Les jeux d’identités 1
La première carte générale des Sens et cohérences humaines a été établie pour éclairer le type de relations entre positions humaines complémentaires. C’est une compréhension tout à fait neuve des relations humaines où on retrouve bien sûr des situations connues, tellement familières dont le Sens se révèle.
LES JEUX D’IDENTITE
1 – La carte générale des cohérences
a) multiplicité des Sens
b) classification des Sens, carte de cohérences
c) origine de la carte générale des cohérences
d) les axes de la carte générale :
– l’axe vertical : HAUT – BAS
– l’axe horizontal INTERIORISATION -EXTERIORISATION
e) les quatre champs de la carte générale
f) la troisième dimension
LES JEUX D’IDENTITE
1 – LA CARTE GENERALE DES COHERENCES
a) Multiplicité des Sens
Jusqu’ici les cohérences et le Sens en jeu dans les communications
n’ont été évoqués que d’une manière
générale. Même si le processus est toujours
le même, ses modalités, ses apparences, ses réalités
ne sont pas les mêmes suivant que c’est telle ou telle
cohérence qui s’exprime. Une relation où domine
l’agressivité, ne se manifeste pas comme une communication
amicale. L’humeur ne donne pas, suivant sa nature, le même
type de communication.
Les communications peuvent porter sur une infinité de
Sens et de cohérences qu’il serait utile de différencier
pour comprendre ce qui se déroule dans telle ou telle
situation particulière. Des classes de Sens permettraient
des typologies de communications avec les modalités types
des trois dimensions :
– Types de situation.
– Types de fonctionnement.
– Types de personnalité.
Il se trouve aussi qu’une cohérence ou un Sens donnés,
en jeu dans une communication, correspondent à une attitude,
un comportement, un mode d’être particulier des interlocuteurs.
De ce fait une clarification des Sens donne aussi une typologie
de personnalités, de comportements, une sorte de caractériologie
(ou de psychologie). Telle tendance caractérielle est
à l’ oeuvre dans tel processus de relation, dans tel type
de circonstances. De même, tel type de situation favorise
tel type de comportements, qui communiquent d’une manière
spécifique…
Nous ne faisons que réexprimer le fait que les trois dimensions
sont les modalités de la même cohérence.
Elles ont la même cause (la cohérence sous-jascente)
et aussi se provoquent l’une l’autre.
La situation active sa cohérence chez les personnes présentes
qui ont tendance à s’aligner sur cette cohérence
et se comporter en conséquence. Si tout va mal on a tendance
à être de mauvaise humeur ce qui, le plus souvent,
n’arrange pas les choses.
C’est aussi le processus d’ajustement qui, s’il réussit,
tend vers une stabilisation (de cohérence), s’il échoue,
il n’y a plus de communication.
Il ne peut de ce fait y avoir un situation d’un certain Sens
et un fonctionnement des personnes dans un autre Sens. D’où
l’importance centrale du Sens et de la cohérence d’une
situation de relation et l’intérêt d’une typologie
fondée sur des classes de Sens.
b) Classification des Sens, carte de cohérence
On se heurte d’emblée à un paradoxe. Toute forme,
que peut prendre une classification, n’est pas un Sens. En d’autres
termes, "la carte n’est pas le territoire", c’est-à-dire
que la classification "représente" une différenciation
des Sens, mais les formes qu’on peut lui donner ne sont
pas les Sens.
Une carte de cohérence est une représentation mais
n’est pas la cohérence . Les schémas,
les termes utilisés expriment les Sens mais ne sont pas
les Sens. Une carte de cohérence comme représentation
de Sens différenciés est une réalité
activante pour le lecteur mais c’est lui qui donne Sens. La carte
est un instrument de communication, qui, pour être efficace,
doit être renforcé et surdéterminé.
C’est pour cela que tout le chapitre sera consacré à
des exemples de réalités homologues et d’éléments
isomorphes. Une carte de cohérence est la projection sur
un plan, celui de la feuille de papier, de l’ensemble des Sens
de la cohérence. Cette projection s’organise autour d’un
centre (centre de cohérence) et est repérée
par deux axes.
Chaque point sur la carte représente
un Sens dans la cohérence. Ce Sens est repérable
par rapport aux axes qui ne servent que de repères dans
le plan pour caractériser une cohérence donnée.
Les axes d’une carte de cohérence représentent
deux couples de Sens opposés.
Ces Sens sont exprimés avec des
mots, un mot ou une collection de mots isomorphes pour ces Sens
là. Par exemple relier-séparer, ces deux mots portent
chacun un Sens opposé que peut représenter un axe.
Les mots utilisés sont choisis pour leur justesse de Sens
et leur possibilité d’activation pour l’utilisateur. Ils
ne correspondent pas forcément aux réalités
de la situation considérée.
Chaque Sens sur la carte peut-être déduit de la
combinaison des axes. Ils forment ensemble des plages de Sens
qui sont des secteurs. Les axes partagent le plan en quatre secteurs
que l’on nomme champs de la cohérence.
Dans le secteur et les champs on peut porter
cette fois des réalités. Par exemple si une communication
s’établit sur un secteur de Sens particulier, toutes les
réalités de la situation (dimensions, mots, objets,
circonstances, etc…) seront placées dans ce secteur,
elles sont homologues et leurs objet isomorphes pour ces Sens
là.
Elles sont placées ensemble sur
la carte parce qu’elles sont homologues et le fait qu’elles soient
mises ensemble active et surdétermine les Sens en question
pour l’utilisateur de la carte.
Celle-ci fonctionne donc à deux niveaux, celui des réalités
qui y sont inscrites, et celui des Sens qu’elles représentent
et qui sont réactivés pour le lecteur. Cette réactivation
lui permet d’ailleurs d’y placer d’autres réalités,
homologues des précédentes, ce qui enrichit la
carte.
C) Origine de la carte générale
des cohérences
(la première de trois dont deux
établies plus tard)
Tout ce qui précède est applicable à cette
carte de cohérence générale. Carte de toutes
cohérences, elle est la projection de tous les Sens possibles.
Ce caractère universel permet l’universalité de
son utilisation. Elle représente ainsi toutes les situations
et processus de communication. Elle doit, pour être valide,
vérifier cette possibilité mais aussi être
fondée en théorie. C’est l’objet de la théorie
des Cohérences Humaines de justifier notamment les fondements
de la carte générale des cohérences. Ils
seront partiellement évoqués par la suite pour
en approfondir les différents champs. Cette carte générale
est aussi la cohérence globale qui structure l’ensemble
de l’histoire individuelle et de l’histoire humaine. On montrera
comment elle s’applique et s’appuie sur des données mythologiques,
culturelles, et même psychanalytiques.
Son caractère universel fait aussi qu’elle s’applique
à toutes réalités. Elle est valable aussi
bien pour des questions de communications professionnelles, que
pour des relations plus intimes ou pour des problèmes
plus graves ou plus légers. Entre toutes les réalités,
il y aura des différences d’intensité (distance
au centre). Une forte activation correspond à une plus
grande distance au centre et à une manifestation plus
"forte".
Remarques importantes – Toute situation réelle
a sa propre cohérence qui peut être projetée
sur la carte générale. Sur celle-ci on pourrait
établir un profil de Sens particulier qui ferait apparaître
notamment la tendance majeure qu’on appelle le Sens de la situation.
Dans la suite on parlera de tendance, ou
de Sens pour des réalités en faisant référence
à cette tendance majeure et en négligeant les autres
Sens. Ce Sens dominant a cependant comme caractéristique
d’être celui de la dynamique globale de la situation qui
conduit à ses aboutissements ou ses résultats.
Même s’il n’explique pas toutes les réalités
il en est le plus signifiant (de ce Sens).
On fera aussi par la suite une autre approximation qui consiste
à traiter tout un champ, secteur de Sens, comme un même
Sens. C’est une simplification qui permet de balayer l’espace
des Sens en quatre grandes classes. Pour ne pas tomber dans le
piège réducteur qui considérerait les axes
comme des barrières, on décrira ensuite d’autres
secteurs (centrés sur les axes).
d) Les axes de la carte générale
A partir de maintenant il faut passer du général
au particulier sur le plan des Sens et exprimer les véritables
Sens de la carte générale des cohérences.
On va travailler avec les Sens réels en jeu dans les situations
de communication projetée sur la carte générale.
– l’axe vertical – les termes HAUT – BAS exprimant
le plus justement ses deux Sens. La carte générale
est en effet liée à nos représentations
spatiales et ici la verticalité. Ce n’est donc pas une
coïncidence ni un choix simpliste qui fait retenir ces termes.
Il faut, comme toujours par la suite, les prendre comme Sens
et non comme état ou position. Haut rappelle tout ce qui
s’élève, hauteur de vue, élévation
d’esprit, croissance, montée matérielle, etc…
On parle bien, couramment, de sentiments élevés
! Ce n’est pas un hasard si on utilise un tel qualificatif pour
exprimer du Sens. A l’opposé ce qui s’abaisse, se rétrécie,
tombe, va vers le bas. Chute, bassesse, repli, sont isomorphes
de ce Sens avec le bas.
– l’axe horizontal – Bien qu’ils marquent la
gauche et la droite, les termes les plus justes sont INTERIORISATION
et EXTERIORISATION. Il s’agit de Sens, de mouvements à
partir du centre de la carte. Intériorisation marque ce
qui tend vers soi, vers l’intérieur, le dedans, vers aussi
le coeur ou le centre des choses. Extériorisation va au
contraire vers le périphérique, l’extérieur,
ce qui se montre, le superficiel des choses, l’apparence.
L’intériorisation est plus le Sens de l’intérêt
pour l’essence des choses, l’extériorisation au contraire,
pour leur apparence formelle.
e) Les quatre champs de la carte générale
des
cohérences
Nous allons en amorcer la description par quelques indications
générales. Ce qui importe c’est l’isomorphie de
ces indications, c’est-à-dire leur Sens commun. Les champs
sont désignés chacun par un terme qui n’intervient
que pour ses Sens qui sont ceux des champs correspondants. Il
ne faut pas leur attribuer ici d’autres Sens que ceux pour lesquels
ils sont utilisés ici par convention. Ils ont néanmoins
un intérêt assez général pour les
avoir choisis comme à la fois les plus pratiques et les
plus justes.
Tout d’abord en haut et à droite, entre les axes "haut"
et "extériorisation", se place le champ dit
de la CONQUETE.
Cela correspond à ce qui s’élève en s’extériorisant
et en particulier ce qui s’échafaude, se construit, est
en expansion. Ce qui va de l’avant en croissant. C’est aussi
le champ des échelles, donc des hiérarchisations,
celui aussi du spectaculaire, du visuel, du montré. Au
croisement on trouve aussi l’héroïsme avec ses formes
les plus courantes. Ce champ de la conquête est celui du
jeu des formes, des apparences. C’est aussi le champ du formel,
de l’objectivation où les réalités sont
considérées sans le Sens.
On tend à discriminer les choses, à les mesurer.
Cette mesure est aussi celle du droit et donc des jugements binaires
(bien/mal). La conquête est celle de territoires réels
ou symboliques : marchés, statut social, places, identité,
public, chiffres d’affaires, objets, quantités. Ce champ
privilégie le quantitatif mais aussi le qualitatif sur
le plan formel esthétique ou en vertu de valeurs conventionnelles.
Tendances :
CONQUETE : conscience des réalités,
inconscience du Sens.
DEGRADATION : destruction du Sens et/ou des réalités
INVOLUTION : Sensibilité, irréalité.
ACCOMPLISSEMENT : conscience du Sens des réalités.
En bas à droite, l’EXTERIORISATION se croise avec le Sens
du BAS inverse du HAUT. C’est le champ de la DEGRADATION. Au
lieu de construction, il s’agit de destruction. Au lieu de progrès,
de conquêtes, il s’agit de chutes, d’échecs. La
DEGRADATION se traduit par des souffrances, des malaises, des
peurs et angoisses. Il s’agit de destruction de Sens (angoisses,
culpabilités, chantages…) ou de destruction de réalités
(douleurs, maladies, blessures, dysfonctionnements). Avec des
degrés divers, le champ de la dégradation est celui
du pouvoir de destruction d’autrui, sous de bonnes raisons en
général. La dégradation équivaut
aux décompositions, aux pourrissements, aux enfermements,
ou aux rejets et exclusions. Ce champ est aussi celui de la faute
culpabilisante (la chute, l’échec) de ce qui est sale
ou vécu comme tel. La peur du mouvement, de l’agitation
s’y traduisent par l’immobilisme, ou une recherche de l’ordre
à tout prix ou au contraire l’agitation frénétique
avec des pulsions révolutionnaires ou revendicatrices.
Les Sens du champ de la dégradation sont difficilement
conscients surtout dans les situations où l’on est soi-même
impliqué. Pourtant on ne peut nier que cela fait partie
de ce qui existe et se produit avec des extrêmes ou de
façon plus nuancée dans bon nombre de situations
courantes.
Si l’on poursuit le parcours sur la carte, en BAS mais cette
fois dans le Sens de l’INTERIORISATION, on rencontre le champ
de l’INVOLUTION.
Au lieu de souffrance, il s’agit maintenant plus de plaisir,
plaisirs des sens notamment. L’involution est un repli vers l’intérieur,
le centre, le Sens des choses et, vers le bas, le petit, le repos.
Ces Sens sont de confort, de sécurité, de protection,
de chaleur. On tend à relier et réunir de façon
fusionnelle en niant éventuellement les différences
et les niveaux. D’une manière générale ces
situations sont sans conflits mais aussi sans ambitions réelles.
On s’y complaît facilement dans le rêve et le plaisir
au prix d’un grand irréalisme. Ce champ est exactement
de Sens opposés à celui de la conquête.
L’INTERIORISATION passe ensuite dans le Sens du HAUT avec L’ACCOMPLISSEMENT.
Les situations de l’accomplissement tendent à une conscience
du Sens des réalités. Elles sont toujours pour
les individus un enrichissement de leur personnalité même.
Il ne faut pas confondre avec ce qui, dans le champ de la conquête,
serait d’extériorisation, d’apparence, de référence
sociale. Ici il s’agit de la personne en elle-même. Les
relations du champ de l’accomplissement placent les partenaires
dans une situation commune d’oeuvre ou d’entreprise rattachée
à des finalités personnelles et collectives sans
aucune contradiction. Dans ce champ les réalités
sont créées ou mises en oeuvre mais toujours en
conduisant à plus de connaissance, de soi et des choses.
De ce fait la créativité, en tant que processus
de création, compte plus que le produit. Ce dernier intervient
comme effet ou cause. Le champ de l’accomplissement est moins
facile à caricaturer notamment parce qu’il n’est pas toujours
très démonstratif dans la plupart des situations
culturellement courantes. Il correspond cependant à tous
les cas visés par une recherche de changement personnel
(ou collectif) qui va avec une meilleure connaissance et une
plus grande conscience.
Ce champ de Sens inverses de ceux de la conquête et de
l’involution, s’oppose radicalement à celui de la dégradation.
Il n’oublie ni les réalités, ni le Sens mais articule
les deux niveaux par leur connaissance. Il place ainsi la dimension
personnelle au centre, mais au centre de ses réalités.
f) La troisième dimension
La carte générale des cohérences ainsi exprimée
est une projection sur la feuille de papier dans un schéma
à deux dimensions. Une carte plus riche et plus juste
serait possible en utilisant une troisième dimension.
Elle serait alors difficile à représenter et à
conceptualiser. par contre elle présente un grand intérêt.
Dans ce cas on prendra simplement les quatre champs précédents
chacun dans ses deux orientations selon la troisième dimension.
Le troisième axe a pour Sens ETRE
et NON-ETRE. Il n’est pas utile d’en explorer ici toutes les
significations et toutes les justifications. On peut néanmoins
souligner que le Sens ETRE, correspond aux situations où
les personnes considèrent les choses à partir d’elles-mêmes.
Par exemple un chef d’entreprise qui s’autorise de lui-même
à diriger selon ses propres motivations. Le Sens NON-ETRE
correspond aux situations où les personnes considèrent
les choses à partir d’autres ou de références
extérieures autour d’elles . L’exemple est celui de quelqu’un
qui cherche dans l’expérience d’autrui ou ses compétences,
un exemple, des motivations, une réponse à ses
propres questions. Ces deux Sens de part et d’autre de la carte
générale seront explicités par la suite
dans leur complémentarité.