Au coeur du sujet – Perspectives
Il s’agissait ici de présenter le cohérenciel, tout juste émergent à l’époque et qui a connu de forts développements notamment avec la trialectique Sujet Objet Projet. De nombreuses applications en découlent pour la structuration des réalités humaines. dans une deuxième partie des considérations pratiques et des techniques qui permettent de tenir les promesses dans l’action sont présentées.
PERSPECTIVES,
EN GUISE DE CONCLUSION PROVISOIRE
L’approche de la théorie de l’Instance et des Cohérences et les
pratiques qui en découlent, débouchent sur une façon particulière
d’envisager les réalités, les problèmes et les solutions à y apporter.
S’ouvrent alors, une science et un art nouveaux, la science et l’art
des cohérenciels. Ce nouveau paradigme, issu d’une position épisté-
mologique neuve, offre une alternative aux courants traditionnels
dominants:
– Le mécanisme, qui culmine dans le systémisme positiviste et toutes
les formes de scientismes et qui évacue l’essentiel de l’homme: sens et
Instance.
– Le rationalisme, avec son ordre moral et technique subordonnant à
une Raison supérieure, un homme personnellement subalterne.
– L’empirisme, qui fait de l’expérience subjective affirmée le prin-
cipal critère de la vérité absolue et de l’évidence imposée.
Sciences et pratiques ne sont pas neutres. C’est en assumant cela
que l’exigence de discernement et de responsabilité commence à se
faire jour, fondée sur l’exercice de la liberté et de l’autorité de la
personne humaine, en référence à la vérité transcendante.
Sciences et pratiques des cohérenciels offrent cette perspective et
cette ambition.
Qu’est-ce qu’un cohérenciel? Sur le plan théorique fondamental, il
s’agit de l’ensemble des dimensions et des aspects d’un existant, tels
que la théorie de l’existence les définit.
Cette vision de l’existence des choses, implique la disposition
personnelle précédente. Envisager ou réaliser la plénitude de l’exis-
tence d’une chose, d’une situation, d’une oeuvre ou d’un projet, sup-
pose une disposition personnelle favorable. Elle correspond à certains
sens de l’Instance, ceux par lesquels s’envisagent aussi les cohéren-
ciels.
Il s’agit donc d’une vision des choses et du monde (culturalisme
symboliste), visant à l’accomplissement des hommes (et non pas neu-
tre) et se traduisant, à la fois, par une conscience théorique qui peut se
faire sciences et par un concernement personnel qui peut se faire
maîtrise pratique.
330
Pour échapper au règne du savoir imposé par le bon vouloir et
l’arbitraire à celui des systèmes qui tissent les filets de 1’aliénation
humaine à celui du juridisme technocratique, adorateur de ses normes
et ses techniques, il est nécessaire de proposer un nouveau paradigme.
Celui des Cohérenciels ouvre à de nouvelles perspectives de
«sciences avec conscience» et «d’arts témoignages», révélateurs de
l’homme en vérité, dans tous ses domaines de préoccupation.
Un cohérenciel est l’ensemble de ce qui doit être envisagé dans
toute réalité, pour qu’elle soit pleinement humaine , C est donc une
façon de considérer toute chose, dans la plénitude de son existence.
La plupart de celles qui sont offertes réduisent la réalité des choses
à l’un ou l’autre de ses aspects et l’amputent de quelqu’une de ses
dimensions.
Considérer une réalité par son cohérenciel, c’est aussi positionner
la personne humaine dans un rapport tout à fait particulier à celle-ci
dans un lieu qui la transcende. De ce lieu, l’Instance en 1’homme, la
réalité trouve son sens, la conscience essentielle est possible et une
maîtrise peut s’exercer.
C’est donc une position, posture et attitude envers les choses de
l’existence, qui situe l’homme dans la singularité de son humanité.Elle
le dispose à la conscience de sens, révélation de lui-même par la
médiation des réalités de l’existence. Elle lui permet de gouverner son
existence par la maîtrise de ses réalités.
Envisager le cohérenciel des choses, c’est se mettre dans une dis-
nosition d’Être, favorable à l’accomplissement humain et donc, dans
cette perspective et ce projet. C’est aussi se mettre en mesure d’exercer
une pratique de maîtrise, sur les objets et circonstances de 1’existence.
Le cohérenciel d’une réalité quelconque comporte, comme le
schéma de l’existence, six types de caractéristiques, avec trois dimen-
sions fondamentales et trois aspects.
Les dimensions fondamentales
Pour chaque chose, chaque réalité existante, doivent être envisa-
gées les trois dimensions suivantes:
a) Quel en est le sujet ? Autrement dit pour qui a-t-elle un sens et
quel est-il? En termes de logique, d’orientation de finalité, de « raison
d’être », d’intention, de volonté, etc… C’est la dimension intentionnelle
ou subjective.
b) Quel en sont les objets? Eléments, conditions, domaines,
acteurs et facteurs. A quel propos? De quelle «matière» sagît-il ?
C’est la dimension attentionnelle ou objective.
331
c) Comment se présente-t-elle? Le développement, le déroule-
ment de sa vie, événement, historicité, dynamique. Comment se réa-
lise-t-elle? Comment cela arrive-t-il? C’est la dimension actuelle ou
dynamique historique.
Les trois aspects
Ils peuvent se déduire des trois dimensions précédentes:
1) Entre les dimensions intentionnelle et actuelle (subjective et
dynamique) et par abstraction de la dimension attentionnelle (objec-
tive), se situe l’aspect formel, l’image, l’identité sous laquelle la réalité
se présente, interface par laquelle elle apparaît et se montre. La forme
abstraite est celle du savoir qui la décrit, fruit de l’intelligence mentale.
2) Entre les dimensions attentionnelle et intentionnelle (objective
et subjective) et par induction depuis la dimension actuelle (dynami-
que), se révèle l’aspect sensible ou potentiel, vitalité ou source de
dynamisme, la puissance qui donne l’importance, la valeur d’une
chose, valeur commune partagée en consensus dans un tissu d’inter-
relations.
3) Entre les dimensions attentionnelle et actuelle (objective et
dynamique) et par réduction de la dimension intentionnelle (subjec-
tive), se constate l’aspect factuel ou corporel de la réalité. C’est la
présence physique, le fait d’être là, résidu de la «raison d’être» ou
constat de son effet.
332
Le cohérenciel d’une réalité c’est tout cela. On remarquera d’abord
que nos épistémologies classiques ont tendance à en privilégier une
partie, érigée en seul critère d’existence (les faits, les idées, 1’énergie
potentielle, les éléments, la forme, etc…). Ensuite, il faut observer que
l’appréhension d’un cohérenciel nécessite plusieurs modes de recon-
naissance. Bien souvent, au contraire, un seul mode de connaissance
est proposé en référence de vérité (le constat, l’abstraction formelle, le
vécu sensible, etc…).
Ainsi la science et l’art des cohérenciels font-ils appel, simulta-
nément, à l’ensemble des modes d’appréhension du monde, tous
complémentaires, pour accéder à la complétude d’existence d’une réa-
lité, c’est-à-dire à l’ensemble de ses caractéristiques. Il n’y a donc pas,
avec l’approche des cohérenciels, à rejeter aucune faculté humaine de
compréhension du monde et des choses mais, au contraire, il s’agit de
les intégrer dans une même perspective.
Le caractère intégrateur de l’approche par les cohérenciels est
condition d’accès à la cohérence et à l’unité logique des choses, mais
aussi voie d’accès à l’intégrité de l’homme.
La pratique des cohérenciels est pratique de cette intégrité. Elle se
traduit par la prise en compte successive ou simultanée de toutes les
dimensions et tous les aspects d’un cohérenciel.
a) Repérage et choix d’orientation, pour la détermination de l’in-
teraction pratique (volontaire et responsable) du sujet: maîtrise inten-
tionnelle et subjective ou maîtrise politique, d’orientation et de direction.
b) Prise en compte, évolution et mesure des facteurs, conditions,
contraintes, composantes des objets: maîtrise attentionnelle ou objec-
tive ou maîtrise gestionnaire de l’état des choses et de leur entretien.
c) Prévision et conduite du déroulement des événements, réalisations,
édifications, constructions articulées, développement d’activités,
entreprises, etc…: maîtrise actuelle ou dynamique, ou maîtrise de la
conduite des oeuvres et réalisations humaines.
Pour les aspects des pratiques:
1) Conceptions créatives des formes et transformations, idées,
imaginations, informations et médiations, formulations et formalisa-
tions par la maîtrise formelle des projets pour l’identification des réa-
lités.
2) Animations, motivations, communications collectives pour
réactiver ou amplifier la puissance et donner aux réalités l’importance
et la valeur qu’elles doivent prendre, dans les préoccupations humai-
nes (motivations, etc…), c’est la maîtrise des potentialités et ressources
vitales.
3) Actions, opérations techniques, production d’effets, mouve-
ments et déplacements, exercice d’efforts, correspondent aux pratiques
333
factuelles dont la maîtrise est coordination technique des processus
agissants.
Le cohérenciel d’une réalité est donc à appréhender par tout un
ensemble de modes de connaissance, pour accéder à l’intégralité de sa
complétude, révélatrice de son intégrité en l’homme.
Il est à maîtriser par tout un ensemble de modalités pratiques
pour réaliser l’intégralité de sa complétude, témoignage de l’intégrité
de l’oeuvre en l’homme.
Il y a là réponse à cette quête d’unité, entre sciences, savoirs,
expériences subjectives, philosophies, religions, animant nombre
d’hommes, aujourd’hui, qui refusent l’amputation de leur intégrité par
la réduction à un seul mode d’accès à la vérité dans l’existence. Cer-
tains s’égarent dans un syncrétisme, dont l’unité serait hors d’eux-
même (raison, système, dogme).
Il y a là, proposition, aussi, pour cette quête responsable et libre,
de maîtrise des affaires humaines: matérielles, techniques, affectives,
créatives, historiques, politiques, économiques, psychologiques, socio-
logiques, culturelles, spirituelles… que recherchent nombre d’hommes
d’aujourd’hui, refusant le morcellement de leur dignité et de leur
autorité de personne humaine par la limitation à une seule méthode
pour maîtriser leur existence et les problèmes rencontrés dans leur
travail. Quelques uns s’épuisent, à vouloir trouver un équilibre entre
pouvoir arbitraire, adaptation systémique et performance technique
pour une pseudo maîtrise de leur indépendance qui les met hors d’eux-
mêmes.
La pratique des cohérenciels : cohérenciel de la pratique
La science des cohérenciels, annoncée ici, aura à définir comment
s’articulent entre eux des cohérenciels différents, soit par leurs objets,
soit par leurs sujets. Elle aura à exprimer comment un cohérenciel est
lui-même composé d’autres cohérenciels, comment un cohérenciel
peut être une réalité intégrale et être la partie d’un cohérenciel plus
général, comment ce cohérenciel plus général peut être aussi une partie
d’un tout et vice versa.
En effet, les propriétés des cohérenciels ne répondent pas toutes
aux lois classiques des sciences dites naturelles ou exactes. Dans
l’existence humaine, la situation ou le problème actuel sont plus
importants à un moment donné et moins à un autre, si bien que la
hiérarchie entre les choses, les situations, les problèmes est, elle, rela-
tive à l’homme et non établie absolument de façon indépendante et
stable.
Au lieu, ainsi, que le monde soit considéré comme un théâtre, une
scène installée, dans laquelle l’homme n’a plus qu’à jouer le ou les rôles
assignés, il est plutôt à prendre comme un cohérenciel, fait d’autres
cohérenciels et dont les rapports et les hiérarchies sont relatives aux
perspectives humaines, fonction des pratiques dont l’homme exerce la
maîtrise. C’est ainsi que les valeurs, ordres des choses et repères
essentiels, ne se trouvent pas dans le monde mais en l’homme en son
Instance, en référence, au delà, à l’Instant. C’est ainsi que le monde est
le monde de l’homme et que ses cohérenciels, sont toujours les cohé-
renciels de l’homme et pour l’homme.
L’art et la pratique des cohérenciels vise à la maîtrise de l’inté-
gralité de leurs caractéristiques. Ils se différencient notamment se-
lon leurs objets, toujours et uniquement objets de préoccupation de
l’homme.
Par exemple, on peut parler du cohérenciel d’une entreprise dont
le gouvernement consiste en l’exercice de la maîtrise de l’ensemble de
ses dimensions et de ses aspects.
Le cohérenciel d’une entreprise humaine comporte les dimensions
et les aspects suivants, sans lesquels elle n’atteint pas à la plénitude de
son existence:
Le schéma montre les trois dimensions et les trois aspects indis-
sociables, avec ce qu’il faut connaître pour en appréhender pleinement
l’existence et ce qu’il faut faire pour maîtriser cette existence.
Le cohérenciel d’une situation dans la vie personnelle intégrera
toutes ses dimensions et aspects sur lesquels l’action de l’homme doit
s’exercer avec ses modalités spécifiques. La maîtrise de ses situations,
par l’homme, met en jeu toutes ses facultés opératives, créatives et
mentales, affectives et sensibles.
Le cohérenciel d’un problème particulier réclame l’exercice de
toutes ces facultés dans leur mode pratique et comme mode d’appré-
hension des choses.
335
La cohérenciel d’une entreprise humaine comporte les dimensions et les aspects
suivants sans lesquelles elle n’atteint pas la plénitude de son existence.
Le schéma montre les 3 dimensions et les 3 aspects indissociables avec ce qu’il faut
connaître pour en appréhender pleinement l’existence et ce qu’il faut faire
pour maîtriser cette existence.
FIGURE 67
336
Le cohérenciel d’un problème social ou collectif, suppose une
appréhension et une pratique qui intègrent des modes de connaissance
et d’action habituellement isoles ou séparés dans des disciplines étran-
gères les unes aux autres.
L’art et la pratique des cohérenciels réclament des méthodes et des
outils nouveaux, non pour en exclure d’anciens mais pour les intégrer
dans une perspective plus humaine. Méthodes et outils sont élaborés à
partir de la théorie des cohérences et des principes de sa théorie de la
pratique. On peut parler, à ce propos, d’un cohérenciel méthodologi-
que général, ou bien, du cohérenciel de chaque pratique; celui-ci doit
intégrer les six caractéristiques qui en font une pratique complète,
ordonnée à l’homme considéré comme origine et comme fin, dans
toutes les situations humaines de l’existence. La fin de l’homme passe
toujours, en effet, par l’homme, même si elle est référée à l’Instant qui
le transcende, et se joue dans l’existence qu’il transcende. La science et
la pratique des cohérenciels, permettent ainsi à l’homme de se placer
dans cette perspective, dans chaque situation, devant chaque problè-
me, en face de chaque chose ou realité de son existence, personnelle et
commune.
Les cohérenciels sont à connaître par différents modes de con-
naissances existentielles, pour atteindre a une connaisance essentielle.
La connaissance est, à cette condition, voie d’accomplissement de
l’homme, quelque soit l’objet de cette connaissance, quelque soit le
cohérenciel qu’il considère.
En pratique les cohérenciels sont à connaître mais aussi à con-
cevoir, à réaliser, à constituer, à reconstituer, à compléter à gouverner,
etc… Toutes ces pratiques consistent à en établir ou rétablir, l’inté-
gralité des dimensions et des aspects. Accomplir une tâche, un travail,
une oeuvre revient à établir la complétude d’un cohérenciel, accédant
ainsi à sa maîtrise et à sa connaissance, voie d’accès à l’homme, sur la
voie de son accomplissement.
Considérer le cohérenciel des choses et des problèmes personnels
ou collectifs, particuliers ou généraux, est un véritable exercice édu-
catif. Il fait découvrir notamment les dimensions qui peuvent man-
quer à une complétude, condition d’accomplissement. Il permet de
mieux apprécier, aussi, ce qui peut être ajouté ou perfectionné, dans le
travail pratique, pour accéder à une maîtrise qui ait sens d’accom-
plissement et non de pouvoir arbitraire ou d’impuissance déguisée en
discours de savoir.
L’approche par les cohérenciels se fonde dans l’homme. Elle est
donc à la portée de chaque homme, à sa mesure et à celle de son
discernement. Elle n’est pas la propriété d’experts bien qu’une exper-
tise puisse en être cultivée, pour y fonder un ministère professionnel,
par exemple. Il y a donc lieu de traduire les principes d’une science des
cohérenciels et de ses arts et pratiques, dans différents langages et à
propos de divers objets de préoccupations. C’est cette tâche qui cons-
titue l’ambition pratique de la théorie de l’Instance et des Cohérences
par le témoignage des cohérenciels que seront les oeuvres de cohé-
rences et les projets institutionnels qui peuvent en émerger.
337
Les cohérenciels réalisés sont autant de portes qui donnent accès
au coeur du sujet, au coeur de l’homme, en son Instance, et qui en
portent témoignage, ouvrant ainsi à la révélation progressive de son
accomplissement au fur et à mesure de l’édification des oeuvres
humaines et du monde.
Avec cet ouvrage sont ainsi posées les bases d’une théorie dont les
perspectives rayonnent aussi bien vers les questions métaphysiques
que vers les questions pratiques de la vie quotidienne.
Des fondations sont jetées pour des édifices de recherche méta-
physiques ou philosophiques à partir des propositions esquissées.
D’autres sous-tendent des recherches en sciences humaines où le visa-
ge de l’homme, ici dessiné se décline selon les multiples manifestations
de sa vie personnelle et collective et leurs cohérenciels.
Les sciences dites naturelles ou exactes et même les mathémati-
ques peuvent y trouver à la fois les sources de leurs justifications
epistémologiques et ontologiques mais aussi des outils nouveaux pour
leur développement.
Enfin les applications pratiques se situent aussi bien au niveau
professionnel des stratégies opératoires et de méthodes nouvelles en de
nombreux domaines qu’au niveau personnel d’une certaine éducation
de la maîtrise de ses affaires les plus quotidiennes. Le lieu commun qui
permet tout cela c’est l’homme et plus particulièrement le sens qui relie
théorie et pratique comme l’homme relie le ciel et la terre.
Accéder au sens, c’est accéder à soi mais aussi au lieu d’où
s’embrasse l’unité de son existence, au lieu où tout peut se mettre en
perspective et où s’aperçoit l’origine et la fin possible de tout chose, et
s’offre le choix délibéré de l’accomplissement de l’homme.
338
ANNEXE
Quelques perspectives pratiques
de la théorie des cohérences
et des cohérenciels
De la théorie à la pratique, le chemin passe par le sujet, au coeur
du sujet, au lieu même de la personne, en son Instance.
La théorie vise à jalonner le parcours qui permet a l’homme de
reconnaître, en lui, le lieu où se joue l’essentiel La pratique, elle, part
de ce lieu pour viser chaque situation particulière.
Les méthodes, les techniques, qui peuvent découler d’une théorie
de la pratique, sont elles-mêmes des artifices qui aident, celui qui a une
opération à mener, à se disposer en lui-même de façon.appropriée.
Cependant il doit aussi se disposer relativement à 1’objet ou au
domaine qu’il vise et sur lequel il veut agir.
Ainsi, les pratiques humaines sont elles spécifiées toutes, d’abord
par la disposition intérieure de l’homme qui agit, c’est-à-dire la cohé-
rence, le sens et l’intention même de son projet, et ensuite par le
domaine ou l’objet de cette pratique. Elles ont toutes, ainsi, leur
cohérenciel.
La théorie de l’Instance et des Cohérences permet, en fait, pour
chaque secteur d’activité humaine:
– de conceptualiser les problématiques et d’en formuler une théori-
sation (exemple: théorie des cohérences culturelles),
– de concevoir une stratégie opératoire ou méthodologie adaptée à
chaque type de problématique.
Seulement, à chaque fois, c’est tout un monde different qui doit
être traité, avec son contexte historique, son langage, les conditions
sociales et culturelles de la pratique, etc… toutes les dimensions et les
aspects du cohérenciel.
D’ores et déjà, plusieurs domaines ont pu être explorés ainsi,
donnant lieu, à chaque fois, à l’élaboration d’une doctrine conceptuelle
et de pratiques, spécifiques, professionnelles notamment. La théorie et
339
ANNEXE
la méthodologie générale, débouchent ainsi sur des réalisations, au
service des problèmes de l’homme d’aujourd’hui, pour une maîtrise de
ses affaires, en vue de l’accomplissement des personnes, individuel-
lement et collectivement. Nous indiquerons ici, trois lignes de déve-
loppement où ce travail de «mise à disposition» des propositions
fondamentales, présentées ici, a déjà été largement engagé. Ils feront
l’objet d’ouvrages ultérieurs spécialisés.
Avant de s’y attarder quelque peu, il faut aussi signaler que des
pratiques ou techniques de base ont été élaborées, qui s’appliquent à de
nombreux domaines et apportent une aide considérable à toute per-
sonne qui s’y exerce, dans la mesure où elles consistent, au fond, à
développer puissamment des facultés humaines fondamentales.
Sans négliger le fruit du savoir, de l’expérience et du travail, elles
apportent principalement des possibilités de maîtrise personnelle sou-
vent insoupçonnée.
En effet, bien des gens ignorent leurs propres possibilités de dis-
cernement, de créativité, d’autorité et tout simplement d’une quel-
conque autonomie ou maîtrise sur les grands problèmes de leur exis-
tence. Les conditionnements sont tels que ces problèmes semblent
affaire d’experts. Nos cultures individualistes développent le leurre
pathogène de l’indépendance individuelle pour masquer l’aliénation la
plus profonde.
S’il y a aujourd’hui, sur l’homme, un travail théorique et pratique
considérable à mener, par les philosophes, théologiens, spécialistes des
sciences humaines et des sciences tout court, il y a aussi un travail
considérable à mener pour permettre à la multitude, qui cherche dans
l’isolement et le silence sinon le mépris des « experts », de trouver en
chacun ses propres repères, le lieu de l’essentiel et du sens de son
existence.
Le travail de vulgarisation, déjà engagé à partir de la théorie de
l’Instance et des Cohérences, demandera beaucoup de temps et de
persévérance pour tous ceux qui s’y sont déjà attelé ou y participeront
dans l’avenir.
Revenant à ces facultés dont dispose tout homme, plusieurs de
nos techniques peuvent considérablement aider à les développer.
Examinons, très sommairement, quelques exemples majeurs.
a) La centration
II s’agit, tout d’abord, d’une façon de poser les problèmes, con-
tribuant notamment à définir un cohérenciel. Trois questions sont
systématiquement à envisager.
– Quel est le sujet du problème? Autrement dit, pour qui cela fait-il
problème? (il n’y a de problème que pour quelqu’un ou quel-
qu’uns).
340
ANNEXE
– Quel est l’objet du problème? Autrement dit, à propos de quoi
y a-t-il préoccupation du sujet?
– Dans quel sens veut-on prendre le problème? En effet, un même
problème peut être traité dans plusieurs sens, pour donner à chaque
fois une démarche et une solution (ou un échec) différent.
Ces trois questions, apparemment simples, représentent un bou-
leversement des habitudes et amènent, celui qui se les pose, à lui-
même se positionner. La pratique courante de cette façon de poser les
problèmes, conduit à mieux prendre position personnellement, mieux
se situer et situer les autres, assurer donc ainsi, son autorité et sa
responsabilité personnelle et aussi la maîtrise de ses actions, en cla-
rifiant notamment les relations professionnelles (ou privées) avec ses
interlocteurs, partenaires, clients, etc… La réponse, même approxima-
tive, à ces trois questions à propos de chaque problème que l’on se
pose, constitue les termes principaux de tout contrat. Il est simple
d’imaginer ce qui se passe s’il y a erreur ou désaccord sur l’un des trois
termes; au lecteur de s’y exercer.
b) L’analyse figurative
Sur le plan technique cela se traduit par la mise en oeuvre de la
procédure suivante:
– une centration,
– une activation à propos de l’objet de centration (par exemple par
discussion collective, enquête, expérimentation, etc…),
– une actualisation en utilisant un registre imaginaire, sous forme de
scène décrite, de dessin, etc…,
– une transposition dans le contexte du problème posé.
En fait, cette procédure consiste à se donner une représentation
homologue du problème posé ou de l’objet traité, de son cohérenciel
donc, afin de la transposer en fonction de ce que l’on cherche à
obtenir:
– soit une interprétation du problème ou de l’objet,
– soit l’esquisse d’un projet de solution ou de représentation.
Dans les deux cas, interprétation ou esquisse de solution, il s’agit
de représentations homologues du problème ou de l’objet initial.
Cette technique permet donc de procéder, personnellement et sans
nécessairement faire appel à des modèles préétablis, à des interpréta-
tions pour comprendre ou à la conception d’hypothèses de solution ou
de traduction de l’objet de préoccupation.
Une telle technique, au delà des résultats pratiques qu’elle favo-
rise, conduit à faire cette expérience d’être l’auteur d’interprétations et
conceptions originales, d’en avoir ainsi la faculté et de la mettre au
service des circonstances ou cela est utile, dans la vie professionnelle
ou personnelle. En particulier, ce type de technique peut être pratiqué
341
ANNEXE
en groupe, permettant ainsi des réponses collectives, expressions d’un
consensus qu’elles favorisent en retour. C’est donc, à la fois, une
technique personnelle et aussi d’intervention collective et sociale. Sa
pratique varie selon les dimensions ou aspects du cohérenciel qui sont
concernés.
c) L’analyse de cohérence
II s’agit d’une technique de recherche fondamentale, visant a une
connaissance essentielle et donc au discernement des sens d’une ques-
tion quelconque.
Une pratique du discernement et de la connaissance essentielle,
comme on a pu déjà l’apercevoir, ouvre à un grand nombre d’appli-
cations:
– recherche fondamentale sur les problèmes de l’homme et du mon-
de,
– connaissance de soi (essentielle) pour cultiver autonomie, respon-
sabilité, accomplissement,
– discernement éthique dans toutes les situations communes ou par-
ticulières,
– connaissance des consensus, collectifs, sociaux, culturels, nationaux
ou internationaux,
– compréhension de problèmes et de situations vastes ou com-
plexes,
– étude de propositions et de textes théoriques, philosophiques, théo-
logiques, idéologiques, scientifiques, etc…
– approfondissement spirituel.
Les techniques d’analyse de cohérence sont évidemment les plus
difficiles à maîtriser. Comme toutes les autres, elles constituent une
sorte de discipline intérieure, dont les fruits sont à la mesure de
l’exigence et de la prudence de celui qui s’y exerce et aussi fonction de
la justesse et de la profondeur de son cheminement intérieur.
L’analyse de cohérence serait trop longue à décrire ici. Indiquons
cependant, qu’elle intervient toujours après une centration et s’appli-
que à un cohérenciel, objet précis d’une préoccupation (un texte, une
collectivité, un problème, un concept, un événement, une institution,
etc…). Ensuite par un jeu d’activations et de transpositions, on cons-
titue toute une collection de « réalités homologues » de l’objet initial,
dont la confrontation permettra l’élucidation, si les dispositions per-
sonnelles requises sont satisfaites. Le travail est, en outre, opère de
telle manière que l’on puisse différencier, sur le plan d’une représen-
tation, la palette des sens de la cohérence du cohérenciel étudie. C’est
comme cela que s’établit une «carte de cohérence».
La carte de cohérence constitue un outil par elle-même, comme on
l’a déjà vu ici et nous y reviendrons ensuite. Cependant, l’élaboration
342
ANNEXE
d’une carte de cohérence est, en soi, une pratique d’élucidation dont
l’intérêt est considérable bien que d’accès délicat.
Son importance est lié à la profondeur des éclairements qu’elle
procure aux personnes qui s’y exercent. Seulement, l’accès à l’essentiel
est souvent le plus difficile et le moins communicable. En particulier,
si l’exigence personnelle nécessaire ne préside pas à ce travail, on
risque de confondre, interprétations, jugements, ou même illusions,
avec l’élucidation véritable.
Malgré tout, c’est toute une école du discernement dont le projet
peut se dessiner à partir de l’analyse de cohérence principalement, et
cette école vise, à la fois, l’accomplissement des personnes et les
bénéfices que procurent les recherches fondamentales dans tous les
domaines qui, déjà, commencent à se développer.
d) Les cartes de cohérences
Nous avons déjà abordé ici, l’utilisation des trois cartes générales
de cohérence. L’analyse de cohérence conduit, en outre, à l’élaboration
de cartes de cohérences d’intérêt général, chaque fois que leur objet est
d’intérêt général (exemple de l’éducation). Leur usage est le même que
pour les cartes générales (cf. les modes d’emploi).
Ces cartes générales, fruits d’une recherche fondamentale et d’une
connaissance essentielle sur les cohérenciels envisagés, sont des ins-
truments de travail, à la fois, pour l’analyse de sens, le choix d’orien-
tations et aussi l’élaboration de conceptions, de pratiques, d’expres-
sions et de réalisations conséquentes.
Des problèmes ou des objets particuliers peuvent donner lieu a
une analyse de cohérence, menant à l’établissement d’une carte de
cohérence particulière, outil de travail spécifique pour tous ceux qui
ont en charge cet objet ou ce problème particulier. D’une façon géné-
rale les cartes de cohérences sont des instruments d’analyse de sens
qui servent donc à se repérer, dans les cas particuliers ou généraux,
dans le spécifique ou l’universel.
Le repérage, de soi et des choses, ouvre la possibilité de choix de
sens donc choix d’orientation et de direction. De tels choix sont au
coeur de la responsabilité personnelle qui consiste à répondre du sens
dans lequel on s’engage et on engage autrui. Les cartes de cohérences
sont ainsi des espèces de boussoles à l’usage des responsables. Elles
facilitent l’exercice des responsabilités fondamentales en tous domai-
nes et en toutes circonstances dans la vie privée, professionnelle ou
publique, que ce soit individuellement ou collectivement. C est un
outil privilégié pour la connaissance et la maîtrise intentionnelle des
cohérenciels, pour lesquels elle a aussi d’autres usages.
343
ANNEXE
e) La créativité générat
ive
Toute conception, toute création, artistique notamment, toute
expression, toute réalisation, sont l’actualisation des sens (cohérence)
de celui ou ceux dont c’est l’oeuvre. A chaque fois, l’auteur doit
s’ajuster sur le sens de son oeuvre, sa source intime, et travailler à
ordonner et structurer son travail en rapport avec le contexte où il doit
prendre valeur, selon ses modes, langages et règles appropriés. Une
oeuvre, en tant que cohérenciel, doit, en effet, comporter l’ensemble
des dimensions et des aspects qui font sa complétude.
Une technique facilite ce travail de création et d’élaboration,
quelque soit le domaine, à ceux du moins qui savent s’y situer. Toute
personne peut être ainsi auteur original d’une oeuvre propre. Cela est
vrai aussi pour un groupe de personnes dont l’une ou l’autre, alors, se
fait l’écho pour produire une oeuvre collective.
La créativité générative amplifie, ainsi, les facultés de création et
de réalisation des personnes et constitue donc, aussi bien, une méthode
de perfectionnement personnel, qu’un instrument de travail profes-
sionnel, adaptable à différents contextes (conception de stratégies et de
projets, de méthodes, oeuvres d’expression, oeuvres d’imagination,
élaboration de réalisations architecturales, innovations, etc…).
Cette technique suit principalement le processus suivant:
– centration comme dans toute pratique,
– activation pour «s’imprégner» des sens de l’objet,
– actualisation avec production d’une réalité homologue de base,
– transposition dans le contexte initial,
– dégagement d’une structure logique rationnelle.
La « réalité homologue » servira, par la suite, de source d’inspi-
ration (donc d’activation), par exemple, comme mythe fondateur si
elle est dans un registre imaginaire.
La structure logique servira de modèle structurant pour construire
le cohérenciel, à la fois: plans généraux, organisations partielles, con-
ceptions de détails, le tout selon les dynamiques éventuelles qui tra-
duisent le sens de l’oeuvre élaborée.
Une telle technique trouve des champs d’application extrêmement
nombreux. Elle sert d’ossature à la constitution ou la reconstitution de
méthodes et techniques adaptées à des domaines particuliers et dont la
complétude en fait de véritables cohérenciels pratiques.
L’ensemble de ces techniques peut être mis en oeuvre de façon
complémentaire et être à la source de pratiques particulières où elles
trouvent les modalités spécifiques qui conviennent au contexte.
L’apprentissage de ces techniques constitue en lui-même un travail
éducatif de la personne, aussi bien qu’un perfectionnement profes-
sionnel.
344
ANNEXE
II importe de noter que leur universalité pratique repose sur
l’universalité de leur fondement: la personne humaine. Elles sont tou-
tes, au fond, des disciplines qui articulent à chaque fois le rapport de
transcendance:
Instance Existence
Sens Réalité
Personne Monde
D’un côté, se trouve la source qu’il faut repérer, solliciter, éclairer
et de l’autre, les effets, actes, réalisations, opérations. D’un côté,
l’homme, le coeur du sujet, de l’autre, ses affaires pratiques et projets
techniques, matériels, économiques, etc…. D’un côté les sens, cohé-
rences et consensus, de l’autre les cohérenciels.
Maintenant, au delà des techniques générales, nous pouvons évo-
quer trois directions de travail principales où, de la théorie de base,
découle une doctrine qui s’élabore, ainsi que des méthodes et pratiques
dont le développement est engagé.
Pour chacune, nous indiquerons le thème principal, quelques élé-
ments fondamentaux de la doctrine et enfin nous esquisserons un
tableau des niveaux d’application envisageables, qui constituent tout
un programme pour une oeuvre dont les premiers ouvriers sont déjà à
l’ouvrage.
a) Cohérenciel de l’existence
et du devenir de la personne humaine
Aujourd’hui comme toujours, chaque homme est confronté à une
multiplicité de préoccupations dans son existence, son travail, sa vie
familiale, ses relations affectives, sa participation à la vie sociale, ses
responsabilités vis-à-vis d’autrui, ses soucis matériels, etc… En outre,
quelques-uns se préoccupent aussi de leur devenir, au-delà de cette
existence, ce qui les amène à s’interroger sur l’homme et l’humanité.
Or, il y a malheureusement souvent des liens insuffisants entre
tout cela. Qu’elle est l’unité entre les problèmes techniques ou éco-
nomiques de la vie quotidienne et les problèmes spirituels.
La théorie des cohérences répond: l’Homme. Pas n’importe quel
homme ni n’importe quoi en l’homme, mais ce qui, en l’homme, est à
l’oeuvre dans toutes choses de l’existence et au-delà: le sens. Un sens
donné est, aussi bien, celui d’un détail de la vie quotidienne que celui
de toute une existence, du présent et du futur, de l’économique et de
l’affectif, du personnel et du commun.
C’est pour cela que la théorie de l’Instance et des Cohérences peut
proposer une connaissance de l’homme qui n’est pas déconnectée de
ses préoccupations, quelles qu’elles soient. En particulier, elle suggère à
chacun d’entreprendre cette recherche permanente de ses qualités pro-
pres, de sa vocation, c’est-à-dire notamment du sens particulier de sa
345
ANNEXE
vie et, tout cela, non pas pour savoir, mais pour mieux gouverner sa
façon de vivre, toutes ses préoccupations, toutes les situations de son
existence, là où il est, en cultivant ainsi le meilleur de lui-même
c’est-à-dire ses meilleurs sens.
Depuis son origine et dans son histoire personnelle, chacun est
marque plus par une cohérence ou une autre. Au lieu d’en être le jouet,
par le simple jeu des réactions, au lieu de chercher à s’en abstraire en se
perdant soi-même, au lieu de se laisser aller aux tendances ou pen-
chants originels, une conversion est possible pour chacun, celle qui
consiste à s’engager, autant que possible, dans ses meilleurs sens, ceux
de sa voie, de son accomplissement dans la vie quotidienne, décou-
vrant et élaborant, par là même, les cohérenciels de son existence.
Il y a là une stratégie personnelle, en toutes circonstances: recher-
cher et repérer sa voie propre, ses meilleurs sens et s’y positionner pour
traiter chaque problème, chaque difficulté, chaque situation de son
existence. C’est la façon de faire profession de soi qui est profession de
foi, témoignage d’homme pour les hommes dans les consensus par-
tages, pour contribuer à l’oeuvre commune, l’oeuvre de Dieu.
Que ce soit face à la maladie ou aux difficultés, que ce soit pour
des projets professionnels, que ce soit pour la vie en communauté il y
a là pour tous les cohérenciels de la vie personnelle, des principes que
la théorie et ses méthodes rendent opérationnels.
L’unité de sens, vecteur de l’accomplissement personnel dans la
vie quotidienne, du présent et du devenir, est la clé de cette première
perspective doctrinale et opérationnelle qu’inaugure la théorie fonda-
mentale ici dessinée.
ANNEXE
Sous un autre angle, une thérapie originale s’adresse aux person-
nes en difficultés et à tous ceux, professionnels ou non, qui sont
concernés, pour aider à cette conversion fondamentale qui consiste à
retrouver la présence de l’Etre en soi, celle d’une personne humaine,
d’une Instance propre.
b) Cohérenciels et diversité des sociétés humaines : culture,
développement et vocation spécifique des groupes et col-
lectivités humaines.
La théorie du consensus et celle des cohérences, offrent une
réponse neuve au double problème théorique et pratique de l’unité
d’une communauté humaine hétérogène et du développement des
groupes et sociétés humaines.
Comment assurer l’unité (la cohérence?) de groupes humains
composés de personnes différentes, de sous-groupes variés, de person-
nes autonomes? Comment définir l’orientation, la vocation, d’une
collectivité humaine, organisation, cité, nation, etc…? Comment faire
vivre en bonne entente, des personnes et des populations qui s’igno-
rent ou se méfient les unes des autres.
Cohérence et diversité des sociétés humaines :
Culture, développement et vocation spécifique des groupes et des collectivités.
347
ANNEXE
Les systèmes politiques sont des tentatives de réponse. Les sys-
tèmes familiaux, institutionnels aussi. Le problème des rapports du
pouvoir spirituel et temporel, toujours remis en cause même au sein
des églises, y est lié, de même que celui des expressions culturelles de la
foi.
La réponse est celle du consensus, qui est transcendant à la réalité
manifeste, donc au cohérenciel temporel, mais qui reste humain et
mieux, personnel puisqu’il s’agit du consensus des personnes humai-
nes. Bien sûr, ce consensus, comme l’Instance de ces personnes, reste
largement inconscient (conscience de sens) malgré tous les savoirs
sociologiques (conscience des réalités).
On a là, cependant, la solution à la contradiction entre l’unité
sociale et la diversité des personnes. D’autres solutions vaines ont été
proposées:
– amalgame sous la domination d’un seul (tyrannies),
– organisations hiérarchisées (technocraties rationalistes),
– systèmes intégrés (totalitarismes froids).
Le consensus collectif, cependant, est en plusieurs sens et ses
expressions existentielles sont aussi bien les pires que les meilleures. Si
c’est à ce niveau que peuvent être compris et maîtrisés les phénomènes
sociaux (micro-sociétés ou grandes cultures), cela suppose la prise de
responsabilité d’un choix de sens, d’une orientation, d’un vecteur,
unité logique et dynamique du développement existentiel du groupe
social et de son cohérenciel. C’est le rôle d’autorités responsables d’être
repères, révélateurs des consensus communs, et de favoriser ce qui est
du meilleur sens de ces consensus, la vocation de la communauté, pour
l’accomplissement des personnes qui la forment et aussi le service
d’autres communautés et populations.
Il n’est pas besoin, pour cela, de former ou de forcer un tout
(formalisme ou pression ), auquel devraient s’aliéner les parties. La
communauté humaine existe, il n’y a qu’à l’aider à révéler sa vocation
universelle, culturelle, particulière et personnelle.
Ce sont les consensus (le sens), qui constituent l’unité du tout et
des parties et non pas quelque contrainte existentielle.
Au niveau du cohérenciel, par contre, des artifices, méthodes et
techniques peuvent être utilisés pour atteindre au coeur des commu-
nautés, dont le lieu est au coeur du sujet, en chaque personne.
La théorie de l’Instance et des Cohérences et ses méthodes, offrent
les bases doctrinales et opérationnelles pour l’engagement dans les
problèmes de sociétés, pour la constitution de celles-ci, leur unité, leur
développement et les rapports interculturels.
Le tableau programme ci-dessous, par ses niveaux, en esquisse le projet.
348
ANNEXE
c) Cohérenciel et gouvernement
des entreprises et des activités humaines
Le devenir personnel et de le devenir collectif, se croisent parti-
culièrement à l’endroit des activités et des entreprises humaines.
L’existence des activités et des entreprises humaines, quelles
qu’elles soient, est toujours une coexistence, un cohérenciel, partagé
donc, sur la base de consensus (inconscient). La maîtrise des entre-
prises et de toutes activités humaines, ne peut ressortir de l’arbitraire
individuel, du formalisme organique rationnel ou mécanique et encore
moins de la pression des intérêts ou des menaces. Cependant, toute
entreprise réclame d’être gouvernée, qu’elle soit personnelle ou qu’elle
soit collective.
Gouverner une entreprise c’est, sur le fond, agir sur le consensus et
donc la cohérence du projet ou de l’activité. Cependant, ce fond est
invisible, à moins d’une conscience de sens, en général plutôt rare et
toujours insuffisante. Le gouvernement des entreprises ou des activités
humaines, bien que se fondant en l’homme sur les sens en consensus,
se traduira par la maîtrise des différentes composantes de leur coherenciel.
Ainsi le schéma du cohérenciel permet-il de décrire, à la fois, les
composantes de toute activité et donc de toute entreprise, mais aussi
les fonctions et compétences nécessaires qui composent la maîtrise de
leur gouvernement.
Le schéma ci-dessous en est une synthèse sommaire, à titre indi-
catif. II montre les différents types de qualités et de maîtrise qui
peuvent s’exercer, ainsi que leurs articulations mutuelles (structurelles).
349
ANNEXE
Les techniques de cohérences viennent aider à la maîtrise effective des
différents problèmes de gouvernement, fondée autant que possible sur
les talents et compétences personnelles, dont les types se repèrent aussi
sur ce schéma du cohérenciel.
Celui-ci se trouve donc à l’intersection des compétences et voca-
tions personnelles, des fonctions de gouvernement et de l’existence
même de l’entreprise.
Si le tout est disposé sur le meilleur sens du consensus commun,
l’entreprise a les meilleures chances d’accomplir ses fins dans l’accom-
plissement de ses auteurs (entrepreneurs) et partenaires.
La multiplicité des activités et des entreprises humaines, depuis
les projets les plus quotidiens jusqu’aux oeuvres les plus vastes, les
activités sociales ou économiques, publiques ou privées, réclament des
langages, méthodes et artifices, très différents, bien qu’ils se fondent
tous sur les principes dégagés ici.
C’est là un exemple du travail de vulgarisation qui s’engage à
partir des bases fondamentales de la théorie de l’Instance et des
Cohérences. Toute maîtrise est métaphysique, dans la mesure où elle
se fonde sur le sens et les consensus, par contre, c’est dans l’existence
qu’elle s’exerce sur les cohérenciels, jusque et y compris dans les
activités les plus courantes.