L’évaluation du personnel
L’évaluation du personnel pose une série de questions. Sur quelle échelle de valeur évaluer? Comment traduire les critères d’évaluation à tous les niveaux de l’entreprise de façon cohérente? Comment évaluer de façon relative et évolutive? La réponse passe toujours par l’appropriation d’un système de valeur partagé pour évaluer. Un référentiel de valeurs partagé comme condition d’existence d’un référentiel d’évaluation partagé. Telle est la clé.
L’Humanisme Méthodologique offre pour cela des concepts et des méthodes sans équivalents. Un aperçu est donné ici avec la méthode MRVP et ses applications à l’évaluation.
L’évaluation du personnel est une pratique récurrente qui semble revenir périodiquement à l’ordre du jour. Elle ressortit d’attentes au fond très multiples des instigateurs et se traduit bien souvent par des pratiques globalement décevantes malgré des bénéfices locaux indéniables.
Un éclairage de la nature et des enjeux des problématiques d’évaluation montre l’importance et la richesse de ce qui est en question en même temps que les carences de conceptions et pratiques par trop réductrices.
Cet éclairage permet de réajuster les ambitions en la matière et surtout de déboucher sur l’instauration de pratiques cohérentes et significatives là où sont trop souvent cultivées l’incohérence et l’insignifiance.
La théorie des Cohérences Humaines et ses développements méthodologiques servent ici de base à cet examen.
1) LA PROBLEMATIQUE D’EVALUATION : DIMENSIONS ET ENJEUX
Tout d’abord il faut pointer ce qui fait l’oubli le plus fréquent
:
Evaluer est une question de valeurs. Or,
il n’y a pas d’évaluation possible s’il n’y a pas reconnaissance
d’une « échelle de valeurs » commune, pour le
corps social d’une entreprise.
C’est ce qui repère le Sens de son
« bien commun » (éthos, éthique) exprimé
par exemple par son projet, sa politique générale,
ses ambitions, etc.
C’est ce qui se retrouve dans ses logiques de management, d’organisation
de hiérarchie des responsabilités, etc…
Evaluer, c’est permettre à chacun de situer sur une même
échelle de valeurs mais à des niveaux et dans des
termes différents :
– La qualification de son travail (opérations, fonction,
responsabilité)
– La mesure des progrès ou réalisations effectués,
– Les enjeux significatifs qui peuvent être ambitionnés.
Ainsi la pratique d’évaluation a-t-elle comme intérêt
:
– de mettre en évidence et de faire
partager le Sens et la cohérence de l’entreprise au travers
de la reconnaissance de son système de valeurs et de leur
hiérarchisation.
– de formaliser quantitativement et qualitativement
les objectifs de progrès de l’entreprise et chacun de
ses services et des personnes qui les constituent, et ce dans
une même cohérence et un même Sens.
– de mesurer de façon intrinsèque
et relative la « valeur » des réalisations ou
progrès fait ou à faire, des qualifications, etc.
– de mobiliser les structures d’encadrement dans le jeu de la
transmission concrète des valeurs ; celui de la hiérarchie
structurelle des valeurs ; celui d’une pédagogie de l’évaluation.
– de développer « le discernement des valeurs »
et la responsabilisation par une meilleure maîtrise de
la valeur des choses, des actions, dispositions, compétences,
etc. selon l’échelle des valeurs propres à l’entreprise.
Au fond, l’évaluation révèle des processus
de régulation existants, plus ou moins empiriques et plus
ou moins cohérents. Elle permet d’en ajuster le Sens et
la cohérence d’ensemble et enfin de créer une dynamique
de progrès générale et personnalisée.
Devant ces enjeux, les pratiques sont souvent très pauvres,
réductrices, incohérentes avec d’autres « logiques
de valeurs ». Elles souffrent d’un manque de « signifiance »,
personnelle et collective à tous les niveaux (tel directeur
général n’a jamais d’entretien d’évaluation
avec ses collaborateurs immédiats tous directeurs de divisions
où ils développent des philosophies de l’évaluation
divergentes qui suscitent malentendus, cloisonnements et cacophonie),
(telle entreprise développe une politique qualité
sur des valeurs étrangères à la culture
d’entreprise, l’évaluation révèle l’incohérence
des échelles de valeurs).
2) MISE EN PLACE D’UNE PRATIQUE DE L’EVALUATION
La mise en place généralisée d’une pratique
de l’évaluation réclame une « éducation »
individuelle et collective en même temps qu’un apprentissage
des pratiques « d’appréciation de la valeur ».
C’est à la fois une culture et un savoir-faire. Cette
culture et ce savoir-faire sont non-standards mais spécifiques
à chaque entreprise selon son échelle de valeurs
propre et le Sens que ses dirigeants veulent déterminer.
Il y a donc toujours :
1) à élucider le Sens et
l’échelle de valeurs propre à l’entreprise,
2) développer une macro-pédagogie qui est développement
généralisé d’une culture institutionnelle
de l’évaluation en même temps que l’apprentissage
de pratiques ad-hoc.
3) Pour cela, il faut :
– élaborer une stratégie
macro-pédagogique culturellement fondée et significative
(point 1°)
– concevoir les pratiques, moyens et outils culturellement significatifs
(la manière d’évaluer est significative de la culture
d’une communauté).
4) Conduire cela au travers d’une dynamique participative contrôlée
et mesurée pour faciliter l’appropriation (pertinente
et intégrative) du système d’évaluation.
5) Permettre autant que possible les rapprochements avec :
– les modalités d’élaboration
et de réactualisation des projets, plans et programmes
d’action de l’entreprises,
– celles évidemment de gestion des ressources humaines
et notamment recrutement, formation, rémunérations,
promotions, etc.
– la légitimité et la qualification des hiérarchies
managériales.
Chaque entreprise doit donc concevoir son
propre scénario stratégique de développement
de l’évaluation. La standardisation reviendrait à
enfermer la différenciation des valeurs (responsabilisante)
dans la normativité conformiste (déresponsabilisante).
Lisez cette brève
Des avancées importantes ont été faites depuis la rédaction de cet article (1994)
Voir maintenant le dossier La méthode des référentiels de valeurs partagés pour les bases conceptuelles et méthodologiques avancées.