032 – L’intelligence humaine
L’intelligence humaine vient avec la capacité de re-présentation de l’expérience première. Cela suppose le recours aux sources de cette expérience, le Sens en soi et le conSensus des Instances. Si la conscience est personnelle son contenu, lié au conSensus, a forcément quelque chose de collectif, culturel souvent. C’est une question que l’on aura à développer avec la question des communautés humaines. En tout cas l’intelligence personnelle peut concourir à une «intelligence collective» ou du moins ce qui s’y apparente. Si l’intelligence est associée à l’exercice de la conscience humaine elle en cultive les différentes possibilités. On pourra ainsi distinguer déjà six types d’intelligence existentielle: L’intelligence sensible, l’intelligence pratique, l’intelligence mentale (la seule qui vaille pour certains), l’intelligence analytique, l’intelligence intuitive ou l’intelligence rationnelle.
Pourquoi cette différentiation s’il semblerait préférable de développer une intelligence complète, intégrale? D’abord il y a des capacités d’intelligence différenciées chez l’un ou chez l’autre et il est souvent judicieux de rassembler des intelligences complémentaires. C’est comme cela que se constituent des équipes ou des groupes de coopération. Par ailleurs les réductionnismes conduisent à privilégier un type d’intelligence au détriment des autres types niant ainsi et méconnaissant le processus humain de conscience au profit d’explications opportunistes négatrices de l’humanité de l’homme et de sa transcendance.
L’intelligence est donc la faculté d’appréhender le monde, de le comprendre comme étant le monde dans lequel on existe. On notera que conscience, connaissance, compréhension sont trois termes dont la racine «co» implique un rapport de co-existence avec les réalités du monde alors que les réductionnismes font souvent de la réalité quelque chose de totalement indépendant de l’homme et de sa conscience. Le Sens en conSensus comme support de l’expérience première et de toute re-présentation pose la participation de la personne à toute réalité qu’elle partage avec un petit ou un grand nombre. La co-relation entre l’homme et les choses est liée à la participation au conSensus.
L’intelligence humaine est donc cette relation au monde qui, avec la conscience, établi les liens entre l’homme et son monde, entre les choses, entre les individus… Elle est aussi ce qui développe le monde par le biais de la multiplication des re-présentations qui deviennent réalité à leur tour. Pensons à toutes les musiques du monde, immense production qui ajoute à la réalité. Tout ce qui nous entoure, en ville par exemple, apparait comme réalisé par l’homme, effets de conscience selon tous les modes complémentaires. Et tout cela peut encore faire l’objet de nouvelles re-présentations pour de nouvelles réalisations. On découvre alors que les activités humaines sont un travail de conscience, d’exercice de l’intelligence humaine.
La combinaison des intelligences est infiniment variée mais il y a aussi ces réductionnismes qui se posent en référence et stérilisent quelque chose de l’intelligence humaine là même où elle prétend exceller. C’est le cas de l’intelligence mentale en Occident dans la période qui s’achève et dont les productions étouffent souvent bien des intelligences humaines. Elles détournent le Sens de leur exercice sur des modèle de pensée anti-humanistes. Beaucoup se déclarent pourtant humanistes mais d’un humain réduit à l’accessoire. A contrario la culture de la collaboration des intelligences multiples favorise la réalisation de l’humanité dans la réalisation du monde mais prépare l’accès à l’intelligence symbolique. Avec celle-ci la réalisation du monde est engagée dans la révélation de l’homme, les bénéfices de maîtrise de son humanité et donc son accomplissement. L’intelligence humaine n’est pas vaine si elle ne se contente pas de produire le monde mais d’y révéler l’humanité de l’homme.
Voilà le Sens à privilégier, celui que propose l’Humanisme Méthodologique avec l’accès à l’intelligence symbolique et son exercice. Viennent alors des questions de Sens. Quel Sens privilégier et quelles conséquences pour les hommes? Comment discerner le Sens de l’accomplissement humain, comment le partager en conSensus, et comment développer l’homme et le monde dans ce Sens pour favoriser la révélation de l’homme. Tel est le projet de l’Humanisme Méthodologique avec la culture de l’intelligence symbolique.
Une autre perspective est celle des niveaux de maturité humaine. On verra, le moment venu, que les types d’intelligences se cultivent dans un certain ordre pour qu’ils progressent tous ensemble. L’intelligence symbolique intégrant les différents modes d’intelligence suppose aussi une maturité suffisante tout en orientant la culture des autres dans cette perspective.
Enfin il nous faudra approfondir ce qui fait le théâtre de nos existences et le siège de toute réalité humaine, les communautés humaines, communautés de Sens, communautés de conSensus. L’individualisme radical tente d’éliminer cette caractéristique de l’humanité en la remplaçant par des artifices propres aux réductionnismes qu’il fréquente. Artifices formels pour les uns, affectifs pour les autres, matériels pour d’autres par exemple. L’intelligence symbolique aura toujours à se référer à des communautés humaines de toutes tailles pour que s’y exerce aussi avec pertinence tous les modes d’intelligence humaine.