Dirigeants penser la mutation

La période est celle de changements profonds. L’adaptation de plus en plus rapide amène à se poser des questions de fond. Les dirigeants sont-ils des équilibristes qui jonglent avec les circonstances, sans filets (mais avec des « golden parachutes » quelques fois)? Où bien sont-ils toujours des capitaines de navires dans des eaux qui ne sont plus les mêmes avec des vaisseaux à transformer et des équipages d’un nouveau type?

Tout responsable ou dirigeant se trouve à devoir toujours

articuler trois plans de la réalité qui est la sienne:

– La situation de proximité, celle

de l’organisation où il exerce cette responsabilité

et son devenir,

– Les différents contextes dans lesquels s’exerce l’activité

de l’organisation,

– L’évolution générale du monde et des grandes

questions d’actualité.

Trop souvent les trois sont dissociés

ou bien encore leur relation confuse. Et pourtant on ne peut tabler

sur les différents, contextes, marchés, modèles

d’organisation et d’action, environnement culturel, social, administratif,

professionnel si on ne voit pas comment ils sont affectés

par l’évolution du monde actuel et ses mutations. Songeons

seulement à la mondialisation. On ne peut pas déterminer

les bonnes façons de conduire l’entreprise, le projet,

la collectivité si on ne comprend pas ce qui se passe autour

dans ses différents contextes. D’ailleurs les personnes

elles-mêmes, impliquées dans l’organisation ou en

rapport avec elles, sont sensibles aujourd’hui aux évolutions

des différents contextes et aussi aux grandes problématiques

du moment.

L’Humanisme Méthodologique est sans

doute une des premières pensées qui articule ensemble

: le Sens général des questions fondamentales et

universelles, celui des problèmes et contextes qui forment

nos cadres d’activité et enfin le Sens des situations au

cur desquelles nous avons à nous diriger, à diriger,

à agir. Il est aussi une des premières pratiques

méthodologiques généralisables qui concerne

simultanément l’action immédiate et celles qui touchent

aux autres niveaux.

La première clé qui découle

de l’anthropologie fondamentale sur laquelle il repose est la

clé du Sens, celle qui ouvre la porte du discernement.

Si les questions de Sens sont devenues de plus en plus sensibles

aucune théorie anthropologique du Sens n’avait fait le

lien avec l’esprit, la spiritualité comme avec l’intelligence

symbolique qui s’exercent dans le discernement. Le Sens transcende

les situations et relie le proche et le plus lointain, le court

et le long terme, le particulier et le général,

le personnel et l’universel, le local et le global comme on dit

aujourd’hui.

Le Sens est aussi la clé de toute

orientation, toute direction donc. Diriger, c’est en quelque sorte

donner le Sens. Lequel ? Comment le partager en ConSensus ? Encore

faut-il le discerner.

Le Sens est encore le principe éthique,

le support d’une échelle de valeur, le vecteur des idéaux,

des objectifs, des motivations, bref ce que tout repère

vise à indiquer et que chaque responsable a à incarner

pour les autres.

Le Sens enfin est le principe même

de la rationalité, l’ordre des choses selon un même

Sens, le principe de cohérence. Connaître le Sens,

c’est comprendre la raison (l’inverse n’est pas vrai). C’est aussi

construire l’action rationnelle. La raison, on le sait maintenant,

peut servir n’importe quel Sens, le pire ou le meilleur.

La seconde clé qu’apporte l’Humanisme

Méthodologique, c’est le lien qui existe entre le Sens

et la réalité des problèmes et des situations.

Aujourd’hui lorsqu’un Sens est donné en fonction de repères

spirituels ou encore d’aspiration, de valeurs, de principes éthiques,

la traduction concrète en termes d’orientation, de stratégie,

d’organisation, de performance, ou même de gestion ne trouve

aucun fondement théorique ou méthodologique pour

faire le lien. Il en est à tel point que lorsqu’on est

dans l’action ou dans la mondialisation de l’action, on ne voit

plus le Sens et quand on a le Sens on ne dispose que d’outils,

de méthodes ou de techniques dont on ignore le Sens.

Dissociation de l’esprit, la pensée,

le principe, l’éthique et de l’action, l’organisation,

la performance. Clivage favorable à tous les opportunités,

les simulacres mais clivage douloureux à la conscience

qui interdit toute véritable maîtrise ou, pire, laisse

penser que c’est l’occultation du Sens qui est gage d’efficacité

ou bien encore qu’il est impossible de poursuivre un Sens de haute

valeur humaine dans la réalité concrète.

L’Humanisme Méthodologique a montré

que la clé en est en l’homme: le Sens et dans son rapport

aux autres : ConSensus à partir de quoi toute l’expérience

humaine structure la réalité qui nous entoure, par

laquelle et sur laquelle on agit.

Il montre comment s’articulent la subjectivité

et l’objectivité qui interviennent dans toutes les situations

humaines, à toutes les échelles et dans tous les

domaines. La rationalité qui en est la conséquence

est aussi, on le sait, un moyen d’en avoir une certaine maîtrise.

Avec la structure cohérencielle ou

trialectique, l’Humanisme Méthodologique nous amène

le principe structurant indispensable à l’action et à

la compréhension des choses.

Ces deux clés du Sens et de la structure

de l’action vont permettre une nouvelle intelligence des choses

à tous les niveaux et aussi l’établissement de nouveaux

moyens, outils, techniques, méthodes, stratégies

pour la maîtrise de l’action. En définitive discernement

du Sens et maîtrise de l’action bouleversent l’exercice

des responsabilités, offrent des ressources pour diriger

insoupçonnées.

Le premier bénéfice en est

la lecture des évolutions et de la mutation de notre époque.

On en situera ici quelques repères:

1) Les évolutions humaines selon

leur Sens sont pour le meilleur ou pour le pire; quelques fois

en même temps en des lieux différents ou en un même

lieu à des moments différents.

2) Lorsque le Sens est le meilleur alors

il s’agit d’un progrès d’humanité celui sur lequel

on peut placer aussi bien les étapes de civilisation, le

cheminement d’une éducation vers une plus grande maturité,

la progression d’une organisation vers une plus grande maîtrise

de son métier et de son devenir. Ce progrès d’humanité

dont on voit les enjeux à tous les niveaux n’est pas un

chemin au hasard. Il est structuré selon des phases et

des seuils de maturation qui correspondent à des niveaux

de conscience et bien sûr à des niveaux de maîtrise

différents des affaires humaines.

Il est d’ailleurs étonnant que cette hiérarchie

des niveaux, implicite dans de très nombreuses pratiques

ou structures n’a plus aujourd’hui, semble-t-il, de référence

et de fondement universellement reconnus. C’est l’une des crises

de notre époque.

L’Humanisme Méthodologique éclaire la trajectoire

et les enjeux de l’évolution humaine tant pour les individus

que pour les entreprises, les sociétés ou l’humanité.

Il permet d’en reconnaître les parcours et les étapes

infiniment différenciés et surtout de comprendre

et d’agir en fonction des niveaux et des enjeux d’évolution

humaine.

C’est l’un des outils que tout dirigeant devrait avoir pour exercer

sa responsabilité.

Discernement du Sens, structuration des situations humaines, échelle

d’évolution et donc de valeur pour évaluer (et pour

évoluer). Voilà trois nouvelles bases bientôt

indispensables.

3) Nous avons fait un lien entre meilleur

Sens à choisir (positionnement), trajectoire d’évolution

(progrès humain) et valeurs. C’est encore un apport majeur

de l’Humanisme Méthodologique.

La question des « valeurs » ne cesse

de hanter notre époque qui se dit en perte et cherche à

les restaurer se heurtant d’ailleurs à la diversité

des systèmes de valeur.

Faut-il bâtir un système universel, une « éthique

planétaire » formulée et formalisée une

fois pour tous? Faut-il que chacun choisissent le Sens humain

dont il veut dresser l’échelle de valeur particulière

à la face des autres et du monde? Ni l’un, ni l’autre.

L’Humanisme Méthodologique éclaire

le fait qu’en chaque situation un « meilleur Sens » qui

lui est propre peut être discerné, qu’il est le support

d’une échelle de valeur spécifique de toute valeur

et donc de toute évaluation.

Qu’il en est de même à tous les niveaux de communautés

humaines, sans exclusive.

Ainsi il y a une échelle de valeur

et d’évolution du bien de l’homme universelle, il y en

a d’autres à l’échelle des communautés et

cultures humaines, il y en a d’autres à des échelles

de proximité et différentes dans chaque cas.

Sous réserve qu’il s’agirait toujours du meilleur Sens

alors le personnel, le culturel, l’universel se retrouvent.

De même que sur une route jamais droite,

une démarche droite implique d’en suivre les contours,

de même valeurs et évaluations ne peuvent être

envisagées que dans une communauté de référence

et donc en relation avec son meilleur Sens, celui du bien commun.

C’est le niveau de maîtrise des enjeux

qui détermine le système de valeurs (humains), de

référence en même temps que le Sens du bien

commun qui en est le vecteur et le critère.

4) La relativité des modes, des valeurs,

toujours en référence à un « bien commun »

et au bien de l’homme conduisent à deux conséquences.

La nécessité de toujours considérer une communauté

humaine de référence et le Sens de son bien commun

pour situer entreprises ou actions afin d’en dire valeurs et évaluation

On imagine le caractère meurtrier du contraire. Regardons

l’Afrique par exemple mais aussi nos problèmes internationaux,

politiques, sociaux, ceux aussi des communautés multiples

impliquées dans toute entreprise.

C’est la deuxième conséquence,

il est urgent de considérer comment se construisent et

se conjuguent les communautés humaines. Ce sont toutes

des communautés de Sens, c’est-à-dire de nature

humaine mais aussi des communautés de communautés

à considérer dans leur diversité, leur complexité

et à respecter par la considération de leur bien

commun spécifique et des rapports de « concourance »

entre elles.

5) Nous sommes dans une mutation qui est

le passage d’un âge d’humanité à un autre,

passage qu’ont à vivre tous les hommes (qui grandissent),

toutes les communautés humaines, les pays, régions

mais aussi entreprises et institutions et le monde entier. On

sait bien que cette trajectoire d’évolution ne va pas sans

qu’existent d’autres trajectoires et que le pire est toujours

possible. Cependant cela n’empêche pas de discerner le Sens

et les signes de cette mutation.

L’Humanisme Méthodologique montre

qu’il s’agit d’un seuil de maturescence (comme il y a un seuil

d’adolescence). il nous est peu familier, il faut donc le découvrir,

nous en sommes (ou pouvons en être) les pionniers du moins

à l’échelle du monde et dans nos affaires propres.

Il importe de connaître quelques caractéristiques

de ce passage:

– phase antérieure

– phénomènes de transition

– phases émergentes.

Nous sommes là devant ce chantier qui consiste à

comprendre la mutation de notre époque et les phénomènes

qui l’accompagnent.

6) Nous devons dépasser un « âge

des représentations ». C’est celui par lequel depuis

plus de deux millénaires en occident, nous élaborons

des représentations du monde et de nous mêmes par

lesquelles nous nous exerçons à maîtriser

nos affaires. Sciences, modèles culturels, systèmes

juridiques, institutionnels, plans, idées, formules, formalisation

et formalismes, images, schémas, autant de supports d’identification,

de conception, de rationalisation. La raison en est maîtresse

pour exercer une maîtrise des choses. Par le langage, l’image

et des moyens multimédia nous élaborons et transmettons

ces représentations en vue de comprendre, d’informer, d’agir

et aussi de bâtir stratégie, modèle ou plans.

Nos écoles les plus grandes comme

les plus communes « forment », c’est le cas de le dire,

au maniement des représentations dans tel ou tel domaine,

à tel ou tel niveau d’exigence ou d’habileté. Or,

cet « âge des représentations » est en crise.

Il se révèle que la Raison n’est pas le Sens, que

les représentations, les idées, les formules ne

sont pas le Sens mais le véhiculent. Sans discernement

on en vient à vénérer des « images pieuses »

et tomber dans l’idéologie, le conformisme et l’aveuglement.

Par exemple au nom de l’idée de démocratie

on peut faire des dictateurs ou justifier les pires injustices.

Au nom de la justice on peut nourrir l’iniquité.

Dès lors que le Sens est donné,

stable, ignoré, alors les représentations semblent

efficaces. Lorsque tous les Sens sont présents, décidables,

engagés, revendiqués, ça ne marche plus.

C’est la crise des modèles à laquelle nous assistons

dans tous les domaines. Cette crise est un signe d’évolution

de dépassement mais en même temps elle est un trouble

qui laisse place à des diversions. Ce sont par exemple

la crispation sur les représentations et les modèles

anciens, la fuite en avant dans la production de signes, d’images,

de discours, de lois, de plans, de modèles qui se disqualifient

mutuellement, la régression à des stades de développement

humain antérieur : primaire lorsque le « courtermisme »

fait loi, archaïque quant le maniement de l’émotion

publique passe pour la formation de la vérité et

la volonté de puissance comme la principale légitimité.

7) La crise de Sens. Elle est un signe de passage. Tous les Sens et

tous les repères sont présents. Il y a de quoi être

déboussolé mais aussi de quoi chercher à

assumer discernement et choix de Sens, c’est-à-dire passer

à l’âge du Sens.

La crise de Sens interpelle l’humain au

plus profond, individuellement, collectivement, universellement.

Jamais des Sens humains aussi opposés que ceux qui prescrivent

le recours à l’humanité de l’homme, son discernement,

sa responsabilité, son engagement et à l’inverse

ceux qui ramènent tout au composé bio physico chimique

auquel l’homme est alors réduit et dont tout Sens est nié.

La crise de Sens remet en question tous nos repères. Ils

ne sont pas le Sens et il nous faut maintenant le chercher, le

discerner.

Au stade des représentations nous

ne voyons pas cette multiplicité de Sens et nous laissons

prendre par les mots, les images, les formules. La crise des représentations

est une introduction à la crise de Sens et celle-ci nous

place devant l’immensité de la tâche de discernement

de Sens à tous les niveaux, dans toutes les circonstances

et aussi devant cette interpellation de notre responsabilité

et de notre capacité du discernement. C’est ici que se

refonde, par exemple, dans un temps de refondation : le rôle

de dirigeant, toute autorité de service, toute liberté

engagée, toute autonomie responsable.

La crise de Sens, Sens de sa vie, Sens du

bien commun, Sens de toutes les affaires humaines, petites et

grandes, Sens des mots même, marque le passage, le seuil

de maturescence.

8) L’âge du Sens. Voilà la perspective qu’éclaire

l’Humanisme Méthodologique, l’émergence que nous

pouvons discerner, le foisonnement des possibles auquel nous sommes

maintenant appelés.

L’âge du Sens, c’est l’âge du

discernement nécessaire mais exigeant dans sa profondeur

et dans l’étendue des questions à réenvisager

sous cet angle. En toute chose, discerner le meilleur Sens. C’est

l’âge de l’homme (l’Hominescence de Michel Serres), l’âge

où se révèle que le Sens est humain, que

le monde est expérience de Sens en consensus et qu’il est

donc aussi humain (en même temps que l’on nous affirme le

contraire). Cela veut dire que les problématiques humaines,

les Sens humains, les logiques humaines sont celles du monde et

que nous sommes donc responsables de ce que nous en faisons.

L’âge du Sens, c’est l’âge des

communautés de Sens (consensus) espace de toute réalité,

de toute valeur, de tout enjeu, de toute économie. Il n’y

a d’économie ici que communautaire, micro ou macro communautaire,

jusqu’à l’humanité entière. C’est là

que la mondialisation se comprend, comme conscience de l’espace

humain à l’échelle de l’humanité mais aussi

en conséquence conscience de la multiplicité des

communautés et cultures humaines et donc des mondes.

Vivre dans différents « mondes »

et s’enrichir des uns et des autres tel est la structure de ce

que nous avons à intégrer à l’âge du

Sens. L’âge du Sens c’est aussi celui des valeurs, cette

fois significative du bien commun, celui des évaluations,

celui aussi de la production de « biens », qualifiés

ainsi par leur référence au bien commun, celui des

« services », qualifiés ainsi lorsqu’ils servent

le bien particulier selon les valeurs du bien commun.

L’âge du Sens, c’est l’âge des

vocations personnelles et collectives à discerner, à

cultiver et accomplir, c’est encore l’âge de « l’entreprise »

conçu comme engagement personnel et collectif dans un Sens,

selon des valeurs et donc des pratiques et des méthodes

cohérentes. Toute vie majeure est une vie à entreprendre,

personnelle, collective, à toutes les échelles régionales,

nationales, internationales. Toute communauté de Sens est

une communauté entreprenante et donc engagée dans

un développement.

L’âge du sens est aussi celui de projets

qui sont projections d’un Sens (le meilleur possible).

L’âge du Sens est celui des concourances

qui définissent la nature du bien entre des projets, des

entreprises, des collectivités, des régions, des

organisations, des équipes, des personnes.

L’âge du Sens, c’est aussi celui du

virtuel dont la racine est WIR qui veut dire homme, vertu, valeur

et qui signifie que les virtualités humaines sont l’origine

et la fin de toute les réalisations humaines.

L’âge du Sens nous dit que toute

communication et engagement de Sens à partager, toute action

est engagement de Sens partagé.

9) Pourquoi un nouvel Humanisme aujourd’hui

et qui plus est « Méthodologique »

L’appel à un nouvel humanisme n’est pas neuf, signe sans

doute d’un manque, signe aussi que les traditions humanistes manquaient

à éclairer les temps qui s’annoncent.

L’évolution de l’humanité,

la mutation engagée, l’émergence d’un âge

du Sens interpellent la conscience de l’homme, à un autre

niveau.

Les idéaux de « l’humanisme des représentations »

ont manqué à éclairer sur le Sens, même

dans les pires situations; Plus leur formulation se voulait rigoureuse

et donc abstraite, plus elle s’éloignait de l’expérience

vécue et, pire, de sa profondeur intime. C’est pour cela

que malgré les aspirations, les formules et formalismes

ont été si radicalement contesté et leur

retour, souvent incantatoire, peu crédible. Il est vrai

qu’une « représentation de l’homme » ne suffit

pas à l’âge du Sens à fonder un humanisme.

C’est une anthropologie fondamentale qui va jusqu’au cur du sujet,

l’Instance humaine, l’Être de Sens qui peut seule fonder

un humanisme pour l’âge du Sens.

Il se trouve aussi que le Sens au coeur

de l’homme est le vecteur de l’action et le consensus (avec les

autres) son moteur.

Alors, ainsi engagé dans les profondeurs

spirituelles de l’homme, ce nouvel humanisme ne peut manquer d’être

aussi celui de l’action. Non pas celui d’un agir pour agir mais

d’une action proprement humaine qui est réalisation des

virtualités humaines, révélatrice des mêmes

virtualités. Agir pour réaliser le monde ou plutôt

les mondes du monde! Agir pour révéler au travers

de ces réalisations l’humanité même de l’homme

qui les réalise!

L’homme s’y découvre libre et comprend

dès lors ses égarements dont la possibilité

même est condition de sa liberté. Il s’y découvre

responsable des réalités, des mondes, des affaires

humaines, non pas parce que cela lui est confié mais parce

qu’il en est co-auteur, qu’il leur donne Sens et pour cela peut

les rendre humanisantes.

Cet humanisme est méthodologique

parce qu’il est orienté vers l’action, réalisatrice

et révélatrice, vers l’engagement entreprenant et

le discernement en toute chose du meilleur Sens.

C’est un humanisme radical parce qu’il n’exonère

l’homme d’aucune de ses déclarations, de ses expériences,

de ses réalisations en même temps qu’il refuse qu’il

s’en prétente le simple spectateur pour parler au nom de

puissances ou d’entités tierce. L’homme ne se crée

pas lui-même mais il se réalise. C’est la condition

pour qu’il se révèle et ainsi s’accomplissant, entre

dans un royaume du Sens ou de l’esprit qui en rappelle un autre.

Enfin pourquoi l’Humanisme Méthodologique

qui éclaire autant de domaines qu’on le veut et qui développe

autant de méthodes que nécessaire ne se réfère

pas explicitement aux pensées et aux uvres qui le précèdent

et ont évidemment inspiré l’auteur? C’est un témoignage

qu’il faut y lire interpellant le témoignage de l’écoute,

les Sens de chacun pour qu’il se fasse auteur de son propre chemin

avec ceux dont il partage les consensus.

Une pensée à l’âge du

Sens ne se construit pas comme un édifice de représentations

se référant les unes aux autres comme ont tenter

de le faire des philosophes ou le réalisent certaines sciences

dans leur grand formalisme mathématisé.

Le temps des références est

celui de l’âge des représentations, le temps des

témoignages celui de l’âge du Sens.

Reste à chacun de faire l’expérience

de relier ses références avec ce nouveau regard

et peut être de discerner de quel Sens l’auteur a peut-être

témoigné, malgré lui quelquefois ou malgré

ses commentateurs. Mais n’est ce pas le rôle d’un dirigeant,

d’un responsable de se nourrir de références certes

mais surtout de décider par son propre discernement dans

un contexte de consensus singulier qui rend vite caduque toute

tentation de normalisation.

Un dirigeant est un témoin, un témoin

de Sens, de direction, tel est le visage nouveau qui s’en découvre.