La culture française
C’est en 1980 qu’une analyse des Sens et cohérences culturelles a été réalisée pour la France. Les résultats étaient si criants que je n’ai pas jugé bon de les diffuser jusqu’ici. Aujourd’hui la crise française est en passe d’éclater. La tentation du pire fait partie de ses possibles. Il est temps alors d’en communiquer quelques éclairages.
La crise française
Comme toute crise elle est toujours susceptible de trouver une issue par le haut, par un dépassement pour sortir des ambivalences profondes de ce pays.
En va-t-il différemment pour d’autres pays? Chacun a sa culture dont les multiples Sens divergent et s’opposent les uns aux autres. Tous disposent d’un “meilleur Sens”, celui d’une vocation propre, de qualités et talents particuliers, Sens du bien commun aussi pour fonder ses valeurs propres et y ancrer ses projets et ses ambitions. C’est par ce Sens que chaque culture apporte le meilleur d’elle-même aux autres cultures avec lesquelles elle forme aussi des macro-cultures comme la France peut le faire avec l’Europe parmis les autres pays européens.
Il y a cependant un “moment du monde”, un moment actuel de mutation qui confronte particulièrement les cultures humaines, les pays, les micro ou macro cultures à eux-mêmes et aux autres.
Plus précisément une crise des représentations associée à une crise de Sens met en question les images habituelles et aussi leur Sens. Cela provoque troubles, crispations et régressions.
La crise de Sens pose à chaque culture la question de ceux qui ont été et sont toujours les siens. Si cela remet en question et perturbe les certitudes c’est aussi la condition pour trouver le meilleur, dégager le meilleur Sens pour considérer aussi le meilleur des autres cultures.
L’analyse des cohérences culturelles de la France éclaire ses enjeux, ses remises en question, sa tentation du pire et la voie d’un réveil à une vocation dont le Sens peut se révéler à cette occasion.
CARTE DES SENS ET COHÉRENCES DE LA CULTURE FRANÇAISE
Cette étude est une application de la théorie des cohérences culturelles qui participe à l’anthropologie de l’Humanisme Méthodologique tant sur le plan théorique que méthodologique.
On soulignera ici que chaque culture est fondée sur une problématique humaine. Cette problématique appartient à l’humanité entière suceptible d’y résonner, mais elle est le lot particulier d’une communauté humaine qui s’en trouve investie et différenciée.
Les Sens d’une culture sont ceux de différents rapports à cette problématique, différentes façons de la jouer. De ce fait ils traversent toute l’histoire et le futur. Ce qui change c’est soit la prédominance de tel ou tel Sens selon les circonstances, les époques, les secteurs de la vie collective, soit les conditions d’expression de ces Sens qui varient au fil de l’histoire.
Ainsi s’il y a continuité, c’est celle des Sens et cohérences de la culture française. S’il y a changements, il y a ceux liés aux conditions du moment, de l’histoire et il y a ceux liés à la prédominance d’un Sens dans ces circonstances.
L’enjeu pour toutes les cultures, c’est de discerner et cultiver leur Sens du bien commun, celui qui fait de leur problématique spécifique la base culturelle d’un accomplissement humain.
Les Sens de la culture française.
La problématique humaine de la culture française apparaît à l’analyse comme celle du rapport à l’ordre. Il s’agit là du rapport à l’ordre politique évidemment mais aussi à l’ordre naturel des choses, à l’ordre des hommes et phénomènes humains, l’ordre intellectuel, philosophique, scientifique, à l’ordre économique, à l’ordre religieux, l’ordre du monde et celui des institutions, des lois, des cadres et règles et aussi l’ordre de la Raison ou bien l’ordre né du Sens. L’ordre familial, parental, institutionnel, celui qu’incarne toute autorité, est pareillement concerné.
C’est par rapport à des questions d’ordre que les français se reconnaissent ou réagissent volontiers.
Par commodité les différents Sens du rapport à l’ordre sont distribués comme sur une rose des vents. Chacun indique une interprétation, une logique, un système explicatif et comportemental, une tendance profonde dont le Sens reste inconscient le plus souvent, et pour cause.
Deux couples de Sens opposés vont servir à baliser l’espace des possibles où l’on examinera ensuite quatre directions, quatre autres Sens selon lesquels la France s’abîme ou se retrouve.
Ce qui va être présenté ici doit être entendu avec discernement. Rien, ni personne n’est toujours totalement d’un Sens. Cependant il y a des dominantes qu’il faut savoir regarder en face sans condamner pour autant les hommes qui ne s’y réduisent jamais totalement.
Première opposition de Sens : Le Sens du ressentiment et celui de la bonne volonté.
Ce sont là évidemment des expressions qui vont devoir être transposées pour faire apercevoir le Sens qui les sous-tend mais ne s’y réduit pas.
Le Sens du ressentiment.
Lorsqu’il se trouve disposé dans ce Sens, le français est contre. Il dit non, toujours à un ordre des choses avec lequel il a un lien indéfectible. S’il n’y avait pas d’ordre à contester, à agresser, à transgresser, il n’y aurait pas d’opposition. S’il n’y avait pas un ordre dominant il n’y aurait rien à revendiquer ou contester. Il faut donc une alliance spéciale, cachée, avec l’ordre dénoncé.
Cette France n’est pas réformable, pourquoi? Parce que contestant l’ordre établi, elle conteste tout ordre susceptible de le remplacer. Ce n’est pas la réforme qui est rejetée mais la “forme” que l’on veut donner aux choses par la réforme, malgré la contestation de l’ancienne.
Le ressentiment contre tout n’est pas le moteur d’une adhésion à un nouvel ordre à un projet. Voilà l’erreur de ceux qui nourrissent le ressentiment et le retrouvent en face d’eux dès qu’ils prétendent remplacer l’ordre ancien. Illogiques les français? Non, cohérents avec eux-mêmes dans ce Sens. Faut-il qu’ils en aient subi des ordres?
Comprenons que le ressentiment est là un support d’identification, de fierté, de contentement de soi, d’héroïsme même avec ses figures emblématiques qui font florès dans l’histoire et l’actualité. On croirait qu’il s’agit d’adhésion à quelque chose d’autre. Non il n’y a d’adhésion qu’au ressentiment, au refus dès qu’un ordre apparaît.
Évidemment c’est l’autre, les autres qui sont mis en question pour l’ordre qui est le leur, face à un “individualisme” exacerbé qui campe sur le refus de tout ordre. Anarchie mais bien ordonnée à son antagoniste. Le syndrome d’Astérix si symptomatique l’est non pour ses projets et vertus mais pour la victoire surhumaine “magique” de son ego contre l’ordre des autres. A peine si quelques “mêmes” sont tolérés, mais difficilement leur ordre. Un journal emblématique d’une revendication de liberté de la presse se désigne volontiers comme enchaîné. Enchaîné à quoi sinon à ce Sens du ressentiment.
En cela le français n’est là en accord avec rien. Cela prête à revendication, contestation, indiscipline, peu à construire et ou à servir.
Le Sens de la bonne volonté.
A l’inverse c’est au contraire la “bonne volonté” qui caractérise cet autre Sens. Le français là joue le jeu, respecte l’ordre établi et s’impose une discipline remarquable.
La bonne volonté c’est non seulement celle d’accepter mais de contribuer, participer à l’ordre des choses. Prendre part au “service de l’État”, par exemple, à l’organisation et aux règles et enjeux collectifs est en soi une valeur identitaire. Elle s’inscrit dans le corps, dans les corps constitués. Elle s’inscrit dans la Raison, laquelle est posée tant comme le soubassement de l’ordre des choses et, en même temps, son exercice comme contributif à cet ordre. De là une si grande révérence pour la Raison dans ce pays.
La “bonne volonté” c’est celle de la Raison, celle qui fait le service de la science, de la cité, le service “public”, mais aussi le service de l’économie, de la famille, des institutions. Notons ici comment tout cela est en France équivalent, identificatoire même. La bonne volonté fait loi, loi de raison, colonne vertébrale du français, de la France et de la contribution de la France au reste du monde.
Y-a-t-il un ordre à établir, à défendre, à construire alors la France et les français s’y portent volontaires. S’ils ne sont pas, à l’inverse, pris par le ressentiment.
L’autre alternative Sens de la bonne foi ou de la mauvaise foi?
Faut-il y croire ou pas? Voilà une question que pose l’autre couple de Sens de la culture française. Il se caractérise par l’opposition entre mauvaise foi et bonne foi.
Commençons par le plus difficile, le Sens de la mauvaise foi.
Le rapport à l’ordre est ici inauthentique, hypocrite, pris dans le semblant, les apparences. L’idéologie prime sur la réalité, la forme sur le fond, le conformisme sur la vérité.
Le Sens de la mauvaise foi fait de celle-ci le critère de l’habileté, de l’efficacité, de la non implication. Ce “déplacement du sujet” fait de l’évitement du réel l’un des beaux arts et de la culture des signes et des semblants la vertu suprême.
Le mensonge, le cynisme mais aussi les rationalités auto-justificatrices sont les critères de l’ordre que l’on veut seuls connaître. Que ce soit pour le louer ou le dénoncer, le faux (semblant) est le critère du vrai. La justice, l’État, les institutions, les corps constitués, les élites mais aussi les cyniques, les partis pris, sont autant de lieux où se conjugue la mauvaise foi française.
Rappelons-nous comment ce pays a mystifié son histoire qu’il est si long de révéler. Il existe même de nombreux diffuseurs de ces mystifications, au nom de l’honneur, d’un sauver la face, de la défense de l’image de la France…
Comprenons qu’il ne s’agit pas simplement de masquer les choses mais de mettre sa vertu et son identité dans la falsification même.
Prétendre que les choses sont selon l’ordre présenté avec une totale indifférence pour le réel, pire, un véritable déjouement, celui-là aussi quasi héroïque ou du moins posé comme “vertueux”. La “Raison d’État” n’est invoquée par exemple que comme une “vertu de mauvaise foi”.
Un goût pour l’artifice comme substitut au réel, l’artificieux et l’artificiel sont même des signes de réussite. Il en va jusqu’aux rationalités les plus rigoureuses, juridiques ou scientifiques par exemple qui se posent en arbitre du réel et de la vérité qui sont sommés de s’y subordonner.
Inutile de rappeler que c’est l’ordre politique, religieux, administratif, naturel, scientifique, familial, économique que l’on dirait volontiers “officiel” qui souffre de cette tendance, les français avec. Ils s’y laissent volontiers entraîner par vertu de conformisme qui les exonère du souci de vérité et les paie de cette exonération qu’ils appellent quelque fois liberté.
Le Sens de la bonne foi.
A l’inverse la France est un pays de braves gens “pleins de bon sens” qui sont alors plus soucieux de vérité, du réel tel qu’il est. Réalistes mais pas cyniques dans ce Sens là. Une certaine humilité devant ce qui est, l’ordre des choses, s’assortit de confiance, non pas d’une confiance aveugle mais d’un souci d’authenticité, de justesse entendue comme justice, réelle et non purement formelle.
La bonne foi, celle de la confiance est celle de la quête de vérité non pas contre la fausseté mais pour “communier” avec elle, y prendre part, “être authentique”, être “naturel”. La connaissance a à voir avec la vérité et celle-ci avec la “bonne foi”.
La bonne foi d’ailleurs peut être entendue comme cette simplicité qui considère ce qui est mais aussi comme cette exigence qui est en quête d’une vérité plus juste, plus profonde à tel point que l’ordre des choses en est le témoignage authentique auquel on peut se fier. La France et les français n’en ont jamais fini avec la vérité au fond d’eux-mêmes ni avec l’ordre des choses qu’ils considèrent comme devant en être l’expression.
Le goût de l’authenticité est en France cultivé partout malgré les tentatives historiques d’éradication, une certaine naturalité l’accompagne qui se trouve en porte à faux vis-à-vis d’un ordre officiel mais injuste.
Quatre Sens ou portraits contrastés.
De ces quatre Sens nous allons en dessiner quatre autres correspondant à des portraits contrastés de la culture française et des français.
Commençons par la militance.
Elle conjugue la bonne foi et le ressentiment. Les français, épris de justice et de vérité, sont prêts à s’enrôler dans des militances protestataires, revendicatrices, dénonciatrices. En cela ils se présentent comme les défenseurs de grandes causes, humanitaires ou naturelles, pourquoi pas politiques ou même scientifiques. Ils s’agit toujours de “lutter contre” .
Seulement cette logique souffre d’un handicap, le ressentiment. C’est toujours le ressentiment qui anime ces militances “de bonne foi”. Il les condamne à l’impuissance, à l’échec, à une certaine “gaucherie” ou maladresse.
Comment cet esprit de vérité, de justice, de réalisme peut-il se résoudre en militances sans grands espoirs.
Simplement parce qu’il n’est pas impliqué dans la “bonne volonté” mais dans une manifestation anti quelque chose. Ce choix de l’une plutôt que l’autre est décisif.
La France militante, si sympatique parce qu’elle rend quand même grâce à la vérité, a choisi le ressentiment plutôt que l’engagement dans le service. Elle a choisi une manifestation “ego centrée”, auto sacralisante qui confère une identité quasi professionnelle aux meilleurs dans ce Sens. Si leur sincérité n’est pas en doute c’est leur bonne volonté qui l’est. Si la paix est promise aux hommes de bonne volonté elle ne l’est pas aux hommes de ressentiment et à leurs organisations.
Le Sens de l’arrogance.
A l’inverse et de façon hautaine, aristocratique, la France de la bonne volonté et de la mauvaise foi règne sur l’ordre français et pourquoi pas l’ordre du monde…. à l’entendre (“nous avons des valeurs si universelles, c’est notre exception culturelle!”).
L’ordre politique de bonne volonté mais pas de bonne foi, l’ordre de l’État épris de service public mais tourné exclusivement vers ses raisons d’État, l’ordre intellectuel si respectueux des valeurs de l’esprit et de la raison s’il s’agit seulement de la sienne, l’ordre scientifique si conscient de sa haute valeur mais qui a substitué le critère de conformisme au critère de vérité au cœur même de ses méthodes.
La mauvaise foi, entièrement dévouée aux apparences, est au service de la bonne volonté. Construire et même développer l’ordre établi oui mais au service non pas des gens, de la vérité, de la justice mais de l’ordre établi lui-même, c’est-à-dire le jeu formel des apparences, de ses règles du jeu et de ceux qui en sont les acteurs habiles.
Si la France a une haute idée du service public, au-delà même de ses frontières, la mauvaise foi met sa vertu au service de l’État et pas du public, du statut de la fonction publique et pas du bien commun, de la raison conventionnelle et pas de la vérité, de l’appareil de la justice et pas du juste, de l’idéologie et pas de la foi en l’homme et dans le monde.
Cette logique de la culture française qui a fait le succès de bien de ses oeuvres spectaculaires a nourri aussi bien des réactions de ressentiment et de militance dans une antinomie classique entre le peuple des braves gens mécontents et les élites méprisantes.
Il y a aujourd’hui particulièrement avec l’ouverture de l’Europe et du monde notamment mais aussi avec toute innovation véritable, un “risque de vérité” que cette France là ne veut pas prendre. Aussi déserte-t-elle alors cyniquement ses positions majestueuses pour se retrouver dans cet autre Sens qui conjugue ressentiment et mauvaise foi.
Le Sens du gauchissement.
Ressentiment contre l’ordre du monde, de l’Europe, des autres, mauvaise foi pour en faire le procès avec force mystification.
Cette position quelque peu perverse a eu bien d’autres occasions de se manifester. Il ne faut pas s’étonner alors de la promiscuité et la perméabilité qui s’y retrouve entre “les extrêmes”, campant dans le même Sens. Il s’agit d’ailleurs de gauchir la réalité, la vérité, pour nourrir et justifier le ressentiment, le refus des autres, de la vérité et de la justice. Ces attitudes on les trouve dans les racismes, les xénophobies, les progroms. Ils s’accompagnent d’une jouissance du mensonge et de la dénonciation, de la délation délectable.
La destruction de l’ordre des choses comme gloire individuelle, ordre politique, ordre naturel, ordre économique, ordre des autres, lois et règlements, oeuvres de civilisation, ordre de pensée, de religion, de philosophie, tout est bon. La France y a excellé à différentes époques et pourrait s’y laisser à nouvau tenter.
Ce n’est pas sa plus grande gloire que d’en avoir inspiré d’autres à choisir cette politique du pire. Peut-on faire l’apologie du terrorisme ou du vandalisme et s’étonner qu’il nous reviennent en pleine face? La tentation du pire est toujours là, y compris pour des militants déçus qui viennent s’encanailler avec les cyniques, leurs adversaires traditionnels.
Le Sens de la vocation française, celle des bâtisseurs de mondes
Il y a aussi la tentation du meilleur, du bien commun, en France comme ailleurs. Là réside la “grandeur” de la France lorsqu’elle est morale, éthique, mais aussi pratique, édificatrice, noble en un mot qui s’oppose à l’ignoble.
Le Sens d’une vocation française et des français conjugue la bonne foi et la bonne volonté, comme rapports à l’ordre des choses et du monde. Humble grandeur d’âme et courage ingénieux.
La France noble et fière c’est-à-dire franche est éprise de vérité, de justice, non pas contre mais pour. Pour édifier un ordre meilleur, encore plus juste, plus authentique. Cette édification passe par le progrès de la bonne volonté, de la raison donc, des compétences, du service, à quoi la France a su souvent s’ingénier avec brio.
Toutes les disciplines y trouvent leurs ressources, y cultivent leurs talents avec la force de la raison ordonatrice. Sciences, administrations, ingénierie, urbanisme, aménagement du territoire, institutions, droit, entreprises, etc… en peuvent être le terrain d’excellence. Il faut néanmoins y conjuguer non pas la mauvaise foi de l’artificieux mais la bonne foi de l’authenticité, de la vérité, toujours en question et non pas figée dans une formule définitive.
La liberté à la française est là une liberté de maîtrise et de vérité un liberté de construire, de progresser et non pas celle caricaturale qui a été si bien vendue aux peuples malheureux qui en souffrent encore.
Ce n’est donc pas dans une culture du mal ou de l’artifice que se trouve le meilleur de la culture française mais une culture du bien, bonne volonté et bonne foi ensemble.
Bien sur il y a là de quoi faire hurler cette France qui campe sur le déni du bien au point d’en cultiver le mal. Celle qui ne souffre pas que l’on ne dénonce pas le bien comme source certaine du mal ou que l’on ne fasse l’apologie du mal comme justifiée par la défense vertueuse et sacrée de sa totale liberté de nuire…
C’est à cette problématique que la France est confrontée. C’est là que prend racine sa vocation édificatrice d’un ordre toujours à améliorer en toutes choses mariant le Sens de la vérité avec la Raison constructrice.
Telle est l’équation de la vocation culturelle de la France qui est reconnue et espérée partout dans le monde et par les habitants de ce pays même.
Il est peut-être temps de sortir par exemple de l’idée d’une gauche sinistre, ou gauche du ressentiment, et d’une droite cynique, celle de la mauvaise foi. Au lieu d’un mélange pour le pire il y a aussi une autre équation possible pour le meilleur.
Peut-être est-ce pour cela que l’Humanisme Méthodologique est né en France.
Quelques analyses à la lumière de cette carte des Sens culturels français.
L’Europe
La France de l’arrogance a toujours fait semblant, tenant d’ailleurs les français dans l’ignorance de la réalité des apports de l’Europe et se dissimulant derrière des “directives” interprétées opportunément.
La France de la militance ne s’y est guère intéressé jusquà ce qu’un ordre Européen, constitutionnel soit en question. Alors là elle dit non, toujours avec de bonnes raisons bien sûr.
La France gauchie, souverainiste, nationaliste préfère l’ordre qu’elle sait subvertir à un ordre qui pourrait imposer une vérité et une ambition d’espérance. C’est une atteinte à une “souveraineté” qui est comme cette “liberté de nuire” à laquelle cette France est si attachée.
La France bâtisseuse trouve avec l’Europe l’occasion d’exercer tout son talent, comme elle l’a déjà fait, dès lors que ce sont des hommes de foi, de bonne foi qui sont porteurs de cette bonne volonté là.
Les droits de l’homme
La France arrogante adore les formules et les déclarations ostentatoires. Elle a été moins diligente pour signer la déclaration de l’ONU introduisant la notion de “dignité de l’homme”. Pour elle à l’homme réel c’est l’homme entité de droit qu’elle préfère. les hommes réels en souffrent dans ce pays.
La France militante, humaniste, est empressée de voir là plus une conquête, une opposition, une activité de défense qu’une édification. Souvenons nous que le droit de vote des femmes en France a été bien plus tardif qu’en Turquie par exemple. Son humanisme ne serait-il qu’une posture?
La France gauchie sait très bien concilier affectation revendicatrice et les pires exactions à l’égard des hommes. Faut-il illustrer? C’est cela la tentation du pire, au nom des droits de l’homme détruire l’humain en l’autre et en soi.
La France des bâtisseurs considère que les droits de l’homme ne lui sont pas conférés par une déclaration mais que cette déclaration est une reconnaissance et une affirmation de ce qui est. Non pas un droit acquis mais une reconnaissance du réel. Elle a à poursuivre cette œuvre là qui est loin d’être achevée. Mais peut-être faut-il en revenir à une nouvelle considération de l’humanité de l’homme tellement déniée par la mauvaise foi à laquelle la raison est asservie et par laquelle le Sens est escamoté. C’est le grand œuvre auquel la France devrait s’atteler.
La Culture
La France arrogante s’y identifie elle est “La Culture”, élitaire, universelle. A l’inverse la France militante revendique l’accès à la culture pour tous. La France gauchie en fait l’emblème de la liberté de transgression, seule valeur à ses yeux.
La France de bonne foi et de bonne volonté doit cultiver sa vocation “culturelle” au travers de ses œuvres, seulement les œuvres qui bâtissent le monde, pas les autres. Pour cela elle doit se réconcilier avec elle-même, de bonne foi, dans ses multiples “cultures” et les multiples talents qui sont ceux des français.
La Raison
La France arrogante se l’est appropriée, sans plus de souci de vérité. Ses raisons, forcément supérieures à toutes autres, valent par leur excellence, pas par leur révélation du réel. C’est comme cela que se construit l’idéologie. Il a fallu éradiquer la vérité historique de ses références pour en faire les paragons de la vertu rationaliste. Descartes au premier chef.
La France militante se soucie seulement d’avoir raison et ne confronte pas cette raison à une quelconque épreuve de réalité à construire, à une bonne volonté disciplinée, soucieuse de servir, d’être efficace pour cela. La rigueur en pâti.
La France gauchie ne s’embarrasse pas des exigences de la raison. Elle raisonne à tout va de façon spécieuse et ne tolère pas la raison de l’autre.
La France bâtisseuse y trouve une assise de son talent mais pour cela la Raison ne se suffit pas à elle-même. Elle doit avoir un Sens, humain, au service duquel elle se met. Le projet est un lieu où Sens et raison se complètent, où bonne foi et bonne volonté s’encouragent mutuellement.
La laïcité
La France arrogante y voit l’exonération de tout jugement de vérité à son égard. Elle est neutre prétend-elle. C’est l’intérêt pour elle de la laïcité.
La France militante est ouverte à tous, par contre elle ne veut pas d’un ordre établi qui s’imposerait, fusse moralement. Aussi se satisferait-elle d’une laïcité tolérante aux réalités humaines tout en fustigeant les ordres dogmatiques des religions.
La France gauchie trouve dans la laïcité une arme de combat contre tout risque de se trouver moralement jugée de mauvaise foi ou de mauvaise volonté. La laïcité gage d’exonération morale, tel est l’attachement qui lui est porté ici.
La France bâtisseuses. Pour elle la laïcité c’est la reconnaissance de la différence des hommes et de leurs fois et de la possiblité d’œuvrer ensemble, sans enfermements sectataires ni condamnations sectaires.