L’Instance humaine
L’Instance en nous est le lieu de notre humanité dont notre existence est comme l’expression contingente. C’est donc aussi le lieu de toute liberté proprement humaine, la liberté de Sens.
Je ne suis ni mon corps, ni mon vécu, ni mes représentations
mentales mais c’est comme cela que j’existe (et j’y tiens). Celui qui existe
ainsi est une Instance personnelle dont l’existence individuelle est
l’expérience de soi, parmi les autres, dans le monde commun.
Que dire de l’Instance humaine, celle de chacun alors que tout discours, tout vécu, toute représentation appartiennent à l’existence, pas à l’Instance.
Le travail ‘théorique’, c’est-à-dire ce processus de cheminement intérieur vers l’être en soi, son Instance donc, passe par la médiation d’éléments d’expérience.
C’est donc ‘au travers’ de ce qui peut enêtre dit que le lecteur est
invité à ‘entendre’ ce qu’il en est de son Instance. Cela ne peut
se faire que progressivement et il faudra accepter des ‘images’ qui prendront
corps petit à petit ou plutôt Sens.
Les Instances humaines,
personnelles sont ‘faites de Sens’.
Sens est écrit ici avec une
majuscule pour le différencier de ses multiples traductions
existentielles que recouvre notamment le terme de sens (en français
particulièrement).
Ainsi un Sens est comme une
‘disposition d’être’ de l’Instance, une orientation intérieure parmi
d’autres possibles dont elle se différencie par ses conséquences
tant sur le plan existentiel que pour l’Instance elle-même.
Sur le
plan existentiel un Sens de l’Instance se traduit par :
– une
intentionnalité spécifique (orientation, aspiration, motivation,
volonté, désir…),
– un rapport à l’environnement
particulier où ce qui est significatif dépend justement de
cette disposition,
– un déroulement de l’existence selon une certaine rationalité.
C’est aussi sur le plan du vécu, de
l’incarnation physique et des représentations mentales que ce même Sens se traduit. Les dimensions et composantes de l’existence sont toutes des modes d’expérience du Sens.
L’individualité existentielle dépend du Sens dans lequel son Instance personnelle est
disposée. Tout changement de Sens de l’Instance se traduit par un
changement dans l’existence. La persévérance dans un mêmeSens engage l’histoire existentielle dans une certaine direction,dans une trajectoire cohérente (que ce soit pour le pire ou pour le meilleur).
A ce stade évoquons différentes caractéristiques du Sens et de l’Instance.
Les Sens de l’Instance nous sont habituellement inconscients, nous n’avons alors aucune maîtrise du Sens dans lequel nous sommes engagés. Cela dépendant des autres (Instances) nous fait apparaître alors l’individualité comme entièrement conditionnée.
Nous pouvons néanmoins différencier les effets existentiels des Sens de nos Instances mais alors nous n’en discernons pas l’origine, ni la portée et nous nous contentons de repères existentiels pour marquer ces différences. C’est ce que cherchent à faire la plupart des philosophies ou des normes de comportement ou d’action, des
idéologies et toutes sortes de guides. A la différence des
mondes clos et stables traditionnels biens cadrés par un système de repères familiers, on sait bien que maintenant tous les repères
sont possibles dans un monde ouvert ce qui conduit à les disqualifier tous
et nous place devant une ‘crise de Sens’.
A contrario il est possible
d’envisager un mode de conscience particulière, la conscience de Sens ou
discernement des Sens. Elle permet de voir où tel et tel Sens nous
entraîne. Elle permet un libre choix de la disposition de Sens dans
laquelle nous tenir. Elle permet donc de nous engager dans l’existence selon
cette orientation commune et éclairée et donc d’en avoir une
certaine maîtrise. Elle permet encore de maintenir une orientation choisie
malgré d’autres influences et de s’en faire le garant pour d’autres ce qui
veut dire en soutenir la responsabilité.
Il faut alors souligner
ici qu’il y a dans l’Instance humaine des Sens qui favorisent la conscience de
Sens et donc cette ‘liberté responsable’ et il y a dans l’Instance humaine
des Sens qui nous en distraient pour quelques leurres.Ces leurres sont
d’ailleurs bien souvent liés à la prise d’une dimension de
l’existence pour le fondement de celle-ci.
Poursuivons le tableau de
l’Instance par le fait que les Sens forment des ensembles que l’on
peut appeler des Cohérences. Le schéma
ci-dessous représente une réduction dans le plan à
deux dimensions de ce qui dispose d’un nombre infini de dimensions.
Cohérence ou ensemble de Sens
Dans chaque Cohérence de l’Instance il y a toujours un Sens, parmi les autres, qui est celui par lequel la personne peut accéder à ce discernement des Sens, cette conscience de Sens qui lui procure un bénéfice d’accomplissement humain, un bénéfice d’humanité.
Pour simplifier on imaginera que chaque Instance porte en elle toutes les ‘Cohérences’ de l’humanité, donc tous ses Sens. Ainsi on peut dire que l’humanité de l’homme, c’est son Instance, celle d’un être de Sens.
Notons encore à ce stade différentes caractéristiques:
– Nous vivons à chaque moment une Cohérence de notre Instance, engagée plutôt dans un Sens ou un autre.
– Ce que nous vivons provient en général de l’influence d’autres Instances, familiales, sociales, circonstancielles,etc…
– Nous possédons en notre Instance la totalité de l’humanité (Sens et Cohérences humaines) mais chacun différemment selon les Cohérences et les Sens qui nous ont été rendu plus familiers, comme plus sensibles. C’est ce qui fait nos différences mais aussi notre unicité personnelle.
– Toute Instance est appelée à la conscience d’elle-même donc de ses
Sens et ainsi à la liberté qui lui confère autonomie,
maîtrise et responsabilité existentielle c’est-à-dire
àson accomplissement, l’appropriation de son humanité
en conscience.