Le choix de l’Humanisme Méthodologique

L’humanisme Méthodologique vient à une certaine époque celle d’une mutation de civilisation. Depuis longtemps les uns ou les autres réclamaient un nouvel humanisme sans porter une critique claire aux « humanismes » qui semblaient être vainqueurs des obscurantismes destructeurs. Par ailleurs beaucoup on analysé le moment comme la fin d’un monde et ses valeurs humanistes sans discerner ce qui venait. Ils ont vu le pire mais pas le meilleur un renouveau de l’Humanité. Quelques uns seulement en ont une vision mais il leur manque l’anthropologie radicale qui pouvait permettre de comprendre autrement l’humanité et ce qu’il en est de cette mutation.

POURQUOI UN NOUVEL HUMANISME

L’EXTINCTION DES LUMIÈRES
Les clignotants de la
crise, gyrophares de l’actualité

Nous sommes dans une
période qui se trouve confrontée à une mutation sans
précédent. Depuis trente ans les crises succèdent aux
crises, lourdes de menaces et aussi chargées d’espérances. La
glaciation de la guerre froide a laissé la place à de nouvelles
détentes entre les peuples. Une plus grande conscience de la
dignité et du respect dus aux hommes permet aussi de mieux discerner ce
qui y porte atteinte.

En même temps des conflits nationalistes,
de nouveaux terrorismes, des génocides embrasent le monde. La richesse
et les moyens technologiques n’ont jamais été aussi grands et la
misère si criante.

En même temps encore émergent
des phénomènes nouveaux, caractéristiques d’une mutation.
D’un côté la « crise des représentations » rend
bien des modèles et des références obsolètes et
suscite crispations et désarrois. D’un autre côté une
« crise de Sens » met tous les repères en concurrence. En
même temps la perte de valeurs traditionnelles appelle à une
nouvelle quête de Sens ouvrant à plus d’exigences, plus de
responsabilités.

Enfin le phénomène d’Internet,
symptomatique d’un mouvement d’ampleur mondiale qui remet en question la
plupart des fondements de l’organisation de nos sociétés, ouvre
à un foisonnement d’innovations, de créativité,
d’initiatives, sans précédent. Il dessine de nouveaux rapports au
monde et aux autres avec par exemple la notion d’espace virtuel. Ce
phénomène en croissance rapide et ininterrompu est en même
temps l’objet de toutes les suspicions, de toutes les incompréhensions,
de toutes les récupérations. C’est là un symptôme de
changement profond significatif. La mutation c’est encore le
phénomène de mondialisation qui nous interpelle mais reste
profondément incompris.

Nous vivons aussi un moment où des
phénomènes humains de grande ampleur, comme ceux auxquels nous
sommes confrontés à toutes les échelles de
responsabilité, semblent échapper à l’entendement de nos
civilisations multimillénaires. Des problèmes apparaissent
nouveaux parce que les réponses anciennes sont impuissantes.

Par
exemple comment articuler des nations souveraines à une Europe qui ait
une véritable existence politique. Comment repenser le rapport des
nations aux communautés territoriales ou d’autres natures qui les
habitent? Comment associer l’unité et la diversité des
communautés humaines? Comment se constitue une communauté
cohérente et responsable de personnes libres et autonomes?

La
pensée de communautés humaines intégrant l’aspiration
à la liberté et l’autonomie semble défaillir. On recherche
des valeurs, une éthique qui serait partagée par tous mais on se
heurte aux limites et même aux carences des humanismes traditionnels.

D’un côté un humanisme sentimental et émotionnel confit
d’humanitaire se révèle attaché à une vision
animaliste de l’homme et emporté bien vite par les passions les plus
folles. Un regard sur l’histoire humaine et l’actualité est là
pour l’attester.

D’un autre côté un humanisme de rejet de
ce qu’il y aurait de mal humain en l’homme s’abîme dans des idéaux
dont le Sens est perdu d’autant plus qu’ils ont été pris pour le
Sens. Cet humanisme de la Raison souveraine et des droits de l’homme se
révèle peu sensible à la souffrance humaine et peu capable
de discerner les processus qui engagent les hommes et leur avenir. Le
procédé de distanciation d’avec l’intime de l’homme le conduit
trop souvent à faire abstraction de l’essentiel de l’humain au profit
d’un accessoire idéalisé, l’idée de démocratie par
exemple pendant que le génocide rwandais se préparait.
Enfin
nous sommes témoins, en même temps que d’une certaine
régression des humanismes classiques, de la montée d’un anti
humanisme radical qu’ils n’ont guère la capacité de comprendre et
à plus forte raison de combattre.

Glissements progressifs vers le pire, la déprise de
conscience

L’antihumanisme radical emprunte des voies banales,
séduisantes quelques fois. Il joue de certitudes absolues dont il barre
l’accès au discernement ou à l’esprit critique. Son propos c’est
d’abord de nier qu’il y ait en l’homme une nature humaine, une humanité
qui lui soit propre. Cela est vite étayé par l’affirmation que
les choses et les systèmes des choses sont la seule nature dont l’homme
dérive entièrement. Il n’y aurait pas d’autre humanité que
le produit des lois de la nature des choses.

En même temps les
caractéristiques de l’humanité, dans la maîtrise des choses
ou dans les oeuvres de civilisation sont dénoncées comme contre
nature. Un idéal matériel de naturalité est posé
pour stigmatiser son agression par les agissements humains qualifiés
péjorativement d’anthropisation.

Des hommes de ce courant se font
« accusateurs de l’homme ». Un exemple tiré du compte rendu d’un
rapport récent d’un organisme international désigne comme
pollueur tout nouveau né à venir et, bien sur, s’insurge contre
l’augmentation de la population humaine qui serait préjudiciable
à la planète. Un « scientifique » vedette,
présenté comme un grand humaniste dans un interview exprimait des
positions de ce genre : « les hommes infestent la planète comme les
requins la mer » et plus loin « la plus grande catastrophe
arrivée à la terre c’est l’intelligence humaine ».

Cet
antihumanisme radical, théorique et pratique, avance au milieu d’un
aveuglement lié aux défaillances des humanismes classiques mais
aussi de toutes les sciences et philosophies sensées procurer les moyens
de discernement et de critique qui seraient indispensables.

La
déprise de conscience qui accompagne ce courant traverse au premier chef
ceux qui en sont porteurs. Il affirme et témoigne d’une position, d’un
jugement humain, d’une revendication de liberté de penser et d’agir dont
ils nient par ailleurs la possibilité. La schizophrénie est la
pathologie qui est devenue aujourd’hui la plus courante.

L’ouvrage de
Jean Claude Guillebaud « Le principe d’humanité » éclaire
d’une façon criante le phénomène, du moins au travers de
quelques unes de ses manifestations actuelles. Il n’ouvre pas cependant de
nouvelles perspectives, constatant l’effondrement des bases anciennes de notre
civilisation et de son humanisme. Ils observe ainsi la réduction de
l’homme à l’animal, à la machine, à une chose, à
ses organes. La génétique et les technobiologies sont le support
d’une spéculation qui élimine tout principe d’humanité. Il
observe enfin ce qu’il appelle un « humanisme anthropophage » qui
réussit l’exploit « d’abolir l’homme comme personne ».

La roue de l’infortune, carnaval de
l’impossible

Aujourd’hui nombreux sont ceux qui vivent avec
inquiétude ce moment de mutation. Inquiétés par les uns,
dotés de moyens devenus défaillants, ils cherchent entre le
retrait et l’engagement, entre le détachement et la remise en question,
entre le refuge dans les anciennes réponses et l’aventure qui semble
à nouveau possible. Certains cherchent aussi à reconstituer un
humanisme pour notre temps mais en même temps sont dépourvus de
moyens qui changent quoi que ce soit à leurs pratiques, à leurs
méthodes, d’autant plus qu’elles sont professionnalisées.

Le recours naïf à des incantations ou à des
procédés immatures est tellement courant que l’observateur peut
se demander à juste titre si on n’assiste pas à un effondrement
généralisé de la maturité humaine.

Devant
ce tableau que faire :
– Avoir recours toujours aux modèles que l’on
sait ou devine impuissants ?
– Se replier dans le pathos
schizophrénique dont l’opinion publique est malignement entretenue et
dont les modèles intellectuels font assaut de séduction ?

Regarder ailleurs et surtout quelque miroir complaisant?

UNE NOUVELLE POSITION HUMAINE, L’HUMANISME RADICAL
avec la
théorie du Sens et des Cohérences Humaines

LA LUMIÈRE DE L’HOMME
Une fenêtre dans
la brume, l’humanité de l’homme

La proposition d’un
humanisme méthodologique est une alternative, radicale, tant pour
comprendre ce qui se produit que pour entreprendre un autre versant de
l’aventure humaine, à la portée de chacun, mais ouvrant à
des horizons et à des moyens sans précédents. C’est
à cela aussi que la mutation de l’humanité nous invite.

Un moment privilégié

Un certain regard
porté sur le monde d’aujourd’hui laisse apparaître
l’extraordinaire aventure qu’est une nouvelle mutation de l’humanité. Un
nouveau stade de civilisation humaine commence à s’ouvrir dans lequel
la compréhension de l’humanité de l’homme est en passe de se
renouveler.

On peut le comprendre simultanément comme
l’accès à un autre niveau ou un autre type de conscience et donc
de connaissance. Du même coup nous accédons à une
conception de l’homme et de son évolution qui éclaire à la
fois le moment que nous vivons, les perspectives qui s’ouvrent mais aussi tous
ce qui se joue ou s’est joué précédemment dans l’histoire
humaine.

On peut associer en effet un nouveau niveau de conscience avec
une nouvelle vision de l’homme et une compréhension plus
éclairée des phénomènes humains. Par exemple nous
pouvons mieux comprendre que nous traversons précisément un seuil
de maturescence.

C’est ce qui explique la crise des
représentations. Ce seuil de mutation remet en question un stade
d’évolution humaine où la maîtrise des
représentations mentales du monde, avec l’aide de la raison, avait
été un grand progrès que certains ont d’ailleurs
assimilé à une ère des lumières. Cependant on a
aussi cru volontiers que ce stade d’évolution était
indépassable jusqu’à ériger la Raison en divinité
dans le pays le plus rationaliste qui soit.
La crise des
représentations n’y est que plus douloureuse et provoque
régressions, fuite en avant et crispation sur des lumières
devenues aveugles à ce qui les dépasse et s’abîment en
résistances imprécatoires.

La crise de maturescence ouvre
à un âge de maturité dont le paysage, les enjeux, les
pratiques, les mondes que nous allons commencer à vivre sont très
différents de ce que l’on a connu, surtout parce que notre regard sur
l’homme et le monde va changer mais également les pratiques et les
activités humaines. Elles ne vont pas éliminer ce qui a
existé mais le dépasser, le relativiser donc, comme à
chaque fois que l’homme avance d’un nouveau pas.

A titre d’illustration
le philosophe Michel Serres parle d’hominescence. C’est pour lui
l’émergence de l’homme à son humanité, ce qui
n’était donc pas antérieurement. Il l’illustre notamment par la
disparition d’un monde très animaliste qu’il a connu dans son enfance
mais surtout par la découverte de la naissance d’un monde qui se
révèle humain de part en part, d’essence humaine même s’il
consentait à envisager une telle essence. « Le virtuel est la chair
de l’homme » déclare-t-il. Sait-il que la racine indo
européenne WIR de virtuel veut dire homme, comme dans valeur, vertu,
viril, virtuose… et qu’elle est aussi racine des mots anglo saxons World et
Welt (wier old ou Wier alt, âge d’homme).

La mondialisation qu’il
analyse, comme le suggère la langue par ses détours, est-elle
émergence d’un âge d’homme ?

En tout cas une chose est sure
c’est qu’il est temps de reprendre maintenant une question trop
délaissée depuis longtemps, qu’est-ce que l’homme, qu’est ce que
l’humanité, quel rapport avec le monde, quel est le Sens de notre
existence celui donc de l’idée de progrès ou de projet.

Toutes ces questions, radicales, sont celles d’une anthropologie
fondamentale.
Férus d’antihumanisme radical des hommes ont fait de
cette question une affaire sans intérêt, insensée
même. Les humanismes classiques ne l’ont pas vu venir et ne se sont pas
attaché à renouveler pour notre temps la question de l’homme et
de son humanité. Trop ont considéré la question comme
résolue dans le passé, se contentant d’y renvoyer ou de
reproduire les réponses, souvent dans un langage vide de Sens pour le
temps d’aujourd’hui mais chargé d’appels incantatoires.

Nous
réserverons une place à la question des religions dans ce
contexte. Elles participent tant aux émergences qu’à leur
refoulement.

Les propositions d’une anthropologie
fondamentale renouvelée.

La
vérité est dans la racine, et elle est humaine

La
théorie du Sens et des Cohérences Humaines,
élaborée par l’auteur, constitue les bases d’une anthropologie
radicale. Anthropologie fondamentale d’abord parce qu’elle pousse aussi loin
que possible toutes les questions de l’humain, essentielles ou triviales et
débouche sur une conception qui permet une relecture du connu comme elle
ouvre sur de nouveaux paysages humains. Elle offre ainsi de nouvelles
compréhensions des phénomènes humains, débouche sur
de nouvelles questions et invite à de nouvelles pratiques.

Elle
n’ignore pas que d’autres conceptions de l’homme ont éclairé ses
profondeurs et ses contingences mais elle apporte autre chose, un autre
langage, d’autres concepts qui démontrent qu’un dépassement a pu
être franchi. Elle ouvre ainsi, par le biais de l’exigence
théorique, à une appropriation efficace par ceux qui veulent s’en
saisir, l’éprouver et y trouver de nouveaux moyens pour
l’accomplissement de l’humanité.

Cela n’exclue pas la
possibilité de la persistance d’obscurités ou même
d’erreurs que seule l’épreuve de confrontation à
l’humanité pourra, s’il y a lieu, pointer et corriger.

Cette
anthropologie n’annule pas évidemment toute connaissance savante ou
empirique des questions humaines mais elle invite à les relire et les
inscrire dans une cohérence qui manquait cruellement dans le temps
présent.

Cette anthropologie fondamentale relève d’un
humanisme radical, d’une part parce qu’elle replace l’homme au centre des
affaires humaines, au coeur de toute approche possible des
réalités, des ambitions ou des actions humaines mais encore parce
qu’elle met en évidence, au coeur de l’homme, les racines de
l’humanité et du monde de l’homme. Ces racines elle les désigne
comme Sens. Les Sens sont, au coeur de l’homme, les racines des
réalités humaines. Il faut évidemment dépasser une
approche trop intuitive des questions de Sens et renouveler radicalement, on le
comprend, le terme de Sens que l’on écrira avec un S majuscule.

Cette anthropologie découvre que le Sens (pluriel) est le principe
même de l’humanité en l’homme, principe et source de la
liberté, propre de l’homme qui fait aussi de chacun une personne.

Une telle anthropologie aborde, bien sur, des questions difficiles parce
que, touchant aux profondeurs de l’humain, elle touche aussi à ce qui
est de l’expérience humaine à laquelle chacun est renvoyé.
Nous dirons, comme d’autres l’ont fait, que l’essentiel est quelquefois plus
accessible aux simples mais que la simplicité est ce qu’il y a de plus
difficile à atteindre.

La parole témoigne du Sens, les
écrits tentent de le signifier par la médiation toujours
insuffisante des mots et des phrases. Il faut inviter chacun à chercher
au coeur de lui-même le Sens des mots. C’est la meilleure voie pour
accéder aux concepts les plus difficiles comme Karl Popper l’a aussi
découvert un jour.

L’homme est
la lumière du monde,
ce n’est pas le moment de
l’éteindre

Nous donnerons ici quelques articulations de
cette anthropologie fondamentale qui, on le verra, dessine les bases radicales
d’un humanisme méthodologique.

L’homme être de
Sens

Le Sens, pluriel, constitue le coeur de l’homme, son Instance,
esprit(s) de l’homme. Par là même il est au coeur de
l’expérience des choses et des choses elles-mêmes, pour les
hommes.

Le Sens est le principe de toute signification humaine des
choses. Il est le principe de toute orientation humainement qualifiée,
en termes de valeurs ou d’éthique par exemple. Il est enfin le principe
de toute rationalité, ordonnant les choses et les actes.

L’homme être en devenir

La question du devenir est
inhérente à la nature humaine, être de Sens. Si les
devenirs sont multiples, celui qui peut être qualifié
d’accomplissement est celui par lequel émerge la maîtrise de la
liberté humaine, liberté de Sens, liberté d’Être
dont chacun est appelé à trouver la voie qui lui est propre et
aussi à partager des voies communes.

L’expérience
humaine

L’expérience humaine est toujours
expérience de l’autre
, le semblable. La relation humaine à
l’autre est relation de Sens partagé, conSensus.

L’expérience du Sens partagé avec l’autre, celle du conSensus
donc, se déploie selon une structure ternaire (trialectique)
où sont articulées ensemble l’intention du sujet, l’attention
à l’objet, l’extension du projet constituant ainsi la
subjectivité, l’objectivité, la rationalité
simultanées de toute expérience humaine.

Celle-ci est
ainsi réalisation du monde. L’expérience du ConSensus
s’éprouve comme conscience dont les constituants ne sont rien d’autre
qu’une « réalisation » des choses et du monde.

Redisons
le de mille façons, les ConSensus sont les fondements des
réalités, réalisées dans et par l’expérience
humaine. Les Sens en sont au principe. Les réalités du monde et
des choses ne sont que des « réalités
réalisées » par le fait de ConSensus entre les hommes. Ces
réalités réalisées épousent la structure
ternaire de la conscience et de l’expérience humaine, toujours
expérience de ConSensus.

Ainsi l’existence des choses, celles du
monde et des hommes dans le monde sont toutes des réalités
réalisées. L’homme, être de Sens, est aussi
réalité du monde mais, s’il en fait partie existentiellement dans
l’expérience humaine, il n’en est pas issu en tant qu’être de Sens
(cf. le commentaire magistral de la Sainte Famille par Michel Serres dans
« Hominescence ».

Enfin si toute réalité est
réalisée dans et par l’expérience humaine, toute action
humaine dans le monde passe par un travail sur l’expérience humaine,
conscience réalisante et, au bout du compte à la racine: le Sens
en Consensus.

Tel est le visage de l’humanisme véritablement
radical au travers de la compréhension de l’expérience
humaine.

Le monde humain

Il est réalisé par
le ConSensus des hommes. Cela veut dire que c’est leur regard mais aussi toutes
les dimensions de leur conscience réalisante, y compris physiquement,
matériellement, qui font le monde des hommes.

Le monde est
réalisé par les ConSensus des hommes et ainsi les Sens des hommes
sont le coeur « métaphysique » du monde.

La
pluralité des Sens et des ConSensus réalise des mondes multiples,
ceux de multiples communautés de Sens.

Ainsi s’il y a un monde
de l’humanité, il y a aussi les mondes des différentes
communautés humaines qui sont au fond des communautés de
consensus.

Ils apparaissent comme lieu d’existence des hommes en
communautés. Celles-ci cherchent toujours à définir ou
délimiter leur monde pour assurer leur être ensemble, quitte
quelque fois, aliénés, à en mourir ou tenter de supprimer
l’autre.

Selon les Sens en ConSensus les mondes humains
réalisés ne sont pas les mêmes, ne sont pas engagés
dans les mêmes Sens, les pires ou les meilleurs. Ils sont autant de
théâtres des modes d’existence des hommes en
communautés.

Ces mondes humains sont le siège des
problèmes, des enjeux, des choix et aussi des progrès de
l’humanité. Existant par les Sens des hommes en ConSensus ceux-ci y
trouvent à la fois la source et la résolution des
problèmes d’existence mais aussi l’accès possible à la
maîtrise de ces Sens, à l’accomplissement de leur liberté
d’être humain.

En définitive le monde humain est
témoignage de l’humanité de l’homme, de son accomplissement et
ses mutations, de l’histoire de son devenir et de l’avènement de son
humanité, libre et librement responsable.

Le monde est pour
l’homme un livre sans cesse à lire et à écrire avec une
parole de Sens.
Il y a là mille remises en questions, mille
questions légitimes mais une perspective, une conception, un
anthropocentrisme radical, autre nom d’un humanisme radical s’il est
voué à l’accomplissement de l’humanité de l’homme en
chacun et en tous.

Cet anthropocentrisme, mal en cour surtout depuis
que l’antihumanisme radical sévit, est une conception dont l’auteur est
un homme qui assume son regard d’homme, son intelligence d’homme, son
expérience d’homme partagés avec d’autres hommes et ne
prétend pas parler en dehors de cette position là.

Comment un homme peut il prétendre parler comme autre chose qu’un
homme, d’un regard et d’une d’expérience autres que celles d’un homme
qu’il est?

C’est pourtant la position schizophrène de
l’antihumanisme radical qui ne cesse de mettre les choses au centre et
l’humanité dans les ténèbres extérieures comme par
exemple lorsqu’on oublie que l’environnement est ce qu’il y a autour de l’homme
et pas au centre, à la place.

L’HUMANISME
MÉTHODOLOGIQUE

LA MÉTHODE
HUMAINE
Les problèmes par la racine

L’humanisme
méthodologique s’appuie sur l’humanisme radical qui lui donne les
concepts et les moyens de son ambition. On peut en formuler une première
définition.

L’humanisme méthodologique consiste :

à agir dans le monde humain:
– par un travail sur
l’expérience humaine des choses et des situations,
– visant
à une meilleure maîtrise du Sens, humain,
– pour favoriser en
toutes circonstances l’accomplissement de l’homme et de l’humanité.

C’est donc une démarche effectivement centrée sur l’homme et
qui place le Sens humain à la clé de tous les enjeux et
réalisations humaines. Qu’est-ce que cela apporte ?

Pour
l’humanisme radical les choses, les situations, sont réalisées
selon les dimensions de l’expérience humaine :
– L’humanisme
méthodologique
apporte un redéploiement des modes de
conscience pour appréhender les choses et le monde d’une façon
plus riche et plus humaine par opposition aux façons réductrices,
distordues et déshumanisées de le faire.
– L’humanisme
méthodologique
conduit à un redéploiement des
organisations, des structures et des méthodes de maîtrise de
l’action individuelle et collective et donc de la conduite des affaires
humaines.
– L’humanisme méthodologique conduit à
resituer l’action sur une trajectoire de réalisation selon les phases
et processus de l’expérience du ConSensus.
– L’humanisme
méthodologique
conduit à resituer les enjeux de l’action sur
une trajectoire de maîtrise selon les phases et processus de
l’évolution et de l’accomplissement humain.

Pour l’humanisme
radical le Sens de toute chose, de toute situation est humain.

L’humanisme méthodologique
développe une nouvelle forme
d’intelligence « impliquée », l’intelligence symbolique,
intelligence du coeur, intelligence du Sens.
– L’humanisme
méthodologique
développe une nouvelle compréhension de
la responsabilité qui assume de déterminer le Sens à
donner et à partager avec autrui, responsabilité de dirigeants et
de repères par excellence.
– L’humanisme
méthodologique
développe une nouvelle efficience qui
travaille « à la racine », sur le Sens, le consensus et donc
l’expérience humaine. Elle reconstruit le processus humain de l’action
sur les choses et sur le monde dans l’expérience
réalisatrice.

Le monde
renversé

L’humanisme méthodologique pense et
agit dans un monde intrinsèquement humain.
Il y
est aux prises avec le pire, les Sens qui le nient, l’oublient ou le
dévoient, c’est-à-dire qui font de l’humanité de l’homme
l’accessoire de l’expérience humaine et par exemple :
– le produit
de l’expérience mentale de la Raison,
– le produit de
l’expérience affective, émotionnelle, pulsive qui l’identifie
à l’animalité,
– un sous produit de la « nature des
choses » inscrit dans une logique de rejet dès que l’homme
prétend à l’humanité.

La théorie des Sens
et des Cohérences Humaines a montré que c’était là
prendre des composantes de l’expérience humaine pour l’essence de
l’homme.

L’humanisme méthodologique, nouvelle révolution
copernicienne, renverse le primat de l’accessoire sur l’essentiel, des moyens
sur les fins, de l’environnement sur l’homme. De ce fait il s’évertue
à cultiver le meilleur, c’est-à-dire le Sens d’accomplissement de
l’humanité par le progrès de sa reconnaissance et de sa
maîtrise.

En chaque chose il faut discerner le meilleur Sens pour
s’engager dans cette direction et y développer un processus de
réalisation. Ce chemin de l’action amène un second
bénéfice, celui de grandir et faire grandir en maîtrise et
en humanité.

L’enjeu de l’humanisme méthodologique est
donc personnel, accomplissement de l’humanité en soi selon le Sens d’une
vocation propre. Il est aussi communautaire. Il n’y a pas d’autres mondes que
ceux des communautés humaines, réalisations de leur culture
propre. Le meilleur à y cultiver, c’est le Sens de la vocation
culturelle de la communauté, reconnue comme communauté de Sens,
le Sens du bien commun. Il est celui de l’accomplissement humain de la
communauté et de ses membres mais aussi celui de la culture d’une
vocation qui sert l’humanité d’autres communautés.

L’humanisme méthodologique consiste à repenser les
problèmes et situations humaines pour mieux les comprendre,
décider et agir dans le Sens de l’accomplissement humain.

QUELQUES EXEMPLES

TÉLÉ VISIONS DU FUTUR

1)
Sociétés et collectivités humaines

Le Sens du bien commun, l’essence du politique

Les sociétés, les collectivités sont des
communautés humaines, des communautés de Sens. Leur vocation,
leur développement c’est de reconnaître et cultiver leur meilleur
Sens, le Sens du bien commun.

Telle est la responsabilité et
l’enjeu du politique. Là où certains voient territoires,
aménagements, structures juridiques, procédures administratives,
l’humanisme méthodologique voit communautés humaines en
constitution, en recherche d’orientation, en voie de développement et
d’accomplissement, le tout n’étant que phénomène humain,
même lorsqu’il se réalise dans différentes dimensions.
Dès lors toute action doit s’appuyer sur la reconnaissance des Sens
humains de la communauté, sur la détermination du Sens de sa
vocation, Sens du bien commun et sur le processus de réalisation par
l’expérience communautaire du ConSensus. C’est tout ce que nie
l’antihumanisme radical qui substitue la gestion des choses au gouvernement des
hommes (gouvernance), véritable question de Sens et de consensus.

Toutes les questions politiques à toutes les échelles, celles
relatives aux communautés humaines de tous ordres, relèvent ainsi
de l’humanisme méthodologique qui renverse complètement les
perspectives, les méthodes et les solutions de l’époque.

2) Activités et entreprises humaines

L’homme en action, le Sens de l’efficace

Les
entreprises, les projets, les activités, les actions sont des
phénomènes de nature humaine. Ce sont toujours des mises en
oeuvre structurées de processus humains de réalisation.

Le Sens et le Consensus sont, au principe, les clés de l’action et de
toute maîtrise et évidemment celle des dirigeants, des
professionnels et de toute personne responsable.
Lorsque l’on veut
structurer, organiser, rendre efficace le processus de réalisation alors
il faut d’abord s’assurer de la maîtrise et de la cohérence de
toutes les dimensions de l’expérience humaine réalisante.

On découvre ce faisant que nombre de méthodes, de
compétences, d’organisations se limitent à certaines dimensions
ou distordent le processus de réalisation humain. Ils y substituent des
croyances magiques comme celle de penser que ce sont les méthodes
où les systèmes, ou encore les outils qui agissent au lieu des
hommes. Comme si le musicien croyait que l’instrument jouait de la musique en
son lieu et place.

Ce renversement bouleverse la compréhension
et l’analyse des problèmes et situations et conduit à
reconstituer de nouvelles pratiques et méthodes pour de nouvelles
compétences dont la hiérarchisation tient au niveau humain de
maîtrise.

Toutes les disciplines de l’action individuelle et
collective, ce que l’on appelle sciences de gestion ou du management sont
refondées par l’humanisme méthodologique. Elles remettent le Sens
et sa maîtrise, principe et fin de toute réalisation, au centre de
compétences nouvelles, celles de l’ingénierie du Sens et des
Cohérences Humaines.

3) Évolutions et
changements humains.

Changements de niveaux, le
Sens pour grandir

L’évolution, le changement personnel
ou collectif touchent à une grande part des affaires humaines :
éducation, recherche de guérison, d’évolution,
d’orientation, de progression, de développement, d’accomplissement
enfin.

Aux différents âges de la vie cela préoccupe
et justifie alors bien des pratiques humaines, individuelles et collectives,
professionnelles et institutionnelles par exemple.

A cela l’humanisme
méthodologique propose un renversement d’approche par rapport à
celles qui cherchent dans l’accessoire la source des difficultés et la
clé des solutions.

Non l’affectif et l’émotionnel, le
mental et les représentations, le corporel et les conditions
matérielles ne sont pas la cause ni la clé des problèmes
et des solutions.

C’est au coeur du sujet : le Sens et celui des
communautés : le ConSensus, que se situe la source et la clé des
problématiques humaines. C’est donc là qu’il y a à
travailler. Pour cela les modalités de l’expérience humaine
seront des médiations, des vecteurs, des artifices; d’une part pour
accéder au Sens et au ConSensus qui les fondent, d’autre part pour agir
de façon à ce que le discernement des Sens se traduise en
décisions orientées et en processus de maturation humaine, sur la
trajectoire des âges de la vie personnelle et de la vie
communautaire.

Ces quelques exemples qui recouvrent une infinité
de situations sont là pour illustrer le champ et l’approche de
l’humanisme méthodologique et montrer l’intérêt dans tout
les domaines des affaires humaines et en particulier celles d’un monde en
mutation.

4) Mutation : perspectives d’un humanisme
méthodologique.

Paysages d’un nouveau
monde, à l’âge du Sens

Si la mutation dans laquelle
nous sommes engagés justifie particulièrement la
nécessité d’un humanisme radical et d’un humanisme
méthodologique, c’est aussi pour comprendre et pour agir dans le
contexte d’un monde à venir, en train d’émerger et
incompréhensible pour les humanismes classiques.

Il est
cependant le lieu problématique de l’antihumanisme radical qui y voit
l’accomplissement de l’éradication du principe d’humanité, celui
d’une nature des choses qui aurait triomphé de l’humanisme, celui d’un
homme rendu à l’évidence, dont la reddition le ramène au
rang de chose parmi les choses.

Il est donc utile de dresser un tableau
contrasté par rapport à celui de la victoire des systèmes
et des technologies auto générés, d’un biocentrisme
génétique dont l’homme serait un avatar, de plus en plus mal
protégé par des humanismes du passé et par une
éthique servile.

L’effort de cogniticiens et de
théoriciens d’une économie supra naturelle, associé
à celui des technologues et technocrates de tout poil, ferme le rideau
de ce théâtre où la conscience a abdiqué au profit
d’images mentales à la complexité fascinatoire. Elles
apparaissent d’autant plus réalistes qu’elles se sont coupé de
leur racine : l’humanité de l’homme et les Sens dans lesquels elle
s’investit.

L’humanisme méthodologique offre une autre
perspective avec des choses dont le statut d’expérience humaine renverse
la conception des causes, celle des fins et aussi celle des
méthodes.

Le seuil de maturescence humaine
Il nous fait passer d’un âge de la Raison à
l’âge du Sens. La maîtrise des représentations par la
Raison a été le bénéfice de l’époque
précédente. Il se révèle maintenant que la Raison
humaine est un bon instrument pour servir le Sens. Or on voit là la
limite, la Raison peut se mettre au service de n’importe quel Sens. L’âge
du Sens réclame à son tour un niveau de maîtrise plus
profond, plus essentiel, avec le discernement du Sens.

L’âge
du virtuel

Comme l’humanisme radical le montre et
l’humanisme méthodologique le prend en charge, les
réalités du monde et des choses sont réalisées par
l’expérience du Sens.
Si on considère que le Sens est le
vecteur des vertus et valeurs humaines, plus précisément des
virtualités humaines, alors les réalités et les mondes
où nous vivons sont à reconnaître comme virtuels,
réalisant les Sens, virtualités humaines, et les
révélant par là même.

Cela fait du processus
réalisation / révélation le chemin de développement
et d’accomplissement des virtualités humaines par la médiation
de nos réalités alors considérées comme
virtuelles.

Les espaces virtuels qu’Internet nous fait approcher et
construire ne sont que le révélateur d’une nouvelle conscience du
rapport de l’homme au monde dont il est le Sens, porte la responsabilité
et y met à l’épreuve sa liberté d’être humain.

L’âge des communautés de Sens
Les
réalités sont expériences partagées de consensus et
le consensus le lien communautaire. L’humanisme méthodologique met en
évidence que toutes les problématiques et les affaires humaines
sont des affaires communautaires et que les communautés sont le lieu
où les connaissances et les compétences pour l’action sont les
plus essentielles pour l’activité humaine.

Les mondes virtuels
sont les réalités de communautés de Sens,
théâtres et médiations de leur recherche du bien commun, de
leur développement et de leur vocation. De même c’est par leur
monde que toutes les communautés se réalisent et se
révèlent.

Les personnes n’ont de réalité
que dans les communautés qu’elles partagent et c’est donc le lieu
où elles trouvent à s’accomplir et se réaliser. Les
problèmes personnels n’ont pas d’autre champ que les
réalités communautaires, de même que les actions
personnelles n’ont d’autre terrain pour s’accomplir.

Dans ce tableau la
nature du lien social, relationnel, est un lien de Sens formant conSensus. Il
se manifeste sous le mode de l’expérience partagée de
réalités communes.
Dans ce monde la participation de chacun
au développement commun établit un lien de concourance. Le
concours au bien commun est alors un service. C’est ce qui justifie l’exercice
d’une vocation personnelle ou communautaire : le service qui est toujours
service d’un bien commun et service de maîtrise, c’est-à-dire
aussi service d’accomplissement.
A contrario, ce qui ne va pas dans le Sens
du bien commun dessert. Voilà des bases pour reconsidérer les
voies de la production et de l’échange « de biens et de
services » : l’économie.

A l’âge du Sens on ne peut
plus évacuer la question de la contribution au bien commun et la situer,
au fond, comme une question de Sens humain à discerner, à
déterminer et à engager dans l’action.

Dans ce tableau
qu’apporte Internet? Rien d’autre que d’en être un laboratoire.
Déstabilisant temps et espace ses usages mettront en évidence,
comme cela commence, que les déterminants des situations et des
affaires humaines sont ceux présentés ici, ceux qu’un humanisme
radical permet de lire conceptuellement et qu’un humanisme
méthodologique d’aborder méthodiquement.

5) Les
religions.

Et Dieu dans tout ça
?

Un éclairage est à apporter sur la question du
lien entre humanisme radical et méthodologique et religion.

D’abord il faut observer le mépris dans lequel est tenu par certains
le phénomène religieux qui concerne des milliards d’humains. On
en dit que c’est la source des plus grands massacres oubliant que les records
établis au 20° siècle sont justement ceux du nazisme et du
matérialisme soviétique affrontés aussi au
matérialisme capitalistique.

Au fond pour beaucoup les religions
sont des sources d’antihumanisme:
– soit qu’elles masquent des
volontés de puissance comme dans le Sens animaliste des intégrismes,
– soit qu’elles imposent des exigences juridico morales hypocrites (hypocrisis) comme les idéalismes rationalistes,
– soit qu’elles en veulent diaboliquement à l’intégrité des hommes.

Ce qui leur est aussi reproché, et pas toujours à tort, c’est qu’elles épousent des Sens de l’humain qui ne sont pas les meilleurs.

Par ailleurs elles se posent aussi chacune implicitement comme humanisme radical et méthodologique. Cependant leur considération de l’humanité de l’homme n’a pas toujours été patente ni claire, du moins historiquement.

C’est pour cela qu’au même titre que les philosophies ont pu contribuer à éclairer les théologies, une anthropologie fondamentale et un humanisme méthodologique et radical interpellent la lecture qui est faite des religions et de l’humanité de leur message.

En même temps c’est l’humanité qui cherche une nouvelle ère que certains ont appelé l’ère de l’esprit. Si tant est que l’esprit de toute spiritualité est Sens d’humanité, confrontation humaine à son être de Sens et à son accomplissement dans le monde, alors les religions on le voit aussi, participent à la mutation et au « dépouillement du vieil homme ».

Peut être alors pourront elles mieux aborder par le Sens la question de la multiplicité des réalités-révélatrices, compte tenu de la diversité des hommes et de leurs communautés et de l’unité possible de l’humanité entière en chacun et en tous.