L’Etre en Instance ou l’accomplissement de l’homme
Pour avoir un aperçu des fondements de l’Humanisme Méthodologique et de la théorie de l’Instance humaine, la lecture ce texte (1987) donnera un tableau synthétique d’une vision de l’homme et du monde originale. Elle permettra de mieux comprendre en quoi consiste l’accomplissement de l’homme et ses enjeux. Une lecture méditative est nécessaire.
Le devenir de l’homme ou son accomplissement, sont l’objet des religions, traditions, spiritualités ou de philosophies nombreuses. Chacune nous propose ses voies, parallèles ou contradictoires. Il est cependant important de noter qu’elles ne sont pas toujours très explicites sur le but ultime de l’accomplissement de la personne, sur la nature de l’homme face à cet accomplissement qui le concerne, sur le rapport au monde auquel les uns proposent de se soumettre, de participer ou de prendre la fuite avec pour cela force propositions pratiques pour notre existence.
– La lumière ou la vacuité que peuvent viser les méditations dans des traditions différentes sont-elles une ou contradictoires ?
– Le monde est-il à rejeter ou à construire ?
– Y a-t-il une seule ou plusieurs voies ?
Les efforts de convergence s’ils ne veulent pas tomber dans le syncrétisme nécessitent un grand discernement. Pour cela une anthropologie qui articule la nature humaine, le monde, le sens de l’existence et aussi la fin et les modalités de l’accomplissement est bien nécessaire. C’est en l’homme que cela se joue et non sur une scène dont les règles, indépendantes de l’homme, s’offriraient à lui pour l’inscrire dans une extériorité. «Le royaume de Dieu est le dedans et aussi le dehors». Le dedans et le dehors de quoi, de qui ?
La théorie de l’Instance et des Cohérences propose une conception de l’homme qui intègre celle des fins et des moyens de son accomplissement. L’homme y est Existence mais aussi Instance en devenir pour accéder à la plénitude d’Etre humain, d’un Etre personnel singulier que nous sommes chacun appelé à devenir, si nous empruntons les voies humaines de notre accomplissement.
Traditions religieuses, spirituelles ou idéologiques s’accordent en général sur un point : La recherche du bien de l’homme et de l’issue heureuse de son existence.
Lorsqu’il faut donner un sens ou un contenu effectif à de telles propositions naissent alors divergences et incompréhensions.
En fait toute recherche de ce que nous appellerons ici l’accomplissement de l’homme présuppose obligatoirement :
– une métaphysique : qu’est-ce que le monde?
– une anthropologie : qu’est-ce que l’homme ?
– une pragmatique : comment s’accomplit l’homme ?
Ces trois questions cependant ne sont pas indépendantes et peuvent se structurer différemment.
Si on considère que la question du monde est fondamentalement une question humaine, question d’homme, monde de l’homme, l’anthropologie se trouve alors englobante. Par ailleurs, la question de l’accomplissement peut se subdiviser en celle de la transformation de la personne humaine vers un plein accomplissement et en celle des pratiques humaines qui y concourent. S’agissant alors de pratiques humaines comme de transformations humaines, l’anthropologie se trouve à nouveau sollicitée.
Notre propos sera donc avant tout anthropologique mais d’une anthropologie orientée, finalisée dans l’accomplissement de la personne humaine.
Les bases d’une anthropologie du devenir humain
L’Etre en Instance c’est l’homme essentiel en devenir donc inaccompli, mais libre de s’engager dans cette voie. Nous appellerons Instance humaine ce qui de notre personne est susceptible de devenir un Etre (en instance donc) et qui se trouve au lieu d’où s’exercent notamment liberté personnelle et pratique responsable d’accomplissement (une instance donc).
La question de la nature humaine et celle de son accomplissement se trouvent intimement mêlées. On ne peut répondre à l’une sans l’autre. Il nous faudra ainsi les envisager successivement, mais sans les dissocier.
Auparavant nous nous attacherons à mieux comprendre la problématique, esquissée ici, de la nécessité d’une anthropologie pour traiter de quelque question que ce soit en tant que question humaine et par la suite à en tirer quelques conséquences sur l’engagement de l’homme dans le monde d’aujourd’hui en vue du devenir qui lui est permis (et promis).
Toutes les conceptions du monde, toutes les pratiques humaines correspondent à une vision de l’homme et de son devenir. Si, en effet, le monde est un système physique posé là, comme un théâtre dans lequel l’homme serait un acteur, alors l’homme n’est qu’un sous-système physique et la conscience un état du système; Le devenir de l’homme n’est plus dissociable de celui du système qui est de fonctionner et s’user. Mais peut-être a-t-il aussi une âme.
Si tel est le cas : ou bien celle-ci est hors du monde et rien du monde n’y intervient, inutile d’en parler, ou bien elle est dans un autre monde intervenant dans celui-ci.
On est cette fois dans une forme de dualisme entre deux mondes en interaction, qu’après tout rien n’empêche de considérer alors comme deux parties d’un même monde qui les engloberait retombant dans un schéma où cette âme est un sous système de ce monde là. A moins que cette âme soit telle qu’elle anime le monde et l’homme dans le monde ! Alors l’homme essentiel est cette âme dont l’existence dans son monde n’est qu’une expression contingente.
Cette âme est l’Instance de l’homme en tant qu’animatrice de son existence dont le monde fait partie.
il est certain que si l’homme est un corps matériel son devenir est celui d’un corps matériel, la corruption ou au mieux la stabilité minérale inanimée, comme une momie mêlée à une masse minérale.
Si l’homme est une conscience psychique, son devenir est de s’éteindre dans la folie ou le sommeil.
Si l’homme est une affectivité, son devenir est de s’épuiser par dessèchement ou consummation.
Mais si l’homme est Etre, son devenir est déjà là, il n’a pas d’accomplissement.
Enfin si l’homme est Instance d’Etre, son devenir c’est l’accomplissement de son Instance en Etre.
Cette dernière perspective ne nie pas le monde, ni le corps, ni le mental, ni l’affectivité, elle les relativise à l’Etre en devenir, tant par leur nature que par leur finalité.
L’anthropologie est alors aussi ontologie et méta physique. Cela il est vrai, réclame que cette Instance qu’est l’homme, soit transcendante a son existence mondaine, non d’une transcendance abstraite, sorte d’absence au monde, mais au contraire celle qui fait toute présence existentielle.
Si l’homme doit s’accomplir, sa nature même est inaccomplie mais porte en elle la possibilité de s’accomplir. Portant aussi en elle d’autres possibilités, elle est ainsi confrontée au choix et donc à la liberté et la responsabilité de son accomplissement.
En outre, si sa nature lui rend possible l’accomplissement d’elle-même, sa responsabilité et son choix implique qu’elle jouisse aussi de la possibilité d’agir sur elle-même.
C’est pour cela qu’une médiation lui est nécessaire et cette médiation c’est l’existence, son existence dans le monde.
Ce moyen, intermédiaire, médiateur, ne peut être un double de chaque Instance qui ne trouverait alors aucun appui pour agir sur elle-même étant pour elle-même son seul appui.
L’existence humaine est le moyen d’accomplissement de l’Instance parce qu’elle est commune aux Instances. L’existence de l’homme est substantiellement co-existence. C’est ce qui en fait le moyen d’un accomplissement personnel de l’Instance unique de chacun.
L’anthropologie est non seulement relative à l’homme en tant qu’Instance personnelle, mais à l’homme en tant qu’existant collectif d’un monde commun.
Le devenir de l’Instance personnelle se joue et s’accomplit hors du monde, mais l’accomplissement de l’Instance se fait par le monde commun. L’instrument collectif qu’est le monde existant est lui-même transformé dans son rôle, si bien que l’on peut parler d’une fin du monde corrélative de l’accomplissement des Etres humains.
Chacun y reconnaîtra une perspective eschatologique traditionnelle. Cependant remarquons bien comment la fin du monde qui est achèvement de son existence est d’une autre nature que l’accomplissement des Instances qui ne sont pas de ce monde là.
Nous avons donc esquissé une perspective, un renversement de perspective même, telle que l’homme n’est plus cet animal qui s’ébat dans un monde qui l’enferme, rêvant à d’autres cieux, mais cette Instance qui, avec les autres, «existe» comme membre animé du monde afin d’y accomplir son Etre personnel à venir.
Si le monde est devenu ainsi relatif à l’homme-instance, le devenir de celui-ci est relatif au monde dans son cheminement. Cependant, ce tableau de l’homme s’accomplissant en existant ne serait pas complet si on ne découvrait pas ce qui fait que l’homme est ainsi. Non pas Etre établi définitivement dans sa nature, mais Etre en devenir, qui peut aussi ne pas s’accomplir. L’Instant Dieu est ce d’où l’homme advient à Etre. Autrement dit, sa source originelle est aussi le repère de sa fin, de son accomplissement.
Le terme d’homme en définitive est celui qui convient à cette Instance en instance d’accomplissement sur terre. Si son nom vient de terre (humus), c’est tant qu’il est encore à accomplir, c’est cela la nature humaine, objet et sujet de l’anthropologie.
Cette esquisse de la problématique anthropologique va pouvoir maintenant être éclairée et approfondie par un examen plus attentif de cette vision de l’homme et de son accomplissement, théorie de l’Instance et pratique de son accomplissement.
LA NATURE HUMAINE ET SON ACCOMPLISSEMENT
La version de cette question selon laquelle nous travaillons ici se caractérise, on l’a vu, par une double lecture. Soit on désigne par homme l’Instance de la personne humaine, soit son existence dans le monde. Si on restait sur cette alternative on pourrait croire que l’homme a une double nature :
Une nature transcendante, l’Instance,
Une nature existentielle dans le monde.
Il ne s’agit là que d’une lecture, d’une perspective où on place le repère principal là où on le veut.
Pour nous, il faudra considérer que la nature humaine est l’Instance, le lieu donc de l’humanité de l’homme, alors que l’existence humaine et le monde constituent le mode de présence des unes aux autres des Instances.
Cependant rien n’empêche d’examiner distinctement ces deux visages de la personne humaine à condition de ne pas perdre de vue leur rapport dissymétrique, la relation de transcendance.
L’existence humaine
Elle est quelque fois réduite à celle d’un corps individuel, isolé, équipé, éventuellement de facultés psycho-affectives.
Si on intègre le temps de vie sans lequel rien n’existe, il faut intégrer l’épaisseur historique de l’individu. Il est aussi son histoire, ses transformations, ses évolutions.
De même dans l’espace il est indissociable absolument de son environnement physique et même humain ne serait-ce que par naissance.
En fait, l’existence d’un homme est son individualité consciente, son moi certes mais aussi son monde lequel, on le verra, n’est peut être pas strictement le même pour tous bien que toujours partagé.
La théorie de l’existence montre que l’on peut distinguer trois dimensions existentielles de l’homme:
– celle de sujet-intentionnel
– celle d’objet dans son contexte
– celle de vivant dans la durée.
Il est en outre constitué :
– d’une affectivité, sensibilité au monde
– d’un mental des représentations formelles
– d’un corps en mouvement parmi d’autres.
Tout cela peut être étudié séparément et globalement dans son origine, ses particularités, son évolution, sa mort. On pourrait réduire la nature humaine à cela et expliquer ainsi l’homme par le monde, par une génération purement biologique ou purement langagière ou de type animiste ou magique selon que l’on s’intéresse au corps, au mental ou à l’affectivité. Il ne manque pas de sciences et d’interprétations de la nature humaine réduite à un de ses modes existentiels ou même à leur globalité.
Dans ces conceptions le devenir de l’homme s’achève forcément avec la mort de l’existence et la vie est une longue chute agrémentée d’une illusion de maturité comme le végétal qui fleurit et fructifie. On cherchera éventuellement dans cette fructification qui prolonge l’espèce humaine une fin qui prolonge la vie de l’homme. Cela ne mène à rien pour celui qui meurt et pour l’autre qui est né par reproduction, cela le mène à la mort.
Mais l’Instance qui s’ignore en réduisant l’homme et sa propre personne à l’existence seule, persiste à interpeller et se signifie par tous les fantasmes et toutes les idéalisations imaginables, portées par une émotivité invisible et investie de pouvoirs étranges sinon étrangers. L’on aura alors toutes les versions illusoires d’autres mondes, d’autant plus reflets de celui-ci qu’ils en sont l’émanation imaginaire.
Et pourtant l’Instance qui interpelle arrive à se reconnaître telle par une conscience qui n’est plus conscience de quelque chose comme la conscience existentielle, mais conscience de quelqu’un, c’est-à-dire celle de l’Instance se connaissant.
L’existence est le plus grand piège pour cette connaissance tant l’homme s’y réduit volontiers, de jouir d’une coïncidence de soi au monde environnant comme avec la mère matricielle. Péché originel, qui le met en souffrance de lui-même, douloureux de contradiction lorsque l’Instance persiste dans son appel.
L’Instance de l’homme
Mais qu’est cette Instance, véritable nature humaine. L’Instance est SENS. Ce terme singulièrement pluriel est cette disposition de l’homme orienté vers… l’autre, l’Instance n’est rien d’autre que la collection de ces «dispositions» que sont les SENS.
Il y a pour l’homme possibilité d’agir, de penser, de sentir en plusieurs SENS. Cette possibilité n’est pas purement extérieure à l’Instance, elle lui est intrinsèque. Sans cette multiplicité de possibilités, d’être selon plusieurs SENS, il n’y aurait pas de liberté humaine, pas de choix, pas de SENS même. L’univocité éventuelle du SENS en nierait la nature de SENS et immobiliserait l’Etre en une stabilité sans différence donc sans distance ni devenir.
La multiplicité des SENS ouvre donc à l’Instance, la diversité de ses orientations et aussi la diversité de ses devenirs. Les SENS en l’Instance s’actualisent selon tous les modes du sens, sensible, intelligible, dynamique, etc. Le sens de la vie comme le sens de l’éthique, le bon sens comme l’insensé sont témoins du SENS. Ils en sont des expressions, des manifestations.
En fait, disposée selon l’un de ses SENS, l’Instance de l’homme lui offre simultanément une vision du monde et de l’homme, une idée de lui-même, une position prise vis-à-vis de l’existence, la vie, la mort, mais aussi un type de comportement, de stratégie de vie, de projet, d’histoire et enfin de destin. Autant de SENS, autant de vies possibles pour l’Instance. C’est donc parmi tous ces SENS que se posera la question d’un SENS de l’accomplissement et de l’existence pratique qui en témoigne.
Comment s’articulent tous les SENS entre eux en l’Instance ? Il faut remarquer qu’à propos de chaque question, chaque chose, chaque situation ou évènement de l’existence, une considération peut être portée selon une infinité de SENS différents, où on peut repérer des oppositions dialectiques. Seulement, chaque chose, l’expérience le montre, rassemble ainsi comme possibilité de dispositions humaines, des infinités de SENS différentes. Tout se passe comme si on était en présence de complexes de SENS que l’on peut s’imaginer comme une infinité de vecteurs rayonnant à partir d’un centre qui les relie et d’où ils divergent. On appelle cela une «Cohérence».
L’Instance humaine serait donc formée de multiples Cohérences faites chacune d’une infinité de SENS rayonnants parmi lesquels à chaque fois l’homme peut se trouver disposé selon un SENS privilégié.
Ainsi, en simplifiant un peu, l’Instance humaine peut se trouver positionnée au lieu même d’une de ses Cohérences et là, selon l’un de ses SENS.
Cette Cohérence, ce SENS sont comme l’instance partielle en jeu dans un moment d’existence particulier où justement l’homme existe selon des modalités elles aussi particulières.
Ce serait cela la nature humaine. Non seulement de donner SENS au monde, à la vie, mais d’être SENS d’où d’ailleurs le monde s’ordonne.
Ce «portrait» de l’Instance humaine réclame encore quelques compléments qui nous permettent de répondre aux questions suivantes :
– Comment l’Instance vient à l’existence ?
– Comment s’établit la relation de transcendance Instance-Existence ?
– D’où vient l’Instance ?
– Comment l’Instance se connait-elle ?
L’actualisation des consensus humains
L’Instance vient à l’existence par «consensus». Cela veut dire intersection, recouvrement ou partage de SENS entre Instances. Les hommes se conjuguent entre eux, se retrouvent de SENS communs par résonance mutuelle et alors, pour l’un et les autres s’actualise leur consensus en un «moment d’existence». Ce moment d’existence, tranche de vie, est tout un monde, une situation, un espace temps où figurent aussi les personnes comme individus, parts de ce monde.
Autant de consensus, autant de moments plus ou moins vastes, plus ou moins riches, plus ou moins partagés.
La théorie de l’existence explicite comment les SENS du consensus se déploient en actualisation, présentation au monde, venue au monde, selon une structure, le Cohérenciel, où on retrouve les dimensions que l’on a aperçues à propos de l’existence de ce moment qu’est une vie humaine.
Ainsi c’est pour cela que pour chaque existant-moment d’actualisation, l’homme se trouve disposé selon tels ou tels Sens d’une Cohérence. Chaque existant du monde est actualisation d’une Cohérence humaine dont il témoigne.
La multiplicité des Sens et leurs modes existentiels sont unifiés par la » Cohérence ». Chaque Sens même constitue le principe, l’unité transcendante de toute une part de cet existant, celle où il est pris dans une considération en ce Sens.
C’est ainsi donc que les réalités du monde sont l’incarnation du Sens des Cohérences lorsqu’ils sont investis en consensus entre des Instances.
Il y a alors des existants, des mondes, des considérations de l’homme, de la vie, des cultures humaines, des pratiques, des idéologies, des «habitants» de ces mondes et toutes les différences, séparations ou au contraire communautés, convergences possibles entre les mondes des uns et des autres.
Le monde n’est pas UN mais il peut trouver son unité dans l’Instance. L’Instance n’est pas UNE, mais on le verra, elle peut trouver son Unité par l’Instant.
La transcendance de l’homme et du monde
Entre Instance et Existence, il s’est établi un rapport tel que la seconde est une réduction de l’Instance. En même temps, elles sont irréductibles l’une à l’autre.
Rien du monde de l’existence n’est dans l’Instance, ni corps, ni langage, ni image, ni vécu, ni ressenti, ni temps, ni espace. Les lois du monde ne valent pas pour l’Instance.
Inversement rien de l’Instance n’est «dans» le monde. Sens, Cohérences et consensus sont hors du monde mais en même temps font le monde et ce qu’il y a de plus près de lui, de plus réel pour lui qui est la réalité.
C’est cela le rapport de transcendance, rapport que l’on retrouvera entre l’INSTANT (Dieu, Allah…) et l’INSTANCE. Rien donc de notre conscience commune avec toutes ses possibilités mentales, sensibles, intuitives, tactiles, etc… ne peut ainsi nous dire ce qu’est l’Instance. Inversement tous nos modes de conscience, notre langage notamment, en témoignent symboliquement.
Le SENS en nos Instances est l’esprit de la lettre de nos existences, y compris la lettre de nos discours verbaux, nos textes sacrés, nos bibles. Il y a là une façon d’apercevoir la nature même de l’ésotérisme qui de la lettre cherche accès à ce qui n’est pas du monde même de son existence, son SENS qui est «être-SENS» des Instances humaines.
Du rapport de transcendance, il faut garder à l’esprit l’irréductibilité absolue des termes et la dissymétrie qui, d’un côté trouve le principe unité vecteur SENS, et de l’autre son actualisation sous des modes existentiels spatio temporels.
On a vu que cette actualisation était celle du consensus. Or tous les SENS d’une Instance ne sont pas actualisés simultanément, seuls ceux partagés en consensus sont ainsi «activés».
Ainsi dans un moment d’existence particulier, des SENS de sa Cohérence sont activés dans un consensus entre les Instances, communion des SENS, qui s’actualise en ce moment d’existence même. Tout se passe comme s’il y avait corrélation entre l’activation des SENS, l’occurrence du consensus et le moment d’existence qui l’actualise. L’on peut tout à fait, partant d’un point de vue mondain, dire que l’existence «active» l’Instance pendant que l’Instance s’actualise en existence. Cela donne un rapport de réciprocité, asymétrique cependant qui facilitera notre compréhension de l’accomplissement de l’homme et de ses pratiques envisagées sous les deux ordres de l’Instance et de l’existence.
L’existence en fait n’est pas la cause de quoi que ce soit mais le signe des rapprochements entre Instances qu’elle symbolise, la marque des consensus qui sont activation des SENS et qui en font actualisation.
Ainsi l’existence est animée de l’activation des consensus, de ce qui est activé en l’Instance.
Il faudra donc en l’Instance distinguer les SENS non activés mais toujours disponibles, pures potentialités, et les SENS activés par consensus qui forment l’actualité de l’homme au monde.
L’homme aura à choisir parmi les consensus possibles ce qui revient à dire que l’homme aura à choisir de quels Sens il veut faire consensus et donc quel monde vivre.
Seulement l’homme n’est pas maître de ses consensus, il ne peut qu’accéder peu à peu à cette maîtrise, jouir alors de cette liberté qui le mènera à Etre, pleinement accompli, maître de se Sens et donc de son humanité qu’ils constituent.
L’homme peut ainsi cultiver une existence selon tel ou tel Sens et dans certains cas, acquérir quelque maîtrise de Sens dont il peut alors choisir… de cultiver l’existence pour plus de maîtrise, pour s’accomplir.
Nous progressons ainsi dans la connaissance de l’Instance qui va nous amener à comprendre son devenir et son accomplissement.
Mais auparavant il faut nous attarder sur l’origine de notre Instance notre vrai nature.
Origine de l’Instance de l’homme
il y a deux sources simultanées à notre Instance qui n’en font qu’une.
Nous venons au monde, à l’existence par le consensus singulier de nos parents qui sont parties prenantes, simultanément, de notre milieu, de notre monde, de l’humanité. Nous existons pour eux dans l’actualisation de leur consensus et ainsi se noue l’hérédité de notre existence. Eux-mêmes sont nés du consensus de leurs parents et toute une phylogénèse se construit ainsi.
De cette origine nous héritons des Sens et Cohérences de l’humanité selon les dominantes, Cohérences et Sens, des différents cercles de consensus qui président à notre naissance et comme cela nous sommes déjà particuliers, différents. Ce consensus, parental principalement, est notre Instance même si elle advient à s’autonomiser, à être sa propre autorité. Elle y arrive pleinement comme Etre accompli, qu’elle n’est pas initialement. Cependant, elle participe déjà aux consensus de l’existence, de son existence. Cette participation d’emblée témoigne qu’une altérité est née, consensus des antécédents mais déjà autre. C’est la marque de l’Instant, l’autre origine de l’Instance.
Seulement c’est aussi de l’Instant que sont nées les autres Instances, sources d’une nouvelle Instance. Les deux sources se rejoignent ainsi.
De l’Instant adviennent donc les Instances, Instances d’humanité déjà là mais d’humanité encore à Etre, à accomplir en Etres.
Comment adviennent les Instances ? Par transcendance, mais si on ne peut rien formuler de l’Instance qui ne soit du Sens, il n’y a pas de Sens en l’instance qui soit l’Instant, Dieu est inconnaissable et donc, ne l’est pas plus, la façon dont l’homme advient de Dieu, ce que l’on appelle la création.
Cependant on peut postuler que dans l’acte de création, l’Instance se déploie en tous Sens, dialectiquement opposés inaugurant un espace infinitif.
De l’éternité nait l’infinitif d’où naissent l’espace et le temps (de Dieu nait l’Instance de l’homme d’où nait le monde). L’espace, le temps, le monde et tout ce qui existe sont créatures de Dieu mais par la médiation de l’homme au lieu où une liberté se déploie en tous Sens pour que tel ou tel monde s’édifie, moyen, on l’a vu, de l’accomplissement en retour de l’homme Instance.
On peut penser à Adam, au Christ, aux prophètes, aux saints, au Boudha, etc… pour qu’il nous soit témoigné plus ou moins de ce qu’est l’homme accompli, créé par Dieu, enjeu même de la révélation nécessaire à l’homme qui n’en a pas connaissance si des «penchants originels» l’écartent de son regard, condamné alors à s’ignorer lui-même.
Il reste à considérer une troisième source de l’Instance, celle qui de sa double origine l’amène, ou non, à s’accomplir par l’existence.
Celle-ci est actualisation de multiples consensus consensus des rencontres, situations, subies ou cherchées dans la vie. Ces consensus viennent d’une propension déjà inscrite dans l’origine humaine de l’homme mais conduisent à privilégier aussi tels ou tels Sens de telles ou telles Cohérences.
C’est à conduire cette existence selon des consensus dont elle est actualisation que consiste l’accomplissement qui reste à faire pour toute Instance qui l’espère.
La conscience de sens, connaissance de l’Instance
Quelle maîtrise avons nous donc de cette Instance pour exister de façon à ce qu’elle s’accomplisse ?
Cette maîtrise nous l’avons par «conscience de Sens».
Lorsque le Sens en nous s’actualise, cela veut dire que dans le moment d’existence actualisé que nous vivons, nous nous trouvons disposés dans ce Sens de notre consensus. Cependant notre conscience commune est celle de l’existence et pas du Sens. Mais le «nous» n’est rien d’autre que le Sens en consensus. Comment alors le Sens peut-il être conscient de lui-même.
Une première façon qui n’est pas véritable conscience, peut néanmoins en être repère un indicateur. C’est la reconnaissance sensible, intellectuelle ou factuelle d’un mode d’exister, orienté, que d’autres nous présentent comme d’un «bon» Sens. En effet lorsqu’il s’agit d’une disposition familière nous nous y retrouvons au propre et au figuré.
L’activation différenciée d’un Sens, provenant des consensus offerts par d’autres, nous en permet un certain discernement intuitif. Il permet d’en reconnaître les indices dans notre propre existence et dans celle de tout ce qui habite le monde de cette existence. C’est l’enjeu de l’éducation, des guidages et conduites, si possible par ceux qui en sont quelques peu maîtres, nous offrant ainsi quelque discipline pour cheminer en réponse à l’appel en nous de l’Instance qui s’y cherche. La conscience de Sens, qui n’est pas conscience de quelque chose est «éclairement» du Sens en l’Instance qui se reconnaît alors source de son actualisation en l’existence, instance de cette existence dont les sens, modes existentiels du Sens, deviennent comme évidents, vides d’eux-mêmes, pleins de leur Sens.
La conscience de Sens advient, en l’Instance, lorsque celle-ci se trouve disposée, tournée vers sa source, l’Instant donc, lorsque l’Instance est activée dans un Sens d’accomplissement.
Comment peut-il en être ainsi ?
Soit l’environnement des autres ou un Autre privilégié nous active ainsi et alors la lumière peut venir si nous sommes effectivement en consensus: paroles, actes, témoignages, etc.
Soit encore nous nous y exerçons par une pratique adéquate. L’une au moins consiste à se disposer de telle façon que plusieurs «moments d’existence» homologues (de mêmes Sens) sont envisagés dans ce qu’ils ont de commun en soi-même. C’est un travail d’ajustement grâce à la réalité dans un exercice existentiel, par le moyen de l’existence donc, et un travail de «lâcher prise» où scrutant la réalité, soit l’Instance abandonne ce qu’elle scrute pour se trouver disposée vers ce qui en est la source, le Sens et au-delà, ce qui en est la lumière, l’Instant (ce que l’on appelle quelque fois analyse négative, approche apophatique sont de cet ordre si on les pratiques comme disciplines). La conscience de Sens, illumination de l’Instance qui est disposée (c’est la seule condition mais toute la difficulté) est aussi éclairement des autres Sens, dispositions autres qui en elles-mêmes ne prêtent pas à cette conscience et au contraire pour certains l’en éloignent et la nient.
L’accomplissement de l’Instant
De quels bénéfices cette conscience de Sens est elle pour l’Instance?
Se reconnaître Sens et connaître son lieu, c’est s’y reconnaître dans l’existence (discernement), c’est surtout acquérir la liberté de se laisser engager dans tel ou tel sens.
La conscience de Sens porte, en effet, sur toute la Cohérence du moment d’existence par la médiation duquel elle advient, mais rien que là.
C’et donc dans le rapport à ce qui est homologue, sur toutes les actualisations de cette Cohérence que le bénéfice de cette liberté s’exerce. Il permet une certaine maîtrise selon l’acuïté de cette conscience de SENS, car celle-ci ne procède pas par un simple tout ou rien. Cette «certaine maitrise» n’est pas une automanipulation, ni une machination de l’existence. Elle est possibilité de ne pas se laisser entraîner dans n’importe lequel des SENS activés en consensus et donc de tenir une position personnelle, selon le SENS choisi, se laisser aller dans ce seul SENS et donc répondre en soi même du SENS choisi (et aussi de ses conséquences pour l’existence) pour les consensus proposés ou acceptés et pour son propre devenir.
C’est la responsabilité véritable rendue possible par la liberté qui est maîtrise de soi.
Comme les SENS d’accomplissement mènent à cela on peut penser que la liberté s’exerce dans la recherche d’une liberté plus grande encore et que ses Sens là justement seront choisis mais en toute liberté alors que d’autres sens à peine sollicités entraînent ailleurs pour d’autres bénéfices et parmi eux la jouissance de se confondre à l’existence et toutes les souffrances de celle-ci.
La conscience de Sens dont on est doté pour une Cohérence ne vaut pas pour une autre, ce qui fait que là lorsque nous y seront activés par tous les consensus qui nous sollicitent nous n’avons aucune maîtrise ni conscience (de SENS) d’y être, ni conscience de pouvoir être ailleurs, au lieu où on dispose de maîtrise. Il faudra des médiations existentielles pour y aider, donc la grâce des consensus d’autrui là où nous nous trouvons à être activés.
Cependant poursuivant cette conscience de SENS ce sont progressivement les multiples lieux de l’Instance qui s’éclairent dotant celle-ci d’une unité plus grande, unité de conscience, de liberté, de maîtrise mais bien plus, unité de ce qui n’était principalement que multiplicité non unifiée par soi-même mais par son origine humaine, consensus du milieu de vie et de naissance. La conscience de sens unifie donc l’Instance et c’est ainsi qu’elle peut s’accomplir c’est-à-dire accomplir son unité d’Etre, Verbe de Dieu infinitif, entièrement libre et responsable, jouissant d’une maîtrise sur soi, comme on l’a définie et donc sur les consensus et leurs actualisations. C’est cela qui est divinisation de l’homme, non pour être l’égal de Dieu, l’Instant mais pour jouïr pleinement de son don d’Etre.
Mais pour l’être il faut le devenir et le devenir par accomplissement.
L’homme est donc en gestation, alors qu’il existe en ce monde que nous partageons. La fin du monde pour lui est le «jugement dernier», la mort est naissance à la pleinitude d’Etre ou bien avortement de l’Instance.
Ce tableau de l’homme et des principaux aspects d’une anthropologie de l’Instance et de l’existence donne quelques repères à partir desquels l’accomplissement de l’homme devient concevable et aussi pratiquable selon sa nature propre.
Deviennent compréhensibles nombres de traductions qui s’expriment dans d’autres langages, privilégiant tel ou tel moment particulier du procès d’accomplissement.
Les anthropologies sont malheureusement souvent quelque peu défaillantes, ce qui fait que l’homme ne connait ni les enjeux humains, ni les moyens humains dont il dispose, sauf par la propsotion des pratiques souvent empiriques qui ont convenu à tel ou tel.
LES VOIES DE L’ACCOMPLISSEMENT DE LA PERSONNE
Sens de l’accomplissement
Du côté de l’Instance, les SENS de l’accomplissement parmi tous ses SENS se différencient intrinsèquement et par les bénéfices que l’on a pu évoquer. Cependant, selon les traditions, quelques repères remarquables balisent ces dispositions. A titre d’exemple ce sont les SENS de la foi, de l’espérance, de la charité pour le christianisme.
Le premier est disposition de reconnaissance de l’Etre en soi de la personne transcendante, source vivante de l’existence. C’est aussi dans ce SENS que se reconnait l’INSTANT si bien que foi en l’homme et foi en Dieu sont dans le même SENS, SENS de l’UN des monothéïsmes.
Le SENS de l’espérance est celui du devenir homme, de l’espérance donc d’une réalisation de l’homme et d’une différenciation des voies et valeurs de la liberté. Le SENS de l’espérance est celui qui situe l’humanité comme mesure du monde et qui situe la dignité humaine dans le devenir pleinement homme et la divinisation. C’est dans ce SENS que l’homme se cherche et engage son accomplissement.
Le SENS de la charité est celui de la communion des hommes et plus précisément des Instances. C’est celui de la recherche des consensus, SENS de l’Amour qui réalise le monde par la conjonction des Instances.
Dans le christianisme, la trinité Père-Fils-Esprit est le repère ces trois SENS : foi, espérance, charité qui renvoient au même : l’Instant et l’Etre singulier, accomplissement de la personne. D’une certaine façon, Dieu est « pour l’homme » selon ces trois SENS et toutes leurs combinaisons.
A ces Sens s’opposent en l’homme d’autres Sens, d’autres penchants, d’autres dispositions.
Au Sens de la foi s’oppose celui de la crédulité, il mène à attribuer à une forme, un modèle, une idée, une structure, le statut de référence originelle. La normalisation, le conformisme en sont les conséquences. Les idéologies modernistes, rationalistes notamment, mais aussi de nombreuses croyances traditionnelles s’y appuient, caractérisées par l’injonction de conformité morale ou pratique.
Au Sens de l’espérance s’oppose celui du fatalisme, celui de tous les matérialismes pour lesquels l’absolu est dans le monde. Dans ce Sens l’homme est pris dans la contradiction d’un désir d’individualité et d’appartenance qui se traduit par une division et la logique totalitaire d’inclusion exclusion.
Au Sens de la charité s’oppose celui de la captation égoïste, celui qui fait du moi existentiel la référence suprême déniant l’être en soi et donc l’être en l’autre. C’est le Sens d’une spéculation qui vise à prendre, à gagner pour soi au lieu du don de soi (sans perte) qu’est le partage de consensus.
Ces trois derniers Sens et toutes leurs variantes sont ceux qui s’opposent à l’accomplissement de l’Instance et depuis lesquels il y a une conversion à opérer, un renversement de Sens. Cela va avec un renoncement à l’actualisation de ces Sens qui sont pourtant Sens de l’Instance, Sens de l’homme.
Ces trois Sens balisent ainsi le «penchant originel», penchant de l’homme à se confondre avec son existence individuelle dans le monde et à s’y complaire quitte à y rester en souffrance.
C’est tout le travail de conversion, d’accomplissement qui, on le sait, aura à vaincre peu à peu et souvent douloureusement ces dispositions essentielles de l’homme.
L’accomplissement est donc une voie de l’Instance qui la mène à renoncer à cette négation d’elle-même, à cette ignorance de toute transcendance et du Sens qui est rupture entre le moi existant et son Instance et par là même avec l’Instant. Mort de l’homme, mort de Dieu, pour l’individu vont de pair. Cependant l’Instance par l’Instant ne cessent d’interpeller, d’appeler à la conversion qui est donc réconciliation. L’accomplissement n’est pas fuite du monde, réactivité qui ne serait que l’expression d’une forme de dualisme, il est relativisation du monde, moyen du devenir humain.
Pratique de l’accomplissement
Dans l’existence les voies d’accomplissement sont multiples. Elles consistent toujours à favoriser l’activation des Sens d’accomplissement, accès par la conscience de Sens, à la transcendance de l’Instance.
Cette activation nous est proposée par révélation et la part qui en subsiste dans nombre de traditions ou de religions.
La révélation n’est telle que si elle est prise dans certains Sens, «la lettre tue et l’esprit vivifie» dit le Sens dans lequel elle doit être prise «la loi condamne et la foi justifie» en indique un autre. Lorsque l’apparence, la norme, l’obligation absolue règnent, la révélation se tait et fleurissent spéculations superstitieuses, conformismes et condamnations. La quête du Sens et du consensus, la responsabilité personnelle et la liberté de discernement sont indispensables pour que la révélation redevienne un moyen d’accomplissement. Mais c’est aussi ce qu’elle propose auquel il faut être disposé pour le recevoir et en être conforté dans la conversion et l’accomplissement.
Par ailleurs, tous les aspects de l’existence peuvent être modalités d’une voie d’accomplissement, d’une discipline, méditation, contemplation, sagesse, mystique, engagement responsable, action oblative en sont des vecteurs suggérés ici ou là.
Cependant il est important de considérer que c’est toute notre existence qui peut être engagée dans l’accomplissement, le nôtre et celui des autres. Ainsi il n’y a aucun aspect de notre existence quotidienne, sociale, pratique, affective, mentale, économique qui ne soit à mettre au service de l’accomplissement de l’homme.
L’accomplissement n’est pas une affaire d’hygiène auquel on consacre quelques heures par des pratiques marginales ou exotiques. C’est l’affaire de toute la vie dans ce qu’elle a de banal, de quotidien mais aussi dans tous les problèmes collectifs qui nous préoccupent. C’est sur le terrain du monde que se pratique l’accomplissement, même si le monde n’est qu’un moyen intermédiaire pour l’Instance.
Aimer le monde est indispensable s’il ne s’agit pas bien sûr d’un amour exclusif mais subordonné à l’amour de l’Homme en son Instance en devenir.
Retrouver un Sens à la vie au monde est bien le problème majeur de notre époque. Il annonce la réconciliation de l’homme avec lui-même, la conversion d’avec les tendances lourdes de l’écrasant matérialisme qui nous habite, du séduisant individualisme qui nous sollicite, de la confortable crédulité irresponsable que nous exaltons en sciences et idéologies érigées en vérités premières et ultimes. Il annonce un réveil de l’homme, d’une éthique où l’unification ne soit pas confusion et où la différenciation ne soit pas exclusion.
Politique, économie, sociologie, psychologie, sciences, religions notamment sont les espaces où doit se jouer ce retour du Sens et où le travail qui s’y accomplit doit être pris comme travail d’accomplissement de l’homme. N’est-ce pas le véritable Sens humain du travail, de tout travail, comme toute profession peut être profession de soi, de son Instance en devenir pour l’accomplissement de tous.
Note : Dans les développements de l’Humanisme Méthodologique plus récents la convention est d’utiliser Sens avec une majuscule pour ce qui constitue l’Instance humaine et sens avec une minuscule pour ce qui en est l’actualisation existentielle dans toutes ses acceptions. De même le terme de Cohérence avec une majuscule désigne les ensembles de Sens ou problématiques humaines de l’Instance et cohérence avec une minuscule désigne l’unité de ce qui existentiellement va dans un même Sens. Le consensus s’écrit lui conSensus lorsqu’il s’agit du partage des Sens des Instances humaines.