L’OMC dans l’impasse
La crise de l’OMC est révélatrice d’un écart entre les certitudes et motivations des uns et les besoins des autres. Ce n’est pas si simple que certains voudraient bien le croire. Il faut refonder la pensée économique.
Il semble que la réunion de Hong Kong soit une impasse. Une fois de plus il s’agit de mettre en place une organisation sans que les principes et le Sens même soit clarifiés. De ce fait c’est le lieu de tous les raisonnements dont le Sens reste masqué ou interprété.
Que peut en dire l’Humanisme Méthodologique?
Plusieurs conceptions s’opposent.
La première c’est celle d’une prédation organisée avec ses antiprédateurs désorganisés (les deux ici sont dans le même sac).
La seconde est celle des vertus calculatrices qui pensent que rationaliser suffit à satisfaire au problèmes du monde. Il serait temps de regarder les hommes en face et pas derrière des grilles de calcul.
La troisième s’évertue à mettre en place les conditions d’un meilleur fonctionnement des “lois de la nature économique” à l’échelle planétaire. Sauf que “meilleur” est un qualificatif fonctionnel sans humanité. On en voit les dégâts et d’abord intellectuels.
La quatrième est celle d’un espace de rencontre et de reconnaissance mutuelle des préoccupations réciproques pour rechercher des solutions ad-hoc et non standard au problèmes soulevés. Elle n’est compatible avec aucune des trois autres.
Il faut aussi préciser quelque chose d’essentiel à propos de la notion de marché qui “organise” la pensée. On notera ceci. Il existe trois types de marchés dont les “lois” ne sont pas les mêmes et qu’il est criminel de confondre.
1 – Le marché de proximité c’est à dire à la distance accessible aux services réciproques directs d’un groupe humain.
On redécouvre cette “économie de proximité” largement “interdite” et pourtant la condition indispensable pour que les plus démunis améliorent leur sort et progressent. Cet interdit provient de ceux qui veulent que le monde soit sous la coupe de leurs convictions intellectuelles, celui qui favorise leurs propres capacités (par exemple celui des élites). Ils organisent pour cela le sous-développement en cultivant l’illusion de l’aide au développement y compris à l’OMC. Il suffit de constater les résultats persévérants pour au moins être alerté. Malheureusement ces “’élites” sont aveugles à ce qui ne concerne pas directement leur intérêt.
2 – Il y a les marchés communautaires. Il n’y a d’économies que communautaires, celle des communautés de communautés aussi bien, à toutes les échelles. S’il y a là des lois de la nature humaine constantes, leur mise en pratique est culturelle. Aucune organisation standard n’est possible sauf à tuer les différences culturelles au profit d’un “universel” toujours opportuniste”… De ce fait, la libre circulation des biens et services ne peut se faire que dans le respect des modalités culturelles et donc des économies communautaires, leur Sens du bien commun propre et leurs usages. Toute liberté d’échange inter humain qui ne respecte pas l’altérité est perverse ou aveugle, C’est vrai pour les communautés humaines. Est-ce si difficile à comprendre? Oui pour ceux qui dans leur pensée ont substitué aux hommes réels leurs schémas idéologiques pseudo-scientifiques. Il y a toujours des bénéfices secondaires à ce type d’occultation des évidences et des souffrances entraînées.
3 – L’économie mondiale. Elle peut tout à fait être considérée comme celle d’une communauté universelle. En dehors d’une maturité collective avancée capable de formuler le Sens du bien commun à cette échelle et de dire le juste et l’injuste en conséquence, alors il y a toutes les chances pour que ce soient les puissances prédatrices qui règnent sans vergogne profitant de l’aveuglement intellectuel des experts. Seules de grandes puissances peuvent opérer à cette échelle. Seule l’organisation de services communs à cette même échelle permettrait la libre initiative des opérateurs pour y concourir. C’est la condition aussi pour qu’ils puissent se construire sur des valeurs contributives au bien commun plutôt que sur des compulsions prédatrices comme c’est le cas aujourd’hui systématiquement.
Et l’OMC dans tout cela?
Elle ignore le sort des pauvres gens qui ont besoin d’un marché de proximité et qui en sont empêchés au nom de l’intérêt général bien sûr.
Elle veut ignorer les marchés communautaires alors que cela crie d’incohérence dans tous les domaines sauf à faire taire les “exceptions culturelles”. L’histoire est en train de changer de Sens sur ce plan et les experts ne le savent pas encore. Ils continuent à “évacuer le sujet”.
Elle s’intéresse aux grandes manœuvres planétaires et s’étonne que rien ne marche bien sauf quand c’est organisé par les puissants pour leur propre compte.
Bien sûr ce ne sont pas les théories du rapport de force qui vont amener un quelconque discernement. C’est pourtant ce qui permettrait de commencer à construire ce “service universel” incarnant le bien commun et confié à la libre initiative des acteurs et des communautés économiques.