Analyses de Sens et de Cohérences (culturelles, etc.)

Un des atouts majeurs de l’Humanisme Méthodologique c’est le discernement des Sens. On pourrait classer ses méthodes et pratiques dans ce que l’on appelle communément, l’analyse de contenu, l’analyse du discours, l’analyse du sens et plus généralement l’analyse qualitative.

Si un pas très important a été fait avec la théorie du Sens, l’anthropologie du discernement et l’ingénierie de l’écoute activante et des techniques de discernement, ce ne sont pas les exigences anciennes qui ont été abolies mais elles sont éclairées d’un nouveau jour avec des réponses nouvelles non moins exigeantes.

Au moment où se dissolvent trop souvent les scrupules déontologiques et aussi les exigences professionnelles ou même de la recherche, il est bon de rappeler certains paramètres.

Martin Drapeau et Robert Letendre de l’université du Québec ont publié cet article dans la revue Recherches Qualitatives vol 22 2001 p 73-92 et on le trouve sur le site indiqué (PDF)

Les analyses qualitatives sont couramment réalisées lors d’enquêtes sociologiques, études de marketing, et aussi dans la recherche pour étudier des phénomènes collectifs, des situations pédagogiques, des phénomènes de société, pour des analyses de situation, des évaluations… Pour cela des observations et des « enquêtes qualitatives » sont réalisées dans de nombreuses circonstances.

Deux problèmes sont alors fréquents.

L’ignorance de la profondeur des déterminations humaines, des motivations par exemple, ou des opinions, de l’origine des comportements. Cela se traduit par une pléthore de techniques pour interpréter les signes apparents, avec des modèles relevant de disciplines très disparates. La gestion des apparences participe au scénario d’un « traitement de surface » des problèmes. Soit par habileté soit par désengagement vis-à-vis des problèmes et situations réelles et particulièrement les être humains concernés et leurs communautés. Les technocraties évidemment se nourrissent de ces techniques qui en général abondent dans le Sens implicite qui est le leur. Ceux qui veulent faire assaut de scienticité utilisent aussi ces artifices sans se douter des conditions de validité de leurs mesures quantitatives. Ils ignorent que ne se mesure que ce qui a été choisi comme qualitativement significatif. Dans d’autres domaines où on se soucie de valeurs on a eu recours à des rationalisations abusives pour pallier à l’incapacité de les qualifier.

Savoir cela cependant ne suffit pas et c’est le second problème. Nos auteurs ne seraient pas les derniers à dire que connaître la psychanalyse n’a jamais permis à quelqu’un de traiter ses problèmes. En effet il en va à la fois d’une expérience intérieure, une expérience des profondeurs qui ne peut s’exonérer du voyage. En outre c’est, comme ils le rappellent, dans des situations « transférentielles » que cela se joue. Ces situations ne sont pas absentes des pratiques d’analyses qualitatives surtout celles dont l’Humanisme Méthodologique étend le champ aux communautés humaines.

C’est le « sujet » analyste qui doit être capable de « faire le voyage » « au cœur du sujet » et ce dans les conditions de perturbation qui peuvent être d’ordre personnel, relationnel, culturel, situationnel… Ils recommandent même ce que l’on appelle souvent une supervision pour ne pas s’égarer.

Il est bien plus facile d’ignorer que de connaître et de connaître que d’assumer. C’est bien le problème des analyses qualitatives. Elles impliquent le sujet puisqu’elles travaillent sur le sujet.

Alors quelle est la place des techniques si c’est une disposition personnelle qui touche à l’inconscient qui est l’essentiel? En fait si c’est la condition essentielle, la complexité des situations et des facteurs en jeu réclame néanmoins de ces artifices qui vont permettre une meilleure maîtrise personnelle. L’Humanisme Méthodologique ne se situe pas en-deçà mais au-delà de la compréhension et des exigences psychanalytiques ici rappelées.

Voir aussi Analyse des Sens et cohérences culturelles ou psychanalyse communautaire