Tourisme, les schémas territoriaux

Les schémas territoriaux sont habituellement construits sur une logique de promotion d’une filière économique. Or les enjeux territoriaux sont plus larges. Ils touchent au développement et à l’enrichissement humain des populations. En particulier l’identité et les valeurs communes sont les points d’appui d’un tourisme des valeurs qui exige l’adoption d’une autre logique. Un choix véritablement politique est en question.

La responsabilité des collectivités territoriales, département, région notamment, n’est pas seulement l’équipement ou l’aménagement du territoire mais le développement.

Celui-ci est encore trop souvent réduit à l’aspect matériel, ignorant de ce fait des facteurs essentiels que sont l’identité, l’attractivité, toutes choses qui sont ancrées dans des valeurs culturelles,humaines d’un côté et qui sollicitent la subjectivité de l’autre.

Les décisions en matière d’implantation économique sont d’ailleurs éminemment subjectives. Les études le prouvent, les spécialistes l’ignorent, méthodiquement. (Exemple: “Douce France, que fais-tu pour attirer les investisseurs” dans “La gazette de la société et des techniques », éditée par les Annales des Mines n° 5, avenue de Ségur 75007 PARIS).

Or s’il est un vecteur de promotion et d’attractivité fondé sur les valeurs d’un territoire, c’est bien le tourisme ou, plus précisément le “tourisme des valeurs”.

Incitant à une introspection “culturelle”, cette approche du tourisme vise d’abord à éclairer sur les valeurs propres historiques, singulières, les richesses humaines, fortes de potentiels, de talents, d’art de vivre, et ce de façon à :

– mobiliser les habitants autour de valeurs d’identification authentiques et gratifiantes (pas avec des images toutes faites, à la mode, banalisées, impersonnelles),

– communiquer à l’extérieur auprès des multiples publics susceptibles d’apprécier ces “valeurs” et leurs promesses concrètes pour le futur,

– engager sur cette attractivité des relations fructueuses sur tous les registres, bien au-delà des seuls loisirs et vacances (Exemple: Tourisme d’affaire, mais aussi de séjour, résidentiel, tourisme d’implication de participation, d’implantation aussi.)

En fait cette approche du tourisme en vient à solliciter les ressources les plus mobilisatrices du territoire et son enrichissement, la volonté humaine et les qualités que recherchent et apprécient les visiteurs, futurs clients et partenaires. Il faut pour cela toucher aux racines d’un “inconscient collectif” qui trouvera ses résonances dans les motivations des visiteurs.

Évidemment, la recherche des valeurs culturelles d’un territoire ne se fait pas avec un sondage d’opinion du type radio trottoir. C’est là qu’une assise théorique et méthodologique tout à fait nouvelle permet de tenir ces promesses. L’Humanisme Méthodologique qui renouvelle les fondements conceptuels et pratiques attachés à cette problématique n’est pas une de ces tartes à la crème adaptée aux “valeurs de postures” du moment.

Cette responsabilité, ce devoir même d’une collectivité territoriale d’oeuvrer pour un développement et un enrichissement humain des habitants, s’appuie sur le développement d’une attractivité vis-à-vis de l’extérieur et l’établissement de relations fructueuses.

Le tourisme des valeurs y répond et ses méthodes permettent de constituer la trame de l’élaboration d’un schéma directeur touristique, approprié par la communauté territoriale et approprié à ses valeurs.

Idéalement ce schéma touristique pourrait être assimilé à la dimension “marketing” du projet territorial de développement durable. Il s’appuie en effet sur les mêmes racines, les valeurs culturelles du territoire, la même ambition prospective et contribue à asseoir son identité interne et externe.

Il s’agit en fait d’un “marketing des valeurs” qui doit être en l’occurrence un marketing de l’offre. C’est le territoire qui offre ses valeurs et interpelle ceux qui l’apprécient, s’ajustant ensuite à la multiplicité des relations (segmentations).

Nous voilà au pied du mur.

En effet, les pratiques habituelles sont d’abord appuyées sur un marketing de la demande dont les “études de clientèles” habituelles ne cessent de ressasser les poncifs. “Adaptez-vous à la demande”, vous disent-elles, “renoncez à vos valeurs”, “entrez en concurrence”, “banalisez vos produits”. Les analyses stratégiques faites dans toutes les régions sont les mêmes, mêmes arguments, mêmes ressources, même “culture” du tourisme de consommation de masse, même culture d’exploitation de masse.

Les habitants des territoires sont invités soit à se déguiser en indigènes accueillants, soit à militer pour le développement d’activités économiques qui ne les concernent pas toujours.

Les exemples fourmillent de sites ou d’équipements à succès dont les collectivités avoisinantes ne bénéficient que des charges. Bien sur il y a aussi des retours fiscaux et quelques fois en emplois, mais le prix en est parfois exorbitant pour la collectivité. Surtout, la dégradation identitaire se mesure mal. Désaffection des habitants mais aussi décalage entre les valeurs propres et celles qui sont “vendues” attirant ainsi des publics mal orientés. Tel provençal se plaignait par exemple d’être obligé de ressembler à l’image d’Epinal vendue à des touristes après une “analyse de la demande du marché”. Évidemment ce commerce là est contre-culturel et ne favorise pas la conscience et la mobilisation collective.

Faut-il alors prendre le risque de changer les habitudes ou, au contraire, faut-il troquer ce risque de réussir contre une certitude de plus en plus assurée d’échouer, mais tellement familière, tellement consensuelle entre spécialistes.

Le tourisme des valeurs se justifie par le développement et l’enrichissement humain du territoire. Il en est un initiateur, un vecteur et un moteur.

Alors il y a une grande question qui se pose. Quid du tourisme comme filière économique?

Il est évidemment légitime de penser le tourisme comme une activité économique parmi d’autres et qui aurait actuellement le vent en poupe.

Cependant un territoire devrait se demander quel est le bénéfice pour la communauté territoriale, eu égard aux investissements requis, en termes d’emploi, en termes fiscaux, en termes d’appropriation collective, d’engagement dans le futur…

Où sont ces évaluations dans les schémas classiques?

En fait il y a des activités qui relèvent de la filière économique du tourisme et qui se trouveraient bien mieux à partager une politique et une synergie territoriale en cohérence avec une identité et une ambition (cas de la plupart des services d’hébergement et de restauration notamment), ce qui leur donnerait une assise plus sure.

Il y a aussi des activités du tourisme des valeurs qui sont très mal prises en compte par la filière tourisme. Visites de familiers, séjours en famille, relations de commerce, d’affaires, éducatives, participations bénévoles aux activités locales, implication et investissement de “touristes” dans le devenir local et régional.

Il y a enfin des activités de la “filière économique” dont le succès, conformément à leurs intérêts légitime, est d’un apport très marginal sinon négatif pour le territoire.

La conclusion c’est qu’il ne faut pas confondre les deux, le tourisme des valeurs, est le tourisme territorial par excellence, celui qui demande une politique et une stratégie qui justifie un schéma directeur.

La filière économique n’a pas à être traitée différemment d’une autre filière économique, c’est-à-dire par les instances qui en sont déjà chargées sauf en ce qui concerne des contributions au tourisme des valeurs.

Faut-il persévérer dans l’erreur? Faut-il engager de véritables politiques et stratégies de tourisme des valeurs comme vecteur majeur d’identité et de développement de la communauté territoriales? Faut-il ménager des transitions?

Aux autorités politiques auxquelles les destinées collectives sont confiées de trancher.

L’Institut d’Humanisme Méthodologique se tient à la disposition de ceux qui souhaitent des éclairages sur cette problématique et sur l’enjeu nouveau des schémas directeurs du tourisme.

Pour plus de précisions, consultez le dossier Le tourisme des valeurs (dossier)

Retour