Les jeux d’identités 5

Pour affiner la connaissance de la carte et des positions d’identités

LES TRANSITIONS ENTRE LES CHAMPS DE

COHERENCE DE LA CARTE




Les axes de la carte repérés dans l’espace ont

été utilisés pour séparer les quatre

secteurs nommés champs de cohérence. En fait, il

y a une infinité de Sens autour du centre de la carte

et on pourrait ajuster sur un plus grand nombre de secteurs plus

petits. Ce que l’on gagnerait en justesse se perdrait en facilité

d’utilisation de l’outil. Cependant il ne faut pas non plus tomber

dans ce qui serait réducteur et consisterait à

considérer le champs comme des cases avec des frontières

marquées. Pour cela il est bon d’avoir quelques indications

sur le Sens des secteurs qui font la transition , centré

sur les axes. Ces indications ici insuffisantes pour avoir toute

la richesse des quatre champs permettent cependant de situer

des nuances importantes et même des domaines originaux.

Par exemple entre la conquête et la dégradation,

il n’y pas un passage brutal et on peut considérer un

secteur intermédiaire centré sur l’axe extériorisation.

On nommera ce secteur celui de la SEDUCTION. On y peut voir des

Sens plus proches de la conquête et d’autres plus proches

de la dégradation. C’est par là que se fait le

passage entre les deux champs. Il a en outre des caractéristiques

auxquelles on peut ajuster beaucoup de tendances culturelles

contemporaines.


Les quatre secteurs axiaux seront ainsi désignés

:


– axe extériorisation la SEDUCTION

– axe intériorisation la GENERATION

– axe bas la REGRESSION

– axe haut l’ELEVATION



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1) LE SECTEUR DE LA SEDUCTION


Sur l’axe extériorisation, il correspond à ce qui

tend à n’être que forme extrême avec le moins

de Sens vécu ou manifesté. Ne donner à voir

qu’une façade ou encore s’extérioriser, montrer

en déjouant toute signification. Ces formes montrées,

jeux d’apparences, par leur jeu même, sont de séduction.

Depuis la conquête où cette séduction fait

des militants à la dégradation où elle "prend"

où elle capture comme s’il s’agissait d’une proie. Chant

des sirènes, femmes fatales, figurent des images de cette

séduction dans ce secteur vers la dégradation parmi

bien d’autres formes bien sûr. Cet extrême des jeux

de formes est aussi celui des manipulations dont ils sont destinés

à faire tomber dans la dégradation où à

retenir efficacement l’attention dans la conquête. On en

trouve l’exemple dans la caricature du "sourire commercial"

ou de la plupart de ce que l’on appelle techniques de vente et

aussi la publicité. Cela se situe dans ce secteur avec

simultanément une survalorisation de l’image et un déjouement

du Sens, éventuellement à grand renfort de discours.


Ce secteur est aussi celui de la magie, séduction des

images. Il s’agit des pratiques, objets, rites sensés

avoir un Sens, insaisissable toujours, c’est ce qui en fait la

séduction. C’est le cas très contemporain d’un

grand intérêt pour les phénomènes

paranormaux, les choses étranges, les choses occultées

où c’est toujours une recherche des Sens qui échappent.

C’est le cas de tout un attrait du symbolisme et de la mythologie.

Le symbole est fascinant tant qu’il est supposé plein

de Sens ignorés. C’est le jeu séducteur des apparences

qui fascine. De là la quête interminable et la fuite

aussi interminable du Sens. Tout cela est isomorphe dans ce secteur

de l’escroquerie, de la tromperie, vers le bas, bien-sûr,

mais pas très loin des pratiques de la conquête

où seul le résultat et ce qui se voit tend à

compter.


En fait il est beaucoup question de voir, faire voir et se faire

avoir, voir et avoir.


Dans les jeux d’identités, on trouvera en position haute

le SEDUCTEUR, et en position basse la PROIE. Le SEDUCTEUR fait

transition entre le chef vedette et de dominateur, et la proie

entre le militant et la victime.


On ne va pas examiner tous les jeux d’identités possible

mais simplement le jeu complémentaire. Il consiste pour

le SEDUCTEUR à manifester des formes séduisantes

selon des critères pertinents pour la personne ou la population

visée. Ces formes sont séduisantes si elles font

signe, signe qu’il y a du Sens (plaisir, vie, signification,

logique, etc…) tout en déjouant sans cesse toute clarification.

La distanciation en est une stratégie. Se faire désirer

consiste à promettre par signe et ne pas donner Sens,

existence. C’est le mécanisme de l’attraction de la PROIE.

Celle-ci cherche Sens dans l’autre. Cette façade de pure

forme est prometteuse et c’est sa quête sans fin qui fait

le mouvement de la PROIE qui se prend. Elle est prise par la

manipulation dans la dégradation et se trouve fascinée,

à merci. Le jeu est destiné à se poursuivre

si bien que la PROIE reste fascinée, prise, capturée,

immobilisée mais non éliminée.


Il y a d’ailleurs tendance à une déréalisation.

C’est lorsque sont exacerbées les réalités

dans les manifestations, l’expression, les apparences, qu’elles

perdent corps et tendent à se dégrader ou être

fugaces et sans contenus, les signes n’expriment plus, ils remplacent

les choses.


Dans les tendances culturelles on en trouve de très nombreuses

traces. Un hyper-réalisme devient en fait dérision

de la réalité. Par exemple la surinformation rend

incompréhensibles les choses, mais elles fascinent. C’est

ce qui fait le succès des mass-media, plus il y a d’images,

plus les choses sont imagées, plus elles attirent l’attention.

Cette attraction est celle du vide, mécanisme de la séduction.

Ce faisant, les observateurs que sont les journalistes deviennent

les vedettes puisqu’en dernier ressort pour le public, ils font

les images. Certains vont mêmes jusqu’à créer

l’événement. La mode, d’autres modes du passé,

sont aussi une distanciation supplémentaire. La photo

est une distance par rapport au Sens, aux réalités.

L’intérêt pour l’art photographique en tant qu’objet

d’intérêt (pour l’art en général aussi)

crée une double distance.


Dans la relation complémentaire, la demande de la PROIE

fait aussi l’offre du séducteur, sa satisfaction toujours

déjouée en fait la durée. La proie s’épuise

à suivre, le SEDUCTEUR à prendre. Ce dernier fait

voir des jeux de signes pour "avoir" l’autre. La PROIE

prend les signes pour du Sens qu’elle cherche dans l’autre et

se trouve privée de Sens (fascinée, hypnotisée)

et déréalisée.


2) LE SECTEUR DE LA REGRESSION


Il est centré sur l’axe BAS. La tendance est d’amenuisement,

à rendre petit, à abaisser. C’est une tendance

à l’élimination des réalités par

un mouvement inverse de celui de leur construction. La REGRESSION

est plutôt repli, repos, mise en sommeil des fonctions

vitales du côté de l’involution. Elles est souffrance

avec perte de conscience dans la dégradation. La REGRESSION

conduit au sommeil comme à la mort, quand on dit de quelqu’un

qu’il s’éteint. C’est aussi une tendance à vivre

"petitement" par recherche de sécurité,

soit dans le confort, soit par empêchement, par évitement

des problèmes, des contraintes, des réalités.


Cette REGRESSION correspond ainsi à une tendance à

l’enfermement dans un cocon protecteur sécurisant comme

dans l’absence de relation , dans un mutisme. Quand disparaissent

les réalités et le Sens, tout se passe comme si

la communication disparaissait. On tend vers un fonctionnement

végétatif. La non-vie devient une manière

de vivre sans risques, sans craintes, en sécurité.

C’est le refuge de bien des personnes, un retrait du monde, des

autres et d’eux-mêmes qui se traduit par les "petites

habitudes" qui tendent toujours à se réduire.

Elle se manifeste par une limitation des centres d’intérêt,

des communications, des jugements, l’absence de projets et d’ambitions

et le désintérêt pour toute chose qui n’est

pas soi ou le peu qui en est conscient.


Dans cette direction du BAS, se trouve aussi bien un grand nombre

de personnes des "classes silencieuses" que ceux qui

ne disent jamais rien au BAS de l’échelle dans les entreprises.

Ils apparaissent sans problèmes. D’autres trouvent refuge

dans la folie ou la dépression, ou encore dans quelque

manie exclusive.


Dans ce champ peuvent toujours se repérer deux types d’identités

en position haute et basse dont la communication n’est pas d’une

extrême richesse mais a tout de même ces Sens là.

Nous les nommerons successivement le GARDIEN et le MORT.


Vers l’axe ETRE, le GARDIEN porte en lui-même cette absence

des réalités et cette pureté de Sens avec

des mobiles de sécurisation. Il garde pour protéger,

veiller au repos, dans l’involution et il garde pour surveiller,

empêcher dans la dégradation. C’est un peu l’équivalent

d’un SURMOI totalitaire en psychanalyse.


Le gardien ne cesse de mettre en garde, d’éviter que des

choses supposées dangereuses arrivent. De cette manière

il enferme et fait régresser. Son enveloppement, véritable

encerclement, peut être rassurant ou étouffant.

En tout cas il rend l’autre irresponsable, dépendant,

MORT à sa propre vie. C’est le cas des parents trop protecteurs

qui à force de prise en charge empêchent la croissance

de leur enfant qui devient MORT dans un fonctionnement végétatif.

C’est le cas aussi de ces envahissements de GARDIENS qui se "mettent

à la place" et la prennent, en particulier envahissement

affectif, égoïsme exacerbé, ignorance de l’autre.

L’apparente sécurité du GARDIEN, son absence ou

sa surabondance d’intérêt pour l’autre font tendre

vers lui en "faisant le MORT". Le GARDIEN promet la

sécurité, le bien-être si on se confie à

lui. Ce faisant il ne cesse de rabaisser l’autre à son

niveau, bas, l’autre est rabaissé, fait le MORT pour obtenir

ce confort et cette sécurité. C’est là le

poids considérable des recherches et des promesses de

sécurité comme s’opposant à la vie en la

rendant dépendante. Cela rend inquiétant le développement

d’assurances en tout genre, de sécurités et systèmes

de protection, de gardiens, d’enfermements, de promesses de prise

en charge.


La peur de la vie des uns ou sa faiblesse, les mène à

protéger les autres à s’en faire GARDIEN et ce

faisant les étouffent. La peur des autres les conduit

à se laisser prendre par ce mirage de sécurité

et régressent à leur tour pour rentrer dans le

giron protecteur où en fait il n’y a pas de place. Le

MORT ne s’appartient plus et le GARDIEN le "possède"

sans en tirer d’autre profit d’ailleurs que pour sa propre sécurisation.

C’est une sorte de dévoration qui ne nourrit pas.


Les tendances du secteur de la REGRESSION peuvent être

réactivées dans des périodes difficiles,

lors de maladies, d’accidents, de deuils, mais aussi devant de

trop lourdes responsabilités qu’on ne peut assumer ou

accompagnant des vieillissements


Entre le MATERNANT et le DOMINATEUR le GARDIEN en prend des figures

proches.

Il peut apparaître comme très chaleureux, protecteur,

enveloppant, entourant d’attention et en fait il propose une

sécurité infantilisante, il demande à l’autre

de se laisser totalement prendre en charge en s’annulant, en

faisant le MORT. Plus dominateur il ne cessera de mettre en garde,

de critiquer ce que fait l’autre, ses initiatives, ses réalités.

Cela conduit à une mise en doute systématique de

soi qui, pour le MORT, fait perdre réalité et même

Sens. C’est la culpabilisation incessante sous prétexte

souvent de protection "bienveillante" qui réactive

chez le MORT cette insécurité qui l’habite et le

fait s’annuler progressivement en se soumettant à la nullité

de l’autre. Entre l’ENFANT et la VICTIME, le MORT régresse

et tend à apparaître inexistant.


3) LE SECTEUR DE LA GENERATION


De Sens inverse de celui de la SEDUCTION, ce secteur s’attache

au Sens plutôt qu’aux formes. La GENERATION est aussi générosité.

Elle consiste à faire être, à donner Sens.

Vers l’involution c’est plutôt le domaine des sentiments,

affectif sans aucune affection. Cela se traduit par le don gratuit,

l’apport de Sens sans beaucoup de réalités. Vers

l’accomplissement, la présence prend aussi réalités

et la générosité devient édificatrice,

elle devient génération. Les Sens de ce secteur

sont de l’ordre du faire être plutôt que d’avoir.


Dans la relation complémentaire entre MAITRE et MATERNANT

se place le GENEREUX, celui qui donne de lui-même, et qui

ne fait pas semblant. C’est ce qu’on appelle aimer qui se manifeste

par les attentions, les prévenances, le soutien, les dons

de l’involution ou plutôt la disponibilité, l’écoute,

l’attention de la maîtrise. Vers l’accomplissement, la

générosité n’est pas de prise en charge

mais de respect de l’autre. Ce respect consiste à donner

existence et reconnaître la responsabilité et la

liberté de l’autre. C’est cette expérience pour

l’autre qui est génératrice de son édification

personnelle. Le GENEREUX se met ainsi au service de l’autre dans

sa démarche. Cela implique de se posséder suffisamment

pour donner de soi.


La position basse complémentaire est celle de RECEPTIF.

Entre ENFANT et PRATIQUANT on passe d’une relative passivité,

d’une relative inconscience, à une volonté plus

claire.


Recevoir, vécu comme sensuel ou affectif dans ce secteur

et comme abondance gratuite donne le sentiment du plaisir d’exister

sans menace et sans effort. Vers le haut du secteur, dans le

champ de l’accomplissement, cela s’accompagne d’une conscience

d’un cheminement personnel dans la relation à l’autre.


Le RECEPTIF peut se contenter de recevoir et d’en tirer plaisir,

il peut aussi en tirer profit pour mieux se connaître,

pour apprendre de l’autre.


La relation GENEREUX-RECEPTIF est tout ce qu’il y a de moins

démonstratif. Elle tend surtout à être juste

plutôt qu’à être rigoureuse. Elle est de ce

fait très permissive du moment qu’elle est ressentie comme

juste.


Le secteur de la GENERATION se traduit par une relation qui recherche

l’authenticité plus que toute manifestation extérieure.

Cela se passe ou non de concrétisations matérielles,

contractuelles, institutionnelles. Le don de soi et recevoir

en soi sont privilégiés en terme de Sens. L’intimité

s’oppose à la distanciation du secteur opposé de

la SEDUCTION.


4) LE SECTEUR DE l’ELEVATION


Ce terme d’ELEVATION recouvre une grande multiplicité

de réalités. Construction, édification,

réalisation, conquête, c’est le domaine aussi de

la clarté, de la parole, de la science, savoir ou connaissance.

Vers l’ETRE, on se trouve entre MAITRE et CHEF-MODELE et là

se place le GUIDE. Il est à la fois créateur original

et directeur orientateur et ordonnateur. Son autorité

est plutôt de Sens, de forme par les signes qu’il en montre

en se présentant comme modèle. Le guide, c’est

celui à qui on peut se référer pour donner

des repères ou celui auprès de qui on se trouve

soi-même. Le guide montre la voie pour prendre conscience

dans une pratique ou pour réaliser dans une technique.

C’est ce que peut être une fonction de direction qui donne

Sens et qui donne aussi formes et objectifs à une entreprise,

à une réalisation. Le guide est aussi le phare

toujours repère de la cause ou celui auprès de

qui s’éclaire le Sens. Il peut être de ce fait concepteur,

initiateur d’une oeuvre, créateur dans ce Sens. C’est

celui qui parle sa parole, donne le Sens ou décrit en

distinguant les choses. Il apporte toujours un éclairage.

La tendance du GUIDE à édifier est à prendre

dans le Sens des réalités dans la construction,

mais aussi celui du Sens pour l’épanouissement de l’autre.


Vers le NON ETRE La tendance d’identité complémentaire

trouve dans le GUIDE l’essence de son fonctionnement. Elle y

trouve personnalité et identité et donc sa réalisation.

PRATIQUANT ou MILITANT, Il est REALISATEUR.


Le guide est pour lui porteur d’un projet, modèle ou connaissance,

dont le REALISATEUR est le praticien en pratiquant ce qui peut

s’approcher d’une discipline ou en imitant les modèles

que peuvent être des techniques. Il exerce des actions

où il réalise. Il se réalise comme il réalise.

C’est par exemple le Sens d’un chef d’oeuvre dans le compagnonnage.


Dans la relation au GUIDE, le REALISATEUR met en oeuvre ce qui

a été initié en fonction de ce que l’autre

en dit ou en montre. Concepteur ou architecte, le GUIDE dirige

les travaux du REALISATEUR dans la voie de l’efficience et de

l’édification. La réalisation est aussi réalisation

de soi. Le REALISATEUR en prend conscience vers l’accomplissement

en se faisant PRATIQUANT, il en prend les signes de son identité,

de sa compétence vers la conquête en se faisant

MILITANT. Ce dernier tire fierté et honneur de son activité,

le pratiquant en tire joie et personnalité. Tout cela

se rejoint sur l’axe en étant toujours très proche

dans le secteur de l’ELEVATION.


La construction, la réalisation, l’édification

peuvent dans leurs réalités être aussi bien

matérielles, qu’institutionnelles ou intellectuelles.

Elles peuvent être modestes dans la vie quotidienne comme

toute réalisation nouvelle ou plus grandiose dans une

souveraineté à l’échelle d’un royaume, d’une

grande entreprise, d’une grande oeuvre.