Les dieux ne sont jamais loin
Historien et philosophe, sa lecture est un bain d’humanité. Non seulement il nous montre que la fonction du mythe ne se résume pas à la satisfaction d’un crétinisme d’avant les « lumières » mais nous donne aussi un témoignage d’humanité où on comprend ce que frêre en humanité veut dire.
Un « évènement » dans la vie de l’auteur à l’âge de quatre ans, un évènement comme ceux dont Alain Badiou découvre le rôle fondateur de l’universalité mais aussi d’une nouvelle humanité. Cet évènement transpire d’humanité dans cette découverte de la présence du monde, des choses, là.
Que vient-il faire dans ce livre « d’histoires anciennes »? Il vient apposer la signature du témoin, un homme. Et le témoin nous dit comment les mythes sont indispensables aux hommes (aux machines et aux robots on ne sait), pour donner sens à la vie, à la mort, à tout ce qui fait le plein de l’existence et aussi son vide.
Les mythes nous racontent nos questions et nous les rapellent. Ils nous racontent nos réponses non pas celles, prétentieuses, qui croient saisir dans leur extrème vérité les vérités elles-mêmes, mais celles, plus humbles, de ceux qui se racontent et, comme cela construisent leur vie et leur histoire, vraies elles!
Il faut d’ailleurs se demander qui est libre? Celui qui dans son commerce au mythe ne se trompe pas de vérité ou celui qui, pur esclave de la raison, s’adonne à la possession jalouse de sa prétendue vérité.
Evidemment l’auteur nous laisse entendre que même ceux qui en viennent à le nier sont dotés d’humanité et par là s’adonnent aussi au commerce de leurs mythes. Aveuglement, expert et méthodique, du sujet, antihumanisme méthodologique de l’objectivisme ne vont pas sans histoires que l’on se raconte, des histoires vraies bien sûr.
A la question « qu’est-ce qui est scientifique? » la revue du Cnrs répondait il y a quelque années : « ce qui est publié dans les revues de référence » C’est là que les mythologues du futur trouveront, respectueux ou goguenards, les mythes du temps. Est-ce à dire que cette science ne vaut rien? Pas du tout nous dit déjà Jerphagnon mais elle nous sert bien à quelque chose d’humain. Du reste il est arrivé bien des fois que des explications scientifiques (la science quoi) se soient « avérées complètement fausses » (!) et pourtant qu’elles aient été bien utiles jusqu’à ce qu’elles soient remplacées par d’autres que les gardiens du temple voudraient elles éternelles. Ces façons de parler que sont les mythes, la science y a recours avec ses règles (au fait lesquelles qui soient universelles). Cela n’enlève rien à leur utilité spécifique comme toute histoire spécifique dans son domaine, un domaine de vie humaine.
Mais peut-être faut-il avoir fait cette expérience d’humanité en soi-même pour comprendre que toute la vie de tous les hommes ne suffira pas à la dire autant qu’aucun langage même mathématique ou mythique ne peut en saisir totalement l’expérience.
Mais c’est comme cela que l’Humanité avance sur le chemin de la révélation du Sens de cette humanité, Sens qu’elle est justement.