072 – La communication trame de l’existence
Toute notre existence et celle du monde est actualisation de conSensus entre les Instances humaines. Les conSensus sont constitués et on le verra transformés par la communication entre les hommes, leurs «communions d’esprits». Leur actualisation se réalise dans les situations de communication qui transforme la réalité. Ainsi la communication humaine constitue la trame de l’existence, la nôtre et celle des choses.
Nous allons ici en explorer quelques facettes
La communication relationnelle
Toute relation est communication non seulement pas les situations partagées mais aussi par leurs composantes affectives, corporelles et factuelles, mentales dans l’histoire commune qui se déroule. On peut noter que la communication «fait le monde et notre existence» On peut même imaginer qu’une communication crée une réalité commune, celle d’un couple qui existentiellement et par quelques côtés fait un. Dans cette réalité commune que réalise le moment de communication chacun est à la fois porteur d’intention et du Sens qui la sous tend et à la fois l’autre du conSensus qui en advient. On peut imaginer que des rôles soient ainsi posés ou bien que s’instaure une alternativité des rôles. Cependant la réalité commune qui actualise le conSensus est dissymétrique et cette dissymétrie est à la base des positions sexuées. Si bien que toute relation peut être interprétée comme la conjugaison (sinon la conjugalité) de deux positions sexuées. Toutes les relations humaines se réalisent selon cette dissymétrie qui est tout simplement la base de l’expérience première avec la structure cohérencielle. Tout ce qui est analysé comme participant de la réalité déployé selon la structure cohérencielle peut être maintenant compris comme l’actualisation de relations humaines où les rôles sont différentiés et si possible alternatifs. Pour ce dernier point cela dépend du Sens en question dans le consensus. En tout cas ni le fixisme existentiel ni le terrorisme intellectuel à ce propos ne témoignent du Sens du bien commun de quelque communauté que ce soit. En tout cas le vaste champ des relations humaines aussi vaste que l’univers s’ouvre à l’analyse des Sens en conSensus, des modalités relationnelles et des réalités existentielles.
La communication communautaire
La communication, partage de conSensus, est ce qui constitue les communautés humaines tant dans l’activation permanente de Sens d’une Cohérence, que dans les modalités de communication et dans les réalités communes. Ce qui fait l’unité d’une communauté est l’ensemble de Sens désigné comme Cohérence. Dans cette Cohérence ce sont tels ou tels Sens qui sont activés par telles ou telles communications. La communication communautaire se fait selon les modes d’expression existentiels culturels, la communication y est culturelle par ses médiations, dans le contexte des réalités culturelles pour les conforter ou les transformer. Si les communications sont l’écho du conSensus culturel elles le renforcent en retour. Dans ces communications l’intention est soit le fait d’un courant de Sens déjà là, actif ou passif, soit le fait d’un discernement particulier et d’une initiative singulière. La première conforte la communauté, chaque communication s’exprimant dans un reflet de la culture commune renforce l’activation du Sens engagé, créant ainsi des courants de communication selon les différents Sens qui la compose. On peut comprendre alors que, dans le conSensus communautaire global (Cohérence), des disSensus se développent selon les Sens particuliers mobilisés et renforcés. Dès lors on comprend que tels ou tels peuvent engager des communications destinées à conforter un courant plutôt qu’un autre. On comprend aussi que, disposant du discernement suffisant, le Sens du bien commun puisse être privilégié par des communications pertinentes. Nous sommes là au coeur de la question politique par exemple. Chacun est l’écho d’un conSensus communautaire et en même temps le renforce. Le rôle des personnes plus autonomes ou «responsables» est de privilégier en conscience (discernement des Sens) le Sens du bien commun dans les circonstances particulières où ils sont impliqués.
La communication intercommunautaire
La question est capitale au moment ou la crise des états / nations / territoires réclame une autre conception pour sortir de l’impasse du réductionnisme formel. La communication entre deux communautés vise à établir un conSensus. Il n’y a que quatre hypothèses réunies deux à deux.
Soit cela se passe sur le conSensus de l’une des communautés culturelles l’autre y étant intégrée, du moins dans le moment de cette communication. C’est le cas où la langue de l’une est choisie comme mode de communication. Si ce n’est la langue ce peut être toute autre caractéristique, modèle, ou monde de la culture intégratrice. Si le Sens est celui du bien commun alors l’autre communauté culturelle garde son autonomie son propre conSensus et son propre devenir tout en devenant membre de la communauté intégratrice. Si c’est un autre Sens alors il y aura soit dissolution progressive de la culture intégratrice par déploiement du conSensus tiers plus vivace, on dirait qu’une minorité à absorbé ou supplanté la majorité, soit dissolution de la culture intégrée ou assimilation (le modèle français par exemple). On voit bien que ce n’est pas le Sens du bien commun qui l’anime celui-ci visant l’autonomie des personnes et des communautés humaines.
Soit chaque communauté se déplace sur une cohérence commune créant une communauté de communauté. Si cette dernière est engagée dans le Sens du bien commun comme l’est chacune des communautés initiales alors la participation à l’ensemble communautaire renforce l’autonomie de chacune et son accomplissement humain. Ce pourrait être le cas de l’Europe ou de la France si c’était bien le Sens du bien commun qui était recherché et cultivé. Chaque communication doit alors être explicitement référée soit à l’une des communautés soit à l’ensemble communautaire. Un autre cas consiste à se rencontrer sur le conSensus d’une micro-culture qui parait plus pauvre comme dans les hôtels internationaux par exemple ou dans l’adoption de langues étrangères comme l’anglais par chacune des parties. On notera que la culture de la communauté anglaise est bien plus riche et différente de celle des milieux qui utilisent la langue pour des communications de champs plus limités.
La communication comme vecteur de changement.
Comme on l’a vu la communication passive relationnelle ou communautaire à pour effet la confortation du conSensus et par suite ses expressions et ses réalités. On peut dire que cette communication passive est à l’origine de toute homéostasie existentielle fondée sur une dynamique actuelle d’activation actualisation. On notera quand même que ce cycle homéostatique conduit invariablement à la mort existentielle de toute personne comme de toute réalité humaine communautaire (n’y en ayant pas d’autre). Question du penchant originel et de ses conversions.
Cependant il y a d’autres choses à vivre qui vont utiliser la communication comme vecteur de changement. Dans une situation il y a le Sens, le conSensus avec d’autres, et le déploiement existentiel qui en résulte. Le changement peut être changement de Sens, changement d’autres parties prenantes du conSensus ou changement de maturation dans la maîtrise de la situation et donc aussi de la communication. La communication s’inscrit toujours dans une communauté donnée et son conSensus et ici elle vise à transformer le conSensus soit en changeant le Sens dominant soit les parties prenantes. Cela suppose en principe une maîtrise suffisante pour sortir du régime passif. Or il y a deux cas qui peuvent être confondus l’acte de maîtrise permettant de se tenir sur une détermination du Sens à privilégier. Ou bien la fixation sur un Sens sans discernement mais par le soutien en principe d’un groupe porteur (minorité agissante). Dans les deux cas il est vrai que la communication pour une communauté assez grande pourra passer par le conSensus préalable d’un petit groupe ou de communautés intégrées à celle dont le changement est visé.
Le modèle type de la communication de changement est habituellement limitée à une expression significative du Sens voulu ou du partage de sens voulu. Plus précisément ce sont d’autres thèses basées sur l’efficience de la raison causale ou des mécanismes factuels ou bien des puissances émotionnelles qui sont, en général, invoqués, non sans quelque croyance magique à la clé. Ici ce sont les stratégies de communication qui seront envisagées dont on verra les principes et la mise en oeuvre dans les méthodes de l’intelligence symbolique.
D’abord notons qu’une communication humaine n’est pas réduite à l’affichage d’un quelconque message ou une information mais c’est une scène, une histoire qui s’inscrivent dans une situation déjà là. Ainsi la communication est une scène, un moment donnés à vivre et partager selon toutes les dimensions et composantes existentielles. Comme elle vise un changement dans la réalité commune et que tout changement passe par un travail sur le conSensus la communication est toujours stratégique. Au fond le processus de communication stratégique consiste, une fois clarifiés le Sens voulu et le contexte, à construire une scène à laquelle participent ceux qui y sont invités selon toutes les dimensions et composantes de l’existence. Cette scène donnée à vivre porte d’abord le Sens que l’on veut privilégier. Ses modes d’expression ou mises en scène sont homologues c’est-à-dire de même Sens que ce dont on veut privilégier le conSensus. Ainsi tous les registres de l’imaginaire, de la création, du langage, de l’expression sont possibles autant qu’ils signifient symboliquement ce que l’on souhaite. Il y a ainsi de multiples stratégies de communication relationnelles et communautaires qui représentent une grande partie de nos activités existentielles. Le storytelling (racontage d’histoire) est un exemple intéressant à méditer pour le meilleur Sens plutôt que pour le pire. Il ne faut pas jeter l’instrument et surtout apprendre à lire et à discerner ce qui nous est raconté de partout.
Si la communication occupe une grande part des activités humaines notons en quelques enjeux. La mobilisation collective par le renforcement ou l’extension d’un conSensus, l’enseignement pour la maturation individuelle et collective, les réalisations collectives, la gouvernance de toutes les communautés ou entreprises humaines, les rituels sociaux, les confortations communautaires médiatiques, les manipulations de l’opinion publique ou de «cibles» particulières, les régulations collectives…