Vocation personnelle et professionnelle
Quel est le Sens de mon existence? Une des réponses est en terme de vocation professionnelle. Une vocation c’est l’expression d’une racine personnelle, d’une traduction dans des circonstances évolutives et d’un parcours où elle se cherche, se trouve et s’accomplit à différents niveaux de maîtrise.
La vie professionnelle est pour beaucoup l’un des investissements
majeurs de l’existence. Cependant le sens de cet investissement
n’est pas toujours le même et parmi les alternatives les
plus fondamentales figurent celles-ci :
La pression de nécessité immédiate ou la
perspective d’une progression.
L’adoption par une structure ou l’initiative personnelle.
La maximalisation du gain ou la fécondité du travail.
Selon les cas la vie professionnelle est alors dominée
par :
Les besoins ou les aspirations.
Le conformisme ou l’autonomie.
La spéculation ou le service.
Chaque logique va donner sa cohérence à toute une
vie professionnelle et à ses péripéties
depuis l’origine jusqu’à la retraite. Elle va aussi rendre
la personne plus ou moins maîtresse de son parcours et
la confronter d’une façon spécifique à des
difficultés ou à des obstacles.
Par exemple, celui qui est plutôt dans une position de
conformisme spéculateur aura plus de difficultés
à se prendre en charge que celui qui cultive l’autonomie
et le service. Celui qui est dominé par la pression de
nécessité voit moins loin que celui qui chemine
avec une ambition de progrès, un projet valorisant.
La Théorie des Cohérences montre ainsi le lien
qu’il y a entre les motivations profondes (souvent inconscientes)
et les logiques professionnelles engagées. Elle montre
en outre qu’il s’agit toujours d’une position prise au plus profond
de la personnalité et qui engage donc la personne, beaucoup
plus quelquefois qu’on voudrait le croire.
C’est ainsi la première anthropologie (Théorie
de la nature Humaine) qui permet de faire le lien entre les fondements
de la personnalité et la notion de Vocation dont la vie
professionnelle est souvent un des principaux modes d’accomplissement.
On découvre ainsi le rapport qu’il peut y avoir entre
talents et vocation, entre problématique personnelle (et
quelquefois familiale) et compétence professionnelle.
Ces considérations fondamentales permettent de bâtir
une véritable théorie de la Vocation personnelle
mais aussi de comprendre quelles sont les étapes et les
problèmes de la vie professionnelle.
C’est un second apport de la Théorie des Cohérences
en la matière. Comme pour toutes les situations humaines
individuelles ou collectives, on peut les envisager d’une façon
statique ou dynamique.
Si on considère l’exercice d’une activité professionnelle
comme un état alors les problèmes seront conçus
comme des dysfonctionnements et les solutions comme un rétablissement.
Si on considère au contraire la vie professionnelle comme
un parcours, une évolution, alors les problèmes
sont des problèmes d’orientation et de bilans et les solutions
sont des repérages et des voies de progression.
La Théorie des Cohérences met en évidence
les lois naturelles de l’évolution humaine et des phénomènes
humains avec leurs âges, leurs étapes, leurs phases
de progression et leurs seuils de transition.
Pour la vie humaine trois cycles sont à considérer
:
Le cycle de la génération
Le cycle de l’existence engagée
Le cycle du retrait.
Le second cycle comprend trois phases et quatre seuils dont l’équivalent
se retrouve dans la vie professionnelle très souvent à
des moments différents.
– Venue au monde Entrée dans la vie professionnelle
Enfance Apprentissages
– Adolescence Choix d’un but professionnel
Majorité Carrière
– Maîtrise Découverte d’une vocation Maturité
Responsabilités
– Retrait Retraite
Dans le monde occidental l’évolution de la personne semble
s’arrêter au seuil de l’âge adulte pour passer directement
à un 3 âge assimilé au retrait des responsabilités
socio-économiques. Le seuil de la maîtrise, introduisant
à la maturité, est encore peu connu, peu étudié
et en tout cas mal compris. Il correspond pourtant à des
questionnements ou des "crises de la quarantaine",
qui peuvent se manifester plus tôt ou bien plus tard, où
un retour sur soi et sur le sens de son existence se produit
souvent.
Dans la vie professionnelle on a peu à peu oublié
qu’il se produit une telle évolution. Les faits existent
mais ils ne sont pas observés ni traités dans cette
perspective.
La Théorie des Cohérences éclaire et rétablit
cette connaissance d’une évolution dont les phases sont
plus ou moins longues, les seuils plus ou moins marqués
de crises et dont le cycle naturel avorte trop souvent faute
d’avoir correctement franchi les étapes ou se répète
(voir annexe). C’est là d’ailleurs que se recoupent, d’une
part, les dispositions de la personnalité et les motivations
profondes qui donnent leur sens à la vie professionnelle
et, d’autre part, la réussite ou l’échec d’une
évolution naturelle.
De nombreuses difficultés ou blocages d’évolution
proviennent d’une attitude profonde, d’un sens donné à
la vie professionnelle qui n’est pas satisfaisant. En fait, ce
n’est que lorsque le Sens de la vie professionnelle est celui
même d’une vocation personnelle que l’évolution
naturelle s’accomplit véritablement.
De ce fait, c’est toujours par une référence à
la vocation personnelle, à repérer ou élucider,
que pourraient se résoudre les problèmes d’orientation
(aux carrefours que constituent les seuils de transition) et
les problèmes d’évaluation et de stratégies
de progression.
C’est là le troisième apport de la Théorie
des Cohérences en la matière. grâce à
des techniques tout à fait nouvelles de repérage,
d’évaluation, de conception de stratégies, etc…,
des méthodes d’aide à la résolution des
problèmes d’évolution professionnelle sont développées,
adaptées au type de problème: orientation ou bilan
d’évaluation, et au niveau d’évolution où
il se pose.
Il faudrait y rajouter les cycles antérieurs et postérieurs.
Le premier cycle de préparation à la vie professionnelle
donnerait une approche nouvelle de l’éducation et de la
formation professionnelle. Le troisième cycle de retrait
de la vie professionnelle permettrait de mieux comprendre les
rôles des retraités et leur nécessité
dans la vie économique et sociale, toujours dans la perspective
de l’accomplissement d’une vocation personnelle.
LA VIE PROFESSIONNELLE ET SON EVOLUTION
Schéma d’évolution : 2° Cycle de l’engagement
professionnel
LA VIE PROFESSIONNELLE
SEUILS DE TRANSITION ET PHASES D’EVOLUTION
1 Seuil : L’Entrée dans la vie professionnelle
Le problème peut se présenter à
plusieurs reprises, notamment à la suite d’avortement
d’un parcours ou d’une changement résultant d’une impasse.
Les difficultés actuelles, le chômage, et notamment
le chômage des jeunes, rendent ce premier seuil souvent
crucial.
La recherche d’emploi qui en est l’enjeu se présente comme
un problème d’orientation qui nécessite un repérage
en terme de métier. Ce que l’on peut recommander à
ce propos c’est de l’envisager moins comme une place à
solliciter que comme une proposition de service à offrir.
Le repérage d’indicateurs d’une vocation permettra de
déterminer l’offre de service la plus pertinente.
1 Phase : L’Apprentissage de la vie professionnelle
C’est le temps où l’on fait son expérience et où
il s’agit de progresser en terme de compétence et de performance.
Dans cette période les capacités s’éprouvent
et se mesurent aux enjeux et situations professionnelles concrètes.
S’il n’y a pas le désir de progresser, il est vrai que
cette phase peut conduire à une stagnation et pourquoi
pas à une inadaptation.
Il faut savoir gérer cette phase et pour cela des bilans
de compétences permettent les évaluations qualitatives
et la mesure de l’évolution professionnelle.
Les entreprises pourraient plus systématiquement prendre
en compte cette évolution nécessaire, que ce soit
en terme d’apprentissage ou de possibilités d’évaluations.
Dans une perspective évolutive un bilan de compétence
a comme intérêt de préparer une progression
future et ici un parcours de formation-expérience.
2 Seuil : Choix d’un but professionnel
Il faut déjà avoir acquis certaines compétences
pour pouvoir choisir un but professionnel propre. Un tel choix
est acte d’autonomie qui se pose en termes de but, de projet
professionnel.
C’est un carrefour où il faut se décider pour une
carrière, une spécialité, une profession.
C’est à nouveau un problème d’orientation. La solution
est encore affaire de repérage d’une ambition réaliste
et du chemin à prendre pour atteindre ses buts.
Ce seuil peut être mal franchi lorsque par exemple il est
traversé par une velléité d’indépendance
irréaliste (projets utopiques) ou par une tentative d’arriver
avant d’en parcourir le chemin.
2 Phase : Développement de carrière
L’enjeu est la réussite en termes de statut,
d’identité sociale. C’est la période où
l’identification avec le statut professionnel est la plus sensible.
Les signes d’identification sont particulièrement importants.
La carrière professionnelle est corrélative d’un
développement personnel, d’un épanouissement de
ses potentialités mais dont la réussite se lit
en termes d’identité professionnelle et sociale.
C’est un temps où des bilans sont utiles, bilans de carrière
pour évaluer son parcours et les positions acquises. Là
encore un tel bilan de carrière doit permettre les ajustements
de position professionnelle et l’acquisition des moyens (références,
modèles, etc…) de parachever au mieux la carrière
entreprise.Il y a souvent problème lorsque cette phase
n’est pas maîtrisée et que l’identification devient
confusion sinon aliénation.
On trouve des gens "coincés" dans leur carrière
ou tout d’un coup "remis en question" faute d’en avoir
assumé le développement et l’appropriation.
Les rails conduisent souvent à des voies de garages qui
pour certains sont l’anticipation prématurée de
la retraite.
3 Seuil : Découverte d’une vocation
Il s’agit d’un autre carrefour qui normalement se présente
alors que tout semble réussir ou en tout cas que semble
joué l’avenir professionnel.
Un retour sur le passé, sur le chemin parcouru, sur la
perspective d’une vie déjà bien avancée,
s’accompagne d’interrogations sur le sens de sa vie professionnelle.
La compétence, la carrière ne suffisent plus à
combler les aspirations d’autant plus qu’elles prennent une forme
plus profonde, plus intime, plus personnelle. A quoi tout cela
sert-il? Quelle véritable maîtrise a-t-on de son
existence? De telles questions renvoient à un problème
d’orientation plus essentiel celui-là. C’est le temps
de comprendre l’originalité d’une vocation personnelle
qui éclaire le passé et qui engage l’avenir. Le
repérage de cette ligne générale est celui
du Sens et de la valeur d’une vie professionnelle où le
meilleur de soi se découvre comme l’axe d’un "faire
profession de soi".
S’il est atteint sans avortement prématuré de l’accomplissement
professionnel, ce seuil de la maîtrise peut encore être
l’enjeu d’égarement et de crise (crise dite de la quarantaine).
S’il est convenablement franchi avec le discernement d’une vocation
profonde dont les phases antérieures ont été
les prémisses alors peut être abordée correctement
la troisième phase.
3 Phase : L’Age des responsabilités
Ce qui importe alors c’est le plein exercice d’une autorité
que confère une maîtrise professionnelle. Il ne
s’agit plus de technicité ou de spécialité
mais d’une expertise dont le rôle est avant tout social.
Le rôle d’autorité responsable est un rôle
de réfèrent, de repère, de conduite des
affaires communes. L’enjeu en est le service de la communauté.
Qu’elles soient modestes ou plus en vue, au sein d’organisations
et d’entreprises, ou à la tête de celles-ci, les
positions de responsabilité sont en prise avec l’évolution
de la communauté. C’est là que s’accomplit véritablement
une vocation personnelle, à la fois dans la pleine maîtrise
de ses moyens, mais aussi dans la mission de servir qu’elle implique.
Cette phase est ainsi celle de l’accomplissement de l’oeuvre
à laquelle peut mener une vie professionnelle. Là
encore un bilan peut être utile pour ajuster vocation et
mission de service, pour donner à l’exercice d’une maîtrise
toute sa portée sociale.
Cette troisième et dernière phase de la vie professionnelle
peut encore rencontrer des difficultés qui incitent au
repli prématuré ou à des prétentions
démesurées. Elles proviendront le plus souvent
d’une évolution antérieure mal maîtrisée
et peuvent se traduire par des échecs amers.
4 Seuil : La Retraite
Il s’agit encore d’un passage mais celui de la sortie
de la vie professionnelle autrement dit de l’abandon des fonctions
de responsabilité et d’autorité. C’est encore un
problème d’orientation qui se pose où reste à
repérer le sens d’une activité non professionnellement
engagée mais néanmoins utile. La fonction sociale
et même économique des aînés se fait
plus bénévole, plus disponible encore faut-il que
ces phases ultérieures aient un sens. Le sens de la retraite
ou du retrait est aussi bien relatif au passé qu’à
l’avenir. Un repérage est encore utile qu’il soit en termes
de succession, de transmission ou même de perspective personnelle,
familiale, etc…