Le concept d’algorithme. Les Bases

Roger Nifle
Institut Cohérences
Laboratoire d’Humanisme Méthodologique
8 Février 2020

Introduction

Les algorithmes sont des processus agissants. La puissance d’algorithmes calculatoires, basés sur un grand nombre de données et des ordinateurs de grandes capacités de calcul avec des modèles tirés d’interprétations du fonctionnement du cerveau semble procéder d’une sorte intelligence artificielle (IA).

Des démonstrations de réussites dans de nombreux domaines d’application semblent ouvrir de nouveaux espaces à l’intelligence humaine équipée de ce substitut comme d’une prothèse nouvelle. C’est en effet le cas lorsque une connaissance plus fine des situations en médecine ou dans les comportements humains par exemple semble ouvrir des horizons insoupçonnés. Ces perspectives sont étayées par l’auto apprentissage que développent les algorithmes (deep learning et machine learning).

Cependant sont vite apparues des limites et des problèmes de différents ordres. Des biais dans le choix et la constitution de ressources de données biaisent les résultats. Des interrogations sur la responsabilité et la transparence des décisions et des processus sont soulevées. Des questions éthiques sont posées quant à la contribution au bien commun ou même l’existence d’entreprises destructrices qui utilisent ces moyens nouveaux au service de puissances délétères.

En fait il ne faut pas s’étonner quune réduction de laction au calcul laisse de côté une grande part de lexpérience humaine et donc toute maîtrise possible de ces dimensions.

Aussi peut-on s’interroger sur la possibilité de concevoir et mettre en œuvre des « processus agissants » qui intègrent toutes les dimensions de l’expérience humaine. C’est l’enjeu des algorithmes humains, tant pour corriger et compléter les développements de l’intelligence artificielle que pour en développer de nouveaux types dans différents domaines. Ce sont là les propositions basées sur les algorithmes humains qui font aussi appel à l’intelligence symbolique (ou intelligence du Sens).

Les ressources

Elles sont issues de l’Humanisme Méthodologique  d’abord comme philosophie de l’action.

Sont proposées : – Une théorie anthropologique des phénomènes humains qui nous renseigne sur l’expérience, les situations et les affaires humaines- Une ingénierie humaine du développement pour les communautés, les organisations et les personnes et leurs projets

L’Humanisme Méthodologique propose notamment une compréhension de la notion de paradigme comme résultants de postures ou positions d’être. Elle s’assorti de la mise en évidence pour chaque paradigme d’une corrélation entre modes de connaissance (épistémologie), processus d’action (praxéologie), dimension éthique (axiologie).

Les trois sont concernés dans les problèmes soulevés par l’Intelligence artificielle et ses algorithmes calculatoires et aussi dans les algorithmes humains qui ressortissent d’un autre paradigme.

Nous sommes dans une période de chargement de paradigme. Le thème n’est pas récent et il peut schématiquement être ramené au passage d’un rationalisme causal idéaliste à un naturalisme systémique. C’est à cette dernière catégorie qu’appartient l’intelligence artificielle et donc l’utilisation des algorithmes calculatoires. On y perd de vue l’agir humain et notamment l’éthique, réduite à des conformités fonctionnelles. Le réductionnisme systémiste est la source des problèmes rencontrés avec l’Intelligence artificielle.

Il y a un cependant un nouveau « nouveau paradigme » avec le paradigme humain que développe l’Humanisme Méthodologique et qui réuni les trois dimensions, la connaissance, l’action et l’éthique. Ce sont des phénomènes humains y compris lorsqu’ils utilisent des moyens de calcul, conçus et pilotés par les hommes.

Les algorithmes humains

1 – Théorie générale

« L’ agir humain » est la faculté par les hommes de transformer leur milieu et eux mêmes. C’est ce que développe une philosophie de l’action (humaine). Pour le pire et le meilleur mais on s’intéressera surtout au meilleur.

Il comporte d’abord trois dimensions :

– Une intention, celle d’un sujet humain sub-jective par définition

Lintention est une disposition orientée du sujet. Elle peut être consciente ou non, autonome ou sous influence, déterminée ou fluctuante, partagée ou non. Elle peut sexprimer comme motivation, aspiration, volonté, inspiration, direction ou espérance etc.

– Des conditions ou une situation qui comporte un certain nombre de paramètres, ob-jectifs (numérisables) 

La situation est désignée par un objet central et la combinaison de multiples acteurs et facteurs. Ses composantes sont analysables qualitativement et quantitativement. La situation est statique ou évolutive.

– Un développement ou dynamique cinématique, qui résulte des deux premiers avec un enchaînement de phases qui progressent vers un but (pro-jectif)

Le développement cest la progression de la situation selon lintention et ce, selon un but évaluable donc associé à une « échelle de valeurs ». Cela suppose que cette échelle de valeurs soit identifiée.

Les trois dimensions de l’expérience humaine de l’action déploient aussi trois composantes.

– Une composante dynamique (énergétique), la mobilisation, conjuguée aux émotions et autres sensibilités qui naissent de la conjugaison des intentions et des conditions dans les relations et les rôles humains.

– Une composante logique. Elle s’exprime par des concepts, des modèles, des visions, des schémas (équations, algorithmes logiques, plans, etc.). Elle projette l’intention dans une trajectoire de développement (dynamique cinématique).

– Une composante factuelle ou celle du « faire » et des opérations efficaces. Faire est une composante de l’agir, souvent confondus. Faire peut viser un résultat. Agir vise à atteindre un but

Les algorithmes humains mobilisent ces dimensions et composantes constituant un processus agissant c’est à dire qui d’abord vise à atteindre un but et procède ensuite par des composantes de l’expérience humaine. On notera que le calcul n’est qu’un des moyens humains, incarné dans une machine matérielle ou formelle. Si on oublie les autres dimensions c’est d’un réductionnisme qu’il s’agit.

Il faut rappeler sans cesse que le terme dalgorithme est multiséculaire et la notion dalgorithme quelques fois attribuéà Euclide comme processus qui mène à une fin. Les usages actuels ne sont que des dérivés parcellaires. Cela pour dire que cest toujours une volonté humaine et un engagement de moyens conçus et utilisés par des hommes pour atteindre des buts qui ne valent que pour des hommes. Le lien entre lappareil logique et opératoire et les hommes sources, participants ou servis est oublié ou même méconnu. Cest ce que veux restaurer le concept et la mise en œuvre des algorithmes humains grâce à une philosophie de laction (humaine) et lingénierie (humaine) qui laccompagne.

Définitions dusages

Le concept général

L’algorithme humain est un processus (humain) agissant et intégrant toutes les dimensions objectives, sub-jectives, projectives de l’expérience humaine et ses composantes : dynamique énergétique (mobilisation ), représentations logiques, opérations factuelles.

Les algorithmes humains sont des processus souvent inconscients ou se tenant dans une conscience partielle. Dès lors qu’on en connaît les fondements anthropologiques il devient possible de connaitre ou concevoir des algorithmes pertinents, cohérents et performants.

Par la suite ils seront « mis en œuvre » c’est à dire développés selon les sources humaines de l’agir (activation, actualisation, conSensus) et le processus de développement progressif, controlé par des évaluations se référant aux indicateurs du Sens du bien commun que sont les valeurs et échelles de valeurs.

Une démarche algorithmique comprend donc deux phases: conception et mise en œuvre.– La conception : Problématisation et processus de création

Concevoir un processus algorithmique commence par bien poser le problème ce que nous appellerions la problématisation. Il est très courant dans une approche mécaniste de l’action  d’oublier de poser les problèmes, de problématiser les situations au profit d’une répétition logique formelle et matérielle dont on ne sait pas toujours évaluer l’aboutissement.

La première question est la suivante: quel est le sujet initiateur, porteur d’une intention à élucider et à l’adresse de qui, personne ou communauté humaine (petite ou très vaste).

La deuxième question est: quel est l’objet et le contexte sur lequel l’action devra porter. 

La troisième question est: quel est le Sens du projet,  celui qui va être porté par l’intention subjective et qui permet d’identifier les critères significatifs d’analyse de la situation et des conditions initiale objectives.

Cette troisième question établi la significativité des données (ce qui est déjà là) en fonction d’une intention déterminée.

Ce travail relève d’une « intelligence symbolique » ou intelligence du Sens. Elle s’exerce au travers de pratiques comme l’analyse figurative et en tout cas la mobilisation de processus de discernement comme le recours à l’imaginaire alliant discipline et lâcher prise.

Les deux piliers de l’expérience humaine éclairés reste à projeter les résultantes: d’abord un processus de développement dans le Sens de l’intention élucidé et les conditions ou données initiales de la situation.

Cette projection (conception de l’axe du projet) relève d’une créativité nécessaire à la conception de tout algorithme qui repose sur deux singularités : celle de l’intention originale portée par une autorité directrice et celle portée par la situation toujours unique (malgré des similitudes). La conception d’un algorithme est toujours unique même si comme on le verra il est possible de concevoir des algorithmes types.

La conception d’un algorithme est celle d’une stratégie (processus stratégique) d’un récit anticipant sur une histoire à venir,  Cela relève d’une « écriture » où, à partir de la problématisation interviennent différents volets.- Un enchainement avec des buts intermédiaires et des chemins multiples et conditionnels traçant  un parcours anticipé ou dynamique cinématique où les boucles récursives participent à la progression.- Un schéma logique qui va du concept à la schématisation en passant par des représentations, visions, scènes et mises en scènes.- Un organisation opérationnelle mobilisant outils techniques méthodes et toute autre moyen efficace mobilisant les paramètres en jeu et les phénomènes de production d’effets comme par exemple les opérateurs symboliquement structurants relevant de l’intelligence symbolique en pratique.- Un jeu de rôles et de mises en situation et en relations qui génère la dynamique énergétique ou mobilisation des acteurs sans lesquels pas de mouvement, pas de cinématique, pas de processus.

– La mise en œuvre

Si la conception peut déjà réclamer une certaine concertation, la mise en œuvre est un engagement assorti d’une appropriation du processus selon la conception qui en a établi la scénographie. Appropriation signifie faire sien individuellement et collectivement.

Les dynamiques humaines résultent de cette appropriation et sont engagées selon l’axe du bien, commun si la gouvernance est assurée.

De ce fait le chemin de réalisation est aussi celui d’une progression non seulement des étapes mais aussi celle de la maîtrise des acteurs, niveaux d’intelligence individuelle et collective. On notera que si l’intelligence symbolique est utile pour la conception, la réalisation part d’une appropriation progressive. Agir c’est progresser dans la valeur et dans sa maîtrise et les modes d’intelligence associés.

Selon le plan établi initialement qui n’est pas un plan formel et immobile, trois étapes d’engagement de l’algorithme sont à prévoir.

– L’engagement progressif des acteurs, des rôles, et de leur animation. Cet engagement met en mouvement, « dynamiques énergétique, mobilisations ». Il se poursuivra progressivement tout au long du processus dont il est le moteur.

– L’engagement des opérations, des opérateurs et des moyens de production. S’il y a des opérateurs matériels, mécaniques, il y a aussi des opérateurs symboliques agissants comme par exemple sur le moteur énergétique précédent, sur la maîtrise technique (informatique par exemple) et l’apprentissage de la maîtrise pratique de l’expérience jusqu’à celui de la conception des avancements. L’enjeu factuel de production des effets attendus participe au ressourcement individuel et collectif et aussi par cet apprentissage à un développement des compétences opérationnelles.

– Enfin vient l’engagement de l’appropriation de la vision, la conception logique, l’intelligence collective, formelle et rationnelle. 

Ainsi le processus algorithmique atteint des buts qui intègrent ces trois volets et au-delà la progression humaine des personnes et des communautés concernées. Y aurait-il des buts qui ne servent pas les hommes dans leur progression d’humanité. C’est la carence des conceptions seulement mécanistes ou formelles que d’y manquer ou du moins de ne pas en tenir compte sciemment.

Cela considéré la trajectoire n’est pas achevée. Une nouvelle phase se révèle, celle de l’empowerment individuel et collectif. Elle comporte les dimensions de maîtrise développées en cours de route mais au-delà la maitrise de la gouvernance des bénéfices de l’algorithme humain. Celui-ci amène  à la responsabilité politique, intellectuelle et technique des affaires humaines.

La gouvernance des affaires humaines est justement celle des dimensions de l’expérience humaine qui servent de base à son action. La spirale du progrès humain est ainsi engagée par le processus algorithmique.

On notera que les trois composantes du paradigme humain mobilisé engagent, au-delà de l’action, tout ce qui relève de la connaissance et de l’éthique.– Lalgorithme humain est il auto-mobile ?

Le développement humain, dans les affaires humaines est toujours un chemin d’autonomisation, la traduction française d’empowerment. Mais si l’autonomie est un horizon qu’est ce qui engage le cheminement. On a vu que la problématisation et la conception sont des préalables même si dans certains cas ils engagent très tôt le mouvement.

L’algorithme est comme un véhicule de « transport en commun » des parties prenantes. Y a t-il action ou algorithme sans parties prenantes? Non c’est l’erreur des réductionnismes qui ignorent tout sujet intentionnel.

L’algorithme-véhicule comporte une direction à tenir, c’est l’intention d’un sujet avec toutes les complexités aperçues.

Il est porteur de ressources que la situation, et ses acteurs apporte. Descriptions objectives, quantifications, enregistrements des données significatives. Dans le contexte, l’environnement, des composantes sont dédiées comme ressources.

On vient maintenant à considérer le moteur de l’algorithme ou dynamique énergétique. On l’a vu c’est la conjugaison de l’intention directrice avec les ressources objectives qui meut comme provoque les émotions qui l’accompagne. Le moteur utilise la puissance du ConSensus qui dépend du nombre de parties prenantes et qui n’est pas sans rapport avec le dénombrement et la numérisation des réalités contextuelles.

Direction, ressources, moteur, il y a aussi la vision et les représentations du chemin, la trajectoire logique et les dispositions à prendre. C’est toute une compréhension de ce qui se passe, une connaissance qui permet de rectifier la trajectoire selon les conditions rencontrées et bien sur une anticipation.

Des opérations sont guidées par ces trajectoires et produisent leurs effets portant sur la situation qui se trouve transformée sous la même direction, faisant aussi évoluer le moteur et ses ressources, épuisements et ressourcements.

L’énergie est humaine et ce sont les hommes qui agissent progressivement par le processus algorithmique.

Les buts sont humains et leur évaluation dépend des valeurs de la communauté concernée. Là se trace l’histoire du progrès humain partout où il y a problème et responsabilité engagée. L’auto mobilité des hommes conduit à leur autonomisation.

Cel suppose discernement et maîtrise des algorithmes agissants.

Algorithmes thématiques

Toutes les affaires humaines réclament un algorithme de résolution c’est-à-dire de progression et d’autonomisation. Traiter les problèmes, réaliser des ambitions, n’a pour but que le bien humain, un développement de la maturité et de la maîtrise de son devenir, même lorsqu’il s’agit de réparer ou d’accompagner. L’agir humain peut être dévié vers des enjeux de destruction ou c’est par exemple l’exercice de la force ou bien vers des objectifs abstraits par réduction et déni de l’intentionalité au profit d’un seul fonctionnement et donc de la possible maîtrise humaine et du grandir en humanité comme buts. Cela n’empêche pas de prendre la mesure des conditions ou d’utiliser des outils de tous ordres.

La où il y a activité humaine il y a un algorithme à concevoir et mettre en œuvre. Ils sont implicites chaque fois qu’il y a une certaine maîtrise humaine engagée et développée. On pourrait alors concevoir des classes d’algorithmes pour tous les projets de développement ou ce qui y concoure.- Développement des personnes comme par exemple l’éducation tout au long de la vie.- Développement des organisations, entreprises, institutions, associations etc. Avec les constantes et la diversité des situations et des enjeux.- Développement des communautés humaines : sociétés, territoires, groupes, nations etc.

On notera que le développement de projets, élaborations et réalisations, s’inscrit toujours dans l’une ou l’autre des ces classes et y trouve son Sens.

Cela couvre tout le champ des activités humaines connues ou à venir.– Les algorithmes culturels de développement des communautés humaines

Introduction

Les communautés humaines sont la condition de toutes les situations humaines. Les langages, la connaissance, les pratiques et les valeurs sont culturels c’est à dire appartiennent à la culture d’une communauté spécifique. Un certain universalisme a voulu gommer les différences en éliminant les communautés et leurs cultures. Il s’est d’ailleurs posé comme le propre d’une civilisation et donc d’une communauté culturelle (européenne notamment) englobante. Il est vrai que beaucoup de cultures se veulent universelles pour dominer toutes autres.

Ainsi plus les algorithmes se veulent universels plus ils ignorent la condition humaine qui est communautaire et par suite les conditions culturelles dont les valeurs, les usages, les responsabilités. C’est d’ailleurs ce qui explique bien des biais algorithmiques et les défaillances de « l’intelligence artificielle ».

Les communautés humaines sont des communautés de personnes humaines. Cependant elles forment aussi des communautés de communautés des plus proches au plus vastes comme par exemple des communautés de proximité, des communes, régions, nations, l’Europe etc.. Par ailleurs chaque personne peut participer alternativement à plusieurs communautés.

Chaque communauté dispose d’une culture qui consiste à cultiver des qualités, des potentiels, des façons de penser, des connaissances, des ambitions, des créations, des réalisations, mais aussi des institutions, des façons de faire et d’agir. La culture est tout un monde voué au développement humain selon un Sens du bien commun qui est propre à chaque communauté.

On doit savoir aussi que les communautés humaines peuvent cultiver aussi des tares, des régressions, des travers, ce qui fait que le bien humain n’est pas automatiquement assuré. On sait que les meilleures technologies peuvent être utilisées pour des destructions physiques et morales. On sait aussi qu’elles peuvent y faire preuve d’une certaine habileté.

Il y a encore un facteur majeur dans la compréhension des communautés humaines c’est leur degré de maturité donc de responsabilité, ce qui est capital pour définir et engager un projet de développement. Quatre niveaux sont à noter : – Le niveau archaïque et réactionnel qui caractérise des communautés immatures, passionnelles réactionnelles.– Le niveau primaire, celui des savoir faire et des habiletés pratiques qui caractérisent aussi leur culture– Le niveau secondaire, celui des représentations mentales, connaissances, œuvres intellectuelles, créations, visions du monde, modèles etc.– Le niveau tertiaire de maturité qui est celui des responsabilités et d’un vocation de service de la maîtrise des personnes et d’autres communautés.

Il y a des corrélations évidentes entre la maturité des personnes et celle de leurs communautés.

La culture des communautés dans le Sens de leur développement est dotée d’une façon d’agir qui lui est propre : son algorithme culturel.

L’agir peut être conçu comme exercice de puissance, habileté pratique, intelligence mentale ou maîtrise humaine du développement. La maturation culturelle n’élimine pas les compétences antérieures. De même une échelle d’intelligences accompagne l’échelle de maturation. L’intelligence sensible, l’intelligence pratique, l’intelligence mentale, l’intelligence symbolique. L’intelligence dite artificielle ne serait pas une intelligence humaine mais peut-être une imitation de l’intelligence humaine.

Identification des algorithmes culturels

S’il est interessant d’envisager aussi le cas des communautés de proximité ou de communautés culturelles non territoriales (religions, communautés d’affinités, organisations socio-politiques…), on retiendra ici ce que nous appellerons les communautés politiques ou territoriales : communes et leurs groupements (communautés), villes et quartiers, pays, départements, régions, nations, communautés de nations. 

Tout d’abord chacune de ces communautés est une « communauté culturelle » dont on peut élucider le Sens du bien commun qui lui est propre. (Méthodes de l’Humanisme Méthodologique). Ce Sens du bien commun s’exprime par des valeurs propres qui en sont des indicateurs. Il est possible de définir un référentiel de valeurs propres ce qui est utile pour « mettre en valeur » le territoire concerné, à des fins touristiques par exemple, mais aussi l’image de soi d’un « nous » communautaire.

Le « nous » s’exprime par une certaine vision du monde et une identité propre qui s’y exprime. On ne comprend pas le monde de la même façon d’une culture à l’autre et en conséquence sa propre identité et plus généralement tout ce qui est en jeu dans les cultures humaines. L’économie, l’éducation, les technologies, le droit, les usages, mais aussi l’histoire, l’interprétation des évènements du monde, du voisinage ou locaux toutes les représentations sont différentes.

Cependant il reste possible à chaque personne ou communauté de se décentrer vers une autre communauté culturelle et de voir ainsi le monde autrement. Il se trouve que ce décentrage n’est pas toujours conscient et que la multiplicité des représentations n’est pas non plus consciente en général. Il faudrait en venir à l’analyse des cohérences culturelles et au discernement  associé pour que cette conscience soit possible, conscience de la possibilité de plusieurs points de vue et visions associées.

Évidemment c’est une source de biais algorithmiques majeure où des communautés culturelles professionnelles ou institutionnelles voient le monde différemment, n’ont pas les mêmes valeurs et enfin n’ont pas les mêmes processus d’action (algorithmes).

Pour identifier un algorithme culturel la méthode de l’analyse de cohérence culturelle en procure une représentation imaginaire dite homologramme, portant le Sens du bien commun. Si une élucidation est toujours possible par un travail de discernement approfondi il est aussi utile d’en tirer :

Un référentiel des valeurs culturelles, un référentiel d’identité culturelle, une lecture de l’homologramme culturel générique..

Le référentiel de valeurs distingue:- les valeurs subjectives qui identifient un caractère intentionnel une sorte de personnalité de la communauté culturelle dans sa façon de prendre des positions et d’y exercer des responsabilités- Les valeurs objectives contextuelles qui décrivent les situations spécifiques, les ressources et quantités dans un environnement donné.- Les valeurs prospectives qui identifient le devenir et la trajectoire de progrès

Trois autres composantes sont identifiables : le climat socio-affectif ou ambiance, les savoir faire et talents spécifiques, les visions désirables.

Le référentiel identitaire distingue:- L’identité rétrospective au travers des traces significatives d’un passé significatif : D’où venons nous?- L’identité introspective ou caractère reconnu auquel s’identifie la communauté : Qui sommes nous?- L’identité prospective avec les représentations désirable à terme : Que voulons nous devenir?

Ce travail est bien sur éclairant pour ceux qui conduisent un projet algorithmique mais il fait partie de la centration préalable à la conception et l’appropriation des algorithmes culturels.

La conception dun algorithme culturel particulier.

Tout d’abord l’homologramme nous dit comment ça commence, comment ça fini et entre les deux comment cela se passe. C’est ce récit qui nous donnera ensuite la scène de l’histoire du développement, du progrès humain de la culture.

Tout cela demande un forte identification de l’analyste avec la cohérence culturelle de la communauté, proximité et distance.

L’algorithme culturel de la communauté politique et territoriale est intemporel. Or l’axe de développement de la communauté tel qu’on l’a défini est celui d’une trajectoire de maturation.

Il faudra identifier quel est l’âge de développement actuel de la communauté et connaitre les principes généraux de maturation (humaine). La connaissance de ces âges de progrès et d maturation communautaire est indispensable.

A l’âge archaïque on trouve des communautés passionnelles, émotionnelles. Elles peuvent grandir par des expériences « de se sentir bien ensemble » . Ces expériences sont spécifiques à la culture de la communauté en question et leur conception en dépend autant que de al situation présente. C’est le cas des quartiers difficiles de nos villes mais aussi de communauté engagées dans d’autres Sens que celui du bien commun et se retrouvent au bout du compte dans une immaturité extrême.

A l’âge primaire on trouve des communautés qui partage un « faire en semble ». C’est le moyen de construire un « nous » valorisant qui acquière une estime de soi communautaire. Ce « nous » est support d’identification pour les personnes si bien qu’un cercle vertueux est engagé. Là aussi les opérations, leur organisation et la mobilisation des acteurs doivent être conçues à partir de la cohérence culturelle précédemment éclairée. Cette phase apparaît comme une phase d’apprentissage et de capacité pour les personnes et les groupes de participer au développement, ce qui est aussi la condition d’une démocratie participative.

A l’âge secondaire c’est une intelligence collective qui est à cultiver. Pour cela la participation à l’analyse et à la conception de projets est la voie qui devra aussi être conçue en fonction de la cohérence culturelle propre. Rappelons ici que les méthodes standard normalisent les communautés, ce que l’on voit dans tel pays où l’universel est sensé être l’horizon à atteindre et qui enferme dans des conformismes stérilisants humainement parlant. La démocratie représentative devrait y etre fondée, sauf à venir aux mains de structures standard uniformisantes et, en définitive, infantilisantes.

A l’âge tertiaire c’est la fréquentation de personnalités avancées (maîtres) qui est la voie de développement, développement culturel et développement personnel. La démocratie élective s’y fonde sachant que la personne repère s’inspire aussi d’autres sources. Là aussi il n’y a pas d personnes interchangeables et c’est la culture propre de la communauté qui pourvoi au choix des personnes charismatiques concernées.

Exemples d’utilisation des algorithmes culturels.

Au delà de l’algorithme général d’une communauté la plupart du temps, c’est un contexte et ses enjeux spécifiques qui justifient la conception d’un algorithme ad-hoc, fonction du domaine et de l’âge de maturation. 

Projets de développement territorial (villes, communes etc jusqu’au niveau international)

L’analyse de cohérence culturelle est réalisé après l’écoute de personnes significatives selon la méthode de l’écoute activante qui marque la recherche du bien commun comme disposition d’interrogation. Elle procure l’homologramme qui permet d’établir référentiel de valeurs, référentiel identitaire, et schéma algorithmique culturel général. Ce schéma donne des indications pour aborder le projet algorithmique spécifique à la communauté culturelle.

La concertation et l’appropriation progressive, en général nécessaires ne se ferons que selon les dispositions culturelles favorables différentes de toute autre communauté culturelle. L’idée d’une formule standard pour cette participation est une erreur classique induite soit par un universalisme idéologique soit par une idée mécaniste de ce genre de processus. L’échec est systématique malgré les leurres déployés.

Vient ensuite la conception de l’algorithme spécifique à la situation et aux enjeux actuels. Analyse de situation, repérage du niveau de maturité communautaire sont un préalable réalisé selon les principes précédents. Vient ensuite la conception d’une scénographie algorithmique.

Pour cela une technique de créativité générative va donner des bases de conception de l’algorithme d’intervention et donc aussi des modes de participation et d’appropriation et quelques fois aussi de gouvernance du projet. Il est peut être utile de se référer aux dimensions existentielles de l’algorithme si nécessaire.

La conception du projet peut-être déjà une phase d’appropriation si la communauté territoriale est assez avancée. Dans d’autre cas il faudra envisager des modes de participation qui tiennent compte des niveaux de maturité communautaires. Alors la réalisation du projet est concomitante à cette élaboration. Ainsi l’algorithme de projet communautaire spécifique retrouve comme buts le développement de la maturité et de l’autonomisation au travers de réalisations significatives symboliques même. De même la participation des acteurs se fera utilement au travers d’opérations dites « symboliquement structurantes.

De ce fait l’algorithme de développement territorial se présentera comme un récit, une histoire en marche où les dynamiques humaines, et les registres de travail pertinents participent d’une œuvre commune.

De multiples exemples ont été réalisés.

Quelques applications à des situations spécifiques :

Projets touristiques.

Le tourisme territorial (sites, pays, villes etc.) consiste à mettre en valeur les qualités et potentiels d’une communauté territoriale , son patrimoine, ses qualités et potentiels, ses perspectives d’avenir. Il ne s’agit pas que de tourisme de loisirs  mais aussi de tourisme d’affaires ou d’attractivités spécifiques. 

La mise en valeur doit être portée par la communauté territoriale tant dans la mise en valeur que dans l’accueil des « visiteurs » qui amènent leurs richesses et enrichissent le territoire.

Or ce sont les valeurs culturelles propres que l’on mettra en évidence. Analyse de cohérence culturelle; référentiel de valeurs propres (objectives, subjectives, projectives, référentiel identitaire rétrospectif, introspectif, prospectif; algorithme culturel générique de développement sont les bases sur lesquelles va se mettre en œuvre un processus stratégique : algorithme de conception et réalisation d’un projet touristique.

De ce fait, de par sa cohérence interne, sa pertinence culturelle, sa performance en termes d’appropriation et de développement touristique sera assurée. Nombreux exemples avec ou non un site exceptionnel.

Politiques publiques

Politiques urbaines, politiques de sécurité, politiques d’animation, politiques d’aménagement, politiques économique, politiques sociales, éducatives etc.

A chaque fois l’analyse de cohérence culturelle de la communauté territoriale, ses référentiels de valeurs et identitaires et son algorithme culturel générique sont les préalables pour ancrer la politique publique dans la communauté culturelle.

L’analyse de la situation thématique est indispensable pour aussi évaluer le degré de maturité dans le domaine. On notera qu’une communauté culturelle peut être plus ou moins mature selon les domaines.

La conception, l’appropriation, la réalisation de l’algorithme de développement constituent le processus agissant. Au travers de la thématique engagée c’est toujours la maturation culturelle communautaire qui en est le fruit.

Développement de quartiers.

Un problème récurent est celui des quartiers en difficulté. Les politiques de la ville ont échoué systématiquement depuis des décennies. L’évidence d’une carence conceptuelle et pratique n’a pas encore effleuré les esprits au point que des résultats tangibles sont ignorés.

Les quartiers sont des communautés d’habitants, inscrites dans des villes notamment. Ces communautés sont à la fois le lieu et l’enjeu d’un développement humain individuel et collectif. Deux caractéristiques sont a considérer. Il s’agit de communautés immatures avec des symptômes à la fois de concentrations communautaires archaïques sinon paranoïaques avec un jeu de volontés de puissances et de transgression et des symptômes d’isolement des habitants dans un contexte hostile. L’identité collective n’a pas d’estime de soi et le « nous » communautaire n’est pas constitué et réservé à des communautés  confusionnelles archaïques.

Le fait que les politiques et les services sociaux sont dominés par des idéologies anti communautaires et cautionnées par le développement de communautés marginales enferme les quartiers et donc les personnes qui les constituent dans un stade archaïque.

Y a-t-il une algorithme qui puisse engager une maturation progressive de ces communautés de quartiers? Ce sont elles qui constituent un levier de transformation des personnes dans le Sens du bien commun et qui peuvent résorber les poches communautaires régressives.

L’algorithme générique est celui-ci.

D’abord susciter des situations ou le bien « être ensemble » est vécu et renouvellé.

Ensuite l’organisation de multiples situations de faire ensemble qui construisent les bases d’un « nous » conscient et d’une estime de soi par l’estime de ce « nous ».

Là le quartier est sauvé.

Ensuite une intelligence collective est développée par des groupes de délibération sur des questions majeures du quartier. C’est seulement à l’issue que des projets pourraient être envisagés.

Enfin l’engagement d’une responsabilité commune dans le cadre de la ville en fait une partie prenante majeure (plus quelques fois que la communauté de ville)

Cependant si cet algorithme générique est toujours valable il ne peut être efficient que si à chaque phase une conception en est faite sur la base de la cohérence culturelle et ses référentiels identitaires et de valeurs. Sans cela les intéressés ne s’y retrouvent pas ou d’une façon mimétique qui les éloigne de leurs propres potentiels.

Mieux la pondération, l’organisation et l’appropriation des différentes phases dépendent de ce que la communauté culturelle porte de potentiels et de singularités.

Ainsi l’analyse de cohérence culturelle potentielle,  ses référentiels et la conception de l’algorithme opératoire (créativité générative) sont des conditions d’élaboration,d’un algorithme spécifique.

On peut considérer que l’algorithme spécifique est une démarche quasi thérapeutique et aussi éducative visant la maturité communautaire, son empowerment et l’invention d’une gouvernance spécifique.– Les algorithmes du développement et des projets des entreprises et organisations humaines.

Toutes les organisations humaines ont pour but de progresser dans le développement de leur activité au service de ceux auxquels elles s’adressent. On notera cependant que bien des organisations ne se conçoivent que par un fonctionnement répétitif ou simplement adaptatif. D’autres ne sont animées que par une volonté de puissance. Ces entreprises associations, institutions, ne sont pas concernées par l’utilisation des algorithmes humains ou plutôt elles en utilisent sans le vouloir ni le savoir en dehors du Sens du bien commun.

D’autres qui n’ont qu’une vision technique ou intellectuelle de leur activité n’accèdent pas aux conditions d’utilisation des algorithmes humains. Elles n’intègrent pas le fait que seule l’activité humaine agit pour atteindre ses buts en utilisant bien sur des constructions intellectuelles et des instruments matériels. On trouvera alors des conceptions mécanistes des organisations sans véritable vision des enjeux humains à leur stade de maturité. On trouvera aussi des organisations vouées aux modélisations, aux normes et procédures sans beaucoup de conscience de l’humanité de leurs enjeux et de leurs processus agissants.

Les algorithmes humains s’adressent donc à priori à des organisations humainement matures ou bien engagées dans un développement de la maîtrise de leurs enjeux ou services. Dans ces derniers cas elles peuvent être aidées par des professionnels dont c’est le métier d’accompagner les organisations dans leur trajectoire de développement et aussi de de les y encourager.

Devant chaque organisation et la situation où elle se trouve Il faudra trouver les clés de l’algorithme d’élaboration et de réalisation du projet de son développement ou des projets par lesquels elle s’y engage.

Ils sont nombreux les projets selon les situations mais aussi les disciplines portées par différentes fonctions, selon les modèles classiques ou nouveaux qui contribuent au mouvement d’ensemble.

L’action « humaine » est très souvent l’enjeu d’organisations qui entreprennent leur vocation dans un contexte donné plus ou moins large. Institutions, entreprises, associations en sont des supports plus ou moins permanents ou même seulement circonstanciés pour la durée d’un projet.

De ce fait et compte tenu de la singularité de chaque organisation elle dispose d’un algorithme agissant, sa manière de se développer et d’agir pour cela. Cependant on a souvent tenté de définir des modèles avec des grandes fonctions qui elles aussi constituent des algorithmes agissants.

Cela pose le champ des algorithmes humains pertinents. Algorithmes des grandes fonctions mais surtout algorithmes propres de chaque organisation et chaque projet.

Pour les organisations on distinguera trois cas de figures:- Les organisations ou entreprises qui sont au service d’une communauté et justifiée par elle. Le Sens du bien qui oriente le développement est ancré dans la cohérence culturelle de la communauté.

Dans ce cas l’analyse de cohérences culturelles et ses référentiels de valeur et d’identité permettra d’inscrire l’algorithme spécifique dans son contexte culturel.- Les organisations indépendantes fondées sur l’initiative d’un fondateur ou d’un groupe fondateur.

Bien sûr l’intention initiale peut être de tous ordres Sachant que c’est le développement humain que visent les algorithmes humains, on cherchera dans une problématique fondatrice quel est le meilleur Sens à donner à l’entreprise.- Les organisations-métiers dont le service consiste à exercer ce métier dans un contexte donné.

Les organisations-métiers exercent des compétences et des valeurs spécifiques au métier.  (l’étymologie signifie service). Il est donc possible tant d’identifier un algorithme métier général que de concevoir un algorithme spécifique en référence au métier.

Ce domaine est en général celui des méthodes mais les méthodes sont des réductions formelles des algorithmes. J’aime rappeler que ce ne sont pas les méthodes qui marchent mais les hommes qui les portent. Les algorithmes d’organisations intègrent la mobilisation et l’engagement des hommes avec toute la complexité des situations mais en même temps sont reproductibles autant que nécessaire. Les algorithmes humains sont reproduits mais en même temps les situations s’en trouvent transformées et l’expérience enrichit en retour les algorithmes. Dans ce contexte d’engagement courant des algorithmes humains de l’action dans les organisations tout se passe comme si les algorithmes engageaient un apprentissage qui les enrichi. Dans tout développement la maturation en est l’enjeu au travers des buts fixés et donc transforme l’appréhension d’autres buts et « des voies et moyens » ou algorithmes spécifiques.

Dans tous les domaines ci dessus, les entreprises et les organisation, les projets, les grandes fonctions on peut rechercher quels sont les algorithmes existants. Pour cela l’analyse figurative est une démarche qui va procurer comme une représentation imaginaire dont le développement figure le cheminement algorithmique.

Il est aussi possible de concevoir l’algorithme nécessaire pour atteindre les buts fixés et plus généralement engager l’activité de développement à partir d’une situation initiale donnée.

Pour cela la créativité générative est une démarche qui va permettre de concevoir l’algorithme pertinent dans toutes ses dimensions.  La dynamique énergétique et la dynamique cinématique vont aussi susciter et engager  la mobilisation et le mouvement des hommes.

– Les algorithmes de développement personnel (éducatifs, thérapeutiques, professionnels, d’accomplissement) A suivre.