Le développement, la personne et la culture

De Munich « Dans le cadre de mes recherches pour ma thèse et de mon engagement futur dans le domaine du developpement dans mon pays (Afrique) : culture et developpement dans le cadre d’un discours postcolonial… »

Il y a vingt ans je participait à Budapest à un colloque sur le développement organisé par une association européenne d’organismes d’études en matière de développement (plus de 500 à l’époque). Il y avait 20 thèmes environ dont un consacré au développement fondé sur la culture. Aucun des autres ne traitait des hommes et de leurs communautés.

Depuis j’ai vu l’échec des position de l’OUA en la matière et celle d’une décennie mondiale de l’Unesco du « développement fondé sur la culture » qui a été un fiasco. Il faut dire qu’entre temps certains avaient inventé « l’interculturel » pour éviter la question des spécificités culturelles.

Il y a là en soi un problème majeur, un problème anthropologique fondemental : qu’est ce qu’une culture, mais en deça qu’est ce qu’une communauté humaine dont il s’agirait de dire ce qu’est la culture, mais avant cela encore qu’est ce qu’une personne humaine.

Voilà autant de questions auxquelles les sciences humaines ne savent pas, ne veulent pas répondre. La tradition française et des plus arriérées en ces matières (rationalisme oblige) mais les traditions culturalistes anglosaxonnes n’ont pas apporté de réponse satisfaisante et, en conséquence, ni éclairantes ni opératoires.

Nous sommes là sur le fond des choses concernant le contexte et une sorte de mystère. Pourquoi ces questions de fond ne sont-elles pas traitées? Qu’est ce qui les rend intouchables, impensables? Qu’est ce aussi le développement dès lors que l’on considère celui d’une communauté humaine, culturellement différenciée. Evidemment les choses sont liées. Peut-on penser un développement humain sans se questionner sur l’humain et son mode communautaire culturel? Evidemment encore, aucune méthode, stratégie, pratique ne peut être construite sur cette vacuïté.

Ce n’est pas que les mots ne soient employés ici et là (pas partout bien sûr). Bien sûr les liens développement / culture sont affirmés mais avec quelle conceptualisation, quelle pratique?

A Budapest il y a 20 ans la pratique la plus avancée qui était présentée consistait à appliquer les méthodes de dynamique de groupe issues de la psychosociologie sur le terrain. il est vrai qu’un certain empirisme s’est largement développé notamment par des ONG. Mais je crois que le renoncement « à l’esprit » obère la portée de telles pratiques au-delà de la singularité microlocale de chaque situation.

La dénonciation des « méchants et des incapables » en matière de développement est aussi un exercice qui ne me parait pas très efficace hormis pour satisfaire l’ego des dénonciateurs.

Avant d’y venir dans un autre courrier, je voudrais tenter une réponse au « mystère » soulevé plus haut.

Je crois que nous sommes engagés dans une mutation de l’humanité qui ouvre justement à la conscience de l’humanité dans sa transcendance spirituelle (ère de l’esprit!). Cela veut dire que, hormis tels ou tels hommes, la communauté humaine n’a pas encore eu la maturité suffisante pour accéder à une connaissance de ce qui, au coeur de l’homme, se noue en communauté, ce qui fait alors culture, ce qui ancre une vocation propre à chaque communauté, ce qui donne le Sens (le meilleur) de son développement c’est à dire visée, valeurs, rationalité , direction, service des hommes etc….

Volà donc pour moi l’enjeu derrière les questions de développement fondé sur la culture, un nouveau visage de l’homme qui intègre comme principe d’humanité l’esprit que j’ai reconnu comme Sens (les Sens sont comme les esprits ou l’esprit comme en parle St Paul).

Les conSensus forment les communautés humaines, part d’humanité partagée (pour le meilleur et le pire) mettant en jeu la question du « bon » Sens pour la communauté ou encore le Sens du bien, du bien commun, c’est à dire aussi celui de sa vocation à l’accomplissement humain, c’est-à-dire les voies et moyens spécifiques de son développement existentiel (dans des termes à chaque fois culturellement significatifs)

Voilà, dans cette démarche que je propose on ne quitte pas de vue les question essentielles de l’humain et son devenir tout en s’inscrivant dans la contingence des situations effectives, leurs obstacles, leurs enjeux et les pratiques pour y intervenir. Il est donc possible de prendre les choses par le bout que l’on veut sans perdre la cohérence humaine pour autant, ce qui n’est pas si fréquent semble-t-il.

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