Le tourisme durable

La question d’un tourisme respectueux du territoire qu’il visite est de plus en plus sensible. Cependant, considérer que ce respect doit porter sur la communauté culturelle des habitants est encore loin d’être évident. En effet cela demande d’en comprendre sur le fond les valeurs et la vocation culturelle. Moins facile que les formules toutes faites et les bons sentiments.

1 – Le tourisme standard

– Le tourisme en France, première activité économique, 75 millions de visiteurs, première destination mondiale.

– Considéré comme une matière première, mesuré à la quantité de touristes dont il faut capter le flux pour prélever au passage une sorte de ticket- taxe. C’est la logique rente de situation : – exploitation d’une matière première – équipements, aménagements accessoires

– Absence de maîtrise de cette activité, reproduction de modèles types standards par les acteurs spécialisés.

2 – Une autre conception du tourisme pour un territoire

– C’est un ensemble de visites, occasionnelles, périodiques, séjours courts ou plus longs avec des mobiles variés.

– les visites valent dans la mesure où elles contribuent à la dynamique de la communauté culturelle du territoire qui doit elle être considérée comme telle.

– Le tourisme doit être considéré comme une visite rendue à une communauté culturelle avec toutes ses conséquences et non à un lieu “intéressant” occupé accessoirement par des indigènes.

3 – La valeur de la visite touristique pour le visiteur traditionnellement :

– le donné à voir ou percevoir pour le plaisir des sens – tourisme spectacle, spéculatif (ce qu’il faut voir…)

– le donné à faire – des activités qui valent pour ceux qui les exercent

– le donné à réfléchir – représentations “culturelles” classiques pour amateurs initiés

– le donné à vivre de scènes ou situations auxquelles participent les gens et dont le bénéfice est expérientiel et le plus engageant.

4 – Il faut établir un lien entre identité culturelle communautaire du territoire- valeurs patrimoniales propres d’une part et d’autre part attractivité et valeur pour les visiteurs.

L’identification des valeurs culturelles et patrimoniales propres à la communauté d’accueil est la condition pour offrir en partage ces valeurs.

Sinon il y a dissociation entre la communauté locale et les valeurs “touristiques” commercialisées.

5) Redéfinir le patrimoine dans son rapport avec les valeurs culturelles communautaires sans lesquelles il ne vaut rien.

Le bénéfice communautaire potentiel définit et qualifie le patrimoine par sa valeur de contribution au développement humain de la communauté (Sens du bien commun)

6) Le développement humain de la communauté territoriale est sa vocation, sa mission, son ambition de développement et l’essence de son projet d’avenir.

7) Le projet touristique s’inscrit dans le projet de développement par les valeurs culturelles et patrimoniales à partager portées par l’”offre de service” touristique.

8) Lorsque chacun sur un territoire veut “vendre” ses valeurs particulières (érigées en valeurs universelles bien souvent) et indépendamment de la référence à un bien commun explicite , spécifique à la communauté territoriale, il contribue à “l’exploitation touristique” du territoire et pas à son développement.

9) Le problème de gouvernance par rapport au développement de la communauté territoriale est plus complexe et plus important qu’il n’y apparaît. Trop de naïvetés, souvent intéressées, en la matière.

Dans le contexte actuel, peu ont une vision ou une considération pour la communauté territoriale et son devenir et la participation est bien souvent un échange d’opinions et d’idées préconçues à courte vue.

Cela demande une pédagogie progressive de l’appropriation collective du Sens du bien commun et de ses multiples traductions dans un monde complexe et en plein bouleversement.

La gouvernance demande des étapes – identification, orientation, engagement collectif – qu’il ne faut pas inverser. (cf. document)

Trop de réunions prématurées des acteurs débouchent au mieux sur la compilation des lieux communs du moment (cf. le très grand nombre d’expériences de toutes dimensions effectuées en vain – mais qui évalue ?)