sens du bien commun (unité et diversité).
– Sur la puissance opérante et vulgarisante du partage de référentiels de valeurs sur les bases précédentes (ce qui n’est pas le cas des autres conceptions de la notion de valeur).
– Sur le lien intrinsèque entre valeurs et développement de la valeur, valeurs et évaluations. Les référentiels de valeurs partagés s’en trouvent indispensable tant pour la “production de valeur” que pour toute évaluation en tous domaines, de toute chose ou tout processus et projet.
– Sur la multiplicité des applications de la MRVP pour tout ce qui concerne les équipes, les groupes humains et structures de tous ordres et aussi différents métiers voués à la production, l’évaluation, l’optimisation, la transmission, le partage ou l’échange de valeurs.

De ces analyses émerge un questionnement, quels paradigmes sont-ils à l’oeuvre ou en émerge dans le monde des entreprises et quel est leur Sens dans la mutation actuellement engagée. N’y aurait-il pas émergence d’un paradigme de la valeur pour comprendre et manager les entreprises et leur performance humaine globale?

Une préoccupation apparaît.

En situation de confusion assez générale qui prête le flan à toutes les simplifications et à tous les abus ne serait-il pas d’utilité publique de se doter:
– des moyens de rendre lisibles les problématiques et les propositions fondées pour la vie des entreprises,
– des moyens de discernement et de lecture du foisonnement de propositions, d’idées, de méthodes qui vont dans tous les Sens,
– des moyens d’approfondir les concepts et les enjeux associés pour la vie des entreprises, elles-mêmes confrontées à une mutation sans précédent qui bouleverse tous leurs paramètres et jusqu’à leurs raisons d’être quelque fois.
– de moyens de partager : approfondissements, réflexions, expériences significatives sans se tromper d’époque et de paradigme,
– de moyens de productions conceptuelles et méthodologique d’intérêt général,
– de moyens de transmission et de formation à de nouveaux professionnalismes,

Pour cela l’idée a été avancée de manifestations à caractère pédagogiques et regroupant différents acteurs, associations professionnelles, enseignement, recherche, entreprises “avancées”, etc. autour de questionnement construit et approfondi.

L’idée d’une organisation qui pourrait jouer un rôle moteur et structurant a été aussi évoquée.

Ces hypothèses sont à approfondir et à partager.

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