Projets de territoires
Qu’est ce qu’un projet de territoire, C’est une projection dans le futur de la communauté qui habite le territoire. C’est tout autre chose qu’une gestion actualisée ou même anticipée des contingences locales ou d’un « fonctionnement » territorial. La mutation est celle de la considération de l’humanité des affaires collectives et la remise à l’ordre des finalités humaines de la gestion des moyens et ceux qui en ont fait leur spécialité.
"Lorsque vous pensez territoire que vous vient-il à l’esprit en premier?
ou bien un espace à gérer
ou bien une communauté en devenir
La conception du projet territorial en dépend et, bien sûr, la méthode. La seconde vision n’exclue pas la première, la première fait volontiers abstraction de la seconde. Tel est l’enjeu d’une mutation à accomplir."
La nature d’une mutation
Il s’agit d’un changement de vision d’angle de vue ou de position mais aussi un changement de niveau de conscience et donc du niveau des enjeux et de la nature des pratiques.
Les repères
La crise des représentations. Nous vivons la fin d’une ère, celle de la dominance des rationalisations et des modélisations pour comprendre et gérer les affaires humaines et comme seuls critères de progrès. Les systèmes économiques, juridiques, technologiques, idéologiques, politiques, administratifs et mêmes scientifiques venaient à se poser à la fois comme fins et comme moyens faisant abstraction du sujet humain individuel et collectif. L’acteur y est le jouet du système où ne lui est consentie qu’une citoyenneté formelle.
L’émergence des communautés de Sens. Simultanément se découvre que les hommes sont personnellement et collectivement aux prises avec la responsabilité de donner un Sens à leur existence et à leur devenir. Valeurs, finalités, significations, logiques, rationalités, orientations, apparaissent comme les critères essentieles autour duquel le lien social se renoue. Emerge alors la notion de communautés de Sens, pour désigner le champ où se joue l’existence individuelle. Elles constituent aussi des ensembles de communautés de Sens. Une communauté de Sens est alors une communauté de devenir, une communauté de projet où l’acteur est co-responsable du bien commun dans une citoyenneté engagée.
La crise de Sens. Le Sens est le propre de l’homme et les communautés de Sens des communautés véritablement humaines. Seulement cette reconnaissance de la dimension spirituelle de l’humain émerge au travers d’une crise de Sens où s’éprouvent la responsabilité du choix et le discernement des possibles. Sont à l’oeuvre différents Sens, logiques et tendances contradictoires au carrefour desquels se joue l’avenir et le dépassement de l’âge des représentations. Une première dialectique (dialogique) oppose traditionnellement logique de puissance et principe de Raison. Elle tend même aujourd’hui à obscurcir le champ où la crise de Sens se joue dans un autre enjeu encore plus crucial. Il oppose un humanisme radical et un antihumanisme radical. Le premier recentre sur le Sens, principe d’humanité, la compréhension et l’engagement des affaires humaines. Le second, déniant tout principe, d’humanité tente de le dissoudre ou de le combattre. L’antihumanisme théorique s’est associé à un antihumanisme pratique.
L’âge du Sens. C’est sur ce terrain que s’érige une civilisation du Sens dont les communautés de Sens sont les assises formant les mondes de leurs cultures propres, mondes qui se conjugent jusqu’à former le monde de l’humanité. Cette figure à découvrir de la mondialisation authentique passe par la reconnaissance de la nautre et du devenir développement du monde propre à chaque communauté de Sens. C’est là que prennent Sens aujourd’hui territoires et projets territoriaux.
Comment s’élaborent les projets territoriaux à l’âge du Sens ?
Un concept clé, le concept de gouvernance.
Elaborer un projet territoiral c’est permettre à la communauté territoirale de se projeter dans l’avenir et ainsi :
– reconnaître son identité au travers d’une vocation propre à cultiver,
– choisir une orientation, un Sens donc que le projet exprime traduisant la voca§tion en ambition,
– d’engager un e dynamique de mise en mouvement de la communauté de devenir dont les acteurs trouvent peu à peu le rôle différencié qu’ils ont à assumer.
Ce sont les trois dimensions de la gouvernance l’essence du politique.
– Reconnaître l’identité de la communauté territoirale au travers d’une vocation propre à cultiver la personnalité culturelle de la communauté comporte tous les traits explicatifs de son histoire et du monde qui est le sien. Si le pire y cotoie le meilleur, c’est celui-ci qu’il est bon d’identifier pour y reconnaître le visage et le sens d’une vocation. Aucun "état des lieux" n’y parviendra.
La représentation identitaire rejoindra ici la représentativité politique. La démocratie représentative désigne une représentation à laquelle la communauté peut s’identifier, encore faut-il rajouter "dans le meilleur Sens".
Méthodes : analyses de cohérences culturelles, mémoires locales, scènes et représentations fondatrices, situations significatives, signes et langages symboliques…
– Choisir une orientation, un Sens traduit dans un projet qui exprime l’ambition d’une vocation.
La vocation culturelle qui identifie la communauté territoirale enf ait une communauté de Sens orientée vers un avenir dont il faut tracer les voies et les horizons.
Initialier une telle "projection" pour ébaucher un projet de développement suppose des initiateurs dont l’autorité sera reconnue.
C’est le rôle de la démocratie élective que d’élire le Sens de l’avenir devant alors le Sens du bien commun en réponse à la perspective qui est proposée.
Elaborer un projet est un travail d’initiative dont l’initiative ronde une autorité élective. Celle-ci devenant l’autorité même de la communauté la pose face àl’altérité des autres communautés environnantes initiant alors d’autres projets pour d’autres vocations. Aucune procédure our églementation ne peut se substituer à ce travail d’initiative d’une autorité communautaire.
Méthodes : accompagnement de dirigeants territoriaux et d’équipes projet, stratégies d’appropriation créatives, processus de maturation des décisions, stratégies de changement culturel, prospective opérationnelle, évaluations = priori et validations.
– Engager et conduire une stratégie de dynamisation de la communauté de devenir.
Le projet initial a surtout pour utilité d’engager uneprojection en acte de la communauté de devenir.
L’action consiste à engager ce mouvement qui touche au partage de représentations collectives, de valeurs, d’aspirations mais aussi d’ambitions et de projets particuliers; Cette mise en mouvement détermine ou réajuste les rôles des acteurs, institutions, micro communautés ou personnes.
Elle tient compte des rythmes et des possibilités et aussi des personnalités et des maturités différentes.
Il s’agit d’engager une dynamique cohérente mais différenciée selon les acteurs et les secteurs de préoccupation de la collectivité.
Le mouvement porte à la fois sur la conscience collective et ses représentations, surles réalisations d’intérêt commun et sur la maturation des moyens d’une maîtrise collective du devenir commun y compris dans ses relations avec les communautés auxquelles elle participe.
La démocratie participative trouve là son expression dès lors qu’elle est débarassée de ses naïvetés puériles et malsaines pour la communauté. Le projet d’une communauté territoriale en marche nepeut non plus se réduire à la gestion de dossiers et de subventions et réclame plus de compétences humaines que d’expertise technique que la communauté saura mobiliser par ailleurs.
Méthodes : Moyens de représentation et d’identification collective, moyens de structuration et d’animation de processus sociaux particippatifs, moyens macropédagogiques de changement et de maturation collective, moyens de conduite et de pilotage des processus de développement, réalisation d’actions symboliquement structurantes…