Au coeur du sujet – Chapitre 4

Une méditation en forme d’exploration d’un espace infinitif. Il faut en retenir des clés pour la compréhension des phénomènes humains. Des compléments figurent dans les textes fondamentaux en ligne écrits depuis. De nombreuses questions restent encore à explorer à ce jour.

Chapitre 4 : L’ÊTRE EN INSTANCE

(Ce texte est en cours de révision)

127I. – ORIGINE ET CONSTITUTION DE L’INSTANCE ……………
1301) Origine de l’Instance …………………………….
1312) Constitution de l’Instance …………………………
134La nature humaine et l’origine de l’homme……………
140La personnalité de l’homme et son évolution…………..
144II. – LES DYNAMIQUES ACTUELLES DE L’INSTANCE ………….
1461) L’activation ……………………………………
1472) L’actualisation ………………………………….
151L’Instance, l’inconscient, les processus psychiques et les comportements humains ……………………………
155 III. – L’ETRE, DEVENIR DE L’INSTANCE ………………….
1571) La conscience de sens ……………………………
1592) L’accomplissement de l’Instance dans l’existence ……….
165) L’accomplissement de l’homme, engendrement de l’Etre humain dans l’existence …………………………..
168 L’ETRE EN INSTANCE

L’existence de l’homme avec ses aspects corporels et psychiques(sensibles et mentaux), manifestés tout au lond de son histoire et de sa vie, ne sont pas le tout de l’homme. Ce n’est pas le propre de l’homme que d’exister mais c’est le propre de l’homme de n’être pas réduit à cette existence.La personne humaine dépasse sa propre existence. Elle trouve donc son origine, sa fin et sa consistance même, au-delà de cette existence. Elle la transcende.
Cela veut dire, en particulier, que la personne humaine ne consiste en rien qui appartienne à l’existence: ni corps, ni raison mentale, ni réalité matérielle, ni langage, ni image, ni affectivité, ni ressenti. En outre, la personne humaine n’est pas d’emblée achevée, elle peut s’accomplir, ou non, elle peut s’orienter en elle-même vers un devenir ou un autre. Elle est donc multiple et non pas monolithique et immuable.Par ailleurs elle est la source même de l’existence, ce qui veut dire que ce qui se passe dans l’existence est la répercution de ce qui se passe au coeur du sujet de l’existence dans la personne humaine.Ce lieu qu’est la personne, où se jouent à la fois l’actualité d’une existence et son devenir propre, nous l’appellons ici l’Instance.L’homme est donc une Instance et une existence, l’une à l’autre transcendantes.Seulement à quoi servirait une telle existence pour l’homme, pour son Instance, si tout se jouait dans cette Instance et si l’existence n’en était qu’un reflet?L’existence est bien l’actualisation de l’Instance, par le fait des consensus entre Instances et lui est subordonnée. Cependant sans existence l’Instance de l’homme n’aurait pas de repère pour son propre devenir. Elle serait comme un voyageur sans territoire, sans jalon ni repère. Si en l’Instance se joue son propre devenir, c’est dansl’existence que s’accomplit le voyage. Bien que l’existence soit le fait desconsensus, elle les accompagne immédiatement, à tel point que l’onpuisse envisager que « tout se passe comme si » l’existence avait unecertaine influence sur l’Instance.Il nous faudra donc développer trois questions principales pourl’Instance:- celle de son origine et de sa constitution, en rapport avec la nais-sance et la vie dans l’existence,- celle de son fonctionnement, ou encore des dynamiques en rapportavec son existence,- celle enfin, de la nature et des conditions de son accomplissement,toujours en rapport avec cette existence qui est, à la fois, le terrain et levéhicule de cette Instance.L’Instance est le royaume du Sens, de l’Esprit, de l’Etre. Le langageexprime tout cela mais décrit des existants. Il est donc paradoxalde vouloir «décrire» l’Instance par le langage comme nous pourrionsêtre tenté de le faire. Aussi, bien que ne pouvant nous passer du langageet de représentations, il nous faudra éviter de réduire l’Instance auxdescriptions. L’Instance est plus le lieu de principes et du jeu de cesprincipes que le théâtre de mécanismes entre des objets. L’objectivationne prétend pas déboucher sur la vérité mais tente d’en témoigner. C’estl’ambition d’une théorie de l’Instance et sa limite.

129 ORIGINE ET CONSTITUTIONDE L’INSTANCE HUMAINE
La question des origines, dans l’existence, s’exprime de façonhomologue dans plusieurs registres. Origine de chacun, origine del’homme sur terre, origine de l’univers. Il s’agit là d’une originehistorique, localisant une genèse spécifique. Or, ces recherches d’origineshistoriques, ne font que témoigner d’une même recherche des originesqui est recherche d’un principe, principe commun à tous les existants:l’Instance. Cette recherche, d’ailleurs, ne s’y achève pas puisqu’elle sepoursuit jusqu’à l’origine des Instances: l’Instant. C’est alors, que larecherche des origines devient finalité de l’accomplissement des Instances.Pour traiter de l’origine de l’Instance de chaque homme, nouspouvons partir de l’existence en considérant que la venue au monded’un homme dans l’existence suppose un consensus dont il est le fait. Ceconsensus est celui des hommes dont naît le nouvel existant, de sesparents d’abord mais aussi de toute une lignée familiale et de toute uneculture, une société. A l’extrême, chaque homme, participant à l’en-semble de l’univers, pourrait trouver l’origine de son Instance dans unconsensus cosmique universel.Dans une autre perspective, du point de vue de l’Instance elle-même, on pourrait considérer que chaque Instance est un exemplaireparticulier d’une Instance universelle. Enfin, à partir de l’Instant, onpeut envisager comment l’Instance de l’homme est créée dans undéploiement «en tous sens».Il n ‘est pas possible de donner une description satisfaisante d’uneorigine de l’Instance. Les différentes versions évoquées ici ouvrentprincipalement sur les implications de cette question des origines.Dès que le problème des origines est ouvert, celui de la constitutionde chaque Instance particulière se présente. Il nous sera possible del’envisager en utilisant justement l’existence comme référence. On peutdire alors, que les sens qui constituent l’Instance sont les sens desconsensus de tout ce qui fait son existence. De ce fait l’histoirepersonnelle, qui est celle des moments vécus, témoigne de l’évolution et dela constitution de l’Instance, par instauration de ses différents sens et deleurs cohérences. 

130 L’ETRE EN INSTANCE
La personnalité de chacun, en son Instance, est donc ainsi constituée,à la fois, de tout le contexte de sa naissance et de celui où évolue son existence par la suite, c’est-à-dire d’une histoire personnelle dans une situation historique. La synthèse en une Instance personnelle particulière constitue son humanité universelle. Elle est ainsi le lieu d’uneautonomie possible, celle de chaque homme qui se fait maître du capitald’humanité qui lui est dévolu.1) Origines de l’Instancea) Origines parentale, familiale et socio-culturelleIl n’y a rien d’étonnant à envisager que ce soit le consensus desparents, dans l’existence de leur rapprochement sexuel, qui génère unnouvel existant. Celui-ci participe d’abord à leur existence commune,c’est-à-dire à leur conjugaison, et au consensus correspondant. Lenouvel existant est fait d’un consensus parental, dans le momentduquel il se développe. Ce consensus, comme pseudo-sujet del’existence d’un homme, peut, par l’opération de l’Instant, advenir à uneconscience d’Etre qui, au fur et à mesure qu’elle se développe singulariseet autonomise cet homme. Animé des Instances parentales, ildevient progressivement son propre auteur ou encore le «fils del’Instant» au fur et à mesure que ce consensus d’autrui au départ,devient Instance propre en s’accomplissant.De par la spécificité d’un tel consensus entre les parents, consensusde tout leur Etre-Instance, l’Instance potentiellement autonomeainsi constituée, porte en elle l’universalité de l’humain, comme sesparents, ainsi que les spécificités de leurs lignées, en tant qu’elles fontconsensus. On pourrait aussi envisager une intervention de l’Instantdès la conception (ou éventuellement plus tard) qui rendrait fécond leconsensus parental en inaugurant l’autonomie a’une nouvelle Instance,pour faire un nouvel existant, fait d’un consensus auquel il participeraitdès cet instante pour peu à peu s’autonomiser. L’Instance del’homme trouverait néanmoins son origine dans un consensus humainavec, en outre, intervention éventuelle de l’Instant.D’une façon plus générale, on pourrait situer l’origine dans desconsensus divers: parental comme on l’a vu, mais aussi familial ouculturel. Ce sont des versions différentes qui s’appuient sur le fait quel’origine de l’Instance d’un nouvel homme existant, est le consensusmême qui sous-tend les milieux existants d’où il émerge.b) Origine cosmique de l’InstancePlaçons nous dans le monde, là où, dans l’existence du cosmos,advient la nouvelle existence d’un nouvel homme. Cette conceptioncréatrice d’un nouvel Etre ne peut-elle pas être considérée commel’acte de tout l’univers en un lieu particulier? Le consensus universel

131 L’ETRE EN INSTANCE ferait existence à nouveau, pour le moment d’une vie humaine. Ce consensus universel serait comme l’Instance particulière du nouvelhomme qui l’incarnerait. Chacun serait alors une sorte de représentantou d’actualité du cosmos en un lieu particulier, résumant ainsi, enlui-même, toute l’humanité. Un consensus universel particulier, seraitalors l’origine de l’Instance individuelle, dont la conscience d’Etrepermettrait l’unification dans une singularité nouvelle. L’homme,individuellement, serait comme le visage du monde et du cosmos, sonInstance étant, à l’origine, un consensus cosmique de l’humanitéentière, en ce lieu et en cet instant de sa conception.Si elle peut satisfaire les astrologues cette hypothèse soulève desdifficultés a propos, notamment, de l’historicité et de l’autonomiepersonnelles. Cependant, elle n’est pas à rejeter en bloc pour autant. Eneffet, l’Existence nouvellement conçue d’un tel homme, n’est-elle pasimmanente à l’Existence du monde dans le même moment? Elleparticipe alors du même consensus. Tout se passe comme si cette versionavait quelque validité, comme la précédente, sans être la seule véritémais une des versions possibles, approximative. Il ne faudrait pas iciconsidérer l’état du monde comme une réalité absolue, mais rienn’empêche de le choisir comme repère arbitraire si on n’oublie pasqu’il ne s’agit du monde, que pour ceux qui le considèrent tel.c) Origine universelle de l’InstanceSelon cette version, on pourrait penser qu’il n’existe qu’uneInstance universelle dont chaque homme serait un moment d’Existenceindividualisé. Bien qu’elle ne nous paraisse pas satisfaisante cetteversion mérite réflexion par les perspectives qu’elle ouvre… et qu’elleferme.Chaque homme ne serait différencié que par son existenceindividualisée, appartenant à l’Existence de l’univers. Nous rejoignonsalors ces idées d’un inconscient collectif, d’une conscience cosmique,d’un esprit universel auquel chacun participerait. On pourrait ainsienvisager un Homme-Instance, unique, au principe de tout hommeexistant, et dont chacun serait une manifestation individualisée.Chacun de ces hommes cependant n’aurait pas d’Etre singulier personnel,transcendant, mais seul l’Etre universel serait commun à tous.Cependant cette version d’une Instance, conscience cosmique ouuniverselle de l’Humanité, peut offrir une variante qui serait la sui-vante.Chaque homme prendrait part au cours de sa vie à l’Instanceuniverselle, constituant ainsi un «bagage» personnel, reflet d’unefaçon individualisée de vivre l’universel. l’Instance personnelle pour-rait être cela à condition que l’on puisse expliquer la différenciationradicale que pourrait permettre une conscience d’être singulière.L’Instance personnelle serait la participation individuelle singularisable àune Instance universelle qui en constituerait l’origine. Sorte de matricegénérale de toute Instance individuelle, elle serait l’origine et la sourcede l’existence singulière de chaque Instance particulière.132L’ETRE EN INSTANCEIncompatible avec notre thèse, cette hypothèse poserait bien desproblèmes, par l’absence de personne humaine, donc de devenir personnelet d’accomplissement, sinon dans un retour fusionnel d’anéantissement.d) Origine singulière de l’InstanceCette nouvelle version se distingue des précédentes par le fait,qu’avec la conception, s’inaugurerait une toute nouvelle Instance pourl’Individu. Son Existence serait d’emblée celle d’une Instance propre,en consensus, progressivement, avec les autres: parents, etc…Cependant, cette nouvelle Instance ne peut-elle pas se situer à l’origine de lapersonne comme aussi bien de l’humanité entière? Histoire universelledes Instances humaines ou histoire d’une Instance universelle?Au commencement…, de l’Instant se déploie une Instance, en toussens. Ce n’est déjà plus l’Instant, mais l’Instance transcendante, espaceinfinitif.FIGURE 16A chaque sens s’oppose l’inverse, dans un rapport dialectique etce, dans une infinité de directions. Des lors intervient la vie de l’Etrequi s’actualise en existant, au départ peu différencié, et qui petit à petitse spécifie dans une instauration progressive au fil des consensus. C’estalors que, au-delà de l’origine, et quelles que soient les versions, se jouel’élaboration différenciée d’une Instance personnelle au fil de sonhistoire existentielle.Cette version ressemble étrangement à un mythe scientifiquecontemporain de la création de l’univers, celui du Big Bang. A partird’une explosion initiale, se déploie immédiatement depuis un centre,un espace en tous sens qui devient le lieu, à la fois, d’une condensationde la matière, donnant l’existence des galaxies soleils et mondes et,simultanément, d’une expansion de ce même univers.Cette évocation ne vient là que pour pointer qu’une telle version,qui passe pour scientifique, de la création de l’Univers est bien proche’une version possible de l’origine de l’Instance de l’homme. Maisl’une comme l’autre ne sont-elles pas des représentations humaines del’origine? Il n’y a rien en chacun de plus originel que l’origine de sonInstance. Toutes versions des origines en sont, d’une part, lesreprésentations et, d’autre part, la révélation… plus ou moins juste.133L’ETRE EN INSTANCE2) Constitution de l’InstanceII nous faut maintenant envisager la constitution de l’Instancepersonnelle. Selon notre hypothèse, l’Instance de chacun est constituéede tous les sens de son existence historique. Autrement dit, à chaquemoment d’existence, les sens correspondants s’enregistrent, ou plutôtse renforcent, dans l’Instance. Cela revient à dire aussi que touteexpérience vécue, toute situation existante, tout moment de son exis-tence renforce d’autant la présence des sens du consensus par lesquelson y participe. Une Instance primordiale, déployée en tous sens, estsusceptible de tous consensus. Chacun d’eux, cependant, renforce lamarque de ses sens propres.Si un homme ne vit qu’un même type de situation, par la répétitiondu même consensus proposé par les Etres qui l’environnent, cessens (cette cohérence) deviennent peu à peu l’essentiel de son Instance.En conséquence d’ailleurs, c’est toujours le même consensus qu’offriral’intéressé à autrui, le conduisant ainsi au même type de situations,jusqu’à conduire, dans certains cas, à des répétitions compulsives ou aun enferment dans un cercle vicieux. Une Instance constituée del’universalité des sens, se trouve particularisée par le fait que certainssens deviennent prévalents.A l’opposé, telle absence de consensus fera comme un vide (relatif)dans l’Instance et cette carence ne lui permettra pas facilement departiciper à ce consensus, perpétuant ainsi la carence. Tout ceci reposesur cette notion nouvelle:tout moment d’existence, renforce en l’Instance les sens duconsensus correspondant.Ce renforcement dépend aussi de l’intensité de ce consensus, maisil s’agit là d’une autre notion, l’activation, qu’il reste encore à définirPour revenir à l’hypothèse précédente, nous pensons que lerenforcement est la cause d’une plus grande « susceptibilité » de ces sensdans l’Instance. Les consensus, offerts par l’environnement des autresInstances, sont les plus renforcés en l’Instance personnelle. La« personnalité » provient donc de l’ensemble, tout particulier, desconsensus vécus. Ainsi, les consensus parentaux, familiaux,culturels-cosmiques, partagés par chacun, constituent-ils sa personnalité spécifique.Que l’Instance soit originellement universelle ou delà marquée parl’environnement dont elle serait consensus (parental, culturel, etc…), cesont toujours les consensus auxquels participe l’Instance qui s’y trou-vent renforcés, à la mesure de cette participation. En simplifiant, onpourrait dire que l’Instance de l’homme est l’ensemble des sens de sesconsensus.Il serait plus vrai de dire que les consensus de l’existence constituentl’Instance de l’homme. Il n’est cependant pas faux d’accepterl’image historique d’une causalité. Elle montre comment, dans notre134L’ETRE EN INSTANCEexistence, l’Instance est constituée des traces de notre histoire person-nelle, provenant de nos environnements, parentaux ou autres et favo-risant la continuation de cette histoire personnelle (librement ou non).Ces traces ne sont pas de l’ordre de l’existence mais les sens euxmêmes. Ainsi, notre histoire existentielle est-elle toujours actuelle pourl’Instance, en tant que susceptible de faire un moment d’existence quil’actualise. La « mémoire » de notre passé n’est pas une reproductionou une représentation de l’existence alors vécue; c’est la présence dessens (plus ou moins renforcés ou activés) qui constituent notreInstance elle-même. Nous sommes ainsi, en tant qu’Instance, la mémoirede nous même et du monde, par les sens qui nous constituent.C’est comme cela, par exemple, qu’une situation d’existence pré-sente moment d’un consensus auquel nous participons, peut nousrappeler un souvenir « homologue », nous faire envisager des projetshomologues, et nous engager, éventuellement, dans des actions homo-logues.Il y a lieu, maintenant, d’envisager la structuration de l’Instance àpartir des principes qui précèdent. Cela nous conduira à aborder troisaspects:- la constitution des cohérences en l’Instance,- la présence de cohérences primordiales, archétypales ou archaïques,- la relativité des cohérencesNous avons déjà rencontré ce terme de « cohérences », alors choisipour désigner l’ensemble des sens du consensus d’un existant. Lathéorie des Cohérences nous instruira, dans un chapitre ultérieur, despropriétés d’une cohérence et de ses conséquences sur les existenceshomologues qu’elle sous-tend. Nous soulignerons, déjà ici, que toutensemble de sens forme une unité, un tout, dont procède 1’individua-lité (et la cohésion) de l’existant. Deux ou plusieurs consensus simul-tanés peuvent constituer une unité nouvelle, une cohérence nouvelle,génératrice d’un existant individualisé.Un ensemble d’existants peut former une situation ou un corpscomplexe dont l’individualisation dépend de la cohérence propre.Celle-ci est néanmoins constituée des sens d’autres cohérences, cellesdes existants partiels de la situation. Ce qui caractérise l’individualité(et la cohésion) d’un existant c’est l’unité de l’ensemble de ses sens,autrement dit sa cohérence. De ce fait, on peut dire que 1’Instance estconstituée de l’ensemble des cohérences des moments d ‘existence etdes existants individualisés de son monde.On pourrait croire qu’il s’agit là d’un double du monde; sous lemode essentiel plutôt qu’existentiel. Il ne s’agit pas de cela puisque lesprincipes d’inclusion / exclusion, valides dans l’existence des indivi-dualités, ne valent pas pour l’Instance. Un même sens peut être deplusieurs cohérences et deux cohérences peuvent s’ inclure réciproque-ment et simultanément, ce qui n’est pas possible pour deux existants.En outre, à une même cohérence, peuvent correspondre une infinitéd’existants homologues. D’une façon générale les propriétés et les135L’ETRE EN INSTANCErapports entre sens et cohérences dans l’Instance sont ceux d’un « es-pace infinitif» et non ceux d’un espace d’existence toujours fini.L’Instance, constituée de cohérences, elles-mêmes ensembles desens, peut être envisagée aussi comme une seule et même cohérenceglobale.Si cette cohérence, unité de l’Instance, est envisageable, elle de-vient la cohérence de l’univers de l’homme en général et le devenir dechaque homme en particulier. Cette cohérence générale porte, potentiellement,tous les sens de l’Instance et c’est de son lieu que peuvent segénérer et se modifier tous sens et toutes cohérences en l’Instance,même si cette possibilité n’est libre qu’au terme d’une conscienced’Etre achevée.Si nous comparons cette cohérence générale aux versions de l’origine,elle correspond, en tant que cohérence de l’Univers et de l’Hommeuniversel, à l’universalité sur laquelle se différencient et separticularisent les personnalités. En particulier, les consensus parentaux,cosmiques, culturels, etc… seront des sous ensembles de cettecohérence, a la fois sens dominants de celle-ci et cohérence d’un ensembleparticulier de sens pour le consensus de chaque existant. Autrementdit, la cohérence générale de l’Instance-Cohérence universelle,supporte toutes les cohérences de l’Instance.Si nous représentons une cohérence par une croix (croisée de sens,cartes de cohérence) nous pourrons situer chaque cohérence particulière,selon un sens dominant de la cohérence générale. Le pointillé surle dessin indique que les sens d’une nouvelle cohérence sont à con-sidérer en elle-même comme un espace propre et non pas dans l’espacede la cohérence générale, bien qu’elle s’y place en entier. Cette remarquene vient là que pour ouvrir la porte d’une réflexion sur unetopologie de l’Instance et attirer l’attention sur quelques précautionsd’emploi. Les deux cohérences figurées ont chacune un centre, marquantl’individualité (unité) des existants distincts (bien qu’immanents) qu’elles sous-tendent.

136L’ETRE EN INSTANCECette relativité des cohérences est d’ailleurs généralisable. Chaquecohérence peut être le support d’autres cohérences et, avec la reprised’une échelle historique, on pourrait voir l’Instance comme un empilementde cohérences de plus en plus nombreuses et diversifiées.Cette figuration de l’Instance est particulièrement utile pour encomprendre certains aspects.Déjà, «l’histoire» de l’Instance (avec la réserve déjà notée surcette « historicité »), correspond à l’échafaudage de plus en plus diversifiédes cohérences, sur la base d’une cohérence générale.Le schéma montre l’édification de l’Instance par les renforcementssuccessifs des consensus de moments d’existences. Il indique aussi quechaque cohérence est supportée par d’autres, jusqu’à la cohérencegénérale qui rapproche de l’Instant.Cependant, il est possible de considérer le centre d’une cohérencecomme point central de référence de toute l’Instance. Tout se passecomme si il en était ainsi, chaque fois que cette cohérence est enconsensus pour un moment d’existence donné.L’homme est, en ce lieu de son Instance, comme s’il était au lieude tout son Etre. Cette cohérence est celle du monde existant pour lui,au même moment. Toutes les autres cohérences sont alors relatives acelle-ci qui peut en apparaître comme le support général.De cette façon, chaque cohérence peut être vue comme une cohérencegénérale supportant toutes les autres, de même qu’elle peut être,à son tour, supportée par chacune des autres. Cette éventualité ne seconçoit que si un existant de cette cohérence est pris comme repèreprincipal. Cependant, même si chaque cohérence peut être prisecomme générale et globale avec un repère existentiel, il est une cohérencegénérale dont l’ Instant constitue le repère central transcendant.Cette relativité des Cohérences, liée ici à la topologie de l’Instance,est un problème délicat, de même que celui des propriétés de l’espaceinfinitif. Entre deux points il y a n’importe quelle distance. Ainsi toutelocalisation d’une cohérence n’a d’autre valeur que d’être le repère ducentre d’un espace singulier, infinitif. Tel sens, autant qu’il soitdifférenciable, est aussi bien de cet espace que de tel autre espace d’uneautre cohérence. La prudence voudra donc qu’à chaque fois que l’onparle d’une cohérence on en pose précédemment le repère:- soit dans un existant particulier, dont ce sera la cohérence, ainsique pour tous ses homologues (ex. cohérence d’une situation don-née),- soit dans un existant général, dont la cohérence est posée commecentrale (ex. cohérence d’une question générale pour un existant particulier).- soit la cohérence générale elle-même, centrée sur l’Instant maisaussi sur tout l’univers existant.137

138L’ETRE EN INSTANCECette perspective de l’Instance et de son édification amène à cetteremarque que pour chacun, tous les existants de son monde et de soimême et tous les moments d’existence, sont reliés en son Instance etrelatif les uns aux autres comme le sont leurs cohérences.Il n’y a rien de l’univers, qui ne soit ainsi transposable en quelquechose de l’existence humaine et vice versa. Chaque chose est une voied’accès pour l’homme à tout l’univers, en lui-même, par son Instance.Toute expérience humaine serait susceptible d’ouvrir à tout l’hommepar son Instance. Tout peut aller sans conscience d’Etre, mais celle-ciseulement peut en procurer quelque maîtrise et la connaissance, ainsiqu’en achever la synthèse par la singularisation de l’Instance.139L’ETRE EN INSTANCELA NATURE HUMAINE ET L’ORIGINE DE L’HOMMELe problème de la nature humaine est lié au conceptmême de nature. Selon les trois ordres transcendants de latrinité de l’homme, on peut envisager trois définitions, liées àl’origine de l’homme.Si on n’envisage l’homme que d’un point de vue existentiel,la « nature » humaine est immanente à la « nature » deschoses existantes et à cette «Nature» dont les sciences pré-tendent nous faire savoir ce que sont les lois. La naturehumaine est, dans ce cas, un sous produit de la Nature. Si l’onaccepte le principe de causalité effective dans l’existence(principe communément admis) rien ne s’oppose à cette conceptionde la nature humaine qui ne se différencie en rien de la Naturede quelque chose que ce soit. Si on parle d’âme, de conscience,d’esprit, ce ne peuvent être, à leur tour, que des sous produitsde la Nature et dont l’éventuelle liberté ne peut venir quecomme un trouble de la Nature. La liberté est alors un conceptparadoxal puisqu’il trouve son principe dans la Nature tandisque son exercice ne peut que s’opposer à la Nature. S’il ensuivait les lois, il ne serait plus liberté. Ce paradoxe est alorsaussi celui de la responsabilité, de l’autorité et de la volontéhumaine.Cette conception de la nature humaine est, au fond,incompatible avec ces notions concernant l’homme. Seule laNature pourrait en être investie (panthéisme) ou un Maître dela Nature – Dieu d’arbitraire- dont le monde et l’hommeseraient les jouets. Les réductions traditionnelles du christianisme,entretenues par quelques ambiguïtés philosophiques,favorisent cette conception d’une nature humaine dont la seuleresponsabilité serait d’obéir à une Nature qui commande elle-même cette obéissance. Il est dans la nature humaine de pou-voir se concevoir ainsi mais ce n’est pas fatal.Une variante de cette conception est celle, dualiste, d’unedouble nature: d’une part, une nature existentielle (dite maté-rielle et psychique), répondant très exactement à ce qui pré-cède et, d’autre part, une nature spirituelle siège d’une éven-tuelle liberté. Cette conception dissociante, ne peut sombrerque dans le manichéïsme du conflit entre les deux natures,auxquelles Dieu et Diable présideront dans une lutte entre unbien et un mal substantiels qu’il faudra bien ordonner au boutdu compte à l’un ou à l’autre. On aboutira alors à une oppo-sition entre un tout spirituel et un tout matériel, indissocia-blement liés dans leur exclusivité mutuelle, meilleur piègepour que l’homme s’y abîme. Il serait prudent, chaque fois que140L’ETRE EN INSTANCELA NATURE HUMAINE ET L’ORIGINE DE L’HOMMEla nature humaine est en question, de veiller à préciser desnotions dont les conséquences sont graves pour les hommes.La conception Naturaliste de la nature humaine avec savariante dualiste se caractérise par un primat existentiel. Lanature humaine serait d’ordre existentiel.Selon le point de vue de l’Instance, la nature humaine estson Instance. C’est le propre de chaque homme d’où émane(pour lui) son existence qui est toujours coexistence. Sil’homme n’accède pas à la conscience de cette nature humaine, ilpeut effectivement vivre cette absolue dépendance d’unecoexistence, d’une connaturalité avec son milieu, milieu ditNaturel rendant toute liberté paradoxale et autodestructrice.Il est dans la nature humaine, son Instance de pouvoirconsidérer les choses et se considérer en plusieurs sens.Considérer sa propre nature dans l’Instance est vérité, la considérercomme résidant dans l’existence est erreur. Cependant, ilest vrai que cela puisse être envisagé ainsi et donc que l’erreurait un fondement de vérité, bien qu’elle ne soit pas la vérité. Sion prend la précaution d’un «tout se passe comme si» ondifférencie ce qui semble de ce qui est, sans exclusion de l’un etde l’autre.Ainsi la nature humaine, située en l’Instance de l’homme,n’exclue pas de considérer une nature existentielle. Seulement,cette nature existentielle n’est pas une autre nature mais lamême, traduite dans l’ordre de l’existence qui est coexistenceentre les hommes. La nature humaine est Instance personnelleet la nature existentielle de l’homme est coexistence. Lapremière est le siège d’une liberté et de toute responsabilité, laseconde est le lieu d’une obligatoire dépendance. Mais lapremière est au principe de la seconde, principe partagé dans lesconsensus.Ainsi la nature humaine est ce qui n’appartient qu’àl’homme, son Instance transcendante à toute nature existante,la sienne et celle de toute chose existante. La nature humainese caractérise par le sens et la maîtrise du sens. C’est ce quifonde: liberté, responsabilité, volonté, vérité, autorité. Laliberté de l’homme va jusqu’à pouvoir envisager l’homme dansun sens ou cette liberté ne devient plus qu’un concept fascinatoire,le mythe naturaliste d’un paradis perdu, trace ultimed’une nature humaine exerçant la liberté de se perdre et s’yperdant.141 L’ETRE EN INSTANCELA NATURE HUMAINE ET L’ORIGINE DE L’HOMMEEnfin, la question de la nature humaine doit s’envisageren regard de l’Instant. La nature instancielle de l’homme neprocède pas d’elle-même, ni d’une surnature qui serait uneespèce d’Instance générale. Elle procède de l’Instant-Dîeu quiest son principe transcendant. On pourrait alors parler d’unenature divine de l’homme. Cependant cette expression peuts’entendre de deux façons:- La première consisterait à dire que la vraie nature humaineest l’Instant; l’Instance n’en étant qu’un produit de même quel’existence. De ce fait la nature de l’homme ne lui appartiendraitpas et il n’y aurait plus de liberté que conditionnelle,conditionnée par l’arbitraire supposé de l’Instant et par leconditionnement existentiel. Ne voit-on pas que cette divini-sation de l’homme est en fait très proche de la version natu-raliste, par le biais d’un dualisme dieu-existence, au milieuduquel l’homme serait pris. La liberté de l’homme serait alorspromesse fallacieuse toujours en butte aux conditions maté-rielles. Une nature humaine -toute puissance toujours prisedans l’impuissance et la dépendance existentielle- n’en peutvenir qu’a se haïr, en soi ou en l’autre.- L’autre façon de parier de nature divine, pour l’homme,est de considérer que n’étant pas Dieu-Instant, il peut jouir depropriétés divines et en particulier de l’unité, de la singularitéd’Etre personnel, de la conscience d’Etre qui est conscience desens, et d’une liberté, toute humaine, soit d’accepter et decultiver cette jouissance, voie et terme de son accomplisse-ment, soit de s’engager dans d’autres voies, selon d’autres sensde sa nature propre, ceux notamment où il en perd (ou neretrouve pas) le sens et l’Etre transcendant en lui. C’est le caslorsqu’il laisse à son fruit, le monde existant, le soin d’être sonprincipe et où il réduit sa nature transcendante à celle, imma-nente. du monde existentiel.La nature humaine Instancielle trouve sa gloire dans sadivinisation qui n’est pas changement de nature mais sonaccomplissement. Elle trouve sa déchéance dans sa réductionexistentielle, qui n’est pas un état des choses absolument etarbitrairement indépendant de lui, mais une façon de se dis-poser selon certains sens de sa nature qui la lui font perdre devue au profit de ce qui n’en est que le fruit: l’existence. Neserait-ce pas là un « péché » originel, erreur sur l’origine prin-cipielle et sur la nature véritable de l’homme? Ce péché originel,penchant à se perdre, ne consiste-t-il pas à prendre lesavoir objectif pour la vérité, le fruit objective qui est le savoirpour la connaissance qui est consensus (et donc amour), lanature des choses pour la nature humaine? Il faudrait alors142L’ETRE EN INSTANCELA NATURE HUMAINE ET L’ORIGINE DE L’HOMMEqu’un homme vienne signifier aux hommes la véritable naturehumaine, qui n’est pas de ce monde, et qui peut s’accomplirdans sa divinisation; qu’un Jésus-Christ vienne ainsi révéler,rappeler à nouveau, que la nature humaine n’est pas fatale-ment conditionnée par l’existence et sa fin la mort, maisqu’elle ne l’est que de son libre choix qui peut aussi êtredifférent, celui d’un accomplissement, non obligatoire maispossible. C’est en lui-même, en reconnaissant sa propre natu-re, que l’homme peut reconnaître cette liberté, liberté de sens,et cette reconnaissance s’accompagne de celle de son rapport àl’existence et au monde. Cette reconnaissance est véritable-ment conversion, libre conversion de disposition propre, par-mi toutes celles possibles dans sa nature, celles qui égarent etcelles qui révèlent. Mais, pour cela, encore faut-il revenir aucoeur du sujet et ne pas distraire l’homme de lui-même, soitdans une Nature souveraine, soit dans un Dieu diabolique.C’est aussi la condition du respect de l’existence et de l’Instant,chacun à sa place dans la hiérarchie des transcendances, dontla nature humaine, l’Instance, est l’intermédiaire.143L’ETRE EN INSTANCELA PERSONNALITE DE L’HOMME ET SON EVOLUTIONLa personne, en chaque homme, doit être envisagée commeétant la constitution spécifique de son Instance. Sa personnalités’exprime dans l’existence par des comportements,des choix, des modes de vie, des traits de caractère et selon desmodalités, corporelles ou, affectives et mentales, autrement ditpsychologiques.Il ne faut pas confondre les manifestations de la personnalitéavec la personne elle-même. En effet, les manifestationsexistentielles sont toujours le fait de consensus entre lespersonnes et sont toujours ainsi sociales et culturelles. On peutalors parler d’identités pour les expressions de la personnalité,qui, dans l’existence, sont toujours comparables à d’autresidentités dans un même univers culturel ou relationnel. Lapersonnalité, elle, est à la fois universelle et particulière etconstitue la personne en l’Instance qui lui est propre.La personnalité est donc composée des sens et cohérencesde cette Instance. Elle est universelle dans la mesure où elle estdirectement issue de l’Instant et porte ainsi toute l’humanitéde l’homme. Elle est particulière dans un double mesure. Celled’abord où chaque Instance se constitue à partir d’un consensusparental, familial, historique et socio-culturel particulier.Celle ensuite, où cette Instance se constitue et se conforte desconsensus particuliers qu’elle partage, au cours des expérienceset de toutes les situations de son existence.La personnalité intègre donc l’inné et l’acquis, l’hérédité etl’éducation. Toutes ces notions désignent habituellement desdonnées existentielles, mais elles doivent être ramenées à lasource et au principe qu’est l’Instance. Ainsi la personnalité dechacun est totalement déterminée, d’une part héréditairement,d’autre part éducativement. Elle porte en effet le double héritageintégre des consensus originels, transmettant ainsi desparticularités héréditaires, avec les consensus des situationsvécues qui, ainsi, édifient l’Instance selon leurs sens.L’hérédité, pour l’Instance, donne un profil de sens particulierà une configuration universelle. L’éducation et touteexpérience de vie modifient et font évoluer ce profil particulierde la personnalité.Tout semblerait conditionnement et déterminisme si,d’une part, la rencontre des autres dans les pratiques de l’existence(éducation, mode de vie, exigences, voies de recherche…)n’intervenait dans l’évolution de la personnalité par les consensusofferts et que, d’autre part, la conscience de sens neprocurait cette liberté de partager, ou non, des consensus oud’en choisir le sens.144L’ETRE EN INSTANCELA PERSONNALITE DE L’HOMME ET SON EVOLUTIONC’est pour cela que la connaissance de soi, qui est spécifiquementconscience de sens et donc de sa propre personnalité,est la voie de la maîtrise et de la liberté personnelleCependant la liberté personnelle ne consiste pas à être unautre. Elle consiste à privilégier certains sens qui constituentnotre personnalité particulière et ainsi à évoluer plutôt selonces sens là.La personnalité de chacun est ce qui peut être cultivé,éduqué, édifié, accompli selon des voies qui sont celles mêmesde cette personnalité.Chacun a sa façon d’évoluer, dont la source et l’enjeu sontsa propre personnalité, sa propre Instance, à la fois, toujours lamême de part ses antécédents et ses origines et toujourschangeante au fil de ses évolutions.L’accomplissement de la personnalité se produira dans lesens de celle-ci qui lui permette le meilleur développement dece sens en son Instance. C’est en cultivant une sorte de qualitépropre que chaque personnalité s’accomplit, exaltant cettemême qualité, plutôt qu’en imitant un modèle ou une normeextérieure. Paradoxalement c’est en cultivant ce qui est le pluspersonnel en l’homme que celui-ci peut reconnaître sonuniversalité, l’universalité de son humanité, constituant dunefaçon toute personnelle son Instance.La recherche du personnel et de l’universel en l’hommeest une seule et même voie. Seulement cette voie est toujoursparticulière pour chacun en fonction de ce qu’il a reçu et de cequ’il fait de sa personnalité. La vocation de chacun consistedonc à exister selon les dimensions de sa personnalité proprequi l’accomplissent elle-même en la personnalisant et l’universalisantet ainsi, en faire partager les sens dans les consensusavec les autres et au service de leur propre accomplissement.145IILES DYNAMIQUES ACTUELLES DE L’INSTANCEL’ Instance, qui se trouve en consensus, s’actualise dans un momentd’existence. Cette actualisation est un mouvement de présence et d’uneprésence qui peut être statique, mais aussi bien mobile, d’une mobilitépar exemple affective, mentale ou corporelle. Ce double mouvementrésulte d’une animation. L’existence est animée par l’Instance qui s’yactualise (le consensus de chaque moment). Cette actualisation del’Instance, à partir de sens en consensus, est l’une de ses deuxdynamiques. Seulement, seuls s’actualisent les sens en consensus et non pastoute l’Instance simultanément. Si tel était le cas, l’existence seraittotale, sans mouvement propre, simplement présente immuablement.Or elle est variée, évolutive, faite de toutes sortes de moments différents.Chaque moment particulier de cette existence est actualisation d’unconsensus particulier, dans lequel certains sens seulement de l’Instancesont impliqués.C’est alors qu’il faudra aussi considérer cette autre dynamique del’Instance qui est sollicitation de certains sens à l’occasion d’un consensus.On l’appellera activation. Cette activation des sens de l’Instance,peut être d’intensité variable. Nulle, il n’y a pas de consensus ni d’existence.Faible,l’actualisation donnera un moment d’existence peu intense.Forte,l’activation amènera une actualisation importante dans unmoment d’existence particulièrement fort. C’est alors, notamment,qu’en retour, une réactivation entraînera une alternance rythméeassurant une certaine continuité répétitive, d’une part, et l’entretien duconsensus avec d’autres, c’est-à-dire de la coexistence ou vie commune,d’autre part. L’ennui va avec une faible activation de même que lesommeil. La mort est cessation d’existence donc d’actualisation etd’activation. L’implication, dans l’existence, est caractéristique d’uneforte activation et c’est la source du problème de la mesure ou de ladémesure.146L’ETRE EN INSTANCE1) L’activationLorsqu’un sens est investi dans un consensus avec d’autresInstances, il est mobilisé et c’est cette mobilisation d’un sens que l’onappellera activation. Le consensus d’un groupe d’hommes s’actualisedans un existant et lorsqu’un tiers partage ce consensus déjà là, c’estcomme s’il rencontrait cet existant déjà la, et qu’il se mettait à existerpour lui. Tout se passe alors comme si c’était à partir de cet existantdéjà là qu’il se trouvait activé, selon les sens de sa cohérence, et qu’ilpartageait ainsi le consensus. Il semble alors que ce soit l’existant quisoit activant. Cela n’est qu’une façon d’appréhender le processus telle,que ce seraient les existants qui, par une sorte de résonance, provo-queraient l’activation des sens de l’Instance. En fait cette simplificationnous sera très utile si l’on n’omet pas que c’est ce qui sous-tend cetexistant, c’est-à-dire le consensus des autres Instances, qui est vérita-blement activant pour soi.En outre cette activation, en soi, n’est pas sans dépendre de sapropre Instance qui peut même être a l’origine du consensus avec lesautres. C’est ainsi que nos propres existences nous activent en activantaussi les autres, qui nous activent à leur tour. Notre existence estanimée par notre Instance, mais celle-ci est activée par les autresInstances et c’est notamment pour cela que nous avons besoin les unsdes autres.L’activation des sens et cohérences (ensemble de sens) correspondà l’entrée en participation à un consensus, comme s’il s’agissait d’unerésonance à partir de l’existant de ce consensus.Cette description pèche par le fait que l’existant n’apparaît tel,pour l’intéressé, que lors de sa participation au consensus. De cettemanière on pourrait aussi dire que c’est le consensus d’autrui quiactive en soi une même cohérence et nous y fait participer, paractivation, dans un moment d’existence d’ores et déjà commun.Sans qu’il y ait consensus préalable d’autres Instances, l’activationd’autrui en son Instance, provoque cette résonance en soi d’uneactivation qui instaure ainsi consensus et donc existence commune.Toutes sortes de facteurs font que l’activation mutuelle n’est pasparfaite. Bien que tout se passe comme si elle était souhaitée, il estheureux qu’elle échoue dans cette perfection sinon tous les humainsseraient immobilisés dans une sorte de communion, consensusuniversel immobile dans une existence commune éternellementfigée et dans l’indifférenciation générale.L’activation des sens apparaît ici comme le fondement de toutecommunication. Comme la théorie de l’existence dans son planrelatif (communication, conjugaison) le laissait supposer, lacommunication humaine, dans l’existence, est affaire de consensus dansl’Instance et donc d’activation de l’un à l’autre pour, justement,établir ces consensus.Dans l’ordre existentiel, la communication comporte troisplans:147L’ETRE EN INSTANCE- le plan relatif: la relation, les affects, les significations du lienentre les partenaires,- le plan représentatif: les signes, les figures, le scénario,- le plan factuel: la situation, les faits et gestes, les comportements,les effets.L’existence d’une communication, est le fait d’un consensusentre les Instances.C’est ainsi que toute la question de la communication se ramèneà celle de l’établissement de ce consensus et, d’une façon encoreplus générale, tout établissement d’un consensus est une recherchede communication. Immédiatement on s’apercevra que tous lesproblèmes, possibilités et difficultés de la communication entre leshommes, se ramènent à la question de l’activation et que celle-ci serépercute sur le plan existentiel dans toutes les circonstances de cettecommunication. L’existence des communications peut ainsi révélerce qui se passe pour les Instances et les problèmes d’activation.Normalement, les dynamiques actuelles de l’Instance, et parsuite l’activation et toute communication sont purement automatiques.On verra un peu plus loin que c’est justement la conscience desens qui permet à l’homme de se libérer (en conscience) de cetteréactivité automatique.La communication entre deux personnes peut se dérouler dansune langue particulière à propos du monde environnant. Celaindique que le consensus entre les deux Instances n’est pas isolé d unconsensus plus large, celui de la langue commune ou celui d unmonde commun dans lequel il s’intègre.Il n’y a pas qu’un sens ou qu’une Cohérence à la fois qui soientactivés dans l’Instance, mais tout un ensemble de Cohérences. Uneactivation vient toujours dans une Instance déjà activée par ailleurs.De cette façon, un moment particulier de communication vient seplacer dans un moment d’existence plus large, une circonstance devie, par exemple. Un moment d’existence s’intègre toujours dans unmoment plus vaste.Se posent alors des problèmes de conflits d’activation entre descohérences différentes simultanément activées.Par exemple, une personne est activée dans le champ de sespréoccupations lorsqu’une autre vient lui faire part des siennes. Lapremière peut très bien l’écouter « d’une oreille distraite » ou mêmene pas s’apercevoir de sa présence.Il aurait pu aussi se faire que, témoin des préoccupations de lapremière, la seconde, ainsi activée, vienne renforcer l’activation dupremier et engager cette fois-ci une communication dont l’existencesera plus importante.La préactivation d’une cohérence, dans l’Instance, favorise uneréactivation supplémentaire, et fait concurrence à d’autres activations.Ceci se résout alors par plusieurs voies possibles: réduction àune cohérence tierce, englobement dans une cohérence plus large oudominance de la cohérence la plus activée. Emerge alors ici lanotion de degré ou d’intensité d’activation.148L’ETRE EN INSTANCENous pouvons imaginer la complexité du jeu des activationsdans l’Instance, les concurrences entre elles, les dispersions de l’uneà l’autre et ainsi, la difficulté et la nécessité d’une centration qui, surle plan existentiel, correspond à une centration sur un sujet, sur unobjet et une actualité.Il y a aussi le cas d’une communication entre deux personnes,telle qu’ils en arrivent à se sentir « seuls au monde », « tout l’unpour l’autre ». On sait qu’une passion (amoureuse ou meurtrière)peut donner cet effet. Sur le plan de l’activation, on peut dire que lesdeux partenaires sont dans un consensus très fort, à tel point queleurs Instances se différencient mal. En outre, les autres cohérences,peu activées, ne font guère existence devant la prégnance et laprésence considérable de l’un à l’autre dans ce moment là. Une tellecommunication, qui peut sembler parfaite, pose aussi le grave problèmede la possibilité de cesser avec plusieurs conséquences:- indisponibilité au reste du monde et à sa propre survie,- séparation meurtrière (le meurtre peut en être l’acte symptomatique),- impossibilité de se différencier et de toute conscience individualisante.Autant la communication (circonstance existentielle de l’éta-blissement de consensus) est essentielle en tant qu’expérience cons-titutive de la vie, autant elle est, dans une certaine perfection,l’aliénation la plus grande. La conscience de sens permet cependant,comme on le verra, une communication plus parfaite dont la« libération » reste toujours possible, grâce au discernement différenciantqu’elle donne. Une autre question, directement liée à l’activation,est celle de l’enfermement dans une même cohérence ou, àl’inverse, l’exclusion d’une cohérence. Si les circonstances fontqu’un consensus peut être tel qu’il fasse fusion et confusion, il sepeut aussi que des personnes soient prédisposées à cela.Nous n’envisagerons ici que le cas où une certaine cohérence esttellement renforcée en l’Instance (par répétition d’une même expériencede vie ou « traumatisme »), qu’elle se trouve toujours suractivéequelles que soient les sollicitations extérieures. On a, end’autres termes, une cohérence qui à peine sollicitée, domine toutesles autres. C’est toujours un peu la même existence qui se présente àla personne, ou alors des homologues. Selon le type de cohérence enquestion, des symptômes existentiels caractéristiques se manifesterontselon des types caractériels ou pathologiques.Nous sommes là dans un cas de préactivation permanente,favorisé par l’importance d’une certaine cohérence dans l’Instancedu sujet, conséquence de son histoire personnelle dans l’environ-nement (consensus qu’il a traversé). C’est comme cela que se trans-met une culture (la cohérence culturelle), un caractère familial, ouque se répercute un événement ou une pathologie sur plusieursgénérations.A l’opposé de la sur-réactivité (sur-activation) la sous réactivitéviendra d’une sorte d’absence de cohérence ou, du moins, du faitque des sens peu renforcés en l’Instance, sont peu activables et, en149L’ETRE EN INSTANCEtout cas, toujours dominés par des activations voisines. Tout sepasse comme si là, il y avait un manque dans l’Instance et donc pasde consensus, de communication, ni d’existence possible. Qu unecohérence ne soit pas suffisamment activable, faute d’expérience spé-cifique, ou qu’elle soit dominée par la sur-activation d’une autre,cela revient au même: un manque à Etre qui fait manque à exister.Venons en à la notion de degré d’activation. Si nous envisageonsles choses d’une façon très élémentaire; un sens se trouve,dans l’Instance, plus ou moins renforcé selon l’histoire personnellede chacun, sachant que chaque consensus nouveau le renforce unpeu plus.


Un sens peut être ainsi préactivé, être alors sollicité à nouveaud’autant plus facilement, et se trouver de plus en plus active commede plus en plus tendu ou chargé de tension. L’image vient alors noussuggérer l’idée d’une détente, d’une décharge relative de cette sur-tension que constitue l’activation.Cette décharge, c’est l’actualisation, c’est-à-dire l’existencemême, dans son moment.Ainsi tout se passe comme si c’était par l’existence que s’écha-faudait l’Instance, que ses cohérences se trouvaient activées en faisantconsensus en s’actualisant, en retour, dans 1’existence elle-même.Le degré d’activation du sens y devient intensité des vecteursintention et attention et donne l’amplitude du vecteur moment,ampleur de l’extension et importance de l’existence.150L’ETRE EN INSTANCE2) L’actualisationL’actualisation est le pendant de l’activation, autre volet desdynamiques actuelles de l’Instance. On a là les deux seuls processuspropres à l’Instance. Activation = charge d’une tension, actualisation= décharge de celle-ci. Le reste est circonstances, obstacles, limites,conséquences de ces deux processus élémentaires de l’Instance.On pourrait y ajouter la conscience de sens mais, comme on leverra, ce n’est pas un processus de l’Instance elle-même, bien qu’elles’y produise.L’actualisation est donc décharge de l’activation. Elle tend aannuler l’activation et le sens activé lui-même. Le schéma simplifiéci-dessous montre le sens activé et l’orientation inverse de l’actualisation.


FIGURE 21Tout se passe comme si l’actualisation était une tentative d’annulationdu sens (activé). Nous prendrons deux images pour illustrer cela,en commençant par celle d’un pendule, soumis à une force d’attractionde la pesanteur.

FIGURE 22Si on le déplace, c’est comme s’il subissait une activation. L’actua-lisation est alors figurée par le mouvement de retour à l’équilibre, quitend à annuler la tension, en ramenant le pendule au point le plus bas.Le fil le retient et le ramené simplement à l’état initial. L’actualisationréussit à annuler la surtension amenée par le déplacement (activation),mais échoue à annuler la tension initiale (le sens non activé).L’ETRE EN INSTANCEImaginons de même une corde tendue, dont un diapason harmo-nique provoque la vibration (activation). Celle-ci continuera jusqu’àannulation de la surtension mais cessera lorsque la corde aura atteintson état de tension initial. C’est toujours une réaction à la tension de lacorde qui ramène le système à l’équilibre, mais qui échoue a 1’annulercomplètement. Toute actualisation est une sorte de «tentative derésolution ».L’expression est empruntée à Freud et généralisée au principed’une tentative d’annulation du sens, en même temps que de sonactivation.Elle est, en effet, décharge d’activation et semble tentative de fairedisparaître le sens.Or l’actualisation est aussi ce qui fait l’existence par le moment.Ainsi tout moment d’existence est «tentative de résolution», soitdésactivation ou annulation des sens du consensus.Ainsi, chaque activation suscite une «tentative de résolution»dans un moment d’existence. Tout se passe comme si le momentd’existence visait à l’annulation de ce qui en est l’origine, c’est-à-direl’Instance activée. En définitive, l’existence se produit par unmouvement d’annulation de l’activation de l’Instance et c’est pour cela quepréférer l’existence à l’Instance c’est substituer le moyen a la fin,définition même du péché.Soit un objet suscitant un désir à son propos: voilà une représentationde l’activation. Ce désir s’actualise, par exemple dans laconsommation de l’objet, sa disparition donc et du coup 1’annulationdu désir de l’objet. Tout se passe alors comme si le comportementvisait à annuler la source du désir: l’objet, le désir lui-même et, enfin,le sens dont l’objet n’était qu’une présence existentielle par le fait duconsensus d’autrui.Cela nous entraîne à des considérations nouvelles à propos del’existence. L’actualisation est ce qui déploie l’existence, c’est ce quifait le moment comme produit vectoriel, extension dans l’amplitude,de l’intensité du vecteur intention en rapport à l’attention.Dans le tir à l’arc, le tir de la flèche vise à résoudre en l’épuisant, latension de l’arc vers la cible, et l’intention du tireur vers son objet.Dans le schéma de l’existence le degré d’activation est représentépar l’importance du vecteur intention qui se retrouve dans celle duvecteur extension. C’est un peu comme la pression de l’air qui serépercute dans le volume du ballon qui en est gonflé.On voit ainsi comment, par l’actualisation, la présence et l’importanced’un existant dépendent de l’activation des sens en l’Instance,intensité du consensus. Ceci nous rappelle notamment la question dela « tangibilité » de la réalité existante, dont l’un des paramètres est ledegré d’implication que nous pouvons traduire par le degré d’activation.Ce qui nous active fortement est important pour nous et sa réalité152L’ETRE EN INSTANCEnous paraît d’autant plus certaine. La certitude de la réalité des chosesest, elle aussi, fondée dans l’Instance et, plus particulièrement dans lesens activé. C’est pour cela que la mise en question des réalités peutêtre vécue comme mise en question de l’Etre en soi lorsqu’il y aconfusion de l’Etre avec l’existence. C’est la source des postulats et descritères de vérité que nous nous donnons.L’animation de l’existant est son actualisation, conséquence automatiquede l’activation. C’est la désactivation qui provoque et animel’existence dans ce mouvement d’actualisation.Cette actualisation peut aussi provoquer une réactivation et ainsirépétition du processus, un peu comme le pendule, oscillant plusieursfois avant de s’arrêter, ou la corde de piano qui vibre longtemps avantde s’amortir.De ce fait, non seulement le moment d’existence épuise l’activation,mais il le fait selon un rythme dont la scansion dépend despartenaires ou, dans l’existence, des objets d’attention. Cetteoscillation, ou cette vibration, vers un épuisement total est le fait d’unealtemativité entre les Instances en consensus. Pour chacun cela donneune existence répétitive et rythmée vers l’épuisement final.Elle se répète doublement, d’une part dans ce rythme qui tend àépuiser l’activation initiale par une actualisation répétitive, et d’autrepart dans la possibilité d’une relance du même scénario à une autreoccasion. Nous en avons généralisé le principe au fonctionnementnormal de l’Instance avec ses conséquences pour l’existence. C’estainsi que la base du fait d’existence est le renouvellement de momentshomologues, chacun allant de façon rythmée vers son achèvement.C’est la diversité des cohérences dans 1’Instance et la multiplicité desautres Instances qui permettent la grande diversité des existences etdes existants. Il arrive néanmoins que dominés par une même cohé-rence, des Etres soient enfermés dans une existence sans grande varié-té. Cela pose le problème du changement ou de l’immobilisme dansl’existence et celui des interventions qui permettent de la transformerou la faire évoluer malgré la répétitivité des actualisations.C’est l’enjeu même d’un grand nombre d’activités et de pratiqueset, bien sûr, principalement de celles qui, par élucidation des sens -quiest conscience d’Etre- permettent d’acquérir une liberté de maîtrise.Celle-ci permet, à son tour, d’échapper quelque peu aux mécanismesde réactivité, pour assumer une autonomie de l’Instance suffisante,condition de son accomplissement.Une autre considération à propos de l’existence mérite que l’on s’yattarde. Par l’actualisation, l’existence est, d’une part, ce qui tend aannuler l’activation de l’Instance, et, d’autre part, elle court vers sonachèvement par épuisement de ce qui en est l’origine: l ‘activation.Ainsi on peut dire que le cours de la vie est un mouvement vers lamort. Voilà qui peut paraître étonnant ou évident au premier abord.La vie: c’est le moment qui mène à la mort, mort de l’existence etmême « tentative » d’annulation du sens donc de l’Etre, de l’Instance;On pourrait dire alors que la vie est un suicide. Or, il se trouve aussi153L’ETRE EN INSTANCEque c’est ce faisant, dans le même cours, que s’instaure l’Instance quifait cette existence. L’existence, la vie dans son cours, est un momentvers la mort qui, nous le savons, réussit bel et bien pour l’existencetout en échouant (peut-être) pour l’Instance. La mort change alors de sens.Chaque moment d’existence court vers son achèvement avecl’épuisement de l’activation dans cette actualisation mais, sans cesse,l’Instance est réactivée, par les autres essentiellement. La fin de chaquemoment, mort d’une «tranche de vie», arrive alors qu’un autremoment est relancé et que d’autres suivront encore jusqu’à ce que celacesse et qu’il n’y ait plus d’activation du tout et ainsi mort de l’existence.La mort n’est pas ainsi un accident mais l’achèvement de la vie.La vie, elle-même, comme extension de toute l’existence, n’a d’autrefin que cet achèvement d’elle-même, dans l’existence. Mais la vie,parcours d’une existence humaine n’est pas le tout de l’homme, ni safin, et c’est dans ce cheminement vers la mort, sans cesse répété danschaque moment et repoussé jusqu’au dernier soupir, que se bâtitl’Instance qui ne meurt pas de cette mort de l’existence.Il ne peut y avoir existence sans Instance, l’inverse est possible. Lafin de la vie existentielle n’est pas la fin de l’Instance. Elle est celle deses dynamiques actuelles, au moins provisoirement. Leur réanimationse traduirait par de nouveaux consensus et une «résurrection de lachair» en d’autres mondes.154 L’ETRE EN INSTANCEL’INSTANCE, L’INCONSCIENT,LES PROCESSUS PSYCHIQUESET LES COMPORTEMENTS HUMAINSLes comportements sont une modalité de l’existence,modalité factuelle plus précisément. Un comportement estl’un des plans d’actualisation d’un groupe de sens de l’Instancede la personne, qu’on appelle une cohérence. Telle cohérences’actualise selon tel comportement, ou un homologue, enfonction des partenaires du consensus (ou des circonstances). Lecomportement est donc suscité par une activation qui estrencontre ou partage d’un consensus, si bien qu’il peutapparaître comme réaction à ce qui suscite le consensus. Comme ils’agit du comportement d’une personne, on chercherahabituellement ce qui provoque en lui ce comportement là etcomment il se produit.Une version classique est de chercher la réponse dans lepsychisme. Le comportement serait alors produit par desmécanismes psychiques dont il serait l’expression. D’autreschercheront une explication dans une cause physiologique ousinon, plus précisément, affective ou mentale. En particulier,certains voudraient que la cause des comportements humainssoit la conscience mentale ou la raison. Nous nous opposons atoutes ces hypothèses. Elles reviennent, en effet, à rétablir lacausalité immanente entre des plans d’existence. Or, nousavons vu que seule l’Instance anime l’existence et donc lescomportements.Il y a cependant une corrélation étroite entre comportementset processus psychiques (affectifs et sensibles, mentauxet imaginaires). Cette corrélation vient du fait qu’ils ont,comme tous les plans d’existence, une origine commune dont ilssont les actualisations simultanées.La découverte de Freud est, au fond, que la consciencementale n’est (en général) pas la cause des comportements, enparticulier dans les symptômes pathologiques, sinon pour l’en-semble des comportements. Pris dans un psychocentrisme, ildéfinit un lieu ou se situeraient les causes des comportementsmanifestes (certains ou tous?) par le négatif de la conscience:l’inconscient.L’inconscient devient alors quelque chose dont les con-tenus seraient du même ordre que ceux de la conscience(affectifs, représentatifs) et même en plus, factuels (il s’y pro-duit des choses, des événements, des faits, etc…).Freud, avec l’insconscient auquel il donne une substancecausale (quelque chose de substantiel qui est la cause decomportements notamment), propose un substitut à l’Etre ouInstance. Bien des propriétés qu’il attribue à l’inconscient sont155L’ETRE EN INSTANCE L’INSTANCE, L’INCONSCIENT,LES PROCESSUS PSYCHIQUES ET LES COMPORTEMENTS HUMAINScelles de l’Instance. L’inconscient n’est rien d’autre qu’unereprésentation existentielle (mentale ou imaginaire) del’Instance. De ce fait il passe à coté de la transcendance de l’hommeet du sens dont le statut est toujours fuyant dans la psychanalyse.Réduisant l’Instance à un négatif de la conscience,Freud reste dans un idéalisme matérialiste dont Lacanconfirmera le nihilisme en filigrane dans son oeuvre.Le psychisme est bien une porte ouverte à la compréhensiondes comportements humains. Les psychologismes ontconfondu la porte avec ce qui est au-delà, le moyen d’accèsavec ce à quoi il s’agit d’accéder. La psychanalyse a confonduun verso invisible de la porte avec ce qui, au-delà, estl’essentiel. De ce fait, les uns et les autres, s’ils ont pointé qu’il y aune source des comportements du côté du psychisme n’ont pasaperçu que c’est au delà qu’il fallait chercher. Mais pour cela ilfallait envisager un type de conscience de sens qui permetted’accéder aux sens et a leurs dynamiques actuelles, activation /actualisation, au lieu d’en rester à des descriptions mentales demécanismes psychiques conscients ou à leur négatif baptisé« inconscient ».Il est vrai que l’Instance n’est pas normalement conscienteet qu’elle peut être dite inconscient. Seulement ni son contenu,ni la conscience qui pourrait s’en acquérir ne sont d’ordreaffectif ou représentatif et encore moins corporel.La cause des comportements humains est, en l’Instance, lamême que celle des consciences et processus affectifs et mentaux,mais elle n’est pas de même nature qu’eux, elle les transcende.156IIIL’ETRE: DEVENIR DE L’INSTANCEL’ Instance de l’homme est faite de toutes les cohérences (groupes desens) qui la constituent, à partir de ses consensus d’origine et de tousceux de son existence. Or cette Instance n’est pas, par elle-même,maîtresse de ses actualisations et de ses activations, chaque fois localiséessur l’une ou l’autre cohérence dans l’un ou l’autre sens. De ce faitelle est entraînée par tout ce qui l’active dans son univers d’existence, lesautres principalement. Le sens dominant de son devenir est aléatoire.A cela viennent se surajouter deux choses: une finalité et unepossibilité de l’atteindre. La finalité c’est l’unification de l’Instance danssa personnalité et son universalité d’Etre humain. Jouir de cette unité,c’est accéder à la maîtrise d’un Etre qui n’est plus soumis aux aléas del’existence sans y en avoir maîtrise. Cette unification revient, pourl’Instance, à retrouver son principe, principe d’Etre et d’unité ultime:l’Instant.L’accomplissement de l’Instance consiste à accéder à cette unitéd’Etre pour en jouir. Pour cela elle doit acquérir ce qui lui donneral’unité: c’est la conscience de sens. La conscience de sens n’est pas unefonction, ni un organe de l’Instance, c’est une « lumière » en provenancede l’Instant; lumière divine ou lumière de l’Esprit. Elle affecte l’Instance,esprit de l’homme, là où elle est activée et lorsque l’Instance y estdisposée favorablement. Une des dispositions de l’Instance consiste,pour elle, à se trouver activée dans un sens donné ou sens dominant. Ladisposition qui permet qu’advienne cette lumière est celle d’un sensd’accomplissement. La question est alors: comment l’Instance peut ellese disposer ainsi pour bénéficier de cette conscience? C’est là quel’existence lui servira pour trouver des repères.C’est par une discipline intérieure en rapport avec des existantsextérieurs que peut s’acquérir la disposition favorable à la conscience desens. Cette discipline consiste à considérer simultanément plusieursréalités homologues dans un « regard par transcendance ». C’est alorsque peuvent être conscients d’Etre, les sens qui sont à la fois ceux de cesréalités homologues et ceux des Instances qui en partagent le consensuset, principalement, de celles qui s’exercent à cette discipline.157L’ETRE EN INSTANCEOr, s’il s’agit là, au bout du compte, d’une discipline d’accomplissement,elle est aussi élucidation des sens des réalités de ce monde, doncconnaissance et aussi activité pratique dans l’existence. La disciplined’accomplissement de l’Instance est pratique de vie et de connaissance.C’est ainsi que cette théorie de l’Instance permet de réunir dans unemême logique (sens) tous les problèmes qui se posent à l’homme dans savie quotidienne, dans son existence, et de quelque nature qu’ils soient,avec la question de son devenir, du devenir de son Instance. C’est ladéfinition même de la question éthique. L’homme s’accomplit dans etpar le monde, en son Instance qui se situe au delà de cette existence,dans un «royaume» qui n’est pas de ce monde, celui des Instances.C’est pour cela aussi qu’une théorie-métaphysique peut traiter, dans lemême mouvement, aussi bien la question de l’accomplissement de lapersonne, que celle des pratiques de toutes sortes qui font l’activité deshommes dans leur existence.158L’ETRE EN INSTANCELa conscience de sensTout d’abord, rappelons ce qu’elle n’est pas. La temarité del’existence nous a fait découvrir deux types de consciences, que1’onpeut appeler globalement la conscience des réalités et qui sont aconscience mentale formelle ou faite d’idées de représentations, et laconscience sensible faite d’intuition, de sensibilité, de vécu. Ces consciences sont immanentes à l’existence des choses et de l’homme dontelles sont des aspects non séparés. En tant que telles, on peut parleraussi de « l’existence» de ces consciences et envisager une consciencede conscience, etc…C’est l’un des principes de la méthode phénoménologique quin’atteint pas à la conscience de sens, sauf par accident.Un moment d’existence peut en effet contenir des existants, eux-mêmes faits d’existants. Les consciences d’existence sont aussi variéesque les sens des consensus dont elles sont le fait. Ainsi, elles révèlent aleur façon les sens selon le mode relatif ou le mode représentatif, maiselles n’accèdent pas au sens lui-même.La conscience de sens « n’existe pas ». Il y a une certaine difficultéà vouloir parler de ce qui n’existe pas, lorsque ce n’est pas rien .pourautant.Il ne peut y avoir de conscience de la réalité d’une consciencede sens, on le verra, de conscience de la conscience de sens. Il n y aainsi pas d’autre voie pour la reconnaître que de se connaître conscientd’Etre-sens. C’est parfaitement incommunicable. Il n’y a pas de con-sensus de conscience de sens même lorsqu’il y a consensus des mêmessens. La conscience de sens est toujours personnelle et, en elle-même,incommunicable.Malgré tout, rien n’empêche d’évoquer, dans une communicationexistentielle, des sens dont la conscience d’Etre est ainsi sollicitée.« Que ceux qui ont des oreilles entendent ». Il n ‘y a pas d’autre solution.Rien n’empêche cependant de placer des jalons pour y aider.La conscience de sens est le fait que l’Instance se sait de tels sensdans tels moments d’existence. Or, l’Instance n’est autre, alors, que cesmêmes sens en consensus. Il n’y a pas deux: Une Instance qui sache etun sens qu’elle connaisse. L’ Instance est sens. Or, puisque l’Instancepeut être sens avec ou sans conscience de sens, il est nécessaire qu’unautre lieu intervienne: l’Instant. Ainsi l’ Instance se connaît être sensgrâce à l’ Instant.La conscience de sens est connaissance de la lumière divine,làmême où la « parole d’amour » fait l’homme en son Instance, Etre-Esprit. La conscience d’existence ou l’existence consciente, est obscuritéen regard de la lumière de la conscience de sens.159L’ETRE EN INSTANCEII ne s’agit pas d’une action de l’Instant, mais plutôt d’une dis-position de l’ Instance telle que l’Instant l’éclairé. Il s’agit, bien sûr,d’une lumière où il ne faut chercher aucun photon. Cependant on peutdire de cette conscience de sens qu’elle est « lumière » ou « illumination».Connaissance d’être sens de l’existence en l’Instance, elle estaussi contemplation.Ainsi la conscience de sens peut-elle se dire: discernement des sens(ou des esprits), conscience d’être sujet de son existence, illumination,contemplation, du plus banal au plus extraordinaire. La conscience desens est, aussi bien, affaire de lucidité quotidienne que de vision del’Instant.La conscience de sens, localisée sur telle ou telle cohérence, peutêtre développée peu à peu jusqu’à ce qu’elle englobe toute l’Instance.Retenons d’abord qu’elle n’est le plus souvent que très partielle.Comment peut-on savoir que l’on a conscience de sens? Par quelsymptôme cela se traduit-il et quelles conséquences cela a-t-il? Quel’on parle de joie, d’éclairement soudain, de compréhension instantanée,et chacun pourra reconnaître, peut-être, quelques expériencesprivilégiées. Mais aucune preuve, aucun signe automatique, aucuneconscience de réalité ne le certifie.Des sages, des religieux, des mystiques et toutes sortes de témoignagesessaient d’exprimer l’expérience indicible qui implique l’Etre enson fondement (l’Instance). Il faut aussi insister sur la banalité du faitpour ne pas en faire seulement l’affaire de quelques saints ou quelques« illuminés ». Elle concerne tout un chacun dans sa vie quotidienne.C’est bien dans la vie quotidienne, dans l’action comme le repos, quela conscience de sens peut advenir et y jouer un rôle.Ce sera notre propos, au travers de pratiques professionnellesnotamment, d’y fonder des méthodes avec, par exemple, l’analyse decohérence. L’expérience a largement montré qu’une telle analyse, dequestions même triviales, renvoyait toujours l’homme à lui-mêmedans sa vie personnelle, dans son Être profond et dans l’universalité del’humain. De ce fait, il y aura à développer toutes sortes de conséquencesde la conscience du sens du fait qu’elle est « maîtrise » de sens,«discernement» et donc ouverture à la connaissance et au choix.Connaissance et choix sont tout ce qui permet d’engager des momentsd’existence, c’est-à-dire d’agir ou simplement d’exister. Connaissanceet choix de sens, renvoient, bien sûr, à toutes les modalités existen-tielles du sens: logique, orientation, direction, ressenti, représentation,mouvements, etc… dont la conscience de sens ouvre l’accès.Comme il s’agit toujours du sens, en soi, de l’existence, cetteconscience relativise l’existence du sujet à son Etre, elle ramène aucoeur du sujet. Elle replace toujours l’homme en ce lieu d’être sujet del’existence, tout en ne le confondant plus en totalité avec cette existence.La conscience de sens est ce qui permet de découvrir son implicationdans l’existence comme co-auteur par les consensus et en mêmetemps de ne pas se confondre avec son existence, en tant qu’Instancetranscendante.160L’ETRE EN INSTANCEComment advient la conscience des sens d’un existant?La considération simultanée de plusieurs réalités homologuesrévèle leurs sens communs, leur cohérence. C’est là le processusd ‘élucidation. Cependant il faut distinguer le processus dans le planexistentiel et sa conséquence possible: la conscience de sens dans 1’ Instance. Nous prendrons la question par ces deux versants.La considération de réalités homologues est une pratique dansl’existence. Elle réclame deux conditions:- que soient activés les sens d’un consensus tel qu’il se produise unetelle situation d’élucidation,- que soient activés en outre les sens que l’on cherche à élucider.Autrement dit:- d’une part, le sens de la démarche d’élucidation doit être l’un dessens à élucider,- d’autre part, il doit s’agir d’un sens tel qu’il permette cette démarche.Supposons qu’il y ait un sens de l’aveuglement. Celui-ci nepermettrait pas l’existence d’une telle démarche et en conséquence sapropre élucidation. Il y a en effet, comme on le verra, des sens enl’Instance dont l’actualisation est l’existence d’une pratique d’élucidation,permettant donc la conscience des sens. Il y a en l’homme dessens qui lui permettent de se reconnaître sens. On appellera notammentces sens: sens de l’accomplissement.Pour qu’il y ait conscience de sens, encore faut-il être activé selonla cohérence de l’existant que l’on souhaite élucider. Il ne suffit passimplement de considérer des réalités homologues, il faut aussi quecette considération elle-même leur soit homologue. L’homologie, commeon l’a vu, correspond à la variation du second vecteur de l’existence,c’est-à-dire des facteurs ou acteurs. On comprend que ce quireste de commun entre des réalités homologues, est du côté du vecteurintention et du sujet actuel de la considération, celui qui cherche cetteélucidation.Dans la pratique il s’agira pour une telle analyse:- de déterminer l’existant à analyser (centration),- d’être activé en ses sens pour y faire consensus (activation),- de faire varier le vecteur attention pour rassembler des réalitéshomologues,- de les « regarder » ensemble dans leurs « sens communs » jusqu’àce que la conscience arrive…Cette procédure, réduite ici à ses principes de base, recouvre unchamp de pratiques immense et on pourrait reconnaître là des processusde connaissance par analogie (ex. Einstein, Kekulé), des méthodesd’introspection (ex. psychanalyse, gestalt…), des pratiques socio-religieuses (ex. rituels et sacrements) etc…161L’ETRE EN INSTANCEQu’arrive-t-il alors, dans cette considération de réalités homologues,dans cette recherche de leurs sens communs? Il arrive soudainementque cela s’éclaire. Des réalités que l’on sait homologues indirectement,apparaissent clairement expliquées dans leur spécificité etdans leur homologie. Mieux, toute autre réalité homologue estexpliquée du même coup et, notamment, l’existant de départ à élucider.Il reste à envisager l’autre versant du processus: ce qui se passe ducôté de l’Instance, de la conscience de sens proprement dite.Tout d’abord, la soudaineté de « l’éclairement » ne doit pas fairepenser que la conscience de sens est une affaire de tout ou rien. En fait,c’est petit à petit qu’elle s’approfondit et qu’elle s’affine, même si celaadvient par pas soudains. En outre, cette conscience n’est pas auto-matique. On peut dire que le processus décrit aide à se placer dans lesdispositions favorables mais qu’il ne produit pas la conscience commel’effet d’une cause. Ce n’est pas non plus une « opération » del’Instance mais un éclairement par l’Instant. Au fond, tout se passe commesi, par une manoeuvre dans l’existence (le processus), l’Instance seplaçait dans une disposition telle que l’éclairage puisse advenir.« Instance éclairée » équivaut à « conscience d’être sens » et aussi à« discernement» des sens de l’existant.L’élucidation dépend donc de cette possibilité d’éclairement, dis-position dans l’existence et disposition de l’Instance. D’une façonréductrice, on pourrait parler de conditions extérieures et de disposi-tions intérieures de l’âme, comme dans la méditation ou la prière.Des obstacles peuvent s’opposer à cet ajustement, liés auxconditions existentielles et instancielles. Peu à peu ils peuvent se lever,laissant venir ce « regard par transcendance » comme le soleil perce lesnuages et la lumière l’obscurité.Quelles traces restent-elles en l’Instance, de l’avènement de cetteconscience? La conscience de sens procure trois bénéfices pour l’Instance:- la conservation de cette conscience,- l’unification de l’Instance,- la libération responsable.La conservation, d’abord, est telle que lorsque les mêmes sensseront à nouveau activés, la même conscience pourra advenir. Onretrouve ainsi cette conscience de sens chaque fois que l’Instance seretrouve activée au même lieu. Cependant, la conscience en un lieu Clde l’Instance ne veut pas dire forcément qu’il y ait conscience en unautre lieu C2.162

Activé en un autre lieu C2, l’Instance s’ignore consciente de sensen Cl, qu’elle ait ou non conscience d’être en C2. Mais lorsque Cl seraactivée la conscience d’être en Cl adviendra facilement, sans pourautant qu’il y ait conscience simultanément de C2.Ainsi, si la conscience de sens advient en un lieu de l’Instance, elles’y retrouve chaque fois que la même cohérence est activée mais yreste localisée. L’Etre de chacun est multiple, autant que les consensusauxquels il participe. Tout en se croyant à chaque fois UN il ne sait pasque ce n’est pas le même UN.Cependant cela peut changer, justement par la conscience de sens.Supposons qu’elle soit élargie à une cohérence plus profonde et pluslarge que les précédentes.

 

De ce lieu là, C, la conscience d’Etre est aussi d’être de Cl et deC2. La conscience de sens est unifiante puisque, de quelque lieu que cesoit dans le champ de la conscience C, Cl ou C2, l’Instance retrouvecette conscience d’être aussi de ces autres lieux. La conscience d’être enCl réentraîne la conscience d’être en C et donc aussi en C2. L’hommese sait alors multiple tout en se croyant UN en C. Il y a toujoursnéanmoins d’autres cohérences C’ qui ne sont pas dans le champ de Cet par rapport auxquelles le problème précédent se pose toujours.163L’ETRE EN INSTANCECependant, pour autant que l’Instance soit activée en son champ,la conscience de sens a unifie l’Instance en C. C’est le chemin de lasingularisation, unification de la totalité de l’Instance qui, seulementalors, peut être dite UNE ou plutôt UN-ETRE-SINGULIER. Sur leplan d’une unification partielle de l’Instance, d’un tel lieu unifié, lalumière de la conscience porte sur un plus vaste champ d’existence etde grands pans de l’existence se trouveront ainsi unifiés, dans unmême regard par transcendance qui les lie. Des existants étrangersapparaîtront reliés; des existants nouveaux (créations) peuvent sedévelopper, une plus grande maîtrise en est permise.Cette « maîtrise », justement, reste à étudier. Elle correspond àcette autre conséquence, enjeu de la conscience de sens: la libérationresponsable.Voilà un fameux problème que celui de la liberté humaine, auqueljoindre celui du rôle de la conscience et celui de la responsabilitévéritable.Tout ce que l’on a déjà vu de la théorie de l’Instance ne supposeaucune maîtrise. Les dynamiques actuelles de l’Instance se passent deconscience. Ce que peut faire la conscience, c’est de suspendre cesdynamiques ou de les laisser faire. Les consciences sensible et formellene sont pour cela d’aucun secours. La conscience de réalité (commu-nément appelée conscience des réalités) n’a aucun effet direct sur leschoix personnels d’être ou non de tels sens et donc de tels existants.Elles peuvent en donner l’illusion, mais il s’agit plus de justifications(interprétations, représentations), que de liberté réelle. Il ne suffit doncpas de constater ce qu’il en est de l’existence pour en être libéré.Cependant, ces consciences de réalités peuvent participer au processusde conscience de sens (réalités homologues) et être prises, à tort,comme elles-mêmes libératrices. Savoir la cause d’un problème nesuffit pas à le résoudre, notamment lorsqu’il s’agit de la cause historiquesupposée d’une difficulté personnelle. L’expérience de chacun estlà pour le vérifier. Il n’y a donc que la conscience de sens qui puisseapporter quelque liberté, là où se jouent les consensus et les dynamiquesde l’Instance. L’existence, est fait d’un consensus, où d’autresparticipent. La conscience de l’un ne peut donc intervenir.Ainsi la conscience de sens ne donne liberté que sur sa propreparticipation au consensus avec les autres et pour proposer, de soi-même, des consensus à partir de choix responsables. Un tel choix desens et ainsi de consensus (participation ou non, sollicitation ou non)suppose conscience de ces sens. C’est ainsi que liberté et responsabilitéde l’homme se trouvent entièrement liées dans cette question de choixde sens, pour soi et en consensus avec d’autres et donc à la conscienced’être-sens. Par exemple, l’élucidation d’une cohérence (ensemble desens) permet de choisir d’être plutôt de tel ou tel de ses sens et d’enproposer consensus à d’autres (conscients ou non).Il n’y a ainsi de responsabilité pour l’existence que dans l’Instance,par la conscience de sens. Ce sera de ces lieux de l’Instance où laconscience d’Etre est advenue, que pourront se faire des choix d’existenceresponsable.164L’ETRE EN INSTANCE2) L’accomplissement de l’Instance dans l’existenceLe parcours de l’Instance est maintenant dessiné: origine, édifi-cation, singularisation. Ses dynamiques actuelles: activation, actuali-sation font existence par les consensus auxquels elle participe. Cetteexistence enfin, peut être telle que la conscience d’Etre advienne et, deproche en proche, la singularisation de l’Instance. L’existence peut êtretelle aussi, que cette conscience n’advienne pas.Or, on sait que l’existence est comme ceci ou cela, selon la cohé-rence ou les sens dominants de l’Instance elle-même. C’est en envi-sageant chaque cohérence que l’on peut y repérer les sens qui, pour unexistant donné et s’ils prédominent, lui donnent sens d’accomplisse-ment. Seuls, ceux qui permettent la singularisation de l’Instance, sontsens d’accomplissement de l’homme. Ce sont les sens de la positionéthique dans chaque cas.Parmi tout ce qui peut constituer notre existence, certaines façonsd’exister permettent l’accomplissement de l’homme. C’est un problè-me, dans la mesure ou ce n’est pas en tant qu’existence ou réalité quecela se joue mais par le sens que l’Instance y donne. Un fait peut avoirplusieurs sens et c’est l’implication particulière des Instances qui don-ne au fait son sens et son utilité éventuelle pour l’accomplissement despersonnes.Le choix d’existence se pose ainsi à tout homme. Il ne peut guèrese résoudre par une conformité dogmatique à la norme de ce queserait, par exemple, une existence d’accomplissement. C’est une affairede sens. Or, nous reconnaissons là le paradoxe de la liberté du choixresponsable. Pour pouvoir le faire, encore faut-il qu’il ait déjà été fait,par soi en conscience ou par activation à partir des consensus qui noussollicitent. Ce n’est qu’en élucidant autant que possible, peu à peu, lessens des moments d’existence traversés, que nous pouvons apprendreà nous ajuster sur les sens d’accomplissement. Cela permet, au passage,de découvrir les sens de toutes sortes de modalités d’existence et des’en éloigner ou s’en rapprocher selon le cas.Cette faculté de discernement, appliquée aux modalités d’existen-ce, permet de mieux apercevoir en toute chose, en quoi elle peutfavoriser ou non l’accomplissement de l’homme. C’est comme celaque l’homme grandit ou devient adulte, dès que cette faculté de dis-cernement commence à s’exercer, dès qu’une liberté de choix respon-sable commence à être possible, dès qu’une conscience de sens com-mence à être développée. Le passage à l’âge adulte n’est cependantqu’un début, toujours a développer en cultivant certains modes d’exis-tence et en évitant ou en renonçant à d’autres.Très globalement, le parcours d’une existence humaine peut sefaire en plusieurs phases. Nous en indiquerons deux qui, bien entendu,se recouvrent toujours quelque peu:- une phase d’éducation,- une phase d’accomplissement.165L’ETRE EN INSTANCEElles peuvent être, bien sûr, de même sens.La première phase d’éducation correspond à l’édification de l’Ins-tance. Elle consiste cependant aussi à préparer l’âge adulte. Or, neserait-il pas favorable pour cela que l’Instance s’édifie plutôt dans lessens de l’accomplissement que dans d’autres? Cela ne peut être que lefait d’un environnement, parental notamment, et des consensus qu’iloffre.Edifier l’Instance plutôt dans les sens de l’accomplissement pré-pare l’intéressé à se trouver en position d’élucidation lorsqu’il dispo-sera de suffisamment de « réalités homologues » (d’expérience). Il n’y apas, on s’en doute, d’action directe des parents sur l’Instance de leurenfant sinon par les consensus de leur existence même où se trouveactivé l’enfant. Cela n’est possible que si la société active les parentseux-mêmes selon de tels consensus, ou que leur propre conscience leurpermette le discernement nécessaire à cette liberté-responsable.Proposer, en y participant, des consensus d’accomplissement; c’estce en quoi consiste une éducation édificatrice de l’Instance, selon lessens les plus favorables à l’accès à l’âge adulte, tel que nous l’avonsdéfini. Cela ne peut être que le fait d’adultes. Une mauvaise éducationn’interdit cependant pas qu’une personne découvre ses sens d’accom-plissement et en cultive la conscience, c’est-à-dire contribue à sa pro-pre édification initialement défaillante.Il y a une autre façon de voir l’éducation, c’est de freiner ou barrerle renforcement des sens contraires à l’accomplissement de l’homme,qui sont de toute façon présents en l’Instance. Cela suppose, pourl’intéressé, l’abandon de modes d’existence envisagés comme possibleset donc du jeu d’une partie de l’Instance. Si cela est fait dans une phaseéducative, Ï’Instance, moins renforcée selon ces sens, facilitera l’accès àl’âge adulte et l’itinéraire de celui-ci. Ainsi, toute éducation est, d’uncôté, édification et, de l’autre côté, rupture, l’une facilitant l’autre.Après le versant édification de l’Instance vient celui de la singu-larisation. Comme on l’a vu, pour l’Instance, la singularisation est uneunification alors que l’édification était diversification. Tout se passecomme si la première phase constituait la personnalité et que laseconde l’accomplissait, en faisant une unité autonome et personnelle:l’Etre-Singulier.Si la conscience de sens est unification, elle est aussi libération. Lavoie de la singularisation utilise l’existence pour s’en libérer, c’est-à-dire bâtir l’autonomie de l’Etre-Instance.Diversification / singularisation, pour l’Instance, font multiplica-tion / simplification dans l’existence. La simplicité (d’esprit!) est eneffet l’aboutissement de la singularisation, simplicité progressive au filde l’accomplissement, par le développement de la conscience. Il s’agitd’un dépouillement dans l’existence qui correspond à l’accroissementde la richesse dans l’Instance. C’est là une représentation traditionnellede la sagesse.166L’ETRE EN INSTANCEAu cours de la vie adulte, les circonstances de sexualité, deparenté, de travail, de création, de vie sociale et communautaire, deréflexion, sont autant de circonstances d’accomplissement. Il s’agit nonseulement de les vivre mais de s’y enrichir, c’est-à-dire s’y unifier,libérer, y exercer l’autorité de ses choix responsables, son discerne-ment. C’est ainsi que rien d’important ou de banal dans la vie,exceptionnelle ou quotidienne, n’est inutile pour l’accomplissement del’homme.Ce parcours tend vers la singularité personnelle, au travers d’uneaventure irréductiblement particulière. Il entraîne aussi vers l’univer-sel et nécessite la participation à la communauté des hommes.Au cours du trajet de l’Instance en voie de singularisation, serencontrent peu à peu les cohérences de tous les consensus de l’hu-manité en l’homme. C’est ainsi que s’éclairent et se discernent peu àpeu les sens du monde et de ses existants ainsi que ceux de l’humain,qui sont les mêmes. L’univers existant se retrouve au bout du comptedans le consensus le plus universel des sens de l’Instance mais cettefois en conscience d’Etre un. L’extrême singularité de la personnel’entraîne en elle-même à l’extrême universalité. C’est ainsi que l’onpeut y voir le parcours d’éducation, édificateur de l’Instance, commeconstructeur d’une individualité existentielle, d’un moi individualisériche d’existants, et le parcours de singularisation, comme universa-lisant, au-delà du moi propre, comme une dissolution de l’individua-lité existentielle au profit d’une singularité personnelle, riche de l’uni-versalité des sens de l’univers et de l’Humanité, réappropriés en cons-cience, réunis en un Etre singulier, personnellement universel.Il est frappant d’ailleurs, comme on l’a vu au début de ce chapitre,de constater l’homologie des mythes des origines de l’individu, del’humanité, du cosmos, de l’univers ainsi que de leurs histoires et cedans de très nombreuses traditions, y compris dans la mythologiescientifique moderne. Elles sont toutes, de ce fait, un apport d’unegrande utilité en tant, justement, que cette homologie est de nature àpermettre cette conscience.On peut dire que l’accomplissement des hommes en l’Instancepersonnelle est accomplissement de l’Humanité universelle.L’accomplissement de l’homme en chacun, concerne chacun desautres avec qui il participe au consensus d’Humanité. Tout ce quiarrive à l’un arrive à l’Humanité en tous.167L’ETRE EN INSTANCEL’ACCOMPLISSEMENT DE L’HOMME ENGENDREMENT DE L’ETRE HUMAINDANS L’EXISTENCELa personne humaine est une Instance, mais cetteInstance, tout au long de son existence est placée devant un choix,une liberté. Ce choix c’est d’arriver à Etre et à jouir de sonhumanité ou alors de profiter de son existence et s’y abîmer.L’existence est comme une période de gestation ou d’accom-plissement qui aboutit à cette naissance à une humanité plé-nière: la maîtrise et l’unité de son Instance singulière.En elle-même, l’existence est une chute progressive vers lenéant, son propre anéantissement. Si l’Instance, en existant,s’investit principalement dans ce qui n’est pas la reconnais-sance et l’édification de son essentiel; si elle s’investit dans lepropre fruit de ses consensus, son existence même, dont elle seFait alors dépendre, elle avorte et ne s’accomplit pas. Si lefoetus n’évolue pas en se différenciant de sa mère jusqu’à s’enséparer, il meurt. Si l’Instance n’évolue pas en se différenciantdes lois du monde de son existence, elle reste vaine et l’hommequ’elle potentialise n’advient pas à la plénitude de son Etre. Leterme d’Instance, s’il évoque le lieu où se joue et se tramel’existence de chaque homme, évoque aussi cette attente, cepassage intermédiaire, ce potentiel de devenir, qui la fait « eninstance» d’ ETRE UN, en gestation en quelque sorte.L’existence de chaque Instance, qui constitue sa partici-pation au concert des hommes, des autres Instances, est le lieude sa perdition s’il s’y aliène, ou la scène de son accomplis-sement. Lorsque l’humanité a privilégié les consensus des sensqui l’aliènent au monde, ceux qui l’amènent à ignorer sonInstance et son devenir en y substituant l’écho que constituel’existence et le monde, alors chaque homme qui «vient aumonde » est pris dans ces sens là. Son accomplissement récla-mera une conversion personnelle, un renversement de sens enson Instance. A cela s’offrent deux solutions complémentaires,soit bénéficier d’un consensus et d’une activation favorable,soit acquérir quelque maîtrise de son Instance, par la cons-cience de sens, pour cultiver sa liberté et cette conversion. LeChrist vient pour proposer ce consensus au plus grand nombre.Ce consensus d’accomplissement, d’accès à la plénituded’humanité à partir de la mort au monde, au monde del’aliénation spécifiquement, s’actualise à la fois dans une his-toire de l’accomplissement de l’Homme qui est l’histoire com-mune de sa maîtrise du monde, de son monde, et une histoirede l’accomplissement de chacun, porté par le consensus col-lectif, ou aidé par sa propre liberté, acquise par la consciencede sens.168L’ETRE EN INSTANCEL’ACCOMPLISSEMENT DE L’HOMME -ENGENDREMENT DE L’ETRE HUMAINDANS L’EXISTENCEL’homme ne peut pas seul maintenir le sens de sonaccomplissement. Il faudrait qu’il l’ait déjà achevé pour enavoir toute liberté. Il doit bénéficier d’une grâce, que l’on peutdire grâce de Dieu (l’Instant) pour en situer l’auteur ultime,mais qui est grâce aux autres humains sans qu’ils en soienteux-mêmes totalement responsables. L’accomplissement del’homme dans l’existence, se traduit par la consistance etl’orientation de cette existence. Elle est un travail, un travailpersonnel et un travail collectif d’édification du monde et del’homme, d’édification de la maîtrise de l’homme sur le mon-de et sur lui-même.C’est ainsi que l’accomplissement de l’homme peut se lirede trois façons différentes équivalentes:- comme un cheminement de l’Instant à l’Instant, de sonprincipe à sa fin, où sa divinisation est jouissance de saplénitude d’Etre humain dans l’unité de l’instant.- comme une gestation et un achèvement de l’Instance, encultivant en elle-même sa disposition à la conscience de sensqui édifie en elle unité et maîtrise,- comme un travail dans l’existence, qui consiste à édifier unmonde commun à l’humanité, à harmoniser le monde en ledécouvrant humain. Ce travail c’est l’activité de l’homme quivise à cette fin du monde, activité qui est de reconnaissancemutuelle d’Etre humain, traduite dans tous les actes de la viequotidienne: personnels, familiaux, professionnels, collectifs,sociaux, politiques, techniques, économiques, etc… Dansl’existence, l’accomplissement est une pratique de vie, unepratique de la vie. Il est en question dans toutes les affaireshumaines.C’est ainsi que chaque problème, chaque préoccupationhumaine est l’enjeu de l’accomplissement pour les autres etpour soi. De là découlent toutes les questions d’éthique, lesquestions politiques, de conduite des hommes, les questionsde conduite personnelle, les questions d’éducation, les ques-tions religieuses et les questions du Bien de l’homme, notam-ment en face de la maladie ou de la souffrance.Aucune de ces questions, aucune de ces affaires ne peutconcrètement être traitée sans que le sens de la pratique soit enjeu, sans que l’accomplissement de l’homme se joue. Rien dece qui constitue, pratiquement, la manière de faire, la manièrede traiter les problèmes dans l’existence, n’est indépendant dutravail d’accomplissement de l’homme.169L’ETRE EN INSTANCEL’ACCOMPLISSEMENT DE L’HOMME, ENGENDREMENT DE L’ETRE HUMAINDANS L’EXISTENCEA chaque situation, devant chaque difficulté, pour chaqueproblème ou chaque projet, l’homme est confronté au sens etau choix qu’il peut effectuer pour en faire l’occasion de sonaccomplissement. Libre à lui de se soumettre à l’aliénationdans d autres sens. Libre à lui de ne pas perdre son temps devie en vaines préoccupations. Tout dépend, dans l’existencede la façon de prendre les choses et de s’y prendre. C’est l’enjeudes pratiques, méthodes et techniques que la théorie de l’Ins-tance et des Cohérences propose pour perfectionner les acti-vités qui sont les nôtres en vue de l’accomplissement de1’homme.170