Positions de vie

A chaque Sens selon lequel nous nous disposons correspond une interprétation du monde, de ce qui y est important, des valeurs et aspirations spécifiques, une logique et une rationalité qui régissent l’action. Les Sens selon lesquels nous nous disposons le plus souvent sont comme des « positions de vie ». Le discernement des Sens est condition de liberté et de maîtrise humaine.

La liberté humaine, liberté de Sens, dépend de la pluralité des Sens possibles constituant l’humanité de l’homme en son Instance. Si, comme on l’a vu, l’Instance est le lieu de Cohérences (ensembles de Sens) on peut y situer une Cohérence générale où se reconnaît un ensemble de Sens constituant des ‘positions de vie’.

Ces Sens, dispositions d’être ou positions de vie sont tels qu’à chacun correspond une logique de vie, un système de valeurs, une certaine conception du monde, de l’action et ses finalités, des engagements et leur logique.

Il n’est pas possible d’envisager le discernement des Sens et donc pouvoir choisir le Sens de l’accomplissement (et la position de vie correspondante) sans reconnaître d’autres Sens et les positions de vie correspondantes. Là où se situe le meilleur Sens se situeront aussi les autres indissociablement. Le choix n’est pas l’élimination des autres Sens mais le renoncement à s’y laisser entraîner.

Cela suppose aussi de reconnaître dans les façons d’exister, conceptions, enjeux, comportements ce qui relève de telle ou telle position de vie, d’un Sens avec les conséquences humaines qu’il implique.

Nous allons ici reconnaître 14 positions de vie comme autant de directions d’une boussole à trois dimensions.

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Tout d’abord six Sens permettent de structurer les directions de l’espace. On les considérera comme des positions repères. (1 à 6)

Ensuite huit cadrans seront marqués d’une position de vie repérable à la croisée des précédentes. On les appellera positions d’identité. (A à H)

Enfin trois cartes de cohérences dessinent des champs à partir des positions repères où se retrouveront deux à deux les positions d’identité précédentes pour partager conceptions, engagements ou motivations.

21 – Les positions repères

1) Position participative, les mots clés sont engagement, participation, générosité, relations, réalisations, concourance.

à l’inverse

2) Position spéculative, quête du paraître, gagner, capter, miser, séduire, l’individualisme ego centré.

3) Position progressiste, élever, grandir, améliorer, valoriser, qualifier, projeter, humaniser, développer.

à l’inverse

4) Position régressive, nécessité, fatalité, impérium des besoins, culpabilisation, oppression, soumission, exclusion-inclusion, confusion, matérialisme.

5) Position d’originalité, initiative, créativité, autonomie, autorité, auteur, authenticité, personnalité, responsabilité, foi en l’être, créativité.

à l’inverse

6) Position conformiste, suivisme, conformisme, modélisation normative, répétitivité, reproduction, fonctionnement organique, structuralisme.

Le lecteur est invité à s’identifier successivement à chacune des positions pour l’éprouver et aussi rassembler dans son expérience des exemples illustrant ces mêmes positions. Cela pourra concourir à une première approche du discernement de Sens.

22 – Les positions d’identité

A) (1,3,5) Position de maîtrise, culture d’une maîtrise personnelle au service de l’accomplissement des autres (vocation, profession de soi), discernement, liberté responsable, autonomie, maturation.

B) (1,3,6) Position de développement, suivi d’un processus de développement personnel, disciplines de vie, parcours d’expériences, épreuves d’initiation, quête de soi.

C) (2,3,5) Position d’exemplarité, identification idéalisée, leader, chef, héros, mis en vedette, modèle idéal de référence.

D) (2,3,6) Position militante, recherche de bénéfices identitaires, mobilisation, appartenance élitaire, solidarité d’opportunité.

E) (1,4,5) Position protectrice, maternage, disponibilité distributrice, englobante,

F) (1,4,6) Position infantile, profiter des situations, jouer le jeu, consommer, hédonisme, insouciance.

G) (2,4,5) Position dominatrice, menaçante, manipulatrice, destructrice, défensive, dénonciatrice.

H) (2,4,6) Position victimaire, revendicative, provocatrice, soumise, exigeante, victime, soupçonneuse.

23 – Les cartes générales de cohérences

1) Première carte : Relations et enjeux des situations

RELATIONS ET ENJEUX DES SITUATIONS

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Les enjeux et logiques de situations sont corrélés avec des jeux relationnels où des positions d’identité complémentaires s’accordent .

Le champ de l’involution, protection et infantilisation, il est celui de la recherche de sécurité, de protection, de confort et d’abondance comme un retour à une enfance idéale. Les positions protectrices et infantiles se complètent pour participer à une régression partagée, ignorante des exigences humaines.

Le champ de la dégradation, domination et victimisation, il est celui de l’agression et de la défense contre des menaces implicites ou explicites entraînant conflits, destructions, dégradations. La position dominatrice tente de surmonter la situation en s’imposant quitte à se dire victime. La position victimaire refuse toute responsabilité et provoque ce qui l’agresse pour mieux s’en exonérer comme de chercher à s’en sortir pour y rester. Telle est sa logique, trompeuse.

Le champ de la conquête, exemplarité et militance, il est celui des mobilisations pour des enjeux à conquérir, à atteindre, à réussir. Les uns, exemplaires, incarnent les idéaux à poursuivre, les autres, militants, suivent les premiers pour bénéficier de l’approche de l’idéal.

Le champ de l’accomplissement, maîtrise et développement, il est celui des enjeux d’accomplissement humain par l’exercice, d’un côté de maîtrises humaines et de l’autre par la référence à de telles maîtrises pour en suivre les voies et disciplines. Les champs pédagogiques, professionnels mais aussi tous les champs ou des responsabilités humaines ont à s’exercer sont concernés.

Une application importante : (en trois parties)

Communication et jeux d’identités 1

Communication et jeux d’identités 2

Communication et jeux d’identités 3

2) Deuxième carte : Conceptions et interprétations

CONCEPTIONS ET INTERPRÉTATIONS

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Le champ de la possession, domination et protection, il correspond à une interprétation manichéenne du monde par le jeu de puissances antagonistes. Dominé par l’émotionnel, le passionnel, toute altérité y est vécue comme altération (impropre, polluante) et suscite sentiment de menace, volonté de puissance, tentative d’emprise… pour le bien contre le mal. La politique, la religion, l’économie et toutes les affaires humaines peuvent être interprétés en ce Sens rassemblant dominateurs et protecteurs dans une même logique d’empêchement.

Le champ du naturalisme systémique, infantilité victimaire, il correspond à une vision englobante de la nature des choses imaginée en systèmes dont l’homme est partie intégrante, sans altérité sinon coupable parce que jugée contre nature. L’hédonisme victimaire contemporain s’y trouve justifié.

Profiter du bien public, du patrimoine commun et profiter de toutes les opportunités tout en décriant tout ce ( et ceux) qui pourrait porter atteinte à ces bénéfices. En même temps sont déniées toutes possibilités d’altérité humaine, donc d’humanité et d’accomplissement humain. Ce sont aussi toute liberté, toute autorité et en définitive toute ‘parentalité’, sous le couvert d’une sacralisation des figures matricielles englobantes, qui sont disqualifiées et ainsi les figures de paternité et de maîtrise humaine.

Le champ du rationalisme idéaliste, militants et développement, il ordonne tout progrès à la reproduction des règles et modèles normatifs. C’est par l’exercice d’une conformation vertueuse aux idéaux de la vie individuelle et collective que se rejoignent tenants du développement et militants des causes idéales: cité idéale, citoyenneté idéale, organisation idéale, modèles idéologiques progressistes, modèles technologiques de progrès, etc…

Le champ de la culture symbolique, maîtrise et exemplarité, il est engagé dans une culture de l’humanité tant du bien commun que du bien personnel. A ce titre, c’est le caractère symbolique de la culture humaine qui est significatif, c’est-à-dire exprimant toujours un Sens partagé.

En définitive au travers des choses et des affaires humaines ce sont toujours les virtualités humaines qui sont révélées ou réalisées alliant le souci de maîtrise, intériorisé au souci d’expression exemplaire extériorisée.

Exemples d’applications de cette seconde carte générale de Cohérence dite carte épistémologique.

La loi et l’ordre

La civilisation de l’entreprise

La raison a-t-elle toujours raison

Le Sens de l’intégrisme

Concertation et gouvernance

Nouveaux paradigmes

A quoi sert la science

Le Sens de la paix

3) Troisième carte : Les finalités et modes d’action

FINALITÉS ET MODES D’ACTION

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Le champ de la perpétuation, développement et infantilité, il est celui de la participation à la reproduction de modèles traditionnel. Leur entretien et leur maintenance sont les conditions de la production de bénéfices qui seront voués à la reproduction tout en développant les capacités de re(production). C’est toute une économie conservatoire qui y est fondée sur une vertu d’humilité gratifiante, une sorte de gestion patrimoniale.

La champ de la compétition, militants et victimes, l’enjeu est de gagner selon des critères normatifs qui déterminent le mérite de la réussite et la sanction de l’échec. C’est tout un édifice élitaire normatif et conformiste qui en découle se nourrissant de l’échec des uns et de la militance conservatrice des autres. Le salut des uns se mesure à l’échec des autres.

Le champ de la monstration, domination et exemplarité, faire preuve d’originalité dans l’exemplarité procure ce sentiment d’exaltation et de supériorité qui est recherché. L’enjeu glorificateur ne se soucie pas de fécondité ou de bien commun mais seulement d’admiration et de supériorité personnelle ou collective.

Le champ de l’engendrement, maîtrise et protection, l’enjeu c’est d’engendrer un bienfait au-delà de l’action, de ‘produire des fruits’ au delà des résultats. Ce n’est pas le résultat qui compte mais les fruits qui peuvent en être engendrés. Cela combine l’exercice d’une maîtrise avec le souci protecteur, facilitateur pour ce qui peut naître de l’action.

Les cartes de cohérences et les positions de vie peuvent être utilisées pour apprendre à différencier et discerner le Sens des situations, comportements, interprétations, enjeux dans tous les domaines des affaires humaines et à toutes les échelles.

Il suffit au début de reconnaître sur une question donnée les différents Sens possibles. Ce travail de discernement peut porter aussi bien sur les questions de proximité, les questions culturelles, communautaires ou les questions universelles.

Rien des réalités humaines n’échappe à la possibilité de discernement des Sens qui y sont engagés par les hommes dans leur consensus.

3) Problématiques humaines et enjeux existentiels

Nous savons maintenant que toute réalité, toute situation, tout problème et toute affaire humaine est l’actualisation d’un ConSensus, de Sens participant à un ensemble de Sens dit ‘Cohérence’. Ainsi ce qui se passe dans la réalité est l’actualisation d’une Cohérence en ConSensus ou du moins de tels ou tels de ses Sens.

Si nous nous arrêtons sur cette Cohérence sous-jascente nous savons qu’elle comporte tout un ensemble de Sens parmi lesquels se trouve un Sens ‘d’accomplissement’. Lorsque c’est ce Sens qui est engagé alors peuvent advenir discernement (conscience des Sens), libre responsabilité, maîtrise. Tous les autres Sens n’y menant pas conduisent donc à des impasses sur le plan de l’accomplissement humain.

Du côté de la réalité, de la situation en problème, on peut dire alors qu’elle sont l’actualisation d’une ‘problématique humaine’ qu’elles incarnent, qu’elles réalisent. Chaque Cohérence de l’Instance est en fait une ‘problématique humaine’. En effet il s’agit à chaque fois dans la situation et à travers elle de rechercher le meilleur Sens (Sens du bien commun dans les affaires communautaires).

Ce travail de discernement des Sens conduira à la possibilité de prendre position ( sur ce Sens) pour le problème posé et enfin de cultiver une maîtrise pour l’action en situation. L’exercice de cette maîtrise a lui même pour effet de servir tous ceux qui sont par ConSensus concernés par cette problématique humaine.

Ainsi chaque situation, chaque problème, chaque question, chaque réalité peut être considérée comme l’expression d’une problématique humaine (partagée) invitant à un travail de résolution par la recherche et la culture de son meilleur Sens.

L’engagement dans tout autre Sens de la problématique peut être considéré comme une ‘tentative de résolution’, sans aucun bénéfice d’accomplissement humain et conduisant au renforcement répétitif des logiques qui en découlent. S’il s’en dégage des bénéfices, ils ne valent pas pour le service de l’homme et de l’humanité, du moins directement.

On voit là que ce sont toutes les questions, tous les problèmes, toutes les situations, toutes les professions qui sont à questionner cherchant à chaque fois les problématiques qui les sous tendent et par quel Sens elles contribuent à l’accomplissement humain.

Il n’y a aucune situation qui ne puisse servir l’accomplissement humain, celui des personnes, bien sûr, par les conSensus qu’ils partagent dans les groupes et communautés qu’ils forment. Là se détermine un Sens de l’existence et de l’activité humaine. En toute chose rechercher le meilleur Sens et le cultiver par le développement et l’exercice d’une maîtrise (professionnelle par exemple) et par le service à ceux qui peuvent partager ce conSensus, service de leur maîtrise évidemment.

C’est la proposition systématique de l’Humanisme Méthodologique qui ne sépare plus mais au contraire relie la question du Sens de l’existence et celle des compétences qui s’exercent dans tous les domaines de cette existence, modestes ou exceptionnelles.

On aura donc par exemple à réaliser des analyses de Cohérence des grands problèmes qui nous préoccupent pour en dégager le meilleur Sens. On fera de même par rapport aux projets et situations communautaires et plus généralement pour tout objet, projet ou réalité humaine.

Exemples d’analyses de Cohérences ou de problématiques humaines

Cohérence de la Révolution Française

Les rapports au risque

La logique de service

La gestion des situations

Postulats et postures scientifiques, mathématiques et pédagogiques

Textes sur l’essentiel

La trinité de l’homme

Principales thèses et commentaires

Le Sens de l’homme

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