La complexité vertiges et promesses

« La complexité vertiges et promesses » par Reda Benkirane éditions le pommier

Je viens de terminer votre livre. Après une certaine inquiètude à la lecture de l’avant propos, je dois dire que j’ai été très favorablement impressionné par votre quête (enquête).

Je voudrais reprendre un passage de votre entretien avec Andrei Linde.

 » Pour moi, la conscience est la réalité première, la matière est la réalité secondaire. Je ne connais l’existence de la matière que de manière théorique. Je connais ma douleur – personne n’a à me prouver sa réalité -, je sais que je suis ce que j’éprouve, ma conscience m’accompagne. Néanmoins, la conscience reste absente des équations décrivant notre monde. La conscience doit faire partie de l’image du monde ! Et la science n’a pas même encore commencé à travailler dans cette direction. »

Je partage une partie de ces considérations. Cependant il y faudrait une anthropologie qui fournisse les éléments conceptuels et opératoires permettant de faire ce lien. Par exemple entre mathématiques langage symbolique, les racines humaines de ce langage et de ses productions tant mathématiques que scientifiques (physiques, biologiques…)

Or c’est ce que j’élabore depuis 25 ans et je crois disposer des moyens d’entreprendre un tel projet.

Je vous propose de faire un tour sur le site de « l’humanisme méthodologique » et notamment sur deux articles récents (le dernier date de deux semaines avant la lecture de votre livre)

http://www.coherences.com/TEXTES/DOCUMENT/science.html

http://www.coherences.com/TEXTES/DOCUMENT/pedag.html

Les bases épistémologiques et praxéologiques sont établies et votre livre qui donne une excellente synthèse de l’actualité des problématiques scientifiques m’encourage à reprendre cette traduction dans le champ scientifique que j’ai malheureusement laissé en suspend trop longtemps.

Un grand nombre de questions soulevées me paraissent d’ores et déjà pouvoir être éclairées. Par exemple le hasard qui me semble clairement la marque de la présence de l’Autre : « l’aléa » (le langage est effectivement extraordinaire de pouvoir révélateur). Cette altérité se doit d’être transcendante (sinon il y aurrait quelque corrélation cachée) et elle est constitutive de mon expérience de la réalité réalisée (réalisation partagée du rapport de conSensus aux autres).

J’ai mis en évidence comment toute réalité (relative) est à la fois émergente (principe fractal), mais d’une émergence (à la conscience) à partir d’un « vide » de réalité qui est en fait un plein d’humanité (Sens) lieu de conSensus et souce d’énergie (ce qui meut, par exemple dans une inflation chaotique) mais aussi descriptible au travers d’un processus générateur, participant d’un processus évolutif et analysable enfin selon différentes dimensions de l’expérience humaine (trialectique) où l’on retrouve notamment l’axe de la mécanique quantique, celui de la relativité, celui de quelque force « intentionelle », l’aspect d’une morphogénèse, d’une mécanique classique, et d’une physique ondulatoire. (Tout cela reste à retravailler). Il est clair que le regard porté à cette réalité peut privilégier telle ou telle dimension. Par exemple, la scrutation de l’infiniment petit et celle de l’infiniment grand ne relèvent pas du même processus de conscience d’où une certaine irreductibilité si on ne discerne pas ces différences mais une compatibilité si on les intègre dans une plenitude de conscience.

A cela il faut ajouter que les « postures » humaines, positions de Sens appréhendent souvent d’une façon réductrice ou distordue la réalité. Beaucoup sont impostures dès lors qu’elles en viennent à nier l’origine humaine du procès et du produit scientifiques.

– quelques éléments de la longue réponse de l’auteur.

merci beaucoup pour votre lecture de mon livre et vos reflexions sur

la science. J’ai lu avec interet les deux articles signales. Assurement

vous faites partie de la nouvelle humanite, solidaire et dispersee, qui

a saisi a la fois l’importance et l’urgence « d’enseigner l’humanite a

l’humanite » (Rodrigo de Zayas). Et dans cet enseignement, la science ne

peut plus etre ignoree. D’où aussi la raison d’etre de mon livre, qui

deploie un collectif de penseurs ou se donne a voir le jeu fascinant et

tant fecond de l’unicite et de la diversite.

Je vous reponds tout d’abord concernant votre recherche d' »une

anthropologie qui fournisse les éléments conceptuels et opératoires

permettant de faire ce lien. Par exemple entre mathématiques langage

symbolique, les racines humaines de ce langage et de ses productions

tant mathématiques que scientifiques (physiques, biologiques…) »…

Suite de nos échanges (extraits)

La lecture de votre reponse est pour moi une vraie réjouïssance. Je voudrais rapidement vous renvoyer différentes réactions. Il y a trois ou quatre ans un ami m’avais demandé d’intervenir dans une manifestation sur le dialogue interreligieux. J’ avais commencé par dire que le dialogue n’était pas une fin en soi et qu’il devait avoir un objet sérieux. Je voyais trois hypothèses : Dieu, l’Homme, la Réalité. Sur Dieu j’ai déclaré que je n’avais pas d’information de première main et donc ne pouvais rien en dire, mais les questions qu’est ce que l’homme, qu’est ce que la réalité me paraissaient celles qui étaient indispensables à un dialogue sur le fond.

La réalité : c’est la question épistémologique et la réponse scientifique qui devaient être enjeu du dialoque. L’Homme c’est l’anthropologie fondamentale et la compréhension humaine des affaires humaines qui devait faire l’objet des discussions. Si cela n’est pas posé alors on ne sait pas de quoi on parle et le dialogue devient une posture ou un vécu dont la portée ne dépasse pas les participants.

Je crois comprendre que vous n’êtes pas éloigné de cette position.

Concernant le hasard, ma découverte à la suite de la lecture de votre livre est celle-ci. Dans l’anthropologie fondamentale que j’ai élaborée j’ai montré que toute réalité est réalisée c’est à dire qu’elle est constituée par l’expérience humaine. Celle-ci comporte différentes dimensions découlant de l’expérience du Sens en conSensus dont les trois dimensions fondamentales sont :

– intentionnelle : expérience du Sens comme propention, désir, volition etc. Unité de détermination (déterminisme)

– attentionnelle : expérience des autres, participant au conSensus, dimension objective, multiplicité aléatoire; conditions discrètes de l’expérience.

– extensive : expérience du développement spatio-temporel d’une réalité, résultante vectorielle, des deux précédentes dimensions,

Dès lors le hasard est l’aléatoire de la participation de l’autre (altérité radicale) mais dont la présence est ressource d’émergence de l’expérience de la réalité réalisé, émergence qui me parle de floraison… dont le fruit est le développement de la réalité et le « Semen » le Sens que l’intentionalité retraduit.

Voir notamment

la trialectique sujet objet projet

Principales thèses

La réalité et le réel

Ce que vous dites des sciences humaines et leurs carences à nous aider à connaître l’homme (c’est un comble) correspond aussi au sentiment d’urgence que je partage et à cette fondation d’un humanisme méthodologique que j’ai entrepris.

Voir notamment la charte

Concernant les cultures c’est un champ d’activité important pour moi depuis longtemps avec la théorie des cohérences culturelles et toute ses conséquences d’élucidation des Sens des cultures, de leur vocation propre et des voies et moyens de leur développement singulier. L’interculturel a souvent servi de négateur de la part d’humanité qui est le lot de chaque culture évacuant la notion de vocation culturelle propre et donc de service aux autres « cultures », fondatrices de relations interculturelles fécondes, relations de « concourance ». l’Europe est aux prises avec cette problématique (humaine) et a bien du mal à s’en débrouiller. Voir étude de cohérences culturelles et vocation de l’Europe