Manifeste de l’Humanisme Méthodologique
19 Août 2021
Souvent, au nom de l’humanisme, la civilisation humaine s’est traduite par un évitement de l’humanité et de son accomplissement. Il est vrai que les âges de maturation humaine, au lieu de grandir en humanité, ont aussi justifié des réductions ou des régressions, souvent à l’occasion de crises.
Nous sommes dans un moment de crise majeure où justement des paradigmes régressifs ou réducteurs se manifestent alors que le paradigme humain et communautaire émerge pour aborder une renaissance majeure de civilisation qui reste à construire.
Une pandémie qui touche l’humanité dans toutes ses nations les déstabilise pour le meilleur et le pire. Toutes les civilisations sont inquiètes ou conquérantes, fortes de leurs paradigmes dont elles cherchent les sources hors de l’humanité.
Un âge nouveau de « maturescence », émerge progressivement au milieu des turbulences de fin de mondes. Le monde est de nature humaine, telle est la leçon d’un nouveau paradigme au milieu du fratras des anciens paradigmes qui se veulent nouveaux, avancés, victorieux, faute d’en connaître les fondements humains.
L’Humanisme Méthodologique est une pensée pour l’action, en vue de l’accomplissement humain. Il comporte :
- Une « théorie » de l’humanité et du monde humain, c’est à dire un chemin d’intelligence et de connaissance de l’homme et des phénomènes humains mais aussi celui des réalités et des mondes de nature humaine : univers. Il n’y en a pas d’autres.
- Une ingénierie humaine appuyée sur une intelligence symbolique avec une nouvelle maîtrise de l’imaginaire et les « algorithmes » culturels ou processus de l’action dans toutes les affaires humaines.
- Un chemin d’accomplissement personnel et communautaire selon le Sens du bien commun et ses valeurs indicatrices avec tous les enjeux communautaires : le politique et la démocratie, l’éco-nomie de la maison commune, l’éco-logie, avec toujours leurs trajectoires d’accomplissement (empowerment).
L’Humanisme Méthodologique est né d’une expérience complexe, d’origine scientifique, de projets de développement, de méthodes de créativité foisonnantes, de psychologie et sociologie des profondeurs, d’inspirations multiples des phénomènes humains et d’interrogation sur l’origine et la cohérence des situations et des affaires humaines.
C’étaient là les prémisses du paradigme humain et communautaire. Toute réalité est réalisation d’expérience humaine, à la fois personnelle et communautaire:
- L’esprit ou l’âme spirituelle est Sens, Cohérences et ConSensus, tous au pluriel.
- L’existence des réalités du monde dans toute leur complexité, est d’expérience humaine, y compris notre propre existence individuelle et aussi communautaire, selon les structures expérientielle (cohérencielle) de l’humanité.
Tous les paradigmes sont le développement de « postures » humaines, tant pour « réaliser » les réalités, que pour envisager l’action et en postuler une visée.
De ce fait, tous les paradigmes sont de nature humaine mais la plupart supposent un évitement de l’humanité, caractéristique de chacun.
La crise de civilisation actuelle récapitule sinon intensifie les paradigmes traditionnels et leur déni d’humanité. Elle prépare un âge de maturescence celui aussi du paradigme d’humanité.
Les postures et paradigmes traditionnels en crise
1- La posture matérialiste
Où s’impose la quantité de facteurs dont nous serions un simple état statistique nécessaire, dérangé néanmoins par des signes d’humanité en faute. Le temps des calculateurs n’est pas épuisé.
2- La posture spéculatrice
Où le hasard et le sort règnent en maîtres, sauf tentatives individualistes de captation ou de séduction pour « tenter le sort ».
3- La posture structuraliste
Tout nait là de formes premières par conformité, conformation, et conformisme. C’est le fondement de toutes les idéologies et leurs modèles.
Toutes ces postures sont à la fois ébranlées dans la crise mais aussi s’affirment et se défendent.
Trois paradigmes en expriment la nature, les modes d’action et d’interprétation du monde et des choses. Y figurent les hommes eux-mêmes, en crise.
- Le rationalisme idéaliste (les normalisateurs)
La Raison explique tout et éclaire les plans idéaux auxquels une civilisation s’est identifiée. Les pays d’ordre comme la France ou l’Allemagne des lumières sont ébranlés par la crise de ce paradigme. L’Occident et d’autres cultures de la Raison se sentent ébranlées.
- Le paradigme de la puissance (les dominateurs)
Ancré dans des passions aux racines inconscientes, ce paradigme explique le monde par l’affrontement des puissances et même des toutes puissances pour les intégrismes. Engagé dans des pouvoirs d’emprise pour défaire l’emprise des autres et leur pouvoir maléfique, il est miroir d’une impuissance qui se masque par toutes les interprétations opportunes ou para-noïa (un terme d’épistémologie spécifique).
- Le paradigme naturaliste systémiste. (les accusateurs)
Depuis toujours, la « Nature » est considérée comme la source de toute chose, y compris les choses humaines et qui les régissent. Inspiré par les autres paradigmes tout en les récusant, il s’est présenté comme « nouveau paradigme » depuis quelques décennies. Il a intégré « les lois de la nature » par lesquelles les sciences veulent confirmer cette origine, les processus agissant et en final défendre le bien planétaire (et bientôt cosmique). La nouveauté d’une pensée systémique amputée de l’intentionnalité humaine n’a fait qu’accroître et actualiser la présence de ce paradigme. Les systèmes monde, régis par les lois de la Nature, s’avèrent perturbés par la tentative de transgression des humains devenus coupables. Schizophrénie.
– Le paradigme humain communautaire (les éducateurs)
Le paradigme humain est la source de toute science et conscience de tous les autres paradigmes. La nature humaine est première et la nature des choses seconde. Qui peut dire le contraire sans nier son humanité?
Le paradigme humain communautaire est la posture de connaissance, d’action et d’accomplissement émergente. Il demande un autre âge de maturité pour être source d’entreprise des mondes humains à toutes les échelles, celles notamment de toutes les communautés où s’inscrivent l’existence et le devenir de l’humanité en chacun et en tous.
Et maintenant il nous faut :
– Repenser nos réalités de tous ordres pour y reconnaître l’humanité dans sa profondeur spirituelle mais aussi identifier les composantes de toute expérience humaine qui constituent en fait l’existence des choses.
- Intégrer et s’approprier l’ingénierie humaine pour intervenir dans les affaires communes avec les bienfaits de l’intelligence symbolique.
- Reconnaître le phénomène humain communautaire et ses multiples occurrences: les cultures propres, le Sens du bien commun et les valeurs propres associées, la gouvernance d’une trajectoire d’empowerment au travers par exemple des conceptions renouvelées du politique et de la démocratie, de l’économie communautaire, de l’écologie, elle aussi communautaire etc.
- Proposer des apprentissages et des pratiques à toutes les échelles où se manifestent les phénomènes humains novateurs désirables d’un monde à construire.